Chaulnes Metal Fest 2016 Chaulnes (80)

Le samedi 26 mars avait lieu à Chaulnes (Somme-80), la quatorzième édition du Chaulnes Metal Fest. Pour ce cru 2016, l’organisation a concocté, comme toujours, une affiche où il y en a pour tous les goûts. Cela va du Metalcore de Beyond The Hatred, au Heavy de Gang, en passant par le Thrash / Death de Legion of The Damned. Dans cette affiche se glisse un triptyque démentiel d’amis du Old School Français, on ne peut plus éclectique : Putrid Offal, Mercyless et les légendaires Supuration. 


Top départ à 15 heures. C’est la jeune formation française de Metalcore, Beyond The Hatred, qui est chargée d’ouvrir les hostilités. Essuyer les planches est toujours délicat, on sent un peu de crispation, surtout que le groupe doit évoluer à 4 aujourd’hui au lieu de 5 habituellement. Si les débuts sont un peu timides, au fil du set les Valenciennois se lâchent et offrent une prestation pleine d’énergie avec un chanteur qui occupe bien l’espace, un batteur qui cogne, un bassiste à l’aise et une guitariste téméraire sur qui repose un bonne partie de la section rythmique, puisque son alter ego est malheureusement absent. Basée sur leur EP paru en 2014, Tropaïon,  Beyond The Hatred place plusieurs inédits dans sa prestation avec Blood Curse, The Oath ou encore le puissant Vivisexion. Les BTH ont fait le job et même un peu plus, il y a du potentiel, c’est indéniable. 



Nouveau groupe, nouveau style. Place au Heavy Metal de Spirit, la formation est expérimentée, presque 20 ans d’existence et pas moins de 3 albums et plusieurs EPs et démos. Le public est un peu plus nombreux et apprécie grandement le jeu de Spirit qui est un poil rétro, du bon vieux Hard / Heavy chanté en français. Beaucoup de déplacements de la part des musiciens, les titres s’enchaînent parfaitement : Le Klan, Jérusalem, Chasseur d’Image et Homme ou Diable sont à noter comme les plus réussis. Parfois un léger côté Iron Maiden se fait sentir, et ce n’est pas déplaisant ! Pas besoin d’être un vrai fan du genre pour prendre du plaisir, la prestation est sympa, Spirit nous rappel certains grand nom du Heavy français, dont le maître, Chuck Schuldiner était un fan. Hey oui, le leader de Death appréciait énormément le Heavy Metal made in France. 



L’un des nombreux plaisirs de ce genre de festival, c’est l’éclectisme totalement fou de l’affiche. Après du Metalcore et du Heavy bien hexagonal, place au … Grindcore ! Au Goregrind pour être précis, puisque Putrid Offal est un groupe qui mêle ambiance clinique et gore à son Grind surpuissant. Revenus d’entre les morts fin 2014, les Nordistes sont dans une forme étincelante et ce n’est pas cette prestation au Chaulnes Metal Fest qui prouvera l’inverse. Un son énorme, une mise en scène soignée avec des musiciens vêtus d’une blouse maculée de sang et un backdrop sublime. Putrid Offal envoie un bois terrible durant une quarantaine de minutes. Les titres de Mature Necropsy défilent à vitesse grand V : Purulent Cold, Mortuary Garlands, Organic Excavation, From Plasma To Embalming, écrasent une foule qui ne demande pas mieux. Les anciens font plus que de la résistance, ils assurent à tel point qu’on se demande si Laye, le jeune batteur de Dehuman tient le choc, un coup d’œil vite fait, et vu la façon dont il blaste, il le tient ! Quelques inédits également sont glissés dans la setlist, ils sont déjà bien rodés, on sent que Putrid Offal n’a pas fait un retour animé par la nostalgie, le groupe bosse dur et peu largement prétendre à s’imposer face à des formations plus jeunes. Le growl de Franck est plus profond que jamais, et que dire du touché de Fred sur la basse, un modèle du genre. Par contre pour Phil, avec autant de hargne, on craint qu’un jour la guitare ne finisse pas le concert. Vous l’avez compris, ce fut une grosse baffe de Metal Extreme. 



Il est presque 17h30 quand déboule sur scène, Mercyless, la deuxième partie du triptyque Old School français de la soirée. La formation alsacienne, emmenée par le charismatique Max Otero, en impose énormément, les gaillards ont une présence incroyable. Une intro instrumentale qui permet au quartet de s’installer et c’est un abattage de riffs colossaux qui résonnent dans la salle. Without Christ, God is Dreaming, Substance of Purity, ainsi que le tonitruant Infamy percutent une foule qui rentre immédiatement dans le concert. Expérimenté au possible Mercyless régale avec son Death Metal fait de brutales accélérations nuancées par des passages lourds, extrêmement écrasants. Une fois encore la technique parle, de nombreux leads et soli parsèment les géniaux Eucharistic Adoration et Abject Offerings, le bassiste n’est pas en reste avec un jeu aux doigts précis, tout en touché. On ne voit pas le temps passer tant la performance est solide et propre. Un inédit pour amorcer la fin du set, Pathetic Divinity, qui sera le titre du prochain album dont la sortie est prévue pour octobre et une reprise de Death, Evil Dead de Scream Bloody Gore pour la route, pas de doute, Mercyless est en très grande forme. 



Après ces deux claques on ne plus violente de pur Metal Extreme, c’est au tour de Gang de prendre relais. Nouveau virage à 180° puisque les Français officient dans un registre Heavy Metal. Pas né de la dernière pluie, Gang c’est 7 albums en plus de 25 ans de carrière et une belle aisance sur les planches. Pas du tout impressionnés par le public les Gang assurent le spectacle comme il se doit, leur Heavy rappelant de temps à autres les monstrueux Iron Maiden. On retiendra volontiers dans la dizaine de titres proposés : Chaos For Glory, Believer / Betrayer, All of The Damned ou encore The King Became a God. Pas avares en soli, les guitaristes s’en donnent à cœur joie, les vas-et-vient sont fréquent, le jeu scénique est très travaillé, le moment fort plaisant. 



Lorsque nous voyons les nombreux techniciens envahir la scène, peu de doutes possibles, Supuration prévoit un spectacle énorme. Fabrice nous a confié il y a peu (dans cette interview), que ce concert serait probablement l’un des derniers sous l’entité Supuration, vous imaginez sans peine que rien ne doit être laissé au hasard. Comme à leur habitude, les membres occupent l’espace de façon atypique, le batteur est de ¾ sur l’extrême gauche, le bassiste en retrait, et les frères Loez sur le devant. Les lumières sont sublimes, le son très bon, Supuration parvient merveilleusement à recréer cette ambiance si particulière qui fait vivre son Death Atmosphérique. Le set très Old School, s’articule principalement autour de The Cube avec : The Elevation, Soul's Speculum, 1308.JP.08, Through The Transparent Partitions. Mais aussi quelques titres plus rares en live comme Synergy Awakes de C3BE ou Tales From The Crematory et Suppurated récemment réenregistrés pour la compilation Reveries.... Le public est autant conquit par la prestation que par cette atmosphère si étrange. Difficile de mettre des mots justes sur les sentiments qui peuvent nous traverser, c’est brutal et mélodique, chaud et froid, malsain et salvateur, nous pourrions résumer en disant que c’est génial, tout simplement. Pour parachever ce tour de piste sans faute, Supuration terminera comme souvent, avec l’un des titres qui a fait sa légende : The Cube. Six minutes incroyables qui subjuguent et fascinent, comment croire que ce morceau a plus de 20 ans ? Comment ? Au révélateur qu’est l’applaudimètre, Supuration remporte haut la main le titre de la formation la plus acclamée et sans manquer de respect au reste du plateau, ce n’est que justice. 



Après ce déluge de groupes franco-français, c’est au tour des Allemands de Dew-Scented d’assurer le show. Une fois de plus c’est une formation très expérimentée qui se présente, près de 25 ans de carrière et une dizaine d’album au compteur. Les Teutons font très vite l’unanimité avec leur puissant Death / Thrash, ça tabasse élégamment, le son est nickel, le vocaliste Leif Jensen, communique énormément avec le public et souvent en français ! Turn To Ash, Scars of Creation, Never to Return ou Thrown to The Lion mettent tout le monde d’accord, le spectacle est à la hauteur des attentes, plus d’une heure de très bonne facture. 



Pour conclure cette quatorzième édition les organisateurs ont eu la bonne idée de faire appel aux Hollandais de Legion of The Damned. Groupe connu s’il en est, les Bataves ont régulièrement sillonnés l’Europe avec notamment Obituary, Keep Of Kalessin et Amon Amarth, mais aussi Cannibal Corpse, Behemoth, Suicidal Angels et Misery Index. Leur Death / Thrash fait mouche, la riche discographie est passée au peigne fin mais quelques inédits sont également joués pour le plus grand plaisir des fans présents. Seul hic, le son est extrêmement fort ! La fatigue se fait également sentir, les exposants remballent, on a presque envie que ça se termine malgré l’énorme professionnalisme dont Legion of The Damned fait preuve. 




Comme toujours à Chaulnes l’ambiance aura été superbe et conviviale. Tout le monde s’est bien amusé, les artistes ont été très disponibles pour les fans, la proximité est réelle, elle fait plaisir. Le seul regret, une fois de plus se situe dans le son et l’éclairage « maison », les groupes n’ayant pas les moyens de venir avec leurs ingénieurs se retrouvent énormément pénalisés. Ce n’est pas à la portée de tout à chacun d’être derrière une console. On oubliera vite ce détail et on se souviendra des bons moments devant les groupes et entres amis.

Shades of God (Avril 2016)

Remerciements : Momo, Mick, l'équipe du Chaulnes Metal Fest et les bénévoles présents. 

Crédits Photos : Metallic Photography. 

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