Grails, Lilacs & Champagne Paris, Point Ephémère, le 17-03-2014

Ce lundi soir, c'est une soirée en famille qui nous attend au Point Éphémère. En faisant coup double sur un même plateau, Kongfuzi présente Grails, trop rare en nos terres et son petit frère, Lilacs&Champagne, à l'origine monté par le guitariste Alex Hall et le batteur Emil Amos, double tête pensante des premiers nommés. Ils seront d'ailleurs accompagnés sur scène par leurs congénères.

Il est difficile de dissocier Lilacs&Champagne de son aîné tant l'imagerie revendiquée s'en révèle proche, et c'est tout sauf un hasard. On a encore dans les mirettes l'artwork halluciné de Doomsdayer's Holiday (2008) et l'ambiance kitsch de Deep Politics (2011) dont les ambiances travaillées renvoyaient incontestablement à des séries B typées 70s encore à filmer. Les visuels projetés derrière Amos, tour à tour guitariste et batteur de Lilacs&Champagne appuient cette filiation. Plus enfumée, plus cradingue aussi avec l'utilisation régulière de machines et de samples déformés, le combo s'enfonce sciemment dans le côté obscur. Les influences musicales (post-rock, trip-hop, dub, hip-hop), comme filmiques (le giallo, Danish And Blue) sont nombreuses. Elles contribuent à enrober les compositions du groupe dans une lourdeur qui rend plein effet sur scène ("Everywhere, Everyone", "Le Grand"). Comme sur disque, cela offre un complément agréable au travail de Grails : pas indispensable dans les faits mais suffisamment efficace pour en faire une mise en bouche adéquate et présentant moins ce sentiment d'inachevé qu'avait pu constituer leur première sortie studio l'an dernier.

Même si aucune actualité flagrante n'entoure la venue de Grails, si ce n'est la sortie du 6e volume de leurs Black Tar Prophecies l'année dernière, et que cela fait près de 3 ans qu'est sorti Deep Politics, l'aura du groupe reste intact : une salle quasi-pleine, attentive comme un nouveau-né et encourageante aux moments-clés. Si le groupe a montré un visage impassible durant tout son set, ses nombreux remerciements en fin de set - rappels compris - témoignent de sa satisfaction au moment d'éteindre les amplis. Et pour cause : le set est enthousiasmant de bout en bout, naviguant entre les différentes périodes avec une emphase particulière sur Burning off Impurities (et l'imparable "Silk Rd"), Doomsdayer's Holiday ("Predestination Blues" en tête évidemment) et Deep Politics ("Almost Grew My Hair", "I Led Three Lives").
Avec son post-rock protéiforme, très visuel, Grails sillonne les chemins du psychédélisme en laissant s'envoler ici et là quelque fulgurance. Qu'importe même si Amos tape de plus en plus fort à mesure qu'il engloutit sa bouteille de rouge comme une vulgaire Heineken, on retient la justesse d'exécution et les emballements qui rappellent Pink Floyd, en d'autres temps ("I Led Three Lives"). Une odyssée aux effets désuets qui confirme tout le bien que l'on pensait de leur évolution musicale. A quand le ciné concert avec l'intégrale des films de Fulci?

Chorizo (Mars 2014)

Merci à Adrien (Kongfuzi) et à Djou.

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disappearerLe Mardi 21 février 2017 à 12H48

Grails revient à Paris le 13 mars prochain accompagné de Majeure et Henryspenncer : https://www.facebook.com/events/735402736617939/