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Biographie

Wolves In The Throne Room

Durant l'été 2002, une visite aux Cascade Mountains inspire à Nathan Weaver la création d'une entité alliant l'esprit des forces telluriques à la misanthropie du Black-Metal norvégien. Au printemps 2004, avec son frère Aaron, il déménage dans une ferme délabrée aux environs d'Olympia dans l'Etat du Washington. C'est durant le long hiver qui suit que se matérialise Wolves In The Throne Room. Le premier album intitulé Diadem Of 12 Stars sort durant le printemps 2006 et installe déjà la formation d'Olympia dans un statut confortable, celui du groupe de Black-Metal le plus prometteur des Etats-Unis. A la fin de l'année, Wolves In The Throne Room signe un deal avec Southern Lord Records et ainsi commence une étroite relation avec Randall Dunn (Sunn O))), Earth, Grails). Fruit de cette collaboration, l'album Two Hunters qui voit le jour la même année. En janvier 2007, Will Lindsay, utilisé comme bassiste durant les tournées, est recruté comme guitariste. L'hiver 2008 voit la concrétisation du troisième album studio, Black Cascade. S'en suit une tournée aux Etats-Unis et en Europe, puis Celestial Lineage en 2011.

Chronique

16.5 / 20
4 commentaires (14.75/20).
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Celestial Lineage ( 2011 )

Celestial Lineage. Avec un tel titre, on aurait pu croire que les Américains de Wolves In The Throne Room quitteraient leur forêt aussi enchantée qu’inquiétante pour nous faire découvrir à leur façon le domaine des cieux infinis. Mais non, retour aux "racines". Quand Black Cascade nous offrait un Black Metal plus intelligible grâce notamment à une production qui avait su mettre le chant en avant et dissocier plus ou moins les instruments les uns des autres, Celestial Lineage replonge dans un mix terreux où les murs de riffs sont plus impénétrables que jamais et les mélodies aussi cinglantes que des branches qui fouettent le visage lors d’une cavalcade désespérée dans les bois. Les éclaircies et autre mid-tempo sont bien sûr également de la partie et ont d'ailleurs pris une place un peu trop prépondérante au sein des sauvages pistes aux riffs les plus agressifs. 

L’écoute de l’album se fera sans problème de A à Z tant il recèle de moments magiques. Rien que l’ouverture, qui marque le retour du chant féminin vous scotchera à vos enceintes. Cette demi-déesse, de laquelle émane une apaisante aura bleutée et dont les voiles transparents ondulent autour d’elle comme par magie, flotte à quelques centimètre du sol, et chante. Chante à votre âme, à votre cœur. Une flèche en plein cœur ! Puis les cieux s’assombrissent, il est l’heure de partir. De s’enfoncer dans les bois de nouveau. Revoilà Wolves In The Throne Room en pleine forme, majestueux, sombre, fascinant... malade. Les guitares hurlent comme jamais, le chant écorché donne la chair de poule et les nappes de claviers qui surplombent le tout achèvent de conférer à la musique un caractère divin. 

Après douze minutes de course effrénée, vous avez aperçu la lumière du soleil percer à travers les branchages et l’avez suivie. Permanent Changes In Consciousness se place au milieu d’une clairière où des chœurs distants vous soulagent dans votre épreuve. Bruitages de feu crépitant et de vent qui bruisse à l’appui, les frères Weaver aèrent leur dernier-né d’une façon originale et qui colle parfaitement au thème de leur album. Comme s’il pouvait en être autrement ? Plus loin, sur Woodland Catherdral, un autre titre axé ambiance qui n'aurait pas pu mieux porter son nom, l’être divin qui nous accueillait plus haut nous offre le refuge dans son sanctuaire et chante à nouveau pour nous. Les dissonants arrangements de sa voix, couplés à l’orgue écrasant en toile de fond, rendent toutefois cette piste plus inquiétante que rassurante ou chaleureuse.

Entretemps se dressera sur votre route la tumultueuse Subterranean Initiation, piste violente qui alterne les rythmes pour mieux vous prendre à revers avant le break renversant sur fond de larsens et autres bruitages sourds de guitare torturées. Sur la riche Astral Blood encore, le tempo change à tout va, comme autant de virages brusques pendant une poursuite en forêt. Les mélodies à la limite du paganisme surgissent, triomphantes, telles des éclairs zébrant le ciel noir. Prayer Of Transformation en laissera cependant quelques-un.e.s sur leur faim : sur les onze minutes que dure le morceau, pas un seul blast ou riff réellement violent. Certes, la piste achève en beauté l’album grâce à de sublimes et doucereux arpèges et met clairement des points de suspension pour l’avenir. Mais l’album étant parsemé de beaucoup de mid-tempo et autres ambiances, on aurait pu espérer une fin plus épique qui nous aurait laissés d'avantage pantois. 

Ne faisons pas la fine bouche, Wolves In The Throne Room s’en sort une fois de plus avec les honneurs. Son talent pour façonner une musique tellement imagée qu’elle pourrait se raconter telle une histoire dans un livre est indéniablement ce qui fait sa force. Celestial Lineage, sans déroger aux canons que se sont fixés les Américains, se permet encore plus d’allier les extrêmes sans coup férir. L’utilisation parcimonieuse du mystique chant féminin nous pousse à vouloir découvrir l’album dans ses tréfonds pour vérifier qu’elle ne se cache pas autre part. Comme dit plus haut, on pourra cependant reprocher à Celestial Lineage de ne pas assez s’étendre sur les plans qu’il propose, notamment pour les plus violents. Eh oui, c’est cela, le talent. Plus on met la barre haut, plus les critiques deviennent pointilleuses ! Mais on fait confiance les yeux fermés à Wolves In The Throne Room pour nous proposer des albums toujours plus profonds et passionnants. 

A écouter : d'un bloc