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Killing Joke - Hosannas From the Basements of Hell - 18 / 20 Le 10/09/2010 à 15H08

En 2003, Killing Joke publiait un album inattendu, le plus violent et enragé qu'ils aient jamais composé, une sorte de pamphlet anti-Bush sans concession. La rythmique était assurée pour l'occasion par un Dave Grohl encore une fois pachydermique.
Lassé du son trop lisse des nouvelles productions, Jaz Coleman a décidé que ce nouvel opus serait enregistré de façon entièrement old school. Le groupe a alors écumé un grand nombre de studios souterrains, explorant quantité de pays dont l'histoire fut marquée par la guerre (Liban, Éthiopie, Bolivie...), pour bien imprégner les compositions du climat pessimiste mondial. Les puissantes guitares metal et les samples industriels laissent leur place au post-punk le plus crade et malsain, proche de ce que faisait le combo à la fin des 70's avec des titres comme Wardance. La basse de Paul Raven gronde méchamment tandis que les guitares tranchantes de Georie Walker finissent de nous passer les tympans au mixeur.
Les rythmes tribaux, presque incantatoires, hantent une nouvelle fois la plupart des morceaux, participant ainsi à de lentes mais inexorables montées d'adrénaline. Jaz Coleman hurle d'un bout à l'autre de cette oeuvre moderne au caractère terriblement alarmiste. Les structures sont longues et inquiétantes, mais s'imposent pourtant comme les plus efficaces jamais composées par les anglais. Il suffit bien souvent de 3 riffs annihilateurs soutenus par une rythmique entêtante pour donner ce caractère quasi mystique à un album qui surpasse son pourtant glorieux prédécesseur.
Killing Joke ne plaisante plus, mais tue toujours, grogne, montre les dents et crache son venin à la face d'une civilisation irrémédiablement chancelante. Jamais la fin n'a été aussi proche, jamais nous n'avons été aussi impatients d'y assister.

Fever Ray - Fever Ray - 18 / 20 Le 10/09/2010 à 15H04

Oubliez tous ce que vous connaissez et aimez. N’écoutez pas mais ressentez. Voici les seules recommandations que je peux vous donner avant que vous vous plongiez dans ce tourbillon créatif.

Ce disque regorge de…sensations. Tout d’abord, il y a cette sorte de pulsation monotone et sourde, et puis cette profonde et chamanique voix qui vient vous chercher pour vous plonger dans l’obscurité. Cette voix est celle de Karen Dreijer Andersson moitié du duo electro suédois The Knife. Mais contrairement au production de The Knife, Fever Ray nous emmène vers le côté sombre et froid de sa créatrice.

Cet album est un enchaînement parfait d’aventure surréalistes où se croisent des éléments diamétralement opposés mais si complémentaires, pour former au final une sorte de cauchemar dans lequel on avance pas à pas, avec pour seul guide cette voix troublante et possédée, tantôt chamanique, tantôt céleste.
Tout ici est glacial, tétanisant par moment, comme ces deux cérémonies vaudou que sont « If I Had A Heart » et « Concrete Walls ». Même si on croit entrevoir un soupçon de lumière sur certains titres tel que « When I Grow Up » ou encore « Seven », les hallucinations terrifiantes chantées d’une voix si sereine qu’elle en est inquiétante, nous ramène dans les profondeurs des cauchemars au semi-éveillés de Karen Dreijer. La froideur des lieux nous rappelle celle de Joy Division.

Le monde de Fever Ray peut paraître effrayant et repoussant, mais l’on est irrémédiablement envahi par l’envie de voyager et expérimenter les sensations procurées par ce territoire indescriptible où nos peurs enfantines nous rattrape. L’emprise et totale, impossible de s’échapper mais en avons-nous vraiment envie…

Karen Dreijer Andersson signe ici une œuvre organique et riche, une expérience unique comme il est rare dans rencontrer dans le paysage musical actuel.

Nine Inch Nails - The Downward Spiral - 18 / 20 Le 06/01/2010 à 18H33

"The Downward Spiral"...rien qu'avec ce titre, on à déjà des certitudes sur l'état de Reznor à la sortie de ce disque.

Après le succès de "Pretty Hate Machine" (800.000 copies vendues) et "Broken" (Top 10 au Billboard américain), Reznor avait semble-t-il tout pour être heureux et se complaire à nous servir des perles électro-pop et des morceaux rageurs.
Mais les sons qui trôtent dans la tête du géniteur de Nine Inch Nails, ne sont pas en accord avec les envies de Steve Gottlieb (directeur de la maison de disque de NIN, TVT), qui veut faire de Trent sa poule aux œufs d'or.
Avec "Broken" et la fureur sonore qui s'en dégageait Reznor avait bien fait comprendre qu'il était le seul à décidé des orientations de Nine Inch Nails. Mais Trent est miné par son bras de fer juridique avec TVT. C'est Jimmy Lovine qui va permettre à Reznor de s'exprimer librement. En effet avant la sortie de Broken, Interscope rachète une partie du contrat liant Nine Inch Nails à TVT.

Voilà donc dans quel contexte sera conçu "The Downward Spiral".

Avec ce titre on sent que Reznor continu l'introspection entamé sur "Pretty Hate Machine", mais on ne se rend pas encore compte à quel point cela va aller loin.
Maintenant vous êtes prêt à vous laisser prendre par se disque sans âge et dénué de tous les codes établies...

Le disque démarre sur des coups de massue qui nous pousse à se laisser emmener dans cette spirale descendante.
"Je suis la voix dans ta tête et je te contrôle", voilà comment Reznor ouvre le bal. Rythmique indus et guitares grésillantes sont aux programmes de ce "Mr. Self Destruct" qui nous rappelle la violence non contenu de "Broken", mais qui offre une passge avec un chant murmuré et quelques légères notes de synthé. Comme si Reznor reprenait conscience avant de se faire rattraper par son double "je".
Ave "Piggy", Reznor annonce sereinement aux "pigs" (médias), "Rien ne peut plus m'arrêter maintenant, je me fous de tout". Se côté serein soutenu par une batterie simpliste et une ligne de basse dépouillée, s'effrite au fur et à mesure du morceau, le rythme est de plus en plus déstructuré, les sons se superposent et le tout fini par s'écrouler.
"Heresy" nous fait bien comprendre que Reznor ne peut plus s'accrocher à rien même pas la religion qui est aussi accusée de ses maux. Il déverse sa haine sur fond de rythmique indus martial et voix inquiétante façon "Gave Up" sur le couplet, avant de lâcher sa colère sur le refrain, "Ton dieu est mort et tout le monde s'en fout".
S'en suis une autre attaque aux médias, avec "March Of The Pigs", clairement plus violente que "Piggy". Son de batterie délibérément crade, quelques vrombissements électroniques et c'est l'explosion. Guitare chauffée à blanc et un Reznor qui hurle. Ici il constate d'un air désabusé que les médias décide de son image, et veulent le faire passer pour débile géniale ou un génie débile.
Avec "Closer", Reznor est dans le même esprit que "Heresy". Le morceau aux relents dance-floor, se veut plus inquiétant qu'il n'y paraît avec une voix vicieuse et des paroles à faire pâlir plus d'un puritains.
Les deux morceaux suivants sont sans doutes les plus complexes de l'album. "Ruiner" nous emmène dans tout les sens. Rythmique techno voix triturée de Reznor, nappes de synthés glaciales, délires bruitistes et long solo de guitare totalement déstructuré pour finir. Ici Reznor chante "Tu ne peux pas me blesser, rien ne peut me blesser, tu ne peux pas , rien ne peut m'arrêter maintenant". La chute vers l'autodestruction semble inévitable. S'en suis "The Becoming", qui pour moi est, le morceau le plus étrange de l'album. Aucune mélodie, rien que des sons métalliques et des gémissements effrayants. Reznor semble savoir que c'est la musique qui mène à sa perte, "J'ai battu ma machine, c'est une partie de moi, c'est à l'intérieur de moi, je suis coincé dans ce rêve, c'est train me changer, je suis en train de me transformer".
Sur "I Do Not Want This", on comprend qu'on ne peut rien faire pour Reznor, qui est le seul maître de sa folie personnelle et artistique, "Ne me dis pas ce que je ressens, tu n'as aucune idée de ce que je ressens" hurle-t-il. Il crache ces paroles sur une rythmique déstructuré soutenue par une légère nappe de notes de piano, avant que les guitares furibardes ne prennent le dessus.
Ensuite, vient "Big Man With A Gun", où Reznor délaisse l'introspection pour régler ses comptes avec la communauté rap sur fond de second degré, "je suis un homme fort et j'ai un gros flingue, j'ai une grosse queue qui en a beaucoup vu et j'aime prendre mon pied, collé sur ton front je vais tela faire sucer".
Après toute cette colère, l'instrumentale "A Warm Place" arrive à temps pour laisser un sursis à Reznor. Mais il entame la dernière ligne droite avec " Eraser". Sur fond de rythmique implacable et guitare thrash, il dresse en quelque sorte ce qu'il déteste dans son rôle de rock star, et demande d'en finir, " Je te baise, je me sers de toi, je te marque, je te brise, quitte-moi, déteste-moi, fracasse-moi, efface-moi, tue-moi".
"Reptile" et sa rythmique pachydermique, nous entraîne vers la chute finale. On sens que Reznor n'aime pas ce qu'il est devenu "Je suis si Impur". La fin paraît inévitable, "Je sais maintenant que les profondeurs que j'atteins sont sans limites".
Arrive le morceau-titre de l'album, "The Downward Spiral" où juste une discrète guitare sèche accompagne les mots du condamné, "Il ne savait pas que ce serait aussi facile, il a mis l'arme dans sa bouche...Bang! Tant de sang pour un si petit trou". S'en suit les gémissements de Reznor pour finir ce titre.
Avec "Hurt pour clôturer l'album, on comprend qu'il ne s'est pas auto détruit, mais qu'il s'est blessé. Reznor signe ici le morceau le plus sincère et le plus touchant de sa carrière. "Je me suis blessé aujourd'hui, pour voir si je suis encore capable de ressentir, je me concentre sur la douleur, la seule chose qui soit encore réelle". Le morceau se termine par une note d'espoir, "Si je pouvais tout recommencer, à des millions de kilomètres, je trouverai le moyen de me protéger".

La question est de savoir s'il va réussir à se relever.

Trent Reznor signe avec "The Downward Spiral" l'album introspectif ultime, qui restera intact avec le temps.

J'espère que cette chronique vous a donner envie de découvrir ou redécouvrir ce chef d'œuvre.

Incubus - Light Grenades - 16.5 / 20 Le 17/08/2007 à 15H07

Même avec déjà plus de dix ans d'éxistence et six albums au compteur, trouver une vraie faille dans le parcours d'Incubus reste encore mission presque impossible, car même si "A Crow Left Of The Murder" n'a pas était bien reçu à sa sortie, je connaît plus d'un groupe qui aimeraient sortir un album de cette trempe. Toujours est-il que ce n'est pas avec Light Grenades qu'on va commencer à tirer à boulets rouges sur la bandes de Brandon Boyd. Parce que même si effectivement ce nouvel opus n'atteint pas la perfection de "Morning View", il contient tout de même une belle tripotée de chansons énergiques, groovy et mélodiques, qui vous font taper du pied et dodeliner de la tête sans vous en apercevoir ("A Kiss To Send Us Off", "Anna Molly", "Light Grenades"). Et c'est là toute la force d'Incubus. Car, sans faire de bruit, le groupe s'est petit à petit imposé comme l'une des formations incontournables du paysage rock américain au même titre que System Of A Down ou les Deftones.
Certes la proportion de ballades par album s'accroît toujours un peu plus depuis quelques années (celui-ci ne faisant pas exception à la règle), mais qu'importe, après tout: Incubus maîtrise tout autant son sujet quant il s'agit de composer des chansons plus calmes et mélancoliques ("Dig", "Love Hurts", "Paper Shoes").
De plus, chaque musicien excelle dans son domaine, en particulier Brandon qui passe aujourd'hui d'un registre de voix à un autre avec une maîtrise incroyable.
Cela dit, il ne faut pas non plus s'attendre à une succession de tubes radios: Light Grenades n'est pas aussi faciles d'accès que ses illustres prédécesseurs. On sent que les musiciens se sont fait plaisir, en expérimentant de nouveaux instruments et en allant parfois même jusqu'à renouer avec le style qui les avait révélés à l'époque de S.C.I.E.N.C.E. ("Pendulous Threads").

Allez, encore un ou deux disques comme ça, et Incubus sera bientôt élevé au même rang que les Red Hot Chili Peppers et Pearl Jam.

Incubus - A Crow Left Of The Murder - 18 / 20 Le 17/08/2007 à 14H06

Après les déboires du groupe avec son label et le départ de son bassiste Dirk Lance, nombreux étaient les petits malintentionnés qui doutaient de la capacité de Brandon et sa clique à donner à "Morning View" un successeur digne de ce nom. Désolé pour eux, mais Incubus reste, dans sa catégorie, l'un des meilleurs groupes que les États désunis du rock US nous ait donné à écouter depuis des lustres.

Dès le titre d'ouverture de ce A Crow Left Of The Murder, les choses semblent on ne peut plus claires: le combo californien n'a rien perdu de sa prestance lorsqu'il s'agit de vous visser en tête d'impeccables mélodies rehaussées de guitares furibardes. "Megalomaniac" a tout du hit imparable et donne le la d'un disque promis à l'excellence. Pour autant, si le quintet ne renie rien de ses bonnes habitudes, à savoir détrousser, en tout bien tout honneur, une pop un brin mijaurée pour l'habiller d'apparats plus saillants, on ne peut s'empêcher de constater que la musique du groupe a imperceptiblement évolué. Ainsi, là, où, dans le sillage de ses aînés (Faith No More et les Red Hot en tête), Incubus se contentait jusqu'à présent de porter haut et fort l'étendard d'une ceratine idée de la fusion rock, le combo semble prendre un subtil virage rapprochant sa musique de certains groupes estampillés grunge. Comment, en effet, ne pas penser, à l'écoute des déflagrations punkoïdes de "A Crow Left Of The Murder" ou les mélodies entêtantes du refrain de "Beware! Criminal", à Kurt Cobain et sa bande? Et que dire de ce "Made For TV Movie" que ne renieraient sans doute pas Eddie Vedder et consorts? La présence de Brendan O'Brian, producteur attitré de Pearl Jam, semble d'ailleurs attester de cette évolution somme toute assez naturelle et compréhensible: à flirter de la sorte avec des mélodies accrocheuses, à épurer de plus en plus leur musique autrefois un tantinet démonstrative, il semblait logique que le groupe se révèle un jour ou l'autre plus pop rock.
Néanmoins, que les fans de la première heure se rassurent: Incubus n'a rien perdu de cette aptitude surprenante à mélanger uppercuts groovy et caresses langoureuses, assisté de sa nouvelle recrue Ben Kenney (ancien membre du combo hip hop The Roots), réussit encore à merveille cette collision détonante entre rythmiques syncopées addictives, grooves funky et harmonies pop ("Priceless" ou l'organique "Sick Sad Little World") et reste cette redoutable machine à égrener les hits et à pulvériser les réticences des auditeurs les plus méfiants.

Le groupe semble cependant avoir grandi et se permet aujourd'hui des incursions simplement rock du meilleur effet.

Ancienne excellente formation fusion rock, avec cet album INCUBUS DEVIENT UN EXCELLENT GROUPE TOUT COURT!!!!

Dredg - Catch Without Arms - 17 / 20 Le 16/08/2007 à 14H37

Parfois, on se demande ce que les français attendent de la musique. Pardonnez l'entrée en matière, mais à l'écoute du 3ème opus de Dredg, un groupe peu connu dans notre hexagone hormis des experts en la matière, c'est ce que l'on est amené à se demander.

En 1998, les californiens sortent leur premier album, "Leitmotif", et créent déjà la sensation sur leur continent. 4 ans plus tard, "El Cielo" sonne comme une révélation aux yeux de tous. L'album est défini comme magique, transcendant, céleste, et les chroniques dithyrambiques pleuvent. Pourtant en France, difficile de se le procurer à part en import. Alors, pour la sortie du troisième, Catch Without Arms on espérait vraiment que notre pays allait s'ouvrir à ce groupe.

Certes, Catch Without Arms n'atteint pas la perfection de son prédécesseur, mais il se montre résolument plus rock. Les parties électro ("Zebraskin"), les doux arpèges et les effets envoûtants sont toujours là ("Ode To The Sun", "The Tanbark Is Hot Lava"), et le tout est attelé dans une production limpide qui laisse place au rêve et à l'imagination. La mélancolie palpable sur "El Cielo" se retrouve tout de même sur des morceaux comme "Not That Simple" ou "Jamais Vu", et la voix aérienne de Gavin Hayes nous transporte littéralement dans un autre univers, celui de Dredg. Inimitable.

Un disque fabuleux, au sens premier du terme, qui mérite vraiment l'attention de tous les amateurs de rock.

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