Hiding Inside Victims, Herida Profunda le 9 août 2013 Toulouse (skate-park des Ponts-Jumeaux)

Ceci n'est qu'un live-report mineur ou plutôt une courte chronique, primesautière et estivale, retraçant les péripéties d'un concert qui ne faillit jamais avoir lieu et d'une soirée que l'on aurait pu affubler du titre de "soirée de la loose", tant tout semblait partir en live au fil du temps qui s’égrenait. Donc, ceux qui n'ont pas de temps à perdre (ce qui est bien dommage pour eux), peuvent aisément passer à une rubrique autrement plus enrichissante.

La date était annoncée depuis fort longtemps, d'abord aux Pavillons Sauvages, puis fut transférée à la Caillasserie, puis aux Caves de la Notté et il fut même question de Pechbonieu dans la proche banlieue toulousaine. Il faut dire que par ces fortes chaleurs, la ville rose fonctionne à coups d'arrêtés préfectoraux aussi bien que municipaux, de descentes de flics à toute heures indues (les gens de la Caillasserie en savent long à ce sujet, eux qui se sont fait expulser très, très tôt une belle matinée de la fin juillet) et de recours à l'Office de la Tranquillité (hé oui, mon bon, ce service à la douce consonance pompidolienne est offert gratuitement à la population toulousaine). Et il s’avéra en fin de compte, à quelques jours de la date fatidique, qu'aucun lieu ne pouvait accueillir le concert.
Heureusement (mais est-ce le terme adéquat?), les orgas toulousains, rompus à ce genre d'exercice, sont passés maître en l'art de contourner ce type de désagréments pour continuer à faire vivre la scène underground. Et, en l’occurrence Philippe, prit de court, prit également le parti d'organiser le concert quelque part en plein air, non loin du centre ville. Le skate-park des Ponts-Jumeaux avait, par le passé, accueilli ce genre de manifestation : situé entre rocade et canal, éloigné des habitations, implanté dans un cadre arboré et champêtre, facilement accessible par piste cyclable, il semblait tout indiqué pour devenir la solution au problème, même s'il était nécessaire d'avoir achevé cette petite réunion à 21 heures pour ne pas s'attirer les foudres des autorités bien pensantes.
Rendez-vous était donc pris pour 19 heures en ce vendredi 9 août de l'an de grâce 2013. Agréable balade en vélo au long du canal du Midi pour se rendre sur le site et aucun orage n’obscurcissant le ciel, ce qui était une bonne chose. Mais en abordant le lieu, force est de constater que le skate-park est inaccessible, totalement fermé par des grilles, pour rénovation ou pour démolition (?). Nouvel obstacle, contourné avec maestria par l'orga qui s'est débrouillé pour installer "la scène" non loin de là, dans un coin où notre cercle de poètes devrait, à priori, ne déranger personne. Néanmoins, comme tout semble baigner dans la maffre la plus complète, Philippe nous apprend qu'Herida Profunda ne jouera pas ce soir, les polonais étant tombé en rade avec leur van dans les environs de Barcelone. Et puis le temps passe et les américains ne sont toujours pas là. Décidément, tout cela ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
Puisque nous en sommes largement à l'heure de l'apéro, que malgré les croyances les plus vulgaires, les crusties, coreux, grindeux, punks et autres talleux ne sont pas engeance à se laisser abattre, et que, le cadre plutôt sympathique s'y prête agréablement, l'assemblée réunie en ce lieu écluse quelques canettes et autres jus de fruits (ben oui, il y a aussi des straights et non des moindres). Les joggers qui passent par là sont quelque peu décontenancés mais l'ambiance est cool entre discussions musicales et vélocipédiques, jets de bière (et je ne dénoncerai personne), vannes hautement intellectuelles voire de bon goût. Seul, Philippe, inquiet et sur le qui-vive, perché sur un plot, observe la circulation de la rocade dans l'espoir d'apercevoir le van d'Hiding Inside Victims. Mais voilà que se profilent à l'horizon deux uniformes bleus accompagnés d'un malinois peu engageant. En jaugeant la meute sanguinaire qui nous entoure, composée de trois, quatre bâtards rigolos, il semble que notre sécurité ne soit pas réellement assurée en cas d'attaque intempestive (quoiqu'il ne faille pas trop se fier aux apparences). Le trio nous épie longuement en respectant une distance de confidentialité. Puis, est-ce notre attitude pacifique ou l'appel du pastis (?), décide de se retirer sans nous approcher davantage. Nous craignons cependant un retour en force... nous verrons bien!
Finalement un vieux van-ambulance immatriculé aux Pays-Bas et au gyrophare dissimulé par du gros scotch marron d'emballage, déboule sur le sentier. Voilà enfin nos ricains!
Le temps d'installer le matos et Hiding Inside Victims est prêt à nous asséner son punk/crust mélo pas loin de Tragedy et From Ashes Rise. Le son est excellent malgré les circonstances et ça envoie vraiment ce qu'il faut dès les premières notes. Le trio, dont le batteur est plutôt impressionnant, est totalement conquis par la tournure prise par les évènements et semble parfaitement heureux de jouer auprès d'un grand platane par cette superbe soirée d'été. Et comme tout le monde est dans d'extrêmes bonnes dispositions et que c'est franchement cool de se retrouver là à écouter cette musique à la fois sauvage et emplie de mélodies, le moment devient une sorte d'instant de grâce. Oubliées les galères et tout le reste, le monde extérieur nous laisse en paix, dans notre bulle. Le mauvais sort nous a lâché et nous profitons avidement du set. Rien ne viendra plus entacher le concert qui se poursuit dans une ambiance débridée, au long de titres d'une efficacité redoutable et d'une exécution totalement maîtrisée, prenant une ampleur que l'on était loin d'imaginer sur disque.
Et quand les américains éteignent leurs amplis et rangent leurs instruments après un rappel, on aurait juste eu envie que cela dure encore un peu plus longtemps. On déplore alors la défection d'Herida Profunda qui a amputé la soirée de quelques sensations supplémentaires mais au final tout le monde a le sourire aux lèvres car après tous les mauvais plans accumulés, ce fut un moment assez génial à vivre. C'est sans doute aussi le moment de remercier Philippe pour toute l'activité qu'il déploie depuis des années pour nous offrir de tels instants et pour l'aide qu'il apporte aux groupe DIY en tournées. Et remercier également tous ces groupes DIY qui continuent à tourner malgré des difficultés de plus en plus marquées, se donnant à fond à chaque concerts et permettant ainsi à la musique de vivre librement.
Ce soir, tout s'est fait à l'arrache mais tout était parfait et cela restera un beau moment.

Tranquillement nous enfourchons nos vélos pour poursuivre nos chemins respectifs. Et cette nuit là, mais c'est une autre histoire, c'est de la terrasse d'un bar que je me ferai virer par une escouade de flics en vadrouille. Qu'est ce qu'il fait bon vivre à Toulouse par les temps qui courent! Mais j'y peux rien, j'adore cette ville!

Falbala (Août 2013)

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