The Decimation of Europe Tour Glaz'Art

Le 15 décembre dernier le Glaz’Art accueillait une affiche que les aficionados de musique brutale qualifieront volontiers de « énormissime». Cinq groupes talentueux au potentiel de foutage-de-bordel-dans-la-fosse indéniable. Jugez plutôt : Archspire, Cyanide Serenity, Fleshgod Apocalypse, Aborted ouvrant pour les monstres polonais ressuscités de Decapitated. De la technique, de la rapidité, des blasts, des growls, des breaks à s’éclater la tronche, c’est parti !

Et c’est aux Canadiens d’Archspire d’ouvrir le bal. Armés de leur album All Shall Align, les cinq musiciens nous aspirent dans une tornade ultra technique et brutale mais jamais lassante et toujours très compréhensible grâce à un son particulièrement bon ce soir. TBDM oblige, les compos sont carrées, pas un poil de moustache ne dépasse, surtout pas de celles des deux guitaristes (« Mario ! Luigi ! ») qui s’en donnent à cœur joie avec des soli complexes mais ne tombant jamais dans la démonstration basique. La basse nous offre également un florilège de tappings et autres sweepings insensés pendant que derrière ses fûts le batteur nous inonde de blast beats et de descentes de toms jouissifs.
Archspire est quelque peu nouveau dans le milieu, mais ma main à couper qu’ils se tailleront vite une réputation et qu’on les verra bientôt aux côtés des plus grands groupes de death technique moderne comme Origin ou The Faceless.

Le set n’aura duré qu’une vingtaine de minutes, à peine le temps de se mettre dans le bain pour les Anglais de Cyanide Serinity. Le combo délivre des riffs sympatoches mais l’énergie qu’il dégage est bien moindre que l’ouragan Archspire. Le chanteur a beau s’époumoner de fort belle manière, la sauce ne prend pas. La faute peut-être à des morceaux un peu trop prévisibles et déjà-entendus mille fois et aux trop longs « blablabla on est super contents d’être là ce soir, vous allez bien Paris ??!  VOUS ALLEZ BIEN PARIS ??? » entre les morceaux. Un souvenir pas impérissable, en bref.

Avec Fleshgod Apocalypse, on commence à taper dans du très, très lourd. Nos Italiens grandissant à une vitesse foudroyante nous ont pondu un album ambitieux mêlant à merveille brutal death metal et orchestrations grandiloquentes, dans la veine de Septic Flesh ou encore Dimmu Borgir. Et il faut croire que les nombreux shows les ont rôdé ! En soignant sa mise en scène (costumes, corpse painting etc), Fleshgod a mis le public dans sa poche dès l’intro de son set. La playlist constitue un best-of des œuvres du groupe tout en mettant l’accent sur le dernier album en date, Agony. On a donc droit à l’opening "The Hypocrisy", l’immanquable "The Violation" et la mid-tempo "The Egoism" pour reprendre un peu son souffle. Encore une fois le son est clair et puissant, mais j’ai personnellement trouvé les orchestrations un poil faiblardes quand elles sonnent comme l’élément principal de Agony. S’en suivent les « tubes » "In Honour of Reason" et "Thru Our Scars" et l’affaire est dans le sac!
Un groupe jeune (2 ans d’existence) mais professionnel qui a su se démarquer par son originalité et une somme de travail impressionnante en un très court laps de temps. Chapeau les artistes!

On quitte l’Italie pour remonter vers la Belgique où le roi Aborted officie depuis près de quinze ans. J’avoue ne pas arriver à m’attacher plus que ça au combo, pour une raison que j’ignore moi-même. Peut-être moins convivial que des groupes français comme Benighted ou Gorod... Moins convivial peut-être, mais au moins aussi violent. Les zikos enchaînent les pistes efficaces et le pit se déchaîne. Comme d’habitude Sven nous assène une prestation au poil tout en « pig squeals », growls et gimmick hystériques qui collent bien à l’image du groupe. Les fans en auront pour leur argent (et leurs dents?), pour sûr!

Place à la tête d’affiche de cette soirée, j’ai nommé Decapitated. Depuis le temps que je trépigne pour les voir, ça va y aller! Après de longues balances pendant lesquelles le maître à bord Vogg multiplie les références aux classiques du metal, tous les musiciens entrent en scène et. La. Guerre. Est. Déclarée! Le son est une fois encore très bon, limpide à souhait. La prestation des Polonais est juste parfaite. Que ce soit la setlist qui recouvre les œuvres majeures du groupe tout en mettant l’accent sur Carnival Is Forever, la prestation de tous les musiciens (sauf le bassiste qui fait un peu la tronche), le son limpide, l’occupation de l’espace… Tout est brillant! Les moments forts seront certainement le break imparable à la batterie sur "Day 69", l’excellent morceau "Winds of Creation" issu de l’album du même nom, "Homo Sun", "The Knife" et "404" tirés de Carnival Is Forever et bien sûr le final imparable : "Spheres of Madness", le titre cultissime du groupe présent sur Nihility.
Rafal, le chanteur, se permettra même un slam dans la fosse sur ce dernier titre. Vogg le suivra quelques minutes après, une fois les amplis éteints et les spots rallumés. Il n'aura d'ailleurs fait aucune allusion à l'accident survenu quelques années plus tôt, qui avait entraîné la mort de son frère et l'hospitalisation de l'ex-chanteur du groupe. Peut-être la volonté de faire table rase de ce funeste évènement pour repartir de plus belle et prouver que Decapitated a un bel avenir devant lui?

Une soirée comme on les aime, en somme ! Et un gros « big up » (rah ces jeunes) aux ingés son du Glaz’Art qui ont balayé mes doutes quant aux capacités de cette salle étriquée à produire un son correct lors des concerts metal.

DaFredz (Janvier 2012)

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment