Oneohtrix Point Never, Forest Swords, Basic House Paris, Trabendo, le 27-09-2013

Le Trabendo, ce soir, est-il à moitié plein ou à moitié vide? Tout dépend comment vous regardez votre verre. La soirée d'ouverture du weekend In Paradisum dans la salle parisienne fait recette chiche. Pourtant, les amateurs d'expériences électroniques ont de quoi se réjouir. Le plateau qui réunit Basic House, Forest Swords et Oneohtrix Point Never est rare et laisse le champ libre à toutes sortes d'expérimentations.

C'est le boss du label spécialisé Opal Tapes qui ouvre la marche, devant une salle quasi vide. Basic House aka Stephen Bishop, seul aux machines, nullement troublé, prend le temps d'installer son ambiance. Une longue entrée en matière, faite d'un drone lancinant, tellurique. Des craquelures apparaissent, la machine se dérègle, s'emballe. Les basses creusent leurs sillons jusqu'au jaillissement éclairé de beats technoides qui donneront tout leur relief au set. Un final en apothéose; en 30 minutes, de l'ombre à la lumière.

Forest Swords prend le relais. L'Anglais, c'est une des valeurs montantes du moment. Pitchfork ne s'y est pas trompé, qui le fera rejouer le 30 octobre à La Villette avec Julianna Barwick. En attendant, on se réjouit de le voir dans un environnement encore confidentiel. Engravings, Album du Moment dans nos pages, est un succès d'estime mérité auquel Matthew Barnes donne corps sur scène accompagné de sa guitare, parfois, et d'un bassiste. Une configuration qui fait vivre des titres comme "Thor's Stone" ou "The Weight of Gold" en leur donnant une profondeur mystique supplémentaire.
On se surprend à l'imaginer évoluer avec un groupe à la manière d'un Caribou, dans un autre style. Ses compositions offrent suffisamment de relief et de niveaux de lecture pour encourager les expérimentations live. Ce soir, il réinterprète ses titres avec une nouvelle dynamique, proche de celle du disque mais empreinte d'un souffle vivant plus intense. Resplendit alors le travail de composition, sur les sonorités, les ambiances et sur les visuels qui accompagnent le set. Un travail soigné qui fait l'éclat de la soirée.

Je connais mal le travail de Daniel Lopatin et de son projet Oneohtrix Point Never. De mes rares écoutes, j'en retiens une musique chaotique, difficile d'accès. J'hésite à me lancer R Plus Seven avant ce soir, puis abandonne. On verra en direct. La fosse est maintenant bien remplie, l'attente palpable. Il me faudra du temps avant d'entrer dans le set de l'Américain. Pratiquement la moitié, jusqu'aux titres les plus libérés, on n'osera pas jusqu'à dire "dansants". La première partie est faite d'un electro haché, refusant la rythmique et la mélodie, un cut up musical difficile d'appréhension pour le novice. Encouragée par des visuels contemporains, la musique de Lopatin est abstraite, tient à des collages épars et désordonnés de textures dissonantes. On s'aperçoit, par la force des choses, que ses pièces sont en constante évolution, se créent ainsi sur l'instant. Nul doute qu'en le revoyant, on en aura encore une impression différente. Sur le chemin du retour, on se repassera le set. On a dû en oublier une bonne partie. Le reste a été reconstitué au hasard, donnant naissance à de nouveaux titres. C'est peut-être ça la réussite de Oneohtrix Point Never.

Chorizo (Octobre 2013)

Merci à Julie et Margaux (Trabendo), ainsi qu'à Djou.

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