Metalorgie Monthly #11

par Metalorgie Team (28/08/2016)

La rentrée approche à grands pas. Les pubs dans les boites-aux-lettres et sur tous les panneaux d'affichage ne manquent pas de nous le rappeler, installant efficacement un sentiment généralisé de déprime sous-jacent. Et pourtant, inéluctablement, août va devoir laisser sa place à septembre. En souvenir des vacances, on vous propose de retrouver nos playlists estivales.
N'hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez et ce que vous avez vous-même écouté ! La parole est à vous pendant un mois, jusqu'à notre prochain numéro fin septembre !


Le mois d'août de...


... Raikage (ses chroniques) :

Fange - Purge (2016)
Mon collègue Pentacle s'est acquitté de la tâche de parler de cette marre de boue fumante qu'est le nouveau Fange. Dégueulasse, brutal, nihiliste, rongé par la haine et la misanthropie... Oh, n'allez pas croire que j'attaque le disque, bien au contraire. Que demander de plus à un disque qui allie parfaitement Sludge et Death Metal Suèdois ? Pour être tout à fait honnête, le premier disque des bretons ne m'avait pas convaincu, loin s'en faut. Est ce l'arrivée de monsieur Calvaiire qui a servit de déclic ? Ou bien simplement les musiciens qui progressent ? Qu'importe, au fond, puisque le résultat est la seule donnée d'importance. Et on peut dire qu'il est ici de taille du genre patate de Mike Tyson en pleine poire. Fange nous a fait cracher nos dents et nous sert la compote (à la poire) à grand coup de truelle. 

GodfleshPure (1991)
Je me souviens avec émotion de mon premier (et unique) concert de Godflesh. Les balances sur scène, la boite à rythme qui pèse plus lourd que tous les musiciens réunis des premières parties. Le son de guitare pleine d'amiante de Justin Broadrick. Et surtout la basse : ce coup de marteau dans le foie asséné avec la précision d'un pilon à vapeur. Et bien écouter un disque du groupe, c'est ressentir la même chose mais chez soi. Pure est un concentré de haine, de douleur et de désespoir. Comme à son habitude, le duo de Birmingham n'épargne personne et écrase tout sur son passage, achevant les survivants au lance flamme. La boite à rythme se fait de plus en plus groovy (Mothra, Spite...) et surtout Robert Hampson (Loop) rejoint pour quelques morceaux le groupe. Un joyau de ce que l'on ne nommait encore pas du Post Metal mais qui, avec le recul, appartient indubitablement à cette mouvance.

Morning Again - Martyr (1997)
Dans la famille Hardcore/Metalcore 90's je voudrais... Morning Again. Trop souvent oublié au profit de formations plus connues (Integrity ou Kickback dans nos contrées), ces mecs ne déconnent pourtant pas. Enormes accélérations, riffs moitiés Metal moitié Hardcore tout dans la margoulette et moshpart qui vous donneront des envies d'initiation au MMA en école maternelle, juste pour rigoler. Sur le papier, des groupes comme ça il en existe tellement qu'il n'y a qu'à se baisser pour en ramasser un. Vite écouté pendant une séance de sport et encore plus vite oublié. Mais les Floridiens se démarquent par leurs talents de compositeurs : mélodies qui font mouches, breaks à la guitare acoustique... Pas mal de testostérone certes, mais on oublie pas de jouer avant tout de la musique. On est pas des bêtes non plus!


... Pentacle (ses chroniques) :

Action Beat - Beatings (2011)
Action Beat, c'est un peu les Slipknot de la Noise. Grosso modo neuf membres sur scène : quatre batterie (oui, oui), deux basses et trois guitares, ou inversement, puisque les musiciens prennent plaisir à inverser les instruments au gré des compositions. Du coup, écouter Beatings donne le sentiment de se mettre la tête dans une machine à laver et c'est fortement jouissif, surtout si tu aimes le premier album de Pneu.

WarningWatching From A Distance (2006)
Sans nul doute possible le disque de Doom Metal le plus triste du monde. Tout y est lent, accablant, les mélodies tiraillantes, d'une lourdeur monotone et désespérante. Puis par dessus tout cela il y a le chant de Patrick Walker, si typique, si frissonnant, si beau, donnant toute la saveur de ce Doom Metal anglais à la fois proche d'un My Dying Bride et pourtant si différent. Après cet unique album, Patrick et Christian Leitch fonderont 40 Watt Sun en 2009 dont l'unique album, pour le moment, est lui aussi dans le même type d'atmosphère tristement bouleversante.


... Euka (ses chroniques) :

Cyclamen - La Conformité (2016)
Après un changement de line-up, Cyclamen revient poser le successeur de N.O.I.R.E. : en résulte un Hardcore Screamoïsant dans la continuité de Les Mémoires, mais avec un impact plus important sur les titres les plus fédérateurs. Pas désagréable, loin de là même si l’on arrive à apprécier le chant brut et écorché, le combo trouve toute sa puissance sur L’éloge de la casse, avec ses backing-vocals chantées à l’unisson, ou au travers de …et les drapeaux, avec tous les classiques ingrédients du screamo français. 
A écouter ici.

More Dangerous Than A Thousand Rioters - History Isn’t An Endless Circle (2013)
Découvrant cet opus après l’éponyme, je constate facilement la marche qui sépare les deux. History est plus virulent, plus frêle et au final moins intéressant. Manquant d’une maturité et d’ambiances tels les deux Point de rupture de l’opus suivant, ce disque introduit néanmoins des aspects plus poussés ensuite, à savoir un côté revendicateur et quelques ascendances de Refused. Intéressant, mais pas inoubliable, écoutez plutôt le suivant. Bandcamp.

United NationsUnited Nations (2008)
Derrière un line-up à toute épreuve se situe un combo de Hardcore / Screamo qui met des étoiles dans les yeux et du bourdonnement dans les oreilles. Au travers d’une multitude de références artistiques, qu’elles soient visuelles ou sonores, United Nations s’envole et déverse un torrent de sons (le jeu de batterie de The Shape of Punk That Never Came) dont les notes s’entremêlent tel un flot ininterrompu. A défaut d’être surestimé, le groupe n’est pourtant que peu mis en avant, malgré un premier opus dévastateur.

Cerce - Cerce (2012)
En écoutant cet opus, j'ai pu retrouver la même créativité folle de Pg. 99, mais avec un côté Hardcore plus présent (allant jusqu'à Battle of Mice sur Concussion). Et, tout comme ceux précédemment cités, le résultat est ravageur. Prenant à la gorge jusqu'à l’évanouissement, cet opus est riche en ambiances, mais également en variations artistiques. Une seule écoute aura suffit pour convaincre, les autres ne furent que pour s'infliger encore et encore ces coups non simulés. Ecoutez-le, vraiment.


... Rwn (ses chroniques) :

Like Rats From A Sinking Ship - We Get Along Like A House On Fire (2011) 
Entre le matraquage du beat électro de From Russia With Crabs, le vrombissement des claviers électroniques de UNDR3553D 4 5UCC355 et le groove de Peace, Love&Bankruptcy (qui n'est pas sans rappeler du Pulled Apart By Horses) le temps de trois morceaux, on se dit que les Norvégiens tiennent quelque chose. Toutes proportions gardées, on sent alors que Like Rats From A Sinking Ship a bien l'intention, à l'instar d'un The Shape of Punk to Come, de balancer un grand coup de pied dans la scène Hardcore. Oui mais voilà, passée cette entame, We Get Along Like A House On Fire se fait bien trop sage, voire à certains moments bien trop conventionnel (Lesson #9) pour ça. De par sa diversité, ce premier LP reste plus que plaisant à écouter mais demeure la petite amertume ressentie face à ce qui est juste "bien" et qui aurait pu être génial. 
Les Norvégiens ayant splitté peu après la sortie de We Get Along Like A House On Fire, on ne saura hélas jamais jusqu'où ce potentiel aurait pu les mener. L'écoute des nouvelles formations des ex-LRFASS est d'ailleurs marquante en ce qu'elle met en exergue les styles musicaux antagoniques qui, un temps, se sont retrouvés amalgamés.

Deez Nuts - Bout It! (2013)
Réparons ici une lacune : Deez Nuts n'a jamais été chroniqué sur le site. Autant le dire tout de suite, si le phrasé Rapcore et les breaks un peu basiques vous débectent alors vous pouvez vous arrêter ici... Si par contre vous êtes à la recherche d'un défouloir festif alors Bout It! est fait pour vous! Délire d'Australiens adeptes d'un style de vie à l'américaine dans ce qu'elle produit de plus cliché (alcool, drogue et grosses chaines en or sur fond de débardeur), Deez Nuts est à classer dans la grande familles des groupes à la maturité toute adolescente (Bloodhound Gang, Horse the Band...), en témoigne la finesse des paroles et des titres de certains morceaux (Go Fuck Yourself, What We Eat Don't Make You Shit).  Alors certes, avec  Deez Nuts , la caricature mêlée du Hardcore et du Hip-Hop n'est jamais très loin, ce que leur reprochent d'ailleurs leurs détracteurs, mais depuis quand la scène Core a-t-elle décidé de se prendre au sérieux ? En tout cas, à en juger par le nombre de featurings de l'album (Freddy Cricien de Madball, Sean Murphy de Verse, Wayne Lozinak de Hatebreed, Sam Carter d'Architects...) Deez Nuts semble avoir été adoubé par ses pairs. Bout It! n'est pas l'album de la décennie ? Sans blague ! Ce n'est en tout cas pas ce que leur demandent les pits qui visiblement s'en contentent largement !


... Zbrlah (ses chroniques) :

Against The Current - In Our Bones (2016)
Chaque été, on a droit à un single (enfin, à deux-cent singles) d'une minette de 20 ans à la voix surproduite sur une instru Eletro-Pop radio-formatée et munie d'un clip nostalgico-hipster, dont la capacité à rester en tête est inversement proportionnelle à l'intérêt global du titre. Cette année, ce single (un de ces deux-cent singles), c'est Wasteland de Against The Current. D'abord surpris par le clip montrant un vrai batteur et un vrai guitariste (en plus de l'évidente vocaliste qui fait office de figure de proue), j'ai jeté une oreille sur le récent In Our Bones. Imaginez Paramore qui jouerait les titres les plus mélodiques d'Immersion de Pendulum (Crush, The Island...), et produit par Elie Goulding. L'ensemble se tient étonnamment bien, sûrement grâce à la consistance apportée par des instruments réels. Porté par les singles Wasteland (avec un pont quasiment Metal !) et Blood Like Gasoline, l'album se laisse écouter sans prise de tête, les refrains en mode "hits des plages" se fredonnent facilement. Et puis au moins, ici c'est assumé, du coup ne vaut-il pas mieux écouter ça que le dernier In Flames ? 

FallujahDreamless (2016)
Convaincu par la récente chronique en nos pages (merci Max !), je me suis laissé tenter. Ne connaissant pas du tout le groupe, et me basant uniquement sur ce dernier opus, je le décrirais comme une sorte de Between The Buried And Me en moins foufou et en plus bourrin, sans chant clair. Enfin, sans trop de chant clair : une occasionnelle voix féminine apporte une touche aérienne qui rend l'ensemble vraiment transcendant. Une vraie réussite qui n'a pas volé sa mention "album du moment", et qui reviendra très probablement début janvier lors de mon top 2016.

Caligula's HorseBloom (2015)
Encore une fois influencé par la chronique d'un collègue, j'ai profité des vacances pour jeter une oreille sur Bloom, dont je ne connaissais que le titre Marigold. D'office emballé par l'intro très opethiènne (bien que le reste de Bloom ne soit pas spécialement connecté aux travaux des Suédois, selon moi), tout l'album de Caligula's Horse se fera très vite apprécier par le fan de Prog que je suis. Au final, je ne peux qu'abonder dans le sens de la chronique : les Australiens jouent "avec suffisamment de sobriété et de fraîcheur pour rendre accessible et jouissif un style qui peut si facilement basculer dans la complaisance et la caricature". Merci Chris !

Vous aimez ce genre de contenu ? Soutenez-nous !

Faites un don et soutenez-nous, cela nous aidera à produire plus de contenu comme celui ci.

Pour ajouter un commentaire vous devez vous connecter ou créer un compte.

Vous pourriez aimer

Top 2024 de Metalorgie

Les meilleurs albums 2024 selon la rédaction de Metalorgie

Metalorgie Monthly : Décembre 2024

Nos écoutes du mois dernier

Tonight It’s A World We Bury, Black Metal, Red Politics (livre)

Revue critique du livre de Bill Peel

Le Metal, une musique de snobs ?

Doit on faire la chasse aux posers ?