Ouah ! Et dire qu’on m’avait dit que cet album était pour les amateurs de groupes comme Dillinger Escape Plan… Je dois avouer que dès les premières secondes d’écoute, il faut être encore plus solidement attaché pour prendre connaissance de l’univers de The Red Chord. Avec ce premier album, “Fused Together in Revolving Doors�?, les cinq gars du Massachusetts seraient plutôt du genre à dépoussiérer les vieux démons du death métal!
Car si le groupe est effectivement comparé parfois à ces formations tout alambiquées, The Red Chord se démarque tout de même franchement du hardcore et puise d’avantage ses influences dans le death métal et le grind. La ligne conductrice du groupe est donc plus serrée et moins libre. Plus violente aussi.
Pour cela, le groupe impressionne. Premier album donc, au style et aux compos complètement maîtrisés, dans un créneau que ne renierait pas les vétérans de Cannibal Corpse ou de Brutal Truth et sans le visuel lugubre qui caractérise ces formations. Avec The Red Chord, la puissance de jeu est toujours privilégiée. Et cette dernière se retrouve tout autant dans les guitares, maltraitées au maximum, afin de leur faire cracher les sons les plus tordus ("Dreaming in dog years"). L’une couine par le biais de longs riffs aigus pendant que l’autre s’occupe de dresser un mur de son infranchissable. Déjà les enceintes de la chaîne stéréo sont bien remplies. La batterie est fondamentalement malade ("Catalepsy") et frappe tout ce qui peut bouger ; double pédale mitraillette, caisse claire épileptique, on est proche du chaos. La voix de Guy pose un chant guttural à souhait qui amplifie cette sensation de lourdeur et de douleur. Et tout cela pendant les neuf pistes qui composent cet album : la première chanson, "Nihilist", pose les bases tout de suite. Toutes les influences du groupe s’y croisent et s’y entrechoquent. Les premières 20 secondes sont jouées au taquet avant de s’arrêter sur un break et un riff à la hardcore, plus entraînant et moins frénétique. La death machine repart et s’emballe, recroise le fer du hardcore, passe par la case tribale jusqu’à la pause « atmosphérique » où les notes vont pour la première fois se traîner afin d’accentuer le malaise. On entend déjà la fin complètement hystérique. Et les autres chansons s’enchaînent ainsi à 200 à l’heure, en 3 minutes de moyenne.
Juste un moment d’accalmie avec "He was streching", piste d’ambiance toute légère avec percussions et arpéges, piste d’introduction à la suivante "Breed the cancer" qui remet doucement le TGV The Red Chord sur les bons rails… L’album se referme sur la composition la plus significative du style du groupe, "Sixteen by fingerprint", car sans doute la plus équilibrée ; et donc la plus intéressante.
En conclusion, l’influence hardcore du groupe est une sorte d’apéritif qui permet aux musiciens de prendre quelques pauses au sein de cet avalanche sonore ("L formation")! C’est dire que les musiciens de The Red Chord ne rigolent pas. Et justement, avec eux, des groupes comme Slipknot apparaissent enfin tels qui sont : des simples clowns de divertissement. Mais encore faut-il pouvoir tenir jusqu'au bout dans ce conséquent vacarme...
"Fused together in revolving doors" reste un album bien fait pour une formation si jeune (5 ans) et vu l’effervescence qui monte doucement autour d’elle, on a le sentiment que The Red Chord va réussir le tour de force de réconcilier le public de plusieurs scènes différentes. A dur entendeur, salut !
A écouter : Nihilist - Like a train through a pigeon - Sixteen bit fingerprint