Cult of Luna le 10/03/09 - Bruxelles (Recyclart)

Les musiques "saturées" sont plutôt rarement à l'honneur à Bruxelles ces derniers temps, alors une soirée comme celle-ci, et bien ça ne se rate pas ; et ça, même si il faut attendre 45 minutes dans le froid pour acheter son ticket. (La prochaine fois ça peut quand même être pas mal de penser à faire des préventes pour une soirée de ce niveau...) Enfin, ça signifie au moins que le public a répondu présent, et ce malgré la prestation le même soir du crustacé guitariste de Mars Volta dans une autre salle de la capitale.On se retrouve donc en route pour près de trois heures de murs de sons écrasants et de rythmes hypnotiques.

Et à ce petit jeu-là, le side-project d'AmenRa, Kingdom, n'est pas le plus mauvais. Les craintes d'assister à une prestation faite des déchets laissés par le "grand frère" sont vite dissipées et on découvre un groupe qui, bien qu'officiant globalement dans le même style musical, a su trouver une direction personnelle intéressante. Moins systématiquement dans la lourdeur et la dépression, les compositions prennent le temps de s'installer. En posant des ambiances mystiques, elles vous emportent dans des songes de monastères médiévaux, théâtres de cérémonies obscures et envoutantes, grâce notamment à l'étrange voix claire utilisée par Colin Van Eeckhout. Mais Kingdom sait aussi exploser et broyer les atmosphères installées, les trois membres du groupe éructant alors en choeur pour vous prendre aux tripes.
En guise d'apéritif, on a déjà connu moins savoureux et ce, même si on en aurait bien repris une portion supplémentaire histoire de complètement entrer dans l'univers du groupe.

Mais place aux Français de General Lee, à mes yeux le maillon faible de la soirée. Bien que pétris de bonnes intentions, ils ne parviendront en effet que très rarement à faire décoller leur postcore relativement bien conçu, mais tellement classique. Pourtant servis par un excellent son, les quelques petites erreurs techniques (très malvenues quand par exemple on fait un arpège à la guitare sans le soutien du reste des instruments), le piètre accent du chanteur et le manque de charisme général de la formation sont venus régulièrement plomber la prestation en cassant net les ambiances établies avec déjà pas mal de peine. C'est ainsi presque avec soulagement que j'ai accueilli la fin du set, ce qui, il faut en convenir, n'est jamais bon signe.

Mais pour être tout à fait honnête, il me faut sans doute reconnaître que l'accueil plutôt frais que j'ai réservé aux Français a peut-être aussi à voir avec l'impatience de voir Cult of Luna à l'oeuvre dans cette excellente petite salle. Il faut dire que leur prestation au Botanique l'an dernier n'était pas particulièrement exceptionnelle et donc un peu frustrante, mais aussi que leur dernier album en date, Eternal Kingdom, replongeait dans les sphères les plus sombres de l'identité musicale des Suédois, promettant dès lors un retour dantesque.
Et on ne s'y est pas trompé. Dès les premières notes d'"Owlwood", on se rend compte que tout est parfait. Le son, les lumières, les restes de fumée stagnante, tout se marie à merveille pour une heure et demie magique. Cult of Luna fait bien partie de ces rares groupes qui ont la capacité de tout faire disparaître autour de vous, de briser la notion de temps, de vous emporter à des millions de kilomètres, comme si rien n'existait d'autre au monde que ce bloc de béton voguant maintenant dans le vide. Tout est parfait, ou presque. Mon seul reproche porte sur la voix très légèrement moins bonne du guitariste qui assure encore une fois plus de la moitié du concert niveau chant, alors que ma seule infime déception concerne la setlist oubliant les deux premiers albums. Mais c'est vraiment faire la fine bouche à ce niveau.
Pour le reste Cult of Luna maîtrise son sujet à merveille : les différentes lignes de guitare se superposent avec justesse, tantôt aériennes tantôt oppressantes, soutenues par une section rythmique infaillible (ces transitions à la batterie qui ralentissent pendant "Echoes" !) et agrémentées d'une foule d'effets électroniques plus ou moins discrets mais toujours habilement utilisés, voire même d'un peu de trompette sur la fin de "Following Betulas".
Ces 80 minutes suffocantes pourraient presque être insoutenables si les Suédois n'avaient pas la bonne idée de nous ménager quelques ouvertures post-rock bien senties et justement dosées comme avec le toujours magnifique "Finland". Equilibre parfait donc ce soir, qui se conclut de manière apocalyptique sur le final époustouflant de "Ghost Trail" vous laissant tout d'un coup vacillant, hagard au milieu de cette salle à nouveau peuplée d'autres disciples du culte.

Dur retour à la réalité, plus de transports en commun, ça va nous coûter un taxi, mais ça en valait finalement bien la peine. Vivement la prochaine célébration!

 

Peps (Mai 2009)

Setlist (de mémoire) : Owlwood - Following Betulas - Dim - Adrift - Eternal Kingdom - Leave Me Here - Finland - Echoes - Ghost Trail

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