Ez3kiel + Chapelier Fou Paris, Le Bataclan, le 09-12-2014

Ez3kiel joue ce soir l'avant-dernière date de la tournée de release de son nouvel album, LUX. Avec une première partie de luxe, également, aka Chapelier Fou. Une date à donner le tournis mais qui s'annonce déjà comme une belle conclusion aux concerts parisiens, saison 2014.

Ne me demandez pas pourquoi, mais j'ai longtemps méjugé Chapelier Fou. Jusqu'à il y a au moins quelques jours avant le concert, je pensais que Louis Warynski versait dans l'abstract hip hop. Oui. Ces espèces de légendes urbaines ont la vie dure. J'ai quand même réparé mon tort en écoutant le petit dernier en date, Deltas, mignon et 613, très inspiré. Et l'envie est devenue grande d'entendre le rendu en live.
Ils ont donc débarqué à quatre (là où je m'attendais à n'en voir qu'un) et ont chacun pris place devant leur établi. Imaginer que les titres joués ce soir sont, à l'origine, l’œuvre de composition et d'exécution d'un seul esprit a quelque chose de vertigineux. Chapelier fou transforme des instrumentations néo-classiques (violon, alto, clarinette, violoncelle...) en hymnes electro relevés et entrainants. Communicative, la bonne humeur dégagée par les mélodies enfantines ainsi composées se reflète aussi dans la complicité et les sourires qu'affichent les membres du groupe sur scène. En rebond, le public n'est pas avare d'applaudissements et Chapelier Fou en remet une dernière couche inattendue avant de quitter le plancher. Une idée reçue démystifiée, c'est fait et à refaire avec plus de temps devant soi.

Pilier d'une partie de la scène electro française, Ez3kiel a notamment gagné ses galons grâce à la renommé de ses prestations scéniques qui tiennent du véritable show son et lumière. Et lorsque l'on enlève la bâche qui recouvre le "Magic Screen" (soit 4 barres de 12 écrans / projecteurs rotatifs), on obtient le premier wow effect de la soirée. Durant le set, le déluge visuel qui illustre chaque morceau est l'un des plus incroyables que j'ai pu voir sur scène. Grâce à ce système unique associé à deux lasers, on a vraiment l'impression que les lumières prennent vie et dansent en rythme avec la musique. Sentiment étrange de se retrouver dans un univers futuriste, qui vaut ici n'importe quel space opera. Nul doute que les Tourangeaux adoreraient discuter avec Trent Reznor (Nine Inch Nails), autre féru de délires à loupiotes.

Musicalement, et sans surprise, la part belle est donnée aux titres de LUX, le nouvel album tout juste sorti (dix titres joués ce soir). Pour l'occasion, Pierre Mottron viendra chanter "Anonymous" avec le trio, comme il le fait sur disque, pour la première fois sur scène. Une ambiance Trip hop qui rappelle à certains moments les premiers Massive Attack.
Je suis moyennement convaincu par LUX en studio au regard des précédentes sorties d'Ez3kiel mais, indéniablement le live permet de décupler la puissance de ses morceaux. Electro, Post rock ou Dub, que ce soit sur "L'oeil du cyclone", "Dead in Valhalla" ou "Zero Gravity", le dispositif visuel et le son impeccable qui résonne dans le Bataclan permettent une expérience totale. "Lux", taillée pour la scène, sonne comme du Nine Inch Nails période And All That Could Have Been ; l'incontournable "Versus", qui n'a pas pris une ride, avant le rappel met le feu aux poudres auprès d'un public déchainé. Le groupe se fait alors un malin plaisir de prolonger le morceau jusqu'à épuisement.

On ne m'avait pas menti : voir Ez3kiel en live, c'est entrer dans une autre dimension et profiter d'un vrai spectacle. Le groupe, discret, s'efface peu à peu devant la machine qu'il a lui-même créée pour laisser éclore son univers. Les mots ne suffiront pas à rendre justice à l'installation. La seule manière d'y croire, c'est de le voir.

Chorizo (Décembre 2014)

Merci à Clément (Base Productions) et à Euka.

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