|
Biographie
Stephen O' Malley (Khanate, Lotus Eaters) et Greg Anderson (Goatsnake, Teeth Of Lions Rule The Divine) sont des icônes du milieu Stoner / Doom / Drone. Sunn O))) a été crée en hommage au fascinant Earth 2, référence Drone Doom. Le groupe a réedité ses démos en 2005, les Grimmrobe Demos. L'évolution se fait sentir. Un 00 Void lumineux, un White 1 grandiloquant et magistral, un White 2 plus rapide et enfin un Black 1 révolutionnaire sont les assauts d'un monstre qui se réveille. Le groupe s'illustre par des prestations scéniques éprouvantes en forme de messes noires malsaines. Réputé dans le milieu, Sunn O))) bénéficie de l'apparition d'un grand nombre d'invités au sein de sa discographie : Attila (Mayhem), Malefic (Xasthur) entre autres... Une expérience autiste et complétement unique avec deux guitares feedbackées lourdes et lancinantes. Suite au projet Altar les liant principalement à Boris en 2006, Sunn O))) revient dès l'année suivante avec une nouvelle pièce baptisée Oracle. Fin 2008 voit l'arrivée de Domkirke, live uniquement sorti en LP qui a la particularité d'avoir été enregistré dans une cathédrale. Tout ceci sans compter les multiples eps et lives sortis en nombre limités par Sunn O))). ChroniquesMetta, Benevolence BBC 6Music : Live On The Invitation Of Mary Anne Hobbs Life Metal Kannon Terrestrials (avec Ulver) Soused Monoliths & Dimensions Dømkirke Altar (avec Boris) Black OneMetta, Benevolence BBC 6Music : Live On The Invitation Of Mary Anne Hobbs ( 2021 )En 2019, Sunn O))) sort coup sur coup deux albums : Life Metal, puis Pyroclasts tous deux convoquant les aspects les plus aériens du groupe. C’est à la suite de ces deux sorties que les musiciens sont invités par Mary Anne Hoobs de la BBC6 pour enregistrer live à la célèbre radio. En plus de, forcément, Greg Anderson et Stephen 'O Malley, on peut compter sur les sessions live de Steve Moore qui a déjà joué avec Goblin et Earth, de Tos Nieuwenhuizen, mais également d’Anna Von Hausswolff invitée pour l’occasion, qu’on retrouve sur deux des trois titres. Life Metal ( 2019 )Chercher une vérité chez Sunn O))) est vain, car la démarche du groupe est aussi absurde qu’ouverte à l’interprétation. Leur musique est aussi libre et unilatérale qu’un monochrome. Comme devant une toile blanche, libre à chacun de s’y plonger des heures, d’en rire, d’y voir une production artistique mystique et primitive ou un joli pied de nez à qui prendrait ces deux sorciers un peu trop au sérieux. Kannon ( 2015 )Dire qu’il était attendu serait un doux euphémisme. Six ans que les fans bourdonnaient d’impatience et le voilà enfin! Kannon succède à un Monoliths&Dimensions démentiel, qui à l’époque tranchait par une radicalité quelque peu aseptisée et une ouverture grisante vers d’autres horizons. Après une série d’albums collaboratifs plutôt tièdes dans l’ensemble, les Américains sont attendus au tournant. Terrestrials (avec Ulver) ( 2014 )Tandis que la plupart des groupes de nos jours contribuent à cimenter la forme amorphe de la musique, certains ont pour but d'en dépasser les frontières à chaque enregistrement. Pour l'un, la musique est le ressenti du corps humain sous les vibrations émanantes d'un mur sonore, pour l'autre, c'est une cérémonie contemplative qui se vit plus qu'elle ne s'analyse. Bien qu'il était difficile de définir le résultat escompté, cette alléchante collaboration nous promettait déjà monts et merveilles. Et quelle meilleure représentation du Soleil et de la Terre que Sunn O))) et Ulver? Soused ( 2014 )
Sunn O))) n’a jamais été avare en collaborations. Earth, Nurse With Wounds, Boris, et Ulver plus récemment, tous en dépit de leurs horizons divers ont flirté avec les vibrations du duo encapuchonné. De près ou de loin cependant, car comme le savent ceux qui suivent ardemment leur discographie, Stephen O’ Malley et Greg Anderson n’ont pas pour habitude d’imposer leur style si particulier à leurs heureux invités, mais davantage d’écrire une œuvre commune et unique avec eux. « Rien ne se créée, rien ne se perd, tout se transforme » comme le disait Antoine Lavoisier. Rien alors ne permettait d’imaginer quelle serait la teneur de cet LP en compagnie de Scott Walker, si ce n’est quelque bref trailer sur la toile (impatience des fans/promotion oblige) qui n’eût d’autre effet que d’attiser une curiosité plus vive encore. En un peu moins de deux minutes, les musiciens instauraient
une ambiance oppressante, glauque, qui se révèle prépondérante sur l’album dans
sa totalité. Soused n’est pas un apaisant White 2. Soused n’est pas non plus un
Black One profond et où ne perce aucune lumière. Rien de tout cela, ici c’est
la froideur de ces guitares vaporeuses, monochromes et quasi inchangées qui
règne. Toujours en arrière-plan, comme un fil conducteur stoïque mais
rassurant, en pleine lutte contre ces percussions et incursions électroniques
sporadiques qui évoquent un Indus désincarné, prenant l’allure d’une fausse
cadence. Leurre. Ici on donne au terme « Expérimental » son sens propre ;
les artistes tentent, abandonnent, répètent deux fois, trois fois ce brusque
départ vers les aigus ou ce rythme furtif que l’on remplacera par un autre plus
tard. Mais Anderson et O’ Malley n’ont pas l’habitude de faciliter la tâche de l’auditeur, et cette volonté de toujours fouiller plus n’est pas démentie par l’atmosphère sinistre de ces cinq titres. Pourtant « Brando » débutait sur une note d’enthousiasme, éclairé par cette sample de « Sweet Child O’ Mine » des Guns N Roses. Impression fugace dont auront raison les beats lancés comme des coups de fouet et autres violons crissant et lancinants, prêts à bâtir un cadre hostile en clair-obscur ; rien ne prépare aux multiples dissonances, tant l’inattendu joue ici un grand rôle. De la même manière, « Bull » ou « Fetish » lancent des mélopées emphatiques, supportées par un refrain où la batterie et les guitares s’unissent pour un rendu quasiment Rock, avant de sombrer à nouveau dans cette tension envahissante. Le final quant à lui délaisse toute forme de grandiloquence et l’on y retrouve un Scott Walker qui lâche ses dernières paroles dans des élans glacials sur fond de claviers stridents, assez peu agréable à l’écoute. « Lullaby » achevé, cette dernière pièce laisse perplexe et conclut un album qu’il est difficile de juger, car définitivement à l’Avant-Garde et inédit. Passées quelques écoutes, on réalise que Soused n’est que soubresauts, longs calmes plats avant de courtes tempêtes, une symphonie démantibulée et déconstruite qui le rend difficile d’accès. Il y a fort à parier que ce travail ne fera pas l’unanimité, un constat tout à fait justifiable et pardonnable. On ne peut se résoudre cependant à réduire cette collaboration à un simple délire d’élite underground, car l’œuvre est emplie de passages intéressants et procure par-dessus tout des sentiments que l’on retrouvera péniblement chez d’autres orfèvres de la musique sombre et marginale. A écouter : Brando, BullMonoliths & Dimensions ( 2009 )Sunn O))) avait distillé les informations sur son nouvel album au compte goutte. Aucun leak sur internet avant le jour de sa sortie, aucun disque promo, rien si ce n’est des séances d’écoutes organisées dans quelques grandes villes, des reports de journalistes enthousiasmés par la première écoute, ainsi qu’un petit texte de présentation sur le blog de Southern Lord. On savait que Sunn avait tenté autre chose avec cet album et ça s’est confirmé dans quelques interviews où le groupe disait avoir exploré de nouveau territoires sonores, avoir aussi incorporé des ensembles de cordes et de cuivres dont le trombone de Julian Priester, auteur du magnifique album Love, Love sur ECM dans les années 70 et illustre collaborateur de Sun Ra, de Herbie Hancock (sur la trilogie Mwandishi / Crossings / Sextant notamment) et de John Coltrane sur l’album Africa / Brass. Et puis il y avait le nom du dernier morceau, Alice, en l’honneur d’Alice Coltrane – la femme de John – harpiste et pianiste de renom dont on imagine que les albums de jazz vibratoire à forte teneur spirituelle ont grandement apporté au duo. Avec toutes ces infos on avait en fait plus d’interrogations qu’autre chose à propos de ce fameux Monoliths & Dimensions. Et de sacrées attentes il faut bien l’avouer. Dømkirke ( 2008 )Ca vous dit quelque chose Sunn O))) ? Les mecs qui jouent en robe de bure un drone doom que beaucoup considèrent comme du bruit. Dømkirke est la dernière production du duo O'Malley / Anderson, rejoint ici par Attila Csihar (Mayhem), Steeve Moore et Lasse Marhaug. Alors pour la petite histoire, Dømkirke signifie Cathédrale en danois, ce qui tombe bien car ce double LP fut enregistré dans celle de Bergen (Norvège). Et une fois les vinyles entre les mains, reste à savoir si la musique sera aussi lourde que l'objet lui-même. Quelques applaudissements, puis la première note résonne. Tendue, infinie, hypnotique, elle reste fixe et envahit les tympans pour s'y loger discrètement. La patte Sunn O))) est là, et lorsque le chant résonne, accompagné par un orgue macabre, la messe débute. 58 minutes intenables pour les allergiques au drone. Why Dost Thou Hide Thyself in Clouds? met en avant les cordes vocales d'Attila, prédicateur de mort sur fond d'orgue apocalyptique. Jamais agressif, il scande ses prophéties tel un prophète possédé, amplifié par la résonnance de la cathédrale. Cannon rapproche Sunn O))) de CandleGoat (Black One) avec ses chuchotements mystérieux, murmures oubliés du passé tandis que Cymatics rappelle Flight Of The Behemoth (avec Merzbow) de par sa nature plus bruitiste. Et le final Masks of the Ætmospheres qui clôt l'album de la même manière qu'il fut ouvert : une note tenue à perdre haleine, puis des applaudissements. Sunn O))) alterne monstruosité et caractère saint sous sa parure, grâce à la nature du chant d’Attila et cet orgue funèbre, qui enchaînent ces sentiments en quelques secondes. La poésie et aura de White 1 & 2 a été corrompue par les morsures putrides de Black 1. Ce Sunn O))) est, comme on pourrait s'y attendre, plus religieux, laissant les robes décrépies trainer derrière les notes fantomatiques des musiciens. Véritable condensé des précédents albums, Dømkirke est un live prenant, atmosphérique et complexe. Au-delà du simple fait d'enregistrer dans une église et de toute la symbolique présente, l'ambiance musicale se veut plus lourde, amplifiant le moindre son pour le décupler, ce qui rappelle sans conteste White 1 et White 2. Sunn O))) est majestueux, vêtu d'un simple vêtement. Le groupe fait vibrer ses notes pour marquer l'auditeur, lui imposer sa musique. On pourra toujours entrer dans l'éternel débat propre à ce style, à savoir musique ou bruit, mais les convertis se délecteront de cette nouvelle sortie grandiose mais intime. Les musiciens prennent aux tripes, s'insinuent dans les moindres recoins du cerveau et le malmènent pour notre plus grand plaisir. Dømkirke est un très bon live, surtout après le faible Oracle, et la dimension apportée par l'enregistrement dans un lieu saint le rapproche d'une antithèse à Black One. Pourtant, de nombreuses parties vocales font pencher la balance, créant un équilibre incertain mais maîtrisé. Sunn O))) continue sur sa lancée, et prouve qu'après une discographie plus qu'intéressante, le duo ne s'empêtre pas dans la redite. Altar (avec Boris) ( 2006 )Sunn O))) & Boris. Deux entités essentielles et incontournables de la musique dite « drone », tous deux dignes héritiers des pionniers Earth et pourtant un monde les sépare. On pouvait légitimement espérer qu'il résulte de cette rencontre un album majeur, une sorte d'aboutissement du genre. Il est à ce titre essentiel de préciser qu'il ne s'agit en aucun cas d'un split, mais bien d'une collaboration entre cinq musiciens formant une entité à part entière, le temps d'un album. Et cet album c'est le bien nommé Altar, Altar comme alter ego, comme deux entités complémentaires et inséparables. Verdict ? Black One ( 2005 )Le pachyderme endormi des Grimmrobe Demos se réveille. Peu à peu, chaque cd a marqué une évolution et une exploration dans la musique du duo. Içi, O'Malley et Anderson réalisent un hommage, un hommage en forme de révolution. Révolution, le terme ne paraît pas galvaudé au vu des nouveautés saupoudrées ça et là dans ce Black 1. Le drone doom se vêt de ses meilleurs apparâts. Tout d'abord, des riffs aparaissent, joués haut et aigus (It Took The Night To Believe). Ces riffs sont certes discrets tout au long de la galette mais suffisants pour comprendre la finalité de la chose. On pense parfois au Transilvanian Hunger de Darkthrone en mode lent, trés lent. Mais la vitesse est quelque chose de relatif. Lorsque l'on s'est imprégné de la musique de Sunn O))) voire du genre doom, certaines chansons peuvent être qualifiées de speed. Deuxième révolution: l'apparition récurrente de voix comme un élément propre de la musique. Et pour cela, Sunn s'appuie sur des invités colossaux : Malefic de Xasthur pose sa voix sur certaines pistes. Détail digne de la presse à sensation d'ailleurs, Malefic a été enfermé dans un cercueil pour certaines parties vocales. Au delà du détail en soi, cette anecdote est grandement représentative de l'evergure claustrophobique du cd. Tout y est étouffant et opressant. Sunn O))) n'abandonne en effet pas ses ambiances d'origine : sous les voiles de douces nouveautés, l'ambiance de base est toujours d'une lourdeur hallucinante, asphyxiante au terme du cd. Mais par dessus ces caractéres basiques du monstre se greffent de nouvelles ambiances, d'une rare noirceur chez le groupe mais surtout très haineuses. En cela cet album est un hommage au black métal, une forme de tribute avec tant de personnalité qu'à aucun moment on ne peut crier au plagiat. Ces ambiances sont posées grâce aux guests peut être, (Wrest de Leviathan, John Wiese, Oren Ambarchi) mais sont une volonté du groupe d'aller plus loin, de se réchauffer et de sortir de l'iceberg qui fond peu à peu depuis 00 Void. Parfois, des éléments électroniques viennent distordre et déranger le tout, rendant la chose encore plus malsaine et misanthrope qu'elle ne l'a jamais été. N'allez tout de même pas croire que le drone a été abandonné, il est le socle qui soutient le tout. Le son du groupe est toujours là, mais des surprises coupent le rythme (les aigues sur Cry For The Weeper par exemple) ou lui donnent une autre unité. Les longues nappes feedbackées sont toujours dérangeantes et lobotomisantes. Pourtant, les fans de Earth 2 (Earth) risquent de ne pas forcément s'y retrouver. Le cd sera trop rapide pour un doomeux et trop bâtard pour un blackeux. Il sera aussi trop peu expérimental pour un fan des dernières nouveautés soi disant ultimes du sieur Patton (Mr Bungle, Fantômas, Faith no more, Kaada/ Patton... on arrête là?). Pourtant, il s'impose en tant que cd ultime de cette dernière décennie, sûrement aussi insdispensable que le Flight Of The Behemoth. En réunissant les deux genres les plus marginaux, les plus "autistes" et en lui insufflant une personnalité immense, Sunn O))) impose son Black 1 comme un des cds les plus profonds de l'univers drone doom. Plus facile d'accès que les autres en apparence (car peut ètre moins itératif et compact, donc moins rebutant), il reste pourtant très riche et fouillé et l'ambiance ne perd pas une miette de son côté angoissant... au contraire (Bathory Erzsebet est l'exemple parfait d'une chanson qui repousse les limites de l'angoisse, et du réel musical).
Télécharger : It took the night to believe. A écouter : Apr�s le White 2, pour voir l'encha�nement. |
Sunn O)))
Style : Drone / Doom Tags : Doom Metal - Drone - Drone Metal Origine : USA Site Officiel : sunn.southernlord.com Bandcamp : Amateurs : 127 amateurs Facebook : |