Thrashfest Classics Pratteln, Suisse

Surfant sur la vague revival qui voit bon nombre de groupes jouer en intégralité leurs albums phares des années 1970, 1980 et maintenant 1990 (Metallica s’attèlera par exemple au black album l’été prochain), le thrashfest est une tournée basée sur un principe simple : tous les groupes présents sur l’affiche, des thrasheurs vous l’aurez compris, doivent composer leur setlist avec uniquement des classiques old school de leur répertoire. Rendez-vous donc en Suisse, à Pratteln (à proximité de Bâle) dans sa belle salle du Z7, pour juger de la qualité de ce plateau.

En raison de contraintes professionnelles, je ne peux assister aux deux premiers groupes de l’affiche, Mortal Sin et Heathen. Mais il reste encore largement de quoi satisfaire mon estomac de thrasheur avec Destruction, Exodus et Sepultura, trois visions culturelles différentes du thrash : la vision allemande, américaine et brésilienne.

S’il n’a pas connu autant de succès que ses acolytes teutons de Sodom et surtout Kreator, Destruction reste pourtant un groupe important du mouvement thrash allemand. Le groupe offre ce soir un best of de ses deux premiers opus, très primaires : Sentence Of Death et Infernal Overkill. Le groupe livre ce soir une prestation sérieuse et appliquée mais qui reste clairement un ton en dessous d’Exodus et Sepultura en termes de précision et de présence scénique.

Place ensuite à Exodus. Emmené par l’excellent guitariste Gary Holt et le chanteur-bouledogue Rob Dukes, Exodus puise lui aussi dans le fond de son catalogue. Et les missiles envoyés par le combo culte de la bay area (LA place thrash) font mal. Puisant dans Pleasures of the Flesh, Fabulous Disaster et surtout de l’ultra culte Bonded By Blood (ah, quel grand moment que ce A Lesson In Violence…), Exodus donne ce soir une véritable leçon de thrash. Si les morceaux up tempo peuvent parfois laisser poindre une petite pointe de répétition, Exodus a la bonne idée d’agrémenter son set de titres mid tempo qui finiront définitivement d’achever les nuques des spectateurs du Z7, particulièrement bien garni ce soir. Une prestation sans concession.

Enfin Sepultura a la lourde de tâche de clôturer cette soirée. D’autant que les Brésiliens sont au final le groupe le plus à part de cette soirée… ce qui, au final va plutôt les servir. Car là où tous les autres sont de purs thrasheurs, Sepultura n’a jamais oublié le groove (sur un titre comme Territory par exemple)… et en fera une belle démonstration ce soir avec des brûlots de Chaos AD (Territory, Who We Are Not As Others), Arise (Arise, Dead Embryonic Sells, Desperate Cry) et Beneath The Remains (Inner Self, Beneath The Remains).  Le truc embêtant avec ces morceaux, c’est qu’on les entend un peu trop souvent, que ça soit joués par Soulfly, Cavalera Conspiracy ou Sepultura. Ceci étant, il faut l’avouer, il n’y a clairement pas photo : c’est bien le Sepultura actuel qui rend le plus honneur au répertoire classique du combo brésilien. Et Andreas Kisser, le véritable maitre à jouer de Sepultura, n’est assurément pas étranger à cet état de fait, même si le fait de ces jouer ces classiques à seulement une guitare peut parfois paraitre bizarre (notamment sur les solos). Ce soir, Kisser est tellement dans l’ambiance revival qu’il a ressorti une belle veste en jean à patchs ! L’autre membre du groupe qui attire les regards n’est pas Derrick Green (encore que le frontman s’en sort bien) mais bien le nouveau batteur du combo, absolument phénoménal tend en rapidité d’exécution qu’en puissance de frappe : une excellent recrue ! Cette date suisse, l’une des dernières de la tournée, est aussi l’occasion de quelques jams qui marqueront les esprits. Il y a tout d’abord le titre très world metal Kaiowas avec tous les batteurs des groupes présents. Il y a ensuite ce Escape To the Void tiré de Schrizophrenia avec Nick Barker (ne me demandez pas ce qu’il faisait là !!!), ex-batteur de Cradle of Filth, Dimmu Borgir à la batterie. Le classique Refuse/Resist sera joué avec le présence de Gary Holt d’Exodus avant que, cerise sur la gâteau, une cover du Wrathchild de Maiden avec le retour de Barker à la batterie, Gary Holt et Andreas Kisser aux guitares et surtout Tom Hunting, batteur d’Exodus et improvisé ce soir chanteur, ne soit asséné en guise de point d’orgue à une excellente soirée, à la fois revival et festive.

Damien Pontus (Décembre 2011)

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