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Biographie

Beastie Boys

Le début de l'épopée Beastie Boys remonte à 1981, quand Michael Diamond ("Mike D") et Adam Yauch ("MCA") décide de former un groupe hardcore fortement influencé par Black Flag, en compagnie du guitariste John Berry et de la batteuse Kate Schellenbach. Suite au départ de ces derniers, les Beastie Boys intègrent Adam Horowitz ("Ad-Rock") et enregistrent dans la foulée ce qui devait être une parodie rap intitulée Cookie Puss. Mais le titre devient un succès dans l'underground new-yorkais de l'époque, ce qui attire l'attention d'un étudiant local intéressé par la production de disques : Rick Rubin. En 1985, le groupe enregistre She's On It qui fera un véritable carton au point d'emmener nos garnements en première partie de Madonna et de Run DMC. Leur popularité est déjà bien assise alors que le premier album se fait toujours attendre.

1986 marque la sortie de Licensed To Ill, album qui rentre dans l'histoire en étant le premier album rap numéro 1 au Billboard US. Paul's Boutique sortira en 1989 en collaboration avec les Dust Brothers. L'album gagne en maturité, en délaissant les samples hard rock pour des sonorités plus rétro, mais les fans autant que la critique sont déconcertés.

Au début des 90's, le groupe fonde son label Grand Royal ainsi que son studio. Puis Check Your Head leur permet en 1992 d'acquérir une place confortable au sein de la scène rock alternative. En effet, cet album est un retour à leurs sources punk (samples des Bad Brains), mais aussi une fusion de funk et de hip-hop old school. Leur statut de groupe culte est conforté en 1994 avec Ill Communication (plus de deux millions de disques vendus), et ces nombreux hits tels Sabotage ou Sure Shot. Le groupe sort ensuite diverses compilations de leurs titres punks des débuts, mais aussi de titres funk instrumentaux. Les Beastie Boys sont également des dénicheurs de nouveaux talents, puiqu'ils signeront entre autres Sean Lennon, At The Drive-In, ou encore Bran Van 3000. C'est en 1998 que sort "Hello Nasty", audacieux mélange de hip-hop old school et de sonorités plus contemporaines, avec la collaboration de Fatboy Slim et de leur éternel Dj et ami Mix Master Mike. L'année suivante, l'heure est venue pour les Beastie Boys de sortir un double album regroupant les meilleurs morceaux de leur carrière : Sounds Of Science.

Après six ans d'absence et près de vingt ans de carrière, le groupe sort en 2004 To The Five Boroughs, véritable hommage à leur ville mythique et meurtrie qu'est New-York City. The Mix-Up sort en 2007 avec la particularité d'être entièrement instrumental puis en 2011, Beastie Boys annonce son huitième album : Hot Sauce Committee Part Two

16 / 20
5 commentaires (15.9/20).
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To The Five Boroughs ( 2004 )

  Après six années cloîtrés sagement dans leur studio proche de Manhattan, les trois blancs-becs jaillissent de leur boîte prêts à nous replonger dans leur flow si particulier. Car n'en déplaisent aux puristes de "l'establishment " hip-hop les considérant comme peu crédibles, le retour des Beastie Boys est un évènement majeur. Dans une démarche visant à rendre hommage à leur ville de toujours New York City, Ad-Rock, Mike D et MCA n'hésitent pas à s'en prendre également à l'administration Bush non sans cette pointe d'humour qui leur est propre.
  C'est "Ch-Check It Out " qui ouvre les hostilités, pour ce qui va constituer une première moitié d'album proche du sans faute. En effet, on retrouve ici tout ce qui a fait le succès du trio, à savoir un hip-hop old school élaboré, le tout  accompagné de leurs voix de garnements. Mais ces six années ont permis au groupe d'envisager un nouvel aspect de leur musique, en élaborant des beats incroyablement accrocheurs qui peuvent rester en tête des journées entières. Mais leur musique se veut clairement en rupture avec le côté festif et délirant de "Hello Nasty ", voir même un retour aux sources avec des sons plus épurés et électro mais au combien efficaces. C'est le cas pour "Right Right Now Now " et son ouverture au clavecin, ou encore "3 The Hard Way ".
  Cette dominante électro va se poursuivre au fil de l'album par le biais de morceaux incroyables, dans lesquels la maîtrise technique du trio est au sommet de son art. C'est le cas pour l'excellent "Triple Trouble ", ou encore "Oh Word? " qui nous projette dans le New-York des années 80. A bientôt 40 ans, les Beastie Boys n'ont pas pour autant oublié la recette consistant à provoquer un mouvement de nuque imparable. Il en résulte "That's It That's All " avec son ouverture de robot déglingué, ou encore "It Takes Time To Build " dont le refrain fait penser au son de Dj Pone (Svinkels). Ce que l'on soupçonnait moins, c'est le côté sombre que pouvaient proposer les Beastie Boys. Mais pour une première, c'est une véritable réussite à l'image de la bombe "An Open Letter To NYC ", sur lequel les voix de Mike D, MCA et Ad-Rock se veulent plus posées et le son plus oppressant qu'à l'accoutumée. Toutefois les choses reprennent de plus belle, autant du point de vue rythmique que du contenu avec "Crawlspace ", ou encore "The Brouhaha " dans lequel le trio fait son clin d'oeil habituel à la langue française. L'album se termine sur un très énergique "We Got The ", encore une fois magistralement orchestré par Mix Master Mike, qui prouve que les Beasties Boys n'ont rien perdu de leur talent et de leur énergie.

 
  "To The Five Boroughs" est donc la preuve flagrante que le trio de Manhattan ne désirait pas se reposer sur leurs lauriers acquis légitimement au cours de 20 ans de carrière. Les Beastie Boys vont même au-delà, en proposant un autre aspect de leur technique et de leur personnalité, en s'attachant notamment à retranscrire la nostalgie des new-yorkais à la suite des évènements récents. Il en découle un résultat impressionnant qui conforte un peu plus leur statut de groupe culte, et qui permet par ailleurs d'apporter un peu de fraîcheur au sein d'une scène plutôt morne. 

A écouter : Triple Trouble, Oh Word?, That's It That's All, An Open Letter To NYC
19 / 20
10 commentaires (16.75/20).
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Hello Nasty ( 1998 )

Les Beastie Boys n’ont pas la vie facile. Mal aimés des MCs américains, qui pullulent dans leur ville même, New York, ils pratiquent un hip-hop atypique, à 200 à l’heure, hyper speedé et au flow reconnaissable entre 1000, qui n’a pas franchement la cote en cette fin des années 90. Avec leurs voix criardes (ils ne sont pas gâtés par la nature), leur fâcheuse manie de pratiquer le canon et le ping-pong vocal (rendez-vous compte de la ringardise de la chose), les 3 pauvres garçons n’ont pas une situation enviable. Eux qui viennent du milieu rock (lui aussi complètement dépassé), duquel ils sont même un peu rejetés, les voici sans attaches, à développer une musique qu’ils sont les seuls à tenter. Depuis Ill Communication d’ailleurs, et deux ep sans réel impact, les bougres, malgré une attitude sérieuse enfin mûrie, accumulent les soucis : panne de label, perte de vitesse vis-à-vis de leur statut de superstar, manque d’inspiration, bref, la merde la plus totale quoi. A vrai dire, on se demande bien qui est assez fou pour prendre le risque de signer des types aussi ringards, sur le retour de surcroît, dont on est sur qu’ils ne vendront pas plus de quelques malheureux disques. A la sortie de Hello Nasty d’ailleurs, c’est péniblement que l’album se hisse en haut des charts américains, et se vend à près de 500 000 exemplaires la première semaine.

Sans crier gare, les bougres viennent de sortir un album qui est déjà culte, à la fois sommet/symbole de leur carrière et pierre angulaire de La musique des 90’s, non pas une scène en particulier, mais toute la musique pop moderne de la fin du XX° siècle. Les Beastie Boys, déjà vénérés grâce à leur début de carrière remarquable, marquent avec Hello Nasty l’accomplissement de leur travail musical, la juste symbiose entre leur statut de groupe de rock, de rappeurs déjantés, et le panel d’influences hallucinants qu’ils incluent à leur musique très organique.
Hello Nasty, c’est d’abord une avalanche, un tourbillon d’idées saugrenues, géniales et bougrement efficaces. Avec leurs flows, les B-Boys font plus que jamais le lien entre les nombreux éléments qui composent leur musique, tant celle-ci est versatile et dispersée dans des instrus hyper variées. L’utilisation incroyable et omniprésente du scratch se marie à merveille aux éléments hip-hop (évidemment), dub, breakbeat, funk, electro ou à d’autres plus inattendus, trouvés du côté de la world music, et notamment des caraïbes (les steel drum de Body Movin’, les rythmiques bossa nova de Song For Junior et  I Don’t Know). A vrai dire, les 3 garçons semblent même avoir pété totalement les plombs à voir la manière dont le disque part dans tous les sens. Articulé entre une première partie trépidante, et une deuxième plus fouillée et variée, Hello Nasty ne laisse guère le temps de souffler. La légèreté et l’impertinence qui se dégage de tous les titres, la débilité profonde retrouvée des textes, contraste avec l’extrême intelligence du propos musical du disque, et des acquis qu’il implique. Malgré quelques bizarreries musicales (Unite), et autres interludes de qualité, les (plus très) jeunes new-yorkais enchaînent les tubes (dont certains feront un véritable carton) en s’amusant, communiquant une joie et une frivolité retrouvés, et en faisant fi des barrières, clivages et autres codes déontologiques musicaux lourds et finalement inutiles. Les Beastie Boys font finalement partie des rares artistes qui ont compris cela, pratiquent la musique pour leur plaisir, en ingurgitent un maximum pour en rendre une la plus riche et originale possible.

Hello Nasty est un symbole de l’ouverture d’esprit, de la chute des barrières entre genres, le symbole d’une musique moderne, à la fois intellectuelle et légère dans sa caractérisation. Les Beastie Boys, arrivés à l’apogée de leur art, s’amusent, se font plaisir, en montrant à quel point ils sont cultivés, et sortent l’une des merveilles des années 90 : un album fédérateur, ultra efficace, et avec une portée symbolique énorme. Eux qui n’étaient que de vulgaires superstars accèdent donc en 1998 au cercle fermé des groupes cultes et indispensables.

A écouter : absolument.