Wardruna La Cigale (14/10/17)

« Chuut ! Allez, chuut chut! » 
On se croirait au théâtre et il s'en faut de peu pour que l'on entende les trois coups d’avant spectacle... Enfin, le silence se fait. On serait tenté de dire un silence de mort, mais en réalité, c'est un silence de vie…

Lorsque Týr débute, on hésite... Fermer les yeux, parce que c'est toujours ainsi que Wardruna s'est offert à nous. Ou bien, on ouvre les paupières et on observe : nous voyons et ils nous montrent. Ce n'est pas qu'un unique groupe qui se trouve devant nos yeux, mais bien deux : voilà donc les êtres de chair et de sang que nous avons tant attendu, et juste derrière, des doubles. Des doubles faits d'ombres, mais surtout de lumières. Qui sont-elles ? Que veulent-elles ? Ombres animales ou bien humaines ? La tentation est grande de répondre les deux, ou peut être même, aucun des deux…

En nous livrant son interprétation du Futhark, Wardruna nous emmène loin, bien loin : ce n'est plus la Cigale que nous animons, mais la vie qui nous anime : au fond d'un lac, au cœur d'un glacier ou d'un brasier, en haut, vers le ciel, là où personne ne se trouve, mais d'où nous découvrons tout. C'est l'immensité de la création, toute sa diversité qu'Einar et ses confrères ont mis en musique. Nous la sentons, elle est présente cette nature, elle l'a toujours été et voilà qu'elle se réveille. Ne ressentez-vous pas la chaleur de Sowelu ? N'êtes-vous pas immobile durant Isa, parce que la glace vous emprisonne ? Attention, attention ! Nous avaient-ils prévenu sur Yggdrasil : l'arbre qui n'a pas de racine finit toujours par tomber... Ne serait-ce pas une leçon de vie ? Wardruna au final, ne serait-ce pas un groupe conteurs d'histoires, qui vient jusqu'à nos pieds depuis des temps anciens pour nous rappeler ce que nous sommes ? 

Aspect technique, assez merveilleux pour être remarqué : l’acoustique de la salle est presque parfaite. Lindy Fay Hella est certainement juste à coté, près de nous et elle nous arrache à la réalité avec une violence teintée de délicatesse qui ne laisse personne insensible. Même si le groupe d’ouverture, les Français de Dayazell, a créé son propre univers très éclectique, rien n’a suffi, pas même les titres chantés en arménien, allemand ou latin, à nous éveiller de la même manière que les Norvégiens (au contraire, ils ont plutôt eu tendance à nous endormir...).

À chaque titre s'ensuit des salves d'applaudissements, des ovations, qui ne vont que crescendo : c'est comme si le public retenait son souffle pendant des morceaux entiers et pouvait enfin respirer lorsque les instruments se taisent. Au bout d'une heure trente, le boulevard de Rochechouart semble être un monde parallèle bien trop bruyant. A la sortie, ce n'est pas la fraîcheur du soir qui nous fait frissonner, mais bien le retour à la réalité, comme à l'éveil d'un rêve, tout est brumeux et on se sent changé. Car même si Helvegen nous mène vers l'autre monde par-delà la mort, on sort de la représentation de Wardruna en se sentant plus vivant que jamais.

Yoyo (Novembre 2017)

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