Les Dossiers De Metalorgie #11 Septembre 2018 : Metalorgie Monthly
par Metalorgie Team (30/09/2018)
Ça y est, l'été est parti pour de bon, entraînant au loin la période faste des festivals, des soirées au coin du feu ou sur la plage. Place au réel, au pavé battu à coups de métro/boulot/dodo, à la grisaille du quotidien et aux jours qui se ressemblent tant qu'ils en viennent à se confondre. Heureusement, la musique est toujours avec nous. Sparadrap émotionnel, punching-ball d'accords et de larsens, échappatoire de quelques heures vers d'autres réalités, à chacun sa formule.
Le mois de septembre de...
...Euka (ses chroniques) :Mac Miller - Blue Side Park (2011)
Le récent décès du MC m'a permis de replonger dans sa discographie, notamment cet opus qui reste le plus intéressant à mes yeux. Une bonne flopée de titres envoûtants (Party on Fifth Ave ou Frick Park Market) et puis un flow posé, avec des instrus subtilement dosées. Bon, tout ne se vaut pas (Diamonds and Gold ou My Team sont moins intéressantes à mes oreilles, presque trop classiques). Préfigurant un Watching Movies with the Sound Off (dont le featuring avec Earl Sweatshirt est à tomber), les amateurs de Hip Hop pourront y jeter une oreille, sans forcement juger de la qualité commerciale de l'artiste, mais bien pour sa fraîcheur.Dropdead - Dropdead (1998)
Parlons d’un classique, Dropdead ou la violence folle et furieuse. Titres d’une minute en moyenne, folie artistique qui, sous un aspect basique et frontal, révèle quelques subtilités dans la composition mais ne gâche en rien l’idée d’une bombe de Powerviolence lâchée à toute vitesse. Those Who We Deny ou Nothing Less Than Lost, des titres qui se hissent dans le haut du panier, aux côtés de Charles Bronson ou Spazz. Ultra Vomit - Panzer Surprise (2017)
Je ne cracherai pas sur la capacité de composition d’Ultra Vomit, parce que malgré un côté parodique qui fait mouche à chaque fois, le combo sait clairement redéfinir les clichés de groupes / genres pour y donner un côté 2nd degré (oui, il y a du Heavy, du Rammstein, Entombed, …). Par contre, j’ai clairement du mal à rester attentif plus d’un titre sans relâcher l’écoute, parce que c’est plus un disque de soirée ou un groupe de concert, parce que je regrette mine de rien Mr Patate. Un album de qualité, mais dont je ne suis clairement plus la cible.
...Skalkulo (ses chroniques) :Omar – 3 (2018)
Membres du rassemblement « Capsul Collectif » (Yachtclub, Les Pompiers, Tournez Nadège), les tourangeaux de Omar signent, avec « 3 », un album étourdissant d'audace. Ayant réussi à digérer rien moins que l'histoire du Jazz du XXème siècle, le quatuor nous livre six titres jubilatoires et sous influences universelles : un sax brillant, façon Ornette Coleman sur Bricolette ou Soins Gencive, ou Wayne Shorter sur Tapis Vert ; une guitare swing façon René Thomas sur Song for Zoé ou presque jazz-rock, façon Pat Metheny sur Gros Braquet et une batterie post-moderne façon Rashied Ali (Soins Gencive). Un album jouissif dont on ne risque pas de se lasser ! La très grande classe.Le Réveil des Tropiques – Big Bang (2018)
Signé sur l'excellent label Music Fear Satan, Le Réveil des Tropiques, l'un des side-projects de Frédéric D. Oberland, continue à inventer sur ce deuxième album intitulé Big Bang le Krautrock du futur tout en n'ignorant rien des prestigieux fondateurs du genre originel et de quelques-uns de de leurs rejetons. Ça rappelle Neu ! (Effet Casimir), Klaus Schulze (Synchrotron) ou Sonic Youth (sur le très noisy-bordélique Matière Noire) et c'est un sacré compliment. Indispensable.OA/E ? - BYOXO
Dans le genre IDM expérimentale, on vous présente OA/E ?. Les gars d'Annecy vous le disent : « une otoémission acoustique (OAE en anglais) est un son généré directement par l'oreille interne ». Leur troisième album, BYOXO, est d'une inquiétante légèreté. Une production efficace, des compos aventureuses et des expérimentations sonores raffinées. Un album enivrant.Moteur ! - En Traits Libres (2018)
Deuxième album du trio montpelliérain, En Traits Libres (du nom de la galerie où fut enregistrée cette session live) est un prodigieux exercice d'improvisations en tous genres. C'est qu'il en faut du talent pour proposer, sur un même titre, les plus hardies envolées psychédéliques, enchaîner ensuite avec quelques chorus Free-Jazz et colmater le tout avec un Krautrock si hypnotique que l'on s'attend à ce que le sieur Damo Suzuki (Can) vienne ici poser sa voix ! Moteur ! est un groupe envoûtant à écouter d'urgence... Le Baron de Vincèse – Pectine&Grotonus (2018)
Quand on croise les univers de Tristan Tzara et de François Rabelais, ça peut faire mal au niveau jeux de mots gothico-surréalistes mais Pectine&Grotonus, deuxième production des toulousains du Baron de Vincèse, est juste irrésistible : six titres hauts en couleurs (Marcellus Badass, Grand-père Grimpeur, Cross Grotte), qui croisent excellemment Mathcore, Free-Jazz, Prog-Metal et Rock Expérimental ; qui breakent, changent de rythmes goulûment, comme on siphonne sa bière et toujours retombent sur leurs pattes. Ils appellent ça du « maltcore » mais même quand on n'est pas bourré on gueule Cacatoes au bon moment ! Génial.HOTEL FURY - Sessions Vol I (2018)
Sorti début septembre, ce premier album du trio parisien HOTEL FURY est une pure révélation. Pratiquant un style musical questionnant en permanence la limite du Jazz contemporain et sa perméabilité aux sons expérimentaux les plus audacieux, Sessions Vol I propose un original crossover entre l'Electro-Ambient le plus aérien et un Jazz éthéré qui n'est pas sans rappeler In A Silent Way ou Bitches Brew du grand Miles. Et vous en aurez pour votre argent : l'album de dix titres, disponible sur bandcamp, est proposé avec sept longues plages supplémentaires, les rough sessions, pour un total de 3h22 !
Une merveille.
Hé les tourneurs, y a pas une belle affiche potentielle ici ? Allez, au boulot !
...Chris (ses chroniques) : Caligula's Horse - Bloom (2015)
A quelques jours du passage du groupe australien à Paris, je me replonge dans leur discographie, avec un arrêt prolongé sur le superbe Bloom. Je vais répéter ce que j’écrivais en 2015 dans ma chronique de cet album, mais qu’un groupe de Rock/Metal progressif réussisse à faire dans la brièveté et dans la sobriété sans sacrifier à l’intérêt ou à la richesse de son disque reste pour moi un petit exploit. Rempli de moments de bravoure et incroyablement efficace, Bloom demeure au-dessus de la plupart des sorties dans le genre depuis trois ans. Si j’aime aussi beaucoup son successeur, In Contact, je lui trouve cependant moins de charme et plus de longueurs (mais c’est vraiment pour souligner la réussite de Bloom à ce niveau, Caligula’s Horse faisant preuve depuis le début de sa carrière d’un talent de composition assez impressionnant).LLNN - Deads (2018)
La mandale. La branlée. La poutre. Vous pouvez rayer les mentions inutiles et garder le terme qui vous plaira, mais LLNN a décidé d’anéantir tous ceux qui croiseraient son chemin avec l’un des tous meilleurs albums de Post Metal de ces dernières années. Une telle lourdeur, si elle ne laisse aucune échappatoire, pourrait faire craindre l’étouffement. C’est sans compter sur la capacité du groupe danois à habiller ses riffs et rythmiques monumentaux d’ambiances plus subtiles qu’il n’y paraît au premier abord. On s’en prend plein la figure, on ressort avec quelques bosses et bleus, mais avec au coin des lèvres un léger sourire, content d’avoir traversé cette zone d’intense activité sismique et d’avoir survécu.The Ocean - Pelagial (2013)
Dans l’attente du nouveau disque du collectif Metal berlinois, prévu pour novembre, c’est avec plaisir que je m’immerge une énième fois dans les eaux profondes de Pelagial. Un concept-album toujours aussi efficace après de multiples écoutes, qui alterne passages aquatico-progressifs et bouffées d’oxygènes bienvenues, tempêtes et accalmies. Du grand art pour tout fan de Metal intelligent et organique.
...Pentacle (ses chroniques) : Forming The Void - Rift (2018)
Tu as été déçu par le dernier album de Monolord ? Voici de quoi te consoler. Stoner / Doom qui jongle avec beaucoup, mais vraiment beaucoup d’habilité entre lourdeur salissante et passage beaucoup plus aérien. Et c'est vraiment dans cet entre-deux que Forming The Void excelle, à la fois raffiné et puissant, sombre, habité, mais touchant. Tu as juste besoin d'écouter le premier morceau Extinction Event pour être convaincu par le truc ou non. Ça envoie de la bûchette, c'est assez colérique pour te péter la nuque, et en même temps ça t'envoie en PLS dans la stratosphère. Et puis on trouve un gros talent de composition, qui fait mouche immédiatement, et là je pense à Elder et son dernier album Reflections In A Floating World. Ceux qui iront écouter comprendront le parallèle.Slayer - Decade Of Aggression (1991)
Un live de Slayer qui fait office de best of. C'est comme ça que j'ai découvert Slayer et je le considère toujours, d'une part comme un excellent live, (cette vitesse, ce son, cette éruption volcanique !), mais également un très bon point d'accroche dans leur discographie. Au même titre que le No Sleep 'til Hammersmith de Motörhead en fait. La setlist est parfaite : Hell Awaits, South Of Heaven, Raining Blood, Dead Skin Mask, Season In The Abyss, Angel Of Death, Mandatory Suicide... bon on va pas tous les faire. Mais 1h30 de live de Slayer à ce niveau là, avec les meilleurs morceaux, ouais, faut vraiment pas passer à côté.Morbid Angel - Gateways To Annihilation (2000)
Sans doute mon album préféré de Morbid Angel. Probablement parce que je trouve que c'est m'album le plus lourd et le plus riffesque qu'à fait Morbid Angel depuis ses débuts (qui ne me marquent pas outre mesure et désolé pour l'hérésie). Mais oui, il y a cette lourdeur plombesque, presque Doom sur He Who Sleeps, et ces guitares tortueuses qui me rappellent Immolation sur To The Victors The Spoils ou sur Ageless, Still I Am par exemple. Mais oui je préfère quand Morbid Angel se concentre sur les ambiances (et pourtant quels riffs putain !) pour ce qui est sans doute l'album le plus sombre de leur discographie doté d'une aura quasi mystique et étrange. C'est comme ça que j'aime le Death Metal.
... Zbrlah (ses chroniques) :EHFaR - Everything Happens For A Reason (2018)
Du soi-disant Rock/Metal Prog avec un ex-DGM dedans, mais oui, complètement. Je signe.
Et je déchante.
EHFaR joue une sorte de Rock qui se veut couillu et groovy (à la Adrenaline Mob, j’imagine), mais en version ratée. Tout est prévisible, voire même cliché. Le vocaliste en fait tellement des caisses, avec ses « yeaaah » éraillés, que ça flingue tout à fait l’intérêt qu’on pourrait avoir pour son chant. Aucun stéréotype pourrave ne nous est épargné : la fin de titre sur une phrase susurrée, le solo débile (2 mesures de shred, c’est tout, sans début de solo avant ni sans fin ensuite, au milieu de la pseudo-balade Losing You), les paroles de kéké-lover, la fin d’album sur un bruit de vagues, les riffs pachydermiques mais usés jusqu’à la moelle (Night After Night, Master Of Hypocrisy)... Même la mochette (oui, avec un « m ») ne reçoit aucun bon point. 36 minutes compliquées et gênantes, en somme.Elvellon - Until Dawn (2018)
La récente chronique de V.N.A. était alléchante et le résultat est fidèle à ses propos. Je pourrais répéter ce qu’il a déjà dit, ou le paraphraser si j’étais dans un jour de forme, mais c’est plutôt un jour de flemme : on va juste résumer. Elvellon c’est un mix entre Delain et du vieux Nightwish (avec des influences du nouveau (du nouveau Nightwish, hein)). Ça manque de personnalité tellement c’est calqué sur ces modèles, mais ça fait vraiment bien le taff quand même. A écouter comme un Wishmaster ou un Oceanborn alternatif, quand vous avez envie de renouvellement.Widek - Dream Reflection (2018)
J’ai découvert Widek récemment, grâce aux suggestions de Spotify, en fonction de ce que j’écoutais déjà. Eh beh je vais cliquer plus souvent là-dessus, vu la bonne surprise qu’est Widek ! Du Prog un peu djenty mais pas trop, dont le côté instrumental se laisse apprivoiser sans mal, sans aucun côté « Prog snob ». Au contraire, j’imagine bien mettre Dream Reflection en fond sonore en faisant autre chose, tellement le disque est peu exigeant. Il suffit de se laisser porter par les ambiances cosmiques...
En prime, Widek place de nombreuses références « joyeuses », des parties vraiment dynamiques qui sonnent comme des hymnes à la vie (Skybridges, Fading Memories, Substance... même la sérénité de Bliss peut rentrer dans la catégorie), chose rare pour un disque du genre. Et une dernière surprise pour la fin avec un titre chanté... Excellent.
... MrKactus (ses chroniques)Eminem - Kamikaze (2018)
Dans le "Rap Game" Eminem a toujours eu une place très particulière. Cela dit, son dernier album Revival avait surpris et déçu les fans de par son approche très pop avec des featurings pour le moins surprenants (Beyoncé, Ed Sheeran...). Public et critiques ont donc dénigré notre bon vieux Slim Shady qui, à 45 ans, semblait s'être assagi. Et puis Kamikaze est arrivé, sans aucune promo, au beau milieu de la nuit, comme une bombe larguée. Une sorte d'ego trip furieux et sans concession dans lequel il règle ses comptes avec le public, les critiques, les artistes qui ont osé douter de lui. Que l'on cautionne ou pas le geste, une chose est certaine : cette fois le Marshall est de retour au top de sa forme et de son flow ... et c'est pas pour trier des lentilles.
Muzzy - The Cascade EP (2018)
Il m'a été donné de constater à de très nombreuses reprises les parallèles que l'on peut faire entre le Metal et les autres genres musicaux. Pourtant, c'est dans les musiques électroniques qu'elles trouvent le plus d'écho, en particulier les Bass Music (Dubstep, Drum N Bass, Synthwave etc.) Mélangeant divers styles et influences, Muzzy vient faire exploser nos subs avec un EP dans lequel on retrouve Celldweller et Sullivan King en featuring et qui a pour vocation de détruire ce qu'il peut nous rester de cervicales. Sans nul doute un artiste qui vaut le détour si on aime le genre.Moby - Everything Was Beautiful And Nothing Hurt (The East West Sessions) (2018)
Un récent changement capillaire m'a rapproché de cet artiste dont je n'avais plus écouté un morceau depuis des années. Comme toujours un peu curieux après qu'un collègue de travail m'ait affirmé qu'il y avait une ressemblance, je me suis replongé dans sa discographie. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis pris une baffe comme j'en avais pas prise depuis longtemps. Une musique, épurée, puissante et infiniment belle, qui passe du Pop Rock à l'électro, avec un son abouti et parfaitement équilibré. Amateurs de sensations fortes, je ne saurai que trop vous conseiller ce chef d'oeuvre de beauté et de douceur. A noter que je trouve que la Est West Session est meilleure que l'originale.
...Skaldmax (ses chroniques) : Orelsan – La Fête Est Finie (2017)
J'avais lu plutôt du bien sur ce dernier Orelsan, et bien que l'écoute subie de Basique m'ait un peu refroidi, j'ai tout de même fini par m'y mettre. Visiblement Orel a grandi, à tel point que c'est la désillusion, peut-être même la résignation qui domine cet album signé par un désormais trentenaire regardant en arrière vers ses années de jeunesse (Notes Pour Trop Tard). Bon, j’ai fait un tri assez rapidement dans la tracklist, exit les featurings agaçants (La Pluie, Zone) excepté Christophe (feat Maître Gims) qui vaut vraiment le détour. On se concentrera sur Bonne Meuf, Défaite De Famille, Dans Ma Ville On Traîne, tous amers, drôles et brutalement honnêtes, tout ce qui a fait la renommée du San. Setsuko – The Shackles Of Birth (2018)
Ouch ! Quelle méchanceté, Setsuko se réclame du Grind, Crust et Powerviolence. Et ce n’est pas galvaudé, on pense aux parties les plus rudes de Jane Doe (Converge), à Cult Leader, Nails et pourquoi pas à Yacopsae. Si des groupes comme Revenge font partie du haut du panier question violence dans la sphère Metal, Setsuko balance une intensité pas si éloignée dans le monde du Hardcore. Un bisou au copain Euka pour cette découverte. Portal – Swarth (2009)
En ce moment je suis sur une boulimie de Portal. C'est quelque chose de viscéral, un son, une vision de la musique totalement cauchemardesque, boueuse et glaçante qui me fait plonger à répétition dans les disques des Australiens. Avant tout, c'est une question de production, de Outre à Ion il y a un monde et les musiciens masqués ne racontent pas la même histoire à chaque galette. Swarth de son côté arbore une batterie métallique et une plongée dans le noir rythmée par le frappeur. La bande de The Curator livre un Larvae option intro-matraque, un The Swayy aux guitares nauséeuses ou un Swarth qui fait passer les toms pour des tambours de la mort. Que du bonheur.Slayer ft. Vanessa Paradis - South Of Taxi (2017)
Je me suis réveillé ce matin avec cet ultime featuring en tête. Je crois que tout est dans le titre, une collaboration réussie entre des artistes aussi Rock n' Roll l'un que l'autre. J'espère vraiment que Vanessa, déjà à ça de remplacer Megadeth dans le Big 4 du Thrash, sera invitée à la tournée d'adieu des Américains. Allez, on s'écoute South Of Taxi.
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