Paradise Lost, Pallbearer, Sinistro (feat. Manuel Munoz) le 31/10/17 Paris (Tabendo)

"Chaque fois que je vois Paradise Lost, c'est comme si je retournais au lycée !"
Manuel Munoz (Arkan, The Old Dead Tree)

Les concerts, c'est également l'occasion de faire des rencontres. Ou des retrouvailles. Et quelle ne fût pas notre surprise en apercevant Manuel Munoz au concert parisien de Paradise Lost la semaine dernière, en train de chanter comme le grand fan qu'il est. Nous lui avons proposé d'écrire ses impressions sur ce concert, une très belle affiche avec Pallbearer et Sinistro. Retrouvez son report ci-dessous.



"Depuis ses débuts dans les années 80 au sein des forges anglaises ayant donné naissance au Doom Metal, Paradise Lost aura tout connu : le succès commercial avec leur album Draconian Times en 1995, la promesse d'un statut de star internationale lors de la sortie de Host sur la major EMI en 1999 et puis, un lent mais inexorable retour vers la scène Metal underground jusqu'au concert de ce soir.

J'ai, pour ma part, découvert les cinq de Halifax en 1993. Paradise Lost venait alors de sortir Icon. Le Doom  / Death guttural des débuts commençait à se parer d'atours gothiques et de chant mélodique. En 1995, je les voyais pour la première fois à l'Élysée Montmartre à l'occasion de la première tournée couronnant le succès de Draconian Times. Je m'échinais alors à tenter de reproduire lamentablement les premières notes du solo de The Last Time. Deux ans plus tard, avec quelques compères, nous créions The Old Dead Tree. Et le premier titre joué par notre groupe fut bien évidemment une reprise de Paradise Lost. Je n'ai jamais, en 24 ans, manqué une tournée de cette formation mythique et j'ai même eu la chance de partager la scène (et quelques verres) à plusieurs reprises avec eux dans les années 2000.

Depuis près de dix ans, Paradise Lost a remisé toute velléité d'innovation au placard et a orienté sa carrière vers un retour aux sources Doom qui l'ont vu naître. Ce soir, donc, point de bonbon et friandise, pour fêter Halloween : le groupe de Gregor Mackintosh a sorti les guitares sous accordées et n'est pas venu seul pour faire trembler les 400 à 500 personnes présentes au Trabendo. Paradise Lost est venu accompagné de deux formations talentueuses : Sinistro et Pallbearer.

Sinistro

Dès les premières notes de Sinistro, il apparaît clair que nous avons affaire à un groupe à l'identité forte. Les Portugais proposent en effet une musique évoquant la plongée du groupe Portishead dans un chaudron de plomb fondu le tout porté par un son ultra grave et profond. Le combo se trouve malheureusement amputé de son bassiste qui n'a pu prendre part à la tournée et son set de 30 minutes, pourtant réussi, est quelque peu desservi par un jeu de lumière inexistant.

Pallbearer

C'est ensuite au tour de Pallbearer de prendre possession de la scène et de balancer un Doom Metal gras et puissant comme seuls les groupes américains savent le faire. Le combo développe une énergie communicative et les titres s'enchaînent portés par un son chaud et un jeu de lumières travaillé bien que limité en raison de son statut de première partie.

Paradise Lost

Enfin, aux alentours de 21h40, les lumières s'éteignent et résonne une introduction hollywoodienne bien loin de la finesse dont Paradise Lost pouvait faire preuve à une époque. Les cinq compères entrent alors sur scène et entament les premiers accords de From The Gallows extrait de leur dernier opus en date. Si le son est, au départ, un peu déséquilibré par une batterie trop forte, le tir est rapidement corrigé par l'ingénieur du son du groupe qui ressemble d'ailleurs furieusement à Les Smith (ex Cradle Of Filth, ex Anathema).

Paradise Lost est mené par un Nick Holmes en voix et de bonne humeur qui, malgré un rhume, nous gratifiera de quelques saillies acides dont il a le secret. Le bonhomme s'économisera cependant tout au long du set évitant les notes tenues et aiguës et laissant le soin au public de palier ces manques. Le groupe, comme à son habitude, se contentera d'un set d'1h15 se focalisant sur ses deux derniers albums, Medusa et The Plague Within (neuf titres sur seize joués tout de même). Il est frustrant de constater que malgré quinze albums au compteur, Paradise Lost se contente toujours de jouer si peu de temps et se permette de faire l'impasse sur de nombreux titres phares de sa carrière. Seront tout de même interprétés les merveilleux Embers Fire, Enchantment et The Last Time et le public reprendra comme un seul homme l'incontournable As I Die, véritable hymne des fan de Paradise Lost.

par Manuel Munoz (Arkan, The Old Dead Tree)


Les impressions de Metalorgie :

De fait, il n'y a pas grand chose à ajouter aux observations de Manuel sur ce concert. Sinistro a donné un très bon concert avec un son précis, quoique trop riche en basse à notre avis, ce qui est ironique vu que la basse était samplée sur cette tournée. Pallbearer ont tout écrasé avec une performance impeccable et maîtrisée, en plus d'avoir le meilleur son de la soirée. "C'est triste, c'est lourd, t'as envie de pleurer quoi !" Après un très bon dernier album sorti cette année, ils ont véritablement transformé l'essai sur scène, en plus de faire quelques sympathiques accolades à Paradise Lost sur certains de leurs riffs.

Concernant Paradise Lost, il n'y a rien à redire si ce n'est qu'effectivement, Nick Holmes ne s'est pas du tout mis en danger à la voix, en partie à cause de son rhume. On peut gager que s'il était aussi bon chanteur sur scène qu'en studio, Paradise Lost seraient sans doute aussi populaires qu'Opeth à l'heure qu'il est. Un concert diablement classe au demeurant, avec les très bons nouveaux titres qui passaient comme une lettre à la poste, ce qui nous avait été confirmé par Dani Filth et Vorph en interview. Une bien belle soirée !

Neredude (Novembre 2017)

Remerciements à Manuel Munoz d'avoir accepté d'écrire ce live-report.

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