Psykup + Kruger + Counterfeit le 14/10/05 - MJC Oullins (69)

On pourra dire ce qu’on voudra, mais la vie citadine a tout de même un avantage : tout individu normalement sensible à la musique qui se trouve à proximité d’une ville comme Lyon peut allègrement satisfaire sa boulimie au moins toutes les semaines, et ce avec des soirées de qualité organisées par des associations de tous bords et autres salles renommées. Vous l’aurez peut-être compris, pour moi, pauvre campagnard réduit à un ou deux concerts par trimestre, la perspective d’une vie temporaire dans la capitale des gaules me ravit au plus haut point. C’est donc à peine installé et encore en manque de repères dans la cité que ma première soirée s’est tenue.

Ce vendredi 14 Octobre donc, à la MJC d’Oullins, petite (j’adopte le langage des autochtones, à moi, ça me paraît grand…) bourgade de banlieue étaient programmés Counterfeit, Kruger et Psykup. Le temps de trouver l’endroit (pas facile d’ailleurs), d’avaler un kebab et de faire connaissance avec un coreux du cru local et c’est avec plaisir que je découvre le dispositif de cette MJC, apparemment réputée pour accueillir d’excellents concerts depuis quelques années déjà. En sous-sol nous attendent un petit bar, des salles obscures ou non où chacun peut se détendre, faire connaissance, s’arrêter aux stands de merchandising tenus par les membres des groupes, d’ailleurs forts accessibles, en attendant le commencement de la soirée. La salle de tortures, elle, d’une capacité d’environ 200 à 300 personnes semble assez intimiste et on sent qu’elle a reçu bon nombres de personnalités de la scène internationale de tous bords. Très sombre, peu ventilée, la scène usée par les évènements passés, elle semble idéale pour accueillir Kruger (que j’attends de pieds fermes) et ressentir sa toute grande puissance.

Counterfeit ouvre le bal. D’abord annoncés comme étant remplacés par Arseniq 33 sur le site web de la MJC, les locaux sont pourtant bien là pour défendre leur album devant un public conquis d’avance. Pour moi, c’est la découverte, et mes à priori de groupe de néo-métal assez insipide (ne me demandez pas pourquoi j’avais cette image du combo) tombent rapidement lorsque résonnent les premières notes. En effet, Counterfeit œuvre dans un post-hardcore très lourd et progressif, avec des références évidentes telles que Cult Of Luna, Isis, ou Neurosis au niveau des instruments. L’originalité du combo vient de son chant alternant douces mélodies, très émotives, et de hurlements hardcore longs et puissants, comme dans les groupes susnommés. Un régal en tout cas pour les oreilles, et j’avoue que contrairement à ces groupes justement, le fait de découvrir la musique de Counterfeit sur le moment n’a pas été un facteur réellement gênant pour en profiter pleinement et se laisser pénétrer mentalement par ces lourdes ambiances. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas et on sent que la demeure des membres du groupe n’est pas très loin puisque bon nombre de spectateurs connaissent parfaitement les chansons voire même les paroles et l’attention de tous est vraiment retenue très haut. Bonne découverte donc que ce groupe qui surfe sur la vague d’un style de plus en plus en vogue, rien de mieux pour ouvrir mes shakras pour ce qui va suivre.

Juste le temps de préparer la logistique et Kruger (enfin !) entre en scène. Après une courte introduction le groupe entame son set qui prouvera une nouvelle fois que la suisse porte une marque de fabrique indéniable : une sorte de classe incroyable, mélange de charisme énorme et d’humilité profonde. Kruger en impose et tout particulièrement Chewbacca, gringalet à la voix grasse et rauque au possible, déchargée dans son Shure 55 qu’il maltraite au cours de simagrées très spontanées dégageant une aura incroyable. Kruger commence son set judicieusement avec les très efficaces Captain America et Las Vegas Is A Piece Of Shit nous desservent d’entrée une grosse goulée de noisecore aux relents décidément très sludges. Le rock’n’roll n’est pas mort, et même s’il prend toutes les formes, on sait le reconnaître, et les Genevois sont rock’n’roll indiscutablement, ça groove, ça croone, et Kruger prend aux tripes. Que les infidèles qui sont sortis en masse de la salle se repentent, le groupe sert un set incroyablement intense et défend à merveille son dernier disque en date, Cattle Truck, avec cinq chansons sur sept en étant extraits.  Cerise sur le gâteau, les suisses nous interprètent la magistrale The Drive Run, dernière piste de l’album tout bonnement bouleversante en live, 10 minutes quasi instrumentale durant lesquelles Chewbacca, va nonchalamment fumer une cigarette à croupis dans le public avant de saisir son lourd pied de micro pour interpréter ses lignes. Le membres attentifs du public sont groggy abasourdis par ce titre incroyable d’intensité et c’est à peine s’ils ont le temps d’apprécier Speedometer, déjà le dernier titre du set. Trop court, mais réellement la grande classe, chapeau bas.
Pourtant, il y a une vie après Kruger et c’est Psykup qui prend le relais sur la scène. N’attendant pas vraiment quelque chose de ce groupe, je vais être une nouvelle fois surpris. Les membres du groupe sont content d’être là et ça se sent. Brice (batterie) est comme toujours béat tandis que les deux chanteurs vont aller de folies en folies devant un public conquis d’avance : adolescents scoliosés venus en masse ou têtes plus anciennes, tout le monde ou presque reconnaît l’efficacité du set des toulousains. Il est vrai que Psykup a tellement de bouteille que ses musiciens pourraient presque jouer les yeux fermés. Cela n’aurait aucun intérêt, je vous l’accorde. Mais les esprits de Ju et Milka semblent se concentrer sur d’autres choses que la musique, des espèces de délires narcissiques assez drôle je dois l’avouer, nous aurons tour à tour droit à une imitation de forain, un massacre de For Whom The Bell Tolls de Metallica, ... Et cela n’empêche pas l’ensemble d’être incroyablement carré. Psykup va jouer près d’une heure trente, donnant le sourire à petits et grands, avec pêle-mêle To Be(tray) Or Not To Be, Teacher, Love Is Dead, et bien d’autres dont une grosse coupure durant le set, due à un abruti ayant déclenché l’alarme à incendie, que Milka intitulera Didier. Psykup terminera sur l’interminable l’Autruche, dans une version totalement extravagante où les deux chanteurs s’en donneront à cœur joie dans leur surenchère d’absurdités. Bonne surprise donc que ce set qui rehausse largement  le groupe dans mon estime après un show relativement raté il y a quelques mois.

Bonne surprise également que cette soirée, dans une salle agréable, un esprit de fête appréciable et avec 3 groupes en grande forme ayant desservi des sets de qualité. La vie à Lyon commence bien…

 

manulerider (Octobre 2005)

Setlist Kruger:
-Intro
-Captain America
-Las Vegas Is A Piece Of Shit
-1956
-Weight
-Yalta ( The Night Joseph Staline Stole My Heart)
-The Drive Run
-Speedometer

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