Fall Of Summer 2016 - Jour 1 Torcy, le 2 septembre 2016

Cela devient une habitude agréable tous les premiers week-end de septembre d'aller se mettre au vert du côté de Torcy. Pour la troisième année consécutive, direction le Fall of Summer et quel accueil, puisque des agents de sécurité sont là pour aider les festivaliers à se garer. Service VIP dès l'arrivée, mais que nous réserverait alors le festival une fois à l'intérieur ? Du cvlte et des décibels, mais pas que !


Photo réalisée sans ventilateur !

Premier groupe du week-end, Hexecutor ouvre les hostilités un peu après midi, avec un peu de retard dû à l’ouverture plus tardive que prévue du site aux festivaliers. Direction la scène Blackwaters, au bord du plan d’eau de la base nautique de Torcy, pour voir les Rennais à l'oeuvre. Au programme, du Thrash ultra-efficace teinté de Heavy que les quelques dizaines de personnes rassemblées sur le sable déjà très chaud (il fait une trentaine de degrés et le festival démarre à l’heure la plus bouillante de la journée), le reste du public préférant s'abriter à l'ombre des quelques arbres présents sur le site. Cela joue bien, le son est très correct (il s’améliorera encore pour les groupes suivants) et le groupe fait preuve d’une belle présence et d’une énergie qui place sur de bons rails un week-end de Metal (mais pas que) qui s’annonce exquis (autant que les sandwichs à la saucisse d’Argentine du camion du Black Dog). Seul regret pour eux, celui que leur prestation n’ait pas eu plus de témoins, puisque l’accès au site, dont l’heure avait donc été repoussée, se faisait à une vitesse relativement lente en raison des contrôles de sécurité.


C'est vrai que le bassiste a un petit air de Bruce Willis...

On remonte vers la scène Sanctuary pour Die Hard, dont on peut presque compter les spectateurs sur les doigts des mains (et des pieds). La chaleur et l’heure presque matinale expliquent sans doute cela, ce qui n’empêche pas les Suédois de se donner à fond avec un Thrash bien solide, soutenu par un son à la fois lourd et dynamique (même si un peu moins bon à mon goût que sur la Blackwaters, une impression qui s’atténuera au fil du week-end). Les morceaux sont assez speed dans l’ensemble, teintés par moments de nuances Death, voire Hardcore. Le bassiste (et son magnifique tee-shirt Motörhead déchiré) et le guitariste donnent tous deux de la voix, dans des registres différents, pour un résultat qui, a défaut d’être très original, a le mérite de faire du bien par où il passe.


C'est pas beau de copier sur son voisin !

Trop rares sur les grands rendez-vous (une seule participation au Hellfest en 2009), c’est avec un plaisir démonstratif que le public du Fall of Summer accueille ADX, les pieds dans le sable. Le quintet rentre tout de suite dans le vif du sujet avec les deux titres les plus percutant de Non Serviam, son dernier album sorti en juin dernier : La Mort en Face et surtout la Complainte du Demeter, avec sa puissante intro en guitares harmonisées, plantent le décor. Difficile de résumer 35 ans de carrière en l’espace de 8 titres mais le groupe arrive à offrir un panel quasi complet de sa discographie. Phil harangue les spectateurs de sa voix devenue, au fil des ans, rocailleuse. Les titres les plus anciens comme Déesse du Crime ou Mémoire de l’Eternel apparaissent ainsi sous un jour nouveau, plus graves et plus lourds. Division Blindée permettra aussi au public de s’époumoner pendant le refrain, et cerise sur le gâteau, alors qu’on pensait le concert terminé, ADX débute leur incontournable tube Caligula. Mais, mauvaise compréhension avec l’équipe technique, le temps alloué étant dépassé (les concerts ayant commencé en retard), la régie baisse drastiquement le son dès les premières minutes de la chanson. ADX, souhaitant apparemment jouer jusqu'au bout des 45 minutes prévues, décide alors de terminer la chanson malgré tout, par respect pour les fans n’ayant pas quitté la Blackwater. Un beau moment de Rock’n Roll.


Comme pour les Gremlins, il ne faut jamais les exposer au soleil !

Le Black Metal des Français de Merrimack sonne de façon plutôt classique (attention, je ne suis pas un spécialiste du genre, mais c’est l’impression que le groupe m’a donnée). Le travail des guitares est intéressant, la batterie écrasante et le rendu global très sale fait son petit effet si l’on prend la peine de s’y immerger, ce qui n’est pas forcément évident avec une température et un ciel peu propices à la mise en place de l’ambiance qui semble la plus adéquate pour apprécier ce genre musical. On ne peut qu’apprécier d’autant plus l’intensité déployée par Merrimack pour tenter de nous transporter dans un endroit nettement plus froid et sombre, y parvenant presque (même en terminant le set avec une reprise de Massacra, Ultimate Antichrist, arrivant un peu comme un cheveu sur la soupe) avant que les effluves de frites et de saucisses et la perspective de redescendre vers la plage pour Abigail nous remettent les pieds sur terre (et dans le sable).


Bandana Suicidal Tendencies, tshirt Trust : influences variées pour Abigail !

Dès les premières notes, les choses sont claires. Abigail n’est pas venu du Japon pour beurrer les sandwichs. L’énergie et la bonne humeur dont font preuve le trio se révèlent immédiatement communicatives. Encore une fois, ce n’est pas la foule devant la scène, mais leur espèce de Thrash-Punk’n’roll à l’accent Black Metal trempé dans la graisse de moteur dessine immédiatement un sourire sur mon visage. Aucune prise de tête, donc, de la part du groupe qui ne se prend décidément pas au sérieux, comme en témoignent les sourires et grimaces sur le visage du bassiste et hurleur Yasuyuki Suzuki. Déroulant sa setlist à 100 à l’heure, Abigail semble ne se soucier de rien, ni d’un son parfois approximatif, ni du fait de jouer en plein après-midi, semblant juste vouloir profiter de l’instant. Un vrai bol d’air frais.


Bienvenue au All Star Game du Metal Français !

Massacra
serait au Death Metal ce que Vincent Van Gogh est à la peinture : parti trop tôt, sans avoir atteint le niveau de notoriété qu'il aurait mérité de son vivant. Il fallait être fou pour se lancer le pari de faire revivre ce groupe l'espace d'un concert, tellement leurs compos étaient alambiquées et compliquées et tellement le groupe a atteint maintenant un statut culte. Le droit à l'erreur n'était pas permis et c'est à un sans faute auquel nous auront eu droit. Sur la base d'Alex Colin-Tocquainte (Agressor) et Fred Leclercq (Sinsaenum, DragonForce) aux guitares, Steph Buriez (Loudblast, Sinsaenum) à la basse et Kevin Paradis (Mithridatic, Agressor), plusieurs chanteurs se succèderont derrière le micro : Pierrick de Phazm, S.A.S. de l'Argilière de Misanthrope, Mick Caesare de No Return, et Alex et Steph eux-mêmes. Cette belle équipe revisitera les quatre premiers albums du groupes en neuf titres, dont les incontournables Enjoy The Violence ou Evidence Of Abominations. On sent qu'ils ont à coeur de faire les choses bien, la mise en place est carré, l'exécution impeccable et malgré la difficulté technique des morceaux, les musiciens se permettent quelques facéties sur scène. Il n'y a maintenant plus qu'à espérer qu'ils remettent le couvert très prochainement.


Pas de contact visuel avec le public, non non !

L’un des concerts que j’attendais le plus de ce festival était celui d'Oranssi Pazuzu, terriblement marri que j'étais de les avoir loupés au Roadburn. Les Finlandais ont sorti mon album préféré de l’année 2016 et je ne pouvais donc pas les rater. Rendez-vous était donc pris devant la Blackwater Stage en ce bel après-midi et le moins que l’on puisse dire c’est que je ne serai pas déçu. Les cinquante minutes de set qui leur sont accordées sont avant tout centrées autour de leur dernier album et ce n’est pas pour nous déplaire tant les cinq musiciens nous embarquent dans leur trip cosmico-démonico-psychédélique. Un son ultra puissant, une basse ronde et enivrante et un batteur qui alterne entre les blast beats et les rythmiques Motorik, il n’en fallait pas plus pour convaincre tous les curieux et les amateurs du groupe. L’équilibre entre les différents instruments est parfait et l’on n’a aucun mal à discerner les claviers et les guitares, même au premier rang. Navigant entre la folie pure et improvisée et les parties plus composées et carrées, le groupe prouve son statut d’étoile montante du Metal qui s’affranchit des barrières stylistiques. Un grand moment de Space Black Metal.


Jouissif !

Les programmateurs du Fall of Summer ont eu la très bonne idée de faire venir à Torcy un groupe mythique du Heavy Metal, Manilla Road, porté depuis près de 40 ans par le guitariste/chanteur/compositeur Mark « The Shark » Shelton, dorénavant entouré de musiciens qui pourraient être à la fois ses enfants, ses petits frères ou ses fans ! La formation actuelle comprend en effet au chant Bryan Patrick, ancien roadie du groupe, et à la batterie l’Allemand Neudi Neuderth, qui a commencé par animer une page internet sur le groupe à la fin des années 90 avant de finalement rejoindre ses rangs. C’est donc un quatuor particulièrement soudé qui est venu avec le sourire nous dispenser un cours de Heavy où tout le monde, débutants comme experts, pouvait trouver son bonheur. Les compositions brillantes de Shelton sont servies par une interprétation impeccable où l’énergie déborde de tous les coins de la scène. Si la foule n’est pas immense devant la Sanctuary, les hymnes comme Flaming Metal Systems ou Road Kings (issus tous deux de l’excellent Open The Gates) ou Death Be The Hammer assurent leur dose de headbanging et de hurlements. La décharge Up From The Crypt en rappel finit de me convaincre, c’est à l’un des meilleurs concerts du week-end que je viens d’assister. L’interview qu’ils nous accorderont le lendemain ne fera que confirmer qu’en plus d’être de talentueux serviteurs de la cause Metal, ce sont également les quatre mecs les plus adorables du monde.


Is it cause, cause I have a pair of wings ?

Vader débute comme à l'accoutumée maintenant avec Wings. Après un tel titre dès l'intro, on pourrait presque se demander si c'est vraiment nécessaire de rester, si la suite du concert sera à la hauteur. Alors on se pose les fesses dans l'herbe, à l'ombre, pour se manger les vibrations et les décibels et on se dit que oui, on a bien fait de rester. Les Polonais joueront leurs deux nouvelles compos Prayer To The God of War et Parabellum, issues de leur EP Iron Fist fraichement sorti. On cerne rapidement la thématique et effectivement, c'est un peu la guerre qui fait rage sur la Blackwaters même si Piotr passe son temps à sourire entre les chansons. Le set est ultra carré et se termine sur le presque joyeux Hellelujah (God is Dead). De quoi réjouir tous les metalleux (histoire de maintenir la vie dure des clichés).


Répète un peu pour voir !!!

Après la tatane dans la gueule Vader, place à un peu plus de légèreté avec Riot V. Après une très longue intro instrumentale, les musiciens affichant une bonne humeur communicative sur leurs visages, Todd Michael Hall débarque enfin sur scène avec sa musculature imposante et sa voix qui ne l'est pas moins ! Le groupe enchaine sans temps mort une setlist faisant le grand écart entre les différentes périodes du groupe, mais mettant l'accent sur l'album du premier comeback, Thundersteel, sorti en 1988, sans oublier le petit dernier Unleash The Beast. Les solos et les plans en guitare harmonisées pleuvent pendant une petite heure, Don Von Stavern assure le show à la basse et la fin du set deviendra même complètement épique avec le tombé de chemise de Todd et le combo Swords and Tequila et Thundersteel. Cliché mais tellement jouissif !


Malheureusement, aucun festivalier en cosplay Batman n'est monté sur scène !

Pour sûr, l’emploi du vieux logo de Samael sur l’affiche en avaient intrigué plus d’un, à raison. Le concept était bien simple et en accord avec la philosophie du Fall of Summer : un set axé sur les trois premiers albums du groupe, véritables pierres angulaires de l’explosion Black Metal des années 90. C’était très alléchant sur le papier, mais les Helvètes allaient-ils arriver à faire honneur à leur passé ?
Il ne faut que peu de temps à Samael pour nous convaincre que ça va très bien se passer. Les plus attentifs auront remarqué que l’intro’ du concert n’est autre qu’un extrait de la BO d’Iron Sky, signée Laibach ! Ce qui est intéressant ici, c’est que la formation joue ses vieilleries, mais avec son approche moderne, à savoir beaucoup plus technoïde et indus. C’est un parti pris qui n’aura sans doute pas plu aux puristes, mais d’un autre côté, on imagine mal Xytras se remettre derrière un kit de batterie juste pour un concert… C’est donc de la boîte à rythme, avec de temps en temps Xytras qui martèle un petit kit pour ajouter une couche supplémentaire. Honnêtement, c’est plus visuel qu’un réel plus. À la voix, Vorph est toujours impeccable, en plus d’être très charismatique avec son accoutrement qui le fait ressembler à un samouraï. Au menu donc, la quasi-intégralité de Ceremony of Opposites, avec un superbe jeu de lumières noir et blanc, qui s’accorde parfaitement avec le maquillage « Janus » du deuxième guitariste Makro. Les riffs très martiaux, associés aux claviers bien kitsch font des ravages. Tout cela file bien vite vers la fin du concert, où Vorph annonce qu’ils vont jouer After The Sepulture tiré de Blood Ritual, chose qu’ils n’avaient pas faite depuis une vingtaine d’années. La tension est à son comble dans la fosse, où on peut observer un bon nombre de spectateurs en train d’headbanguer comme des possédés. Après un Into The Pentagram toujours très efficace, Samael fait un bon dans l’espace temps en terminant avec The Truth is Marching On de Lux Mundi. Sur ce titre très rapide, la boîte à rythme couvre les guitares, une petite bévue qui ne vient cependant pas ternir un très bon concert. Il aurait été intéressant d’entendre plus de titres de Worship Him et Blood Ritual, mais gageons que les Suisses ne veulent pas non plus trop se replonger dans le passé, étant sur le point d’enregistrer un nouvel album.

Je l’avoue d’emblée, je suis loin d’être un connaisseur de Revenge et de sa discographie. J’étais tout de même particulièrement intrigué à l’idée de les découvrir en live. Il y a du monde, beaucoup de monde devant la Sanctuary lorsque le groupe arrive, à 22h pétante, un horaire de choix. Je dois  l’admettre, la violence qui se dégage de la musique du groupe peut avoir quelque chose d’hypnotisant. Techniquement c’est du haut niveau (mention spéciale au batteur, hallucinant), mais j’ai du mal à me raccrocher à quoique ce soit lors du set des Canadiens. Leur mélange de Death et de Black est cohérent et très bien interprété, mais beaucoup trop linéaire à mon goût. L’alternance de vocaux inspirés des deux styles en question ne manque pas d’intérêt, mais l’impression d’écouter un seul et long morceau d’un heure finit par avoir raison de ma ténacité et je prends, quelques minutes avant la fin du set, la direction de la plage pour m’installer avant Paradise Lost.

Nous sommes passés à deux doigts de voir un britannique perdre son flegme !

Les vétérans du Gothic Metal Paradise Lost traînent leurs guêtres depuis bientôt 30 ans sur la scène internationale mais, en ce vendredi soir, le groupe va proposer quelque chose de spécial puisqu’il va revenir en grande partie sur ses premières années d’existence. Malheureusement les problèmes techniques vont s’enchaîner ; après un départ légèrement en retard, le son s’avère un poil faiblard et, pour ne rien arranger, Gregor Mackintosh, passablement énervé, ne peut jouer un de ses solo, celui de Embers Fire de surcroît ! Ce que ne manque pas de relever Nick Holmes, qui essaie tant bien que mal de détendre l'atmosphère. De quoi regretter parce que le groupe est tout sourire et se donne à fond tandis que les compositions font mouche. Comment ne pas succomber à des tubes comme Gothic ou Shattered qui comptent parmi mes favoris de la discographie du groupe. Un bilan en demi teinte malheureusement puisque rien n’est véritablement imputable au groupe ou à sa performance.

Whiplash débarque sur la Sanctuary pour fêter comme il se doit les 30 ans de son premier album, Power And Pain. Tony Portaro a pu compter sur le retour en 2015 du batteur d'origine, Tony Scaglione, et c'est accompagné par Dank DeLong à la basse que le groupe se présente devant le public pour une démonstration de Thrash Metal. On pourra regretter l'absence d'une deuxième guitare, qui apporterait plus d'épaisseur au son, surtout lors des solos. Mais une chose ne trompe pas, le public est présent en masse devant la scène pour s'en prendre plein la gueule jusqu'au bout. Insult To Injury enfonce d'ailleurs bien le clou avec son refrain implacable.

Les concerts finis, les oreilles des festivaliers encore vaillants sont confiées au bon goût musical de Mathieu David qui mixera jusque tard dans la nuit, pendant que nous irons reprendre des forces pour la seconde journée qui nous attend...

(et pour le report du samedi, c'est par ici)

Grum (Octobre 2016)


Ce report est le fruit du travail collectif de Chris, Neredude Raikage et Grum.
Un grand merci à toute l'équipe du Fall Of Summer pour leur accueil.
Crédits photos : Nicolas Fruchart / DNF Music Productions

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