Archgoat, Bölzer, Svartidaudi et Eggs of Gomorrh le 2 octobre Petit Bain (Paris)

Quand on est journaliste, ou ce qui s'en approche dans notre cas, on en vient souvent à devoir se coltiner les inévitables « marronniers », ces sujets qui reviennent à chaque fois de manière régulière, qui n'évoluent pas et qui sont là pour meubler. Et, avec l'arrivée de l'automne, on a bien pensé nous aussi que nous allions devoir y céder. Malgré l'arrivée de la saison des châtaignes, toujours une bonne idée de discussion, le travail toujours au top de Garmonbozia nous a empêché d'en venir à de telles extrémités. Rendez-vous compte, ce 2 octobre 2017, nous étaient offerts 4 groupes pour une soirée placée sous le signe de l’extrémisme musical. Et croyez-nous, ils en ont distribué, des châtaignes et chaudes, ces chers Archgoat, Bölzer, Svartidaudi et Eggs of Gomorrh en direct depuis Le Petit Bain. 


On va commencer ce live report, une fois n'est pas coutume, par un mea culpa. Malgré nos efforts, nous n'avons pas réussi à arriver à l'heure pour le set de Eggs of Gomorrh, et à ce titre nous présentons nos excuses non seulement à Garmonbozia mais aussi et surtout au groupe ainsi qu'aux lecteurs. Croyez bien que nous en sommes les premiers déçus. 

Le premier concert auquel nous assisterons sera donc celui des Islandais de Svartidaudi. Nous n'allons pas vous expliquer, une fois encore, à quel point les groupes de Black Metal, et de manière plus générale de nombreuses formations provenant de cette petite île, comptent aujourd'hui dans la scène underground. Nous allons plutôt vous enjoindre à vous renseigner sur le groupe, à écouter ses productions studio et à aller les voir sur scène. Les quatre musiciens mettent en place une atmosphère ésotérique mais qui ne se relâche jamais en tension, aidés en cela par un Black Metal assez expérimental sans pour autant perdre de vue une brutalité et une concision qu'il peut être difficile à conserver, notamment lorsque l'on souhaite développer des sonorités riches et originales. On notera également, ce qui n'est pas négligeable loin s'en faut, une qualité d'écoute bienvenue. Malgré les blasts et les deux guitaristes, chaque partie reste audible et distincte, ce qui permet d'apprécier à sa juste valeur les qualités de composition dont font preuve nos amis venus du nord. 

Direction la Suisse, ses paysages champêtres et Bölzer. Le groupe vient défendre son premier album, Hero, qui fait suite à trois EP plus que réussis. Autant jouer carte sur table, l'écoute de Hero ne m'avait pas enthousiasmée, loin s'en faut. Pourtant, la réputation scénique du groupe, les qualités techniques du duo et leur inventivité avait fini par effacer les quelques doutes qui pouvaient planer dans mon esprit. Malheureusement, ceux-ci se sont en réalité confirmés. Tout d'abord, au contraire de leurs prédécesseurs, le son n'a pas mis le groupe à son avantage. Alors, peut être n'étais-je pas au bon endroit. Sans doute d'ailleurs, vu les discussions que nous avons eu avec d'autres spectateurs. Reste que, même en me déplaçant, je n'ai pas ressenti les mêmes choses que lorsque j'écoute leurs productions studio, et notamment ce son de guitare si particulier. Cependant, une bonne sonorisation n'équivaut pas forcément à un bon concert, et le contraire est aussi vrai. Reste que j'ai buté sur un autre élément, le même que celui qui m'a semblé dérangeant sur Hero, à savoir le chant clair. Je n'ai pas vraiment envie de rentrer dans les détails, d'autant que cet élément fait partie intégrante désormais de l'identité du groupe. Pourtant, impossible à son écoute d'apprécier la performance du groupe. Les parties instrumentales, certes pas aidées par le son qui va aller en s'améliorant, avouons-le, sont là et font le travail, mais cela ne suffit malheureusement pas, en tout cas pour moi. Car oui, je fais partie des quelques rares personnes qui n'ont pas apprécié Bölzer, je le confesse, et je ne fais visiblement pas partie de la majorité. Voilà donc pourquoi cette partie du live report est rédigée à la première personne du singulier, pour accentuer la dimension très personnelle de cette analyse que vous êtes libres de ne pas partager. 

Si Archgoat se présentait aux élections, le monde serait dans un premier temps devenu bien plus amusant mais surtout leur programme se résumerait à quelques slogans comme « Prier Satan » et « Tout détruire ». (Mal)heureusement, cette situation reste avant tout hypothétique. La trace rouge qui nous reste sur le bord du visage est quant à elle bien réelle car les Finlandais ont visiblement décidé de nous rosser. Corpse paint, batteur qui fait le signe de la croix inversée avec ses baguettes, son de basse ahurissant et, au contraire, rachitique pour la guitare, tout est paré pour une bonne séance de Black Metal à l'ancienne, sans une seule once de second degré. Car si leur imagerie peut prêter à sourire, Archgoat n'est pas à prendre à la rigolade une fois la machine lancée. Pas de pitié pour les retardataires, les tubes vont s'enchaîner toute la soirée sans aucune pause. Les déferlements de blasts et de riffs malsains qui ont fait la renommé du trio sont là et écrasent sans effort chaque membre présent dans l'auditoire. Mais ce qui fait la force de la prestation des Finlandais, c'est cette propension à lâcher de nombreux morceaux mid-tempo pendant la soirée. N'allez pas pour autant croire qu'il s'agit de respirations ou de moments pouvant permettre de relâcher la pression, vous seriez loin du compte et vous vous exposeriez à de sérieuses déconvenues, notamment lorsque les choses s'emballent. Si on y ajoute la voix démoniaque de Lord Angelslayer et les claviers glaciaux, alors le compte est bon. 

C'est donc avec l'esprit noirci que l'on quitte Le Petit Bain. Non pas que la soirée fut désagréable, loin s'en faut, mais Archgoat a réussi à nous faire tout voir en noir et ça tombe bien car dehors, il fait nuit. Sur le chemin du retour, on se dit que ces Finlandais et Svartidaudi font quand même bien le boulot et que la scène Black Metal a encore des beaux jours devant elle. Si Bölzer ne nous a pas spécialement convaincu, une très grande partie de l'audience n'était pas de notre avis. Après tout, les goûts et les couleurs... 

Raikage (Octobre 2017)

Un immense merci à Garmonbozia et aux groupes, à qui nous renouvelons toutes nos excuses pour le retard de début de soirée. 

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