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Biographie

Smashing Pumpkins

Formé en 1988 à Chicago les Smashing Pumpkins sortent leur premier album Gish en 1991, peu de succès alors que Nirvana explose dans les charts mondiaux. Le groupe traverse une phase de dépression et de doute. En 1993, Siamese Dream sort et rencontre une immense popularité. Mais malgré ce succés le groupe, et particuliérement Billy Corgan, reste en dépression. Pisces Iscariot (compilation de titres rares) sort en 1994. Le groupe se retrouve peu à peu et sort en 1995 le double album Mellon Collie And The Infinite Sadness, pièce maitresse dans la discographie du groupe. En 1996, lors de la tournée de Mellon Collie Jonathan Melvoin, le clavier engagé pour la tournée meurt d'une overdose tandis que Jimmy Chamberlin y échappe de peu. Il est alors viré du groupe et est remplacé pour la tournée par Matt Waker (Filter). En 1998 le groupe sort Adore et Jimmy rejoint le groupe. En 2000 sort Machina: The Machines Of God qui sera leur dernier véritable disque, aprés la tournée (avec Melissa Auf Der Maur (ex Hole) à la basse)  pour ce CD le groupe se sépare et sortira Machina II The Friends and Enemies of modern music sur Internet.

Billy Corgan part monter Zwan avec Jimmy Chamberlin, après un album le groupe splitte lui aussi. James Iha rejoint lui A Perfect Circle et Melissa Auf Der Maur part voguer en solo.

En 2007, le groupe se reforme sur le base Corgan / Chamberlin, et ressort un album, Zeitgeist, à l'accueil mitigé, un Ep American Gothic en 2008 et annonce la sortie prochain d'un concept multi album et sur plusieurs années.

8 / 20
5 commentaires (12.5/20).
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American Gothic ( 2008 )

American Gothic, avant goût du prochain album ou arrière goût de Zeitgeist ? Cela faisait 16 ans que les citrouilles n'avaient pas sorti d'Ep, depuis les Peel Sessions pour être plus précis. Après le retour via un album incertain, Zeitgeist, les Smashing Pumpkins enregistrent entre deux tournées, 4 titres qui sortiront en premier sur iTunes puis au format Cd. 4 Titres qui laissent présager un avenir incertain pour la qualité des compositions de Corgan et Chamberlin...

Les morceaux, au son acoustique, sont trop inégaux, ne font plus frissonner grâce à la voix de Corgan. Sunkissed, se rapprochant de la période Adore, doux, romantique, donne dans le mièvre avilissant tandis que Rose March, pseudo ballade acoustique, ne donne pas envie, comme son nom le suppose, de rejoindre cette traversée poétique de Rose que les Smashing Pumpkins tentent de narrer. Les quelques 4 minutes se passent, flottent autour des oreilles, sans arriver à s'insérer dans l'esprit pour toucher l'auditeur à la manière des précédentes productions des Smashing. Si les notes semblent couler de source, s'emboiter en une jolie mélodie, mielleuse, l'âme semble s'être définitivement envolée, pour notre plus grand désespoir. Pourtant, tout ne semble pas perdu, comme sur Pox, presque entraînante, mais au final sonnant comme une satyre, un brouillon des Smashing. Quant à Again, Again, Again, presque le morceau le plus captivant de American Gothic, il n'arrive cependant pas à la cheville d'un Ava Adore ou The Crying Tree Of Mercury (dans un registre certes différent, mais au niveau de la qualité de composition). Alors que Zeitgeist était acceptable pour une pseudo-reformation, American Gothic est la fin d'une épopée achevée il y a 8 ans.

American Gothic est trop court, trop peu inspiré, sans substance. S'il n'était pas sorti avec le nom du groupe de Corgan, il serait passé inaperçu. On retrouve quelques passages pourtant agréables, mais ces trop courts moments disparaissent aussi vite que possible, fuyant l'orage fade courant dans le ciel de American Gothic. Un Ep des Smashing Pumpkins plus intéressant graphiquement que musicalement, auquel on peut jeter un œil sans se souvenir l'avoir écouté.

A écouter : Again, Again, Again
14.5 / 20
14 commentaires (13.32/20).
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Zeitgeist ( 2007 )

Quand les Smashing Pumpkins se reforment, c'est une bonne nouvelle pour beaucoup, mais quand on apprend que Iha et Auf Der Maur ne seront pas de la partie, on se demande l'intérêt d'une telle reformation, le sieur Corgan ayant recruté Jimmy Chamberlin dans son projet Zwan. Zeitgeist sort donc sous le nom des Smashing Pumpkins, album plus politique, avec un artwork pessimiste, aux teintes rouges sang montrant une statue de liberté sous l'eau. Mais au final, au-delà du concept, que reste-t’il de la musique ?

Le groupe ouvre sur Doomsday Clock. D'entrée de jeu, le tube se devine. Gros son, riff marquant, et surtout la voix de Corgan. Ferme, pleine d'assurance, elle clame ses paroles sombres (la Doomsday Clock, littéralement Horloge de la fin du Monde, est une horloge conceptuelle sur laquelle minuit représente la fin du monde). Corgan est énervé. Et ce sentiment se retrouve dans les paroles de beaucoup de morceaux (For God And Country, United States). Musicalement, on retrouve le jeu caractéristique de Chamberlin, sachant se contenir lors des couplets pour exploser par morceaux sur certains passages, sans pourtant devenir hargneux (Starz, Doomsday Clock). Une partie des cordes est lancinante, mais sans tomber dans la niaiserie, tandis que l’autre utilise ces mélodies composées par Corgan et toujours aussi aguicheuses, que l’on garde en mémoire sans forcement le vouloir… 

Le son des Smashing Pumpkins qui retentit sur Zeitgeist se veut lourd, même sur les morceaux plus posés (Bleeding The Orchid, Neverlost), du fait de la volonté d'enregistrer les morceaux en live. Pourtant, certains riffs présents sur Zeitgeist en sortent presque feutrés,  notamment sur God And Country, comme si Corgan enveloppait sa revendication (I want to live for God and country) dans du coton et la protégeait délicatement… De plus, on retrouve un son plus proche des précédents albums sur Bring The Light. Même la voix semble plus douce, sensuelle, comme un vestige des précédents albums…

A noter quelques morceaux, comme United States, du haut de ses 10 minutes, avec sa longue intro, hymne à la révolte (Fight! I wanna fight! I wanna fight! A revolution tonight! ), un break amenant un solo incisif, un jeu de batterie désordonné, et une fin radicalement différente, sorte de passage post-révolutionnaire…  What Pomp And Circumstances, se rapprochant de Adore par ce coté mélancolique, se veut pompeux, grandiloquent, mais au final s’essouffle bien vite, avec ce solo qui donne un sentiment de « trop ». Quasiment chaque chanson sonne comme un tube, avec un refrain facilement identifiable, des mélodies accrocheuses, à l’image de Tarantula, le premier single de l’album, ou encore Starz. Pourtant, même si quelques unes des compositions peuvent paraitre fades ou trop faciles (For God And Country), d’autres arrivent à remplir leur rôle et séduire (Bring The Light, Starz)

Les Smashing Pumpkins reviennent avec un Zeitgeist en demi-teinte. Plus rock, et comme le désirait Corgan, plus "mainstream", il est aussi plus politique. Une nette évolution se fait entendre, même si on retrouve quelques passages dans la continuité des précédents albums. Zeitgeist est un bon album de rock, mais un album des citrouilles très moyen…

A écouter : Pour se faire une id�e�
17.5 / 20
6 commentaires (17/20).
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Machina / The Machines Of God ( 1999 )

Dernier 'vrai' disque de la première ère des Smashing Pumpkins, Machina marque aussi le retour de Jimmy Chamberlin au sein du groupe, après l'écart qui a vu la sortie de Adore. Alors que ce dernier semblait plus intimiste, Machina explore encore de nouveaux territoires. Plus travaillé, imaginé à la base comme un double album (avec Machina 2, mais la maison de disques a dissuadé le groupe de le réaliser), et plus spontané, Machina est cependant l'album le moins vendu par les Smashing Pumpkins.

Machina est un album concept, autour de Zero, rock star ayant entendu Dieu (The Imploding Voice) et s'étant renommé en Glass, et son groupe The Machines Of God, mais seules les paroles en offrent l'aperçu. Rien dans la musique ni le groupe ne permet d'identifier ce concept (contrairement à Manson et son Mechanical Animals). Zero est donc ici Corgan, clamant son histoire (le "je" est énormément utilisé sur Machina).

Le retour de Chamberlin se ressent, grâce à un retour à un rock plus proche de Mellon Collie que Adore, même si les influences de ce dernier se ressentent encore (The Crying Tree Of Mercury ou With Every Light, moments de souffrance pour le premier et d'allégresse pour le second). Celles-ci contribuent grandement à l'ambiance de Machina, à ce sentiment d'apaisement et de douceur présent. La batterie reste cependant généralement très légère (exception faite entre autres de The Everlasting Gaze), glissant entre les autres instruments, malgré cette sensation de chaleur, de mur cotonneux mais imperméable. Le clavier, tel une nappe de nuages (Wound, Blue Skies Bring Tears) amplifie cette sensation, sans pour autant en faire une chose artificielle. Les cordes possèdent cette sorte de dualité qui en font un groupe de rock complet à travers des périodes plus énervées, à l'image de Glass And The Ghost Children (The Imploding Voice, This Time ou Heavy Metal Machine) mais aussi leurs moments privés, plus posés (With Every Light ou The Sacred And The Profane).

Mélancolique, Machina l'est. The Crying Tree Of Mercury est une parabole de l'être qu'est Corgan (Zero) dans le morceau, pleurant seul et abandonné dans un monde inconnu. Glass And The Ghost Children simule l'histoire du groupe, à travers un début presque lumineux, où Corgan semble sûr de lui, puis une descente aux enfers où le désespoir envahit les notes, laissant imaginer les membres de Glass And The Ghost Children partir au loin, glisser dans un lac de substances (drogues, alcools, ...) pour finir anonymes oubliés. Age Of Innocence, conclusion du premier cycle des Smashing Pumpkins, présageait déjà la fin, à travers une mélodie enjouée, éclatante, comme si la fin n’était que le début d’autre chose.

Machina est la conclusion logique des Smashing Pumpkins. Empreint d'une mélancolie souriante, alors que Adore laissait couler les larmes, Machina garde ce souvenir de romantisme d'une fin de relation, lorsque la douleur a cessé et que seuls les moments agréables reviennent à l'esprit. Corgan avait déclaré que dès le départ Machina était prévu comme le dernier album du quatuor, et à la manière d'un vieux film Machina redonne le sourire et rappelle que les Smashing Pumpkins ont marqué leur époque.

"This is the song I've been singing my whole life
I've been waiting like a knife
To cut open your heart
And bleed my soul to you
I did it all for you
You and you and you and you"

A écouter : Tout, sans exception.
17 / 20
16 commentaires (15.03/20).
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Adore ( 1998 )

Adore est l'album des Smashing Pumpkins qui sorti peu après la rupture musicale entre Billy Corgan et Jimmy Chamberlain. C'est aussi celui de la discographie du groupe qui se révèle le plus doux, apaisant et plus personnel. Artwork à la fois sensuel, tentateur, et sa bichromie, à l'image des photos qui ornent l'intérieur du livret, sont presque un retour en arrière, une vision du monde en noir et blanc, où les variations n'existeraient pas.

Alors que des albums comme Mellon Collie and The Infinite Sadness ou Machina jouent un rock plus violent, agressif, Adore se fait antonyme, reflet inversé de la quasi totalité de la discographie du groupe. Peu de guitares électriques, énormément de piano, de percussions, d’électronique... Adore mise sur la délicatesse pour faire passer son message, non sur des notes malmenées. La voix de Billy Corgan se fait plus douce, plus sereine. Ne cherchant pas à la pousser, à violenter ses cordes vocales, c'est plutôt en les faisant vibrer délicatement que le leader du groupe arrive à faire mouche. Un morceau comme Blank Page et ses quelques notes de piano résonne, souffre de mélancolie à la fois si sereine que l'on peut presque sentir les larmes tomber délicatement sur le clavier de l'instrument... D'autres, comme Ava Adore, créent un sentiment violence en coton, à savoir maitriser sa colère pour la rendre inoffensive tout en arrivant à transmettre ce sentiment. Etonnant, déconcertant, on en devine presque une musique intimiste, écrite pour être jouée en tête à tête avec l'auditeur, à l'image de Perfect, Plug ou Tear.

Et finalement, 17 seconds, morceau vierge de toute musique mais empli de sens aux yeux du trio, clôt cet album en douceur. 17 secondes pendant lesquelles si peu de choses peuvent se réaliser, mais à la fois un temps trop court pour concrétiser cette volonté d'y voir de l'espoir... 17 secondes d'amour, de compassion... 17 secondes pour réaliser que cet album est fini. Adore laisse énormément de sentiments remonter, et son écoute salvatrice permet finalement de les délivrer du carcan de notre corps. Et comme sur une page blanche, les émotions renaissent, nouveau-nés sans défenses...

On peut reprocher une chose à Adore : sa rupture musicale lui donnant un rôle d'intrus dans la discographie du groupe. Pourtant, loin d'être mauvais, Adore est l'album le plus poétique du groupe. Sous-estimé, parfois rejeté par les fans des Smashing, il reste cependant une œuvre presque expérimentale, humble mais surtout apaisante. Billy Corgan y met presque son âme à travers ses mots et notes, à nous de les recueillir et les préserver...

A écouter : Avec un brin de po�sie...
19 / 20
26 commentaires (17.46/20).
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Mellon Collie And The Infinite Sadness ( 1995 )

3ème album et disque culte des Smashing Pumpkins, Mellon Collie and The Infinite Sadness (Mellon Collie pour simplifier) est aussi l'album que Corgan voulait élever au statut de culte à l'image de The Wall de Pink Floyd (pour la génération précédente). Sur les 57 morceaux enregistrés, seuls 28 seront sélectionnés pour composer le double album Mellon Collie (Mélancolie), album cyclique puisqu'il passe par toutes les phases d'une journée (Dawn, Tea Time, Dusk, Twilight, Midnight, Starlight), Corgan voulant illustrer la condition humaine (de la naissance à la mort).

Plus connu pour des morceaux comme Bullet With Butterfly Wings et 1979 que Tales Of A Scorched Earth, Love ou We Only Come Out At Night, Mellon Collie est une épreuve, par sa durée (2h) et ses morceaux prenants. Sans doute l'album le plus varié de la discographie, on retrouve énormément de variations, sans forcément quitter le style rock. Certaines chansons restent plus accessibles, classiques, mais n'en perdent pourtant pas leur charme, comme Bullet With Butterlfy Wings ou 1979. La voix de Corgan, toujours avec ce timbre si particulier, fait son charme tout au long de l'album, entre douceur maitrisée et hargne relâchée, les adjectifs s'intervertissant par moment. Mellon Collie est à la fois homogène et complètement hétérogène : aucune chanson ne ressemble à une autre, et pourtant l'ensemble forme un pavé construit, réfléchi et indissociable.

Les paroles reflètent cette tristesse infinie et ce cycle vie / mort : Galapagos qui parle d'une rupture amoureuse ("Too late to turn to turn back now, I'm running out of sound / And I'm changing, changing / And if we died right now, this fool you loved somehow"), Bullet With Butterfly Wings de la désillusion, tandis que Thirty-Three ferait référence à Jésus Christ (mort et ressuscité à 33 ans) et In The Arms Of Sleep de la souffrance endurée pour garder l'être aimé, ... Quel que soit le morceau, les références au thème principal sont nombreuses et explicites.

Le jeu de Chamberlin est ici à son apogée, puisqu'il s'en donne à cœur joie sur les chansons les plus "électriques", mais crée une base solide et discrète dans les moments les plus calmes (By Starlight, où la basse résonne à l'unisson avec les peaux). Corgan ayant composé quasiment toutes les pistes de Mellon Collie (une est de Iha, et une autre une collaboration entre Iha et Corgan), n'hésite pas à incorporer des éléments que l'on retrouvera dans les albums suivants (piano, synthétiseurs) ou tester quelques sonorités (une salière et des ciseaux sur Cupid de Locke). Pour obtenir un album plus doux, Corgan a enregistré les guitares avec la moitié du son originel. Pourtant cela n'empêche pas des morceaux comme Tales Of A Scorched Earth ou Bodies d'être envahissants, lourds (le très pachydermique X.Y.U. et ses allures de croque mitaine avançant péniblement vers la chambre des enfants), voire agressifs.

Mais Mellon Collie est aussi source de douceur, surtout dans les morceaux correspondant à Midnight et Starlight : l'acoustique Stumbleine, le binaire We Only Come Out At Night ou encore Farewell And Goodnight (où tous les membres du groupe viennent poser leur voix, en conclusion de l'écoute de Mellon Collie). Et Mellon Collie, comme tout cycle, se termine par là où il a commencé : quelques notes de piano, apparaissant / disparaissant, cette même mélodie utilisée pour ouvrir et conclure, fixant cette boucle de manière à piéger l'auditeur dans une nouvelle écoute.

Pourtant, son principal défaut est aussi l'une de ses qualités : c'est un album complexe. Les 2h peuvent sembler longues si l'on ne prend pas la peine de se consacrer à l'écoute du disque. Quelques écoutes superficielles feront passer à côté de l'album, alors que Mellon Collie, encore plus que Adore ou Machina, nécessite une attention particulière. Apogée des Smashing Pumpkins, récompensé à de nombreuses reprises (9 fois disque de platine aux USA, 1er du Billboard en 1995 aux USA, en Australie, ...), Mellon Collie est sans doute la pierre angulaire de la discographie du groupe, séparant les deux périodes des Smashing Pumpkins (Gish, Siamese Dream / Adore, Machina). Complet, époustoufflant, Corgan n'a peut être pas atteint son but d'en faire l'équivalent de The Wall, mais Mellon Collie reste le plus connu du quatuor, qui ne laissait pourtant pas présager les albums suivants.

Cause you're all whores and I'm a fag
And I've got no mother and I've got no dad
To save me the wasted, save me from myself
I lie just to be real, and I'd die just to feel
Why do the same old things keep on happening?

A écouter : Pendant des heures�
17 / 20
21 commentaires (18.76/20).
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Siamese Dream ( 1993 )

Roulement de tambour, riff simple puis explosion débridée de Fuzz : le spectacle peut commencer. Avec Siamese Dream, les Smashing Pumpkins entrent dans l'histoire (n'ayons pas peur des mots) du Rock Alternatif, ce genre que personne n'aura véritablement réussi à définir mais que tout le monde semble connaître. 

Le disque s'étire de tout son long sur plus d'une heure au cours de laquelle Billy Corgan et sa bande se font les porte-paroles d'une musique aux accents multiples, empruntant tout autant au monde du Rock que du Hardcore et du Metal. Les solis se lient aux vocaux écorchés et éthérés ainsi qu'aux structures de chansons directes mais qui font mouche. Parfois prévisibles, à la limite du cliché même ("Today"), les titres restent malgré tout efficaces, grâce à un talent de composition frôlant parfois l'insolence ("Hummer"). Reposant sur une apparente facilité, chaque morceau peut évoluer de manière subite, parfois surprenante mais jamais illogique, conférant à Siamese Dream une dimension dynamique bienvenue. 

La violence est tout autant mise en avant que la fragilité d'une façon qui rappelle les Pixies ou Nirvana. Smashing Pumpkins prêche son message en empruntant à toutes les Églises de la grande sphère du Rock pour mieux se faire entendre et autant dire qu'avec le son massif des guitares, souvent imité mais jamais égalé, les acouphènes ne sont pas loin. Le riffing si particulier de Corgan, émotif et rageur, et la texture du son de l'album, principalement des guitares, a influencé plus d'une formation, Deftones en tête. Il faut dire que le guitariste chanteur a mis toutes les chances de son côté : délaissant ses camarades, il enregistre seul l'ensemble des parties de guitare et de basse présentes sur le disque afin d'obtenir le son qu'il désire. Une volonté d'atteindre la perfection qui rend le disque intemporel : le disque est tout aussi actuel et n'a pas pris une ride malgré ses 23 étés. 

Difficile alors de faire des critiques recevables à Siamese Dream. Sa longueur pourrait lui être reprochée mais aucun titre ne semble superflu, de l'agressif "Quiet" à "Disarm", petit joyau acoustique accompagné d'orchestration du plus bel effet, l'auditeur se retrouve face à treize merveilles, liées entre elles par ce sentiment de tristesse et de rage permanente que l'on retrouve également chez Alice In Chains et Nirvana pour ne citer qu'eux. 

Comptant des joyaux tels que "Geek U.S.A"., "Rocket" ou "Silverfuck" pour n'en citer que trois, l'évidence ne peut être niée : Siamese Dream est une réussite, de celle qui influence toute une génération, redistribue les cartes et place sur le devant de la scène ses géniteurs. 

A écouter : Aujourd'hui plus que jamais
16 / 20
4 commentaires (16.25/20).
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Gish ( 1991 )

Lorsque l’on écrit sur un groupe qui a quelques années d’expérience (doux euphémisme ici), « l’ordre des choses » fait que l’on se retrouve généralement à évoquer un âge d’or révolu. Les Smashing Pumpkins, comme chacun le sait, n’échappent pas à ce phénomène. Bien au contraire, serait-on même tenté d’écrire. Avec Gish, nous nous trouvons exactement dans la situation inverse tant on se situe dans « l’avant ». La formation a certes 3-4 années d’existence, quelques concerts et démos à son actif, il faut bien avoir en tête que le 28 mai 1991, hormis peut-être dans un petit cercle d’initiés de la scène locale de Chicago, leur nom ne dit rien à personne. Alors même que les Smashing Pumpkins ne sont pas encore les Smashing Pumpkins, une bonne partie de ce qui définira les définira, le bon comme le mauvais, est déjà en eux.

Neuf secondes de batterie de Chamberlain avant l’arrivée de la basse de D’arcy Wretzky pour encore onze secondes. Il faut donc attendre vingt secondes avant d’enfin entendre la guitare de Corgan sur I am one. Cette mise en avant des autres musiciens en ouverture est assez ironique quand on connait le personnage et la mainmise qu’il ne cessera d’avoir sur « son » groupe. En effet, à part la batterie, Corgan fait déjà tout lors de ce premier enregistrement. Alors que les journées passées en studio s’accumulent (une trentaine au total) et que les Pumpkins sont confrontés à leur inexpérience Corgan, comme le confirmera le producteur Butch Vig, enregistre la plupart des parties de guitare et de basse. Ce comportement quelque peu autocratique n’est pas sans créer, déjà, des tensions. Avec le recul dont nous disposons maintenant, on ne peut qu’y voir les prémices de ce qui sera à venir. D’ailleurs, toujours sur le plan des relations humaines, la tournée qui suivra sera même caricaturale tant elle sera symptomatique du futur : Iha et Wretzky rompent, Chamberlain développe des addictions à l’alcool et à des drogues dures et Corgan tombe en dépression…

Revenons-en à la musique. Bien qu’ayant vendu environ 30 millions de disques, on ne peut pas dire que les Smashing Pumpkins aient jamais été à la mode. Ce qui est vrai à l’échelle de leur carrière l’est particulièrement à l’égard de Gish. Difficile de savoir quelles étaient les ambitions commerciales au moment de l’enregistrement mais, celles-ci furent totalement balayées par le tsunami Nevermind, sorti quatre mois plus tard. Alors que la bande de Chicago se tourne vers le passé en puisant son inspiration dans le Hard Rock, le Rock psyché et progressif des années 70 et le Shoegaze des années 80, l’heure est au Grunge, hybridation de Heavy, de Rock indé et de Punk (si toutefois il est utile de le préciser). En d’autres termes, sur le plan du succès commercial, les Smashing Pumpkins n’y sont pas. La plupart des chroniques de Gish seront d'ailleurs postérieures à Siamese Dream.

Les dix morceaux proposent un mélange de titres dynamiques, aux riffs directs et flamboyants et aux mélodies immédiates (I am One, Siva, Bury Me, Tristessa), de compositions aux structures plus ambitieuses (Rhinoceros, Suffer, Snail, Window Paine) et de délicates ballades tendant vers le naïf (Crush, Daydream). Certains « tics » de compositions de Corgan sont déjà présents comme cette propension à faire précéder les moments les plus Heavy d’accalmies. Cela étant dit, Gish a beau être une profusion de soli et de distorsion, à aucun moment celui-ci n’est dur ce qui, à l’image de la vague Alt-Rock des années 90, le rend très accessible. Une véritable fluidité s’en dégage même. Que Corgan ne force pas sa voix, comme il pourra le faire plus tard, joue certainement un rôle mais cela est essentiellement dû à la production : chaque instrument est exactement là où il doit être. On est loin du caractère brouillon de certains premiers enregistrements. La brillance de la section rythmique incarne particulièrement cet ordonnancement millimétré. Passant d’un registre Jazz à un registre plus Heavy, Jimmy Chamberlain montre là l’étendue de son talent. Il ne faut en effet pas oublier qu’il est l’autre grand musicien du groupe. 
Relatif revers de la médaille de la fluidité précédemment mentionnée, Gish fait d’un seul tenant. Expression d’une seule sonorité, il n’a pas la variété qu’auront ses successeurs. Après tout, il reste ce qu’il est : un premier album.