Conan, Church Of Misery, High On Fire le 01/08/14, Paris (Glazart)

Elle est pas belle, cette affiche ? Les Stoned Gatherings avaient à cœur de conclure l’année avec une explosion graisseuse de riffs, de poils et de beuglements testostéronés, voilà qui est chose faite. Line up international avec les Anglais de Conan, les Japonais de Church Of Misery et les américains de High On Fire. Cerise sur le gâteau, la présence de Ben Ward pour un DJ Set Metal, histoire d’achever tout le monde avec grâce. Ready ? 


Ah ce que j’ai pu en entendre parler de ce groupe ! Conan par-ci Conan par-là ! « Tu vas voir ils ont un son d’enfoiré ! », « tu vas t’en prendre plein la gueule ! », « après leur set au Roadburn j’ai appelé ma mère après pour être sûr que tout allait bien », bref, du lourd. 
Les voir s’ajouter à l’affiche un peu à la dernière minute était donc une nouvelle tout à fait réjouissante. 
18h45, pied au plancher dans la fournaise Glazarienne, prêt au décollage. 
Dès les premières secondes, on sait. On le sent, ces mecs là vont nous tabasser la tronche. Habitué des Stoned Gatherings, j’ai vu défilé pas mal de groupes, mais très peu avaient un son d’une puissance aussi redoutable. Certes l’analogie est facile, mais c’est un véritable mur de son qui s’abat implacablement sur les spectateurs, écrasant absolument tout sur son passage. Le début du set avec Crown of Talons issu de Blood Eagle sorti cette année nous met le pied à l’étriller. Tous trois vêtus d’un hoodie noir et encapuchonnés (mais comment supportent-ils cette chaleur ?), ils vont passer la prochaine demi-heure à démonter le Glazart à coup de riffs tonitruants. L’expérience rappelle parfois celle de Sunn O))) tant le corps devient acteur de par les tremblements infligés par les basses. Alors que l’on s’englue les jambes dans les marécages et que l’asphyxie semble infinie, chaque accélération du rythme devient meurtrière. Le son est gras, râpeux, tentaculaire, processionnaire et ne laisse aucune chance à nos pauvres organismes. Alors qu’une certaine lassitude peut s’opérer sur album, le live rend les compositions hypnotisantes et aliénante. Les autres groupes sont prévenus, la barre est haute ce soir. 

Jamais n’avais-je vu le Glazart aussi plein tandis que Church Of Misery démarre son set. Alors que la chaleur devient particulièrement étouffante, un problème au bar ne permet pas la vente de bières à la tireuse. Je vous laisse donc imaginer la queue pharaonique ne serait-ce que pour accéder au bar. Terrible manque de chance pour cette soirée qui affiche complet de chez complet. 
Retour à la musique, Church Of Misery n’est pas vraiment le groupe que j’attendais le plus ce soir. D’une part car je les connais assez peu et d’autre part car ce que j’en ai entendu ne m’a jamais marqué outre mesure. C’est en tout cas avec un son impeccable que les Japonais distillent leur mélange de Stoner, Doom et Psych Rock à un public visiblement acquis à leur cause. Il reprend en chœur certains riffs à plusieurs reprises, les slams commencent à se faire de plus en plus récurrents tandis que le chanteur, charismatique, harangue la foule qui le lui rend bien. Sur leur dernier morceau, Ben Ward (que l'on retrouvera pour le DJ set ensuite) monte sur scène pour participer à la fête.  
C’est efficace, varié et non dénué de bons moments, mais la musique de Church Of Misery reste trop ordinaire pour me plaire véritablement. Un bon moment malgré tout. 

Arrive enfin le moment fatidique, les patrons de la graisse, les chefs de meute du riff plombé et du poil mouillé, je veux bien sûr parler de High On Fire et de leur leader emblématique Matt Pike. Dire qu’ils sont attendus par le public du Glazart relève de l’euphémisme outrancier tant la salle, pleine à craquer et les esprits déjà chauffés à blanc par les deux actes précédents, ne demande qu’à en découdre. A défaut de se répéter, la chaleur a maintenant un niveau tout bonnement insupportable. L’air est très difficilement respirable et les gouttes de sueur dégoulinent sans que l’on ne bouge d’un millimètre. Le plafond suinte, le sol glisse, bref, le chaos est total. Les conditions parfaites pour accueillir les américains me diriez-vous. Peut-être, il est néanmoins évident de constater que ces conditions sont pénibles aussi pour les musiciens. Enfin elles n’excusent tout de même pas la qualité du son. Les deux premiers groupes étaient en effet sous la houlette d'Angie, l’ingé-son maison. Le troisième, non. Le problème c’est que la différence de rendu n’est franchement pas minime. Alors que Conan et Church Of Misery ont bénéficié d’un son absolument impeccable (chapeau à l’intéressée), High On Fire n’est que bouilli sonore avec une batterie difficilement audible et un chant en retrait. Pourquoi les groupes ne font ils pas confiance à Angie qui fait très bien son boulot et connaît la salle parfaitement ? Un mystère qui reste entier mais qui ne semble pas détériorer l’ambiance pour autant. Le public pogote à tout va, slam sur la tronche de tout-à-chacun et en redemande. Les morceaux de High On Fire semblent avoir été écrits pour la scène tant les introductions sont entrainantes et les accélérations réjouissantes. Les conditions sont difficiles, quelques personnes quittent la salle à cause de la chaleur, les autres se liquéfient littéralement. Une heure de set pour un show apocalyptique qui restera surtout dans les mémoires pour ses conditions extrême plutôt que pour sa qualité intrinsèque. 


La soirée se termine à l’after Dj Set par Ben Ward d’Orange Goblin. Sur une scène assez grande, l'anglais va diffuser pendant près de deux heures (et entre deux bouquets de fleurs) des « tubes » du Metal : de Mastodon à Metallica en passant par High On Fire ou Slayer entre autres. Le public est toujours là, toujours chaud (on retrouve d’ailleurs devant la scène la plupart de nos pogoteurs de tout à l’heure). L’ambiance est bonne enfant, ça slam en petit comité, pogote avec dignité, de nombreuses personnes sont restées prendre un dernier verre par ce temps qui s’y prête si bien. 
Une soirée dantesque donc, où la réputation des Stoned Gatherings, qui n’est plus à faire, a marqué du sceau du gras son empreinte indélébile. À très vite.

Humtaba (Août 2014)

Merci à Djou, à Vince de Kongfuzi, à Nicolas de Dead Pig Entertainment ainsi qu'à Annabelle et Benjamin du Glazart

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