Opeth + Myrkur Le Trianon, Paris (21/11/2016)

On ne les arrête plus ! Pour la troisième année consécutive, Opeth étaient de passage à Paris, pour le bonheur des petits et  grands. Sans surprises, Sorceress n’est pas le grand retour tant attendu au death metal, mais marquait tout de même une forme de renouveau dans les compositions de Mikael Akerfeldt. La belle salle du Trianon était un écrin idéal pour cette tournée cru 2016.


Myrkur

L’annonce qui Myrkur assurerait la première partie d’Opeth à Paris n’avait pas fait que des heureux, tout simplement parce que cette musicienne est loin de mettre tout le monde d’accord avec son black metal primitif mêlé à des lignes de chant clair cristallines. Ce que personne ne savait, c’est que ces dates ne seraient pas assurées avec une formation rock habituelle, mais simplement par Amalie Bruun accompagnée de deux choristes, un choix d’autant plus intéressant que ces voix supplémentaires semblaient souvent manquer lors des concerts metal du projet. Ayant sorti cette année un EP live avec des morceaux réarrangés au piano et à la guitare acoustique, c’est dans ce même format que les compositions nous sont présentées ce soir.



Premier constat : il est plus qu’agréable, parfois, de ne pas se faire violenter les oreilles d’entrée de jeu avec de la distorsion et de la double pédale à gogo. Un peu de piano et chant polyphonique ne font pas de mal, surtout quand c’est très bien exécuté, et c’est présentement le cas. On pourrait faire un certain nombre de reproches à Amalie Bruun par rapport à Myrkur, mais même les plus critiques ne pourront pas lui enlever qu’elle a une technique vocale irréprochable en chant clair. L’intensité, le timbre, la justesse, la mélodie : tous les éléments sont présents pour tomber sous le charme, a fortiori quand les trois chanteuses se lancent dans des harmonies à la Ulver. Ce soir, seuls les meilleurs aspects de la musique de Myrkur sont présentés, et ça marche. Ca marche très bien même !



Clairement, tout n’est pas excellent dans ce set d’une quarantaine de minutes, notamment un morceau chanté par Myrkur seule tout en jouant de la guitare acoustique, dont le riff  est un peu répétitif. Mais l’efficacité de ces chansons « unplugged », associée à ces belles harmonies, montre que la Danoise pourrait tirer son épingle du jeu en jouant cette carte à fond. Pourquoi pas avec un album complet dans cette veine, avec piano, chœurs et instruments médiévaux ? Affaire à suivre.


Opeth

Il y a des choses dont on ne se lasse pas. Entendre « Ecstasy of Gold » en introduction d’un concert de Metallica par exemple. Et bien pour Opeth, c’est la même chose : impossible de se lasser de cette magnifique intro’ « Through Pain to Heaven » signée Popol Vuh.  C’est l’annonce que l’on va passer un bon moment, et les Suédois ne vont pas nous décevoir sur ce plan, bien au contraire. A défaut d’être vraiment original, le morceau « Sorceress » a le mérite d’être terriblement accrocheur et groovy, avec son riff doom qui n’est pas sans rappeler Candlemass et autre Pentagram. Ô joie, le son est excellent ce soir, laissant parfaitement entendre les guitares affûtées comme des rasoirs de Mikael Akerfeldt et Fredrik Akesson. Et l’intensité va monter en flèche avec le concert qui continue, grâce à une setlist fourbie de classiques : « Ghost of Perdition » ou « Demon of The Fall »  pour le death, « Face of Melinda » ou « Windowpane » pour le prog ciselé et toujours interprété avec beaucoup de talent par le groupe dans son ensemble. (mention spéciale à Joachim Svalberg aux claviers et Martin Mendez à la basse)



C’est d’ailleurs vrai à tel point que même les morceaux récents s’insèrent parfaitement dans le flot du concert que ce soit « The Wilde Flowers » ou « Cusp of Eternity ». Seul hic : Mike semble fatigué, et cela s’entend vraiment au niveau de la voix. C’est certes très bien chanté, et juste, mais il est clairement audible que le Suédois est fragile vocalement. Le chant clair a peu de coffre, et Mike fait le service minimum  en growl. Si les spectateurs espéraient entendre de grands hurlements sur « Heir Apparent » ou « Deliverance », ils ont dû être un peu déçus. Mais il ne s’agit pas ici de noircir le tableau de manière exagérée : la qualité des albums comme des concerts d’Opeth depuis de longues années ont simplement formé une forme d’exigence de la part leur public.



Entre les morceaux, nous avons droit aux habituels traits d’humour de Mike. Cette fois, il nous parle de la première chronique d’Opeth dans un magazine français, qui s’était soldée par un sévère 1/10. Il plaisante aussi sur l’accueil de Sorceress auprès d’une partie des fans qu’il décrit comme « pas si enthousiaste ». On regrettera tout de même que le groupe ait choisi de jouer deux chansons de Ghost Reveries, alors que c’est justement l’album qui a été joué en entier il y a à peine un an ! On sait que Mike aime faire plaisir au plus grand nombre de ses fans, mais une setlist un peu plus fantaisiste n’aurait pas fait de mal : à quand d’autres morceaux de Watershed ou Still Life ? M’enfin, « The Grand Conjuration » a le mérite de faire entendre Joachim Svalberg jouer des bongos, un des pinacles du concert sans aucun doute. Bref, Opeth a, encore une fois, donné un très bon concert. Mais un peu plus de prise de risque ne serait pas de refus, surtout quand les passages sont aussi réguliers.

Neredude (Décembre 2016)

Photos : Léonor Ananké / © 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.


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