Brian "Mitts" Daniels (Madball) La Maroquinerie, Paris, le 17/07/2014

Alors que le groupe, en provenance d'Allemagne, était bien à la bourre (balances décalées de plus d'une heure), nous arrivons à attraper à la volée Mitts (guitare) alors qu'il partait siroter quelques bières au bar des sports avec des amis. Quinze minutes plus tard, nous le libérons pour le laisser enfin déguster sa Leffe, après avoir pu parler musique, et sport !

Pour commencer, peux-tu me dire ce qui ne tourne pas rond chez vous, on dirait que vous passez plus de temps en Europe que n’importe où ailleurs…


Et bien il n’y a rien de mal à ça ! (rires) En fait, c’est simplement que la scène hardcore européenne dépasse toutes les autres. C’est ici qu’on nous réserve le meilleur accueil, c’est ici qu’on reçoit le plus de soutien, donc c’est normal de rendre la pareille. On apprécie toujours de jouer aux États-Unis bien sûr, mais le public est plus fidèle en Europe. Aux États-Unis, et je ne voudrais pas que ce que je vais dire soit mal interprété, car nous avons aussi beaucoup de soutien là-bas, le public semble beaucoup plus versatile et perd rapidement tout intérêt pour un artiste au bout de quelques années.

J’ai vu traîner quelques photos sur les réseaux sociaux... Elles étaient comment  les bières en République Tchèque ?

Ce sont les meilleures !!! J’adore la Pilsner Urquell, c’est ma préférée de toutes celles que j’ai pu goûter à travers le monde !

Quel est l’endroit  le plus cool où vous ayez joué cette année?

Notre plus gros concert a été le With Full Force Festival en Allemagne, c’était le premier de cette tournée européenne et il y avait 30000 personnes devant nous, complètement hystériques. C’était génial !

Sur Balls Of Destruction, on pouvait entendre Freddy crier "Hardcore Lives". Quel sens prend cette phrase 26 ans plus tard ?

C’est comme un cri de rappel et une réaffirmation de ce qu’on est, et de ce qu’on a toujours été : un groupe qui joue du hardcore, sans compromis et qui ne cherche pas à suivre ce qui est en vogue. C’est un message très simple, et c’est aussi une marque de respect envers la scène hardcore.

J’imagine qu’avec un titre pareil, toutes les chansons de l’album sont des tranches de vie…

Bien sûr ! Nous sommes un groupe de hardcore, on ne va pas se mettre à écrire des paroles qui traitent d’heroic-fantasy (rires). Même si ça arrive parfois que de groupes de heavy-metal parlent du réel (rires). C’est Freddy qui écrit la grande majorité des paroles, et à chaque fois c’est inspiré par son vécu. Si on parlait d’autre chose, ça n’aurait aucun sens pour nous. Tu le verrais raconter des trucs qui parlent de dragons, d’extra-terrestres ou d’autres conneries ? (rires) C’est du hardcore, ça raconte ce qu’on est, toutes les merdes qu’on a traversées.



Comment vous faites pour écrire des chansons comme Doc Marten Stomp par exemple, qui n’a pas vraiment de structure… Ça sort tout seul comme ça ?

Je ne vois pas trop ce que tu veux dire, je trouve que cette chanson est bien produite pourtant !

Je ne dit pas le contraire ! Je trouve que la structure est un peu compliquée et inhabituelle pour du hardcore.

Cool (rires). Là oui, je suis d’accord, on essaie toujours de rajouter des touches de nouveauté, pour ne pas faire et refaire toujours la même chose. Je n’aborde pas vraiment la composition d’une façon globale, mais plutôt comme un puzzle qui s’assemble pièce par pièce, des fois ça peut déboucher sur une chanson avec une structure classique couplet/refrain, et parfois sur un truc où tout est dans le désordre, avec des nombres de mesures qui ne sont pas les mêmes d’un couplet à un autre, des refrains qui ne sont pas joués dans la même tonalité, comme pour Doc Marten Stomp. C’est vraiment une fois qu’on est tous ensemble qu’on décide de la structure finale de chaque chanson.

Vous avez travaillé de la même façon sur Hardcore Lives que pour vos précédents albums ?

Oui, même si cet album nous a pris un peu plus de temps que d’habitude : on arrive au studio avec les riffs de base, on les assemble, et ensuite tous ensemble on compose par dessus pour obtenir le résultat final.

Il y a le catcheur CM Punk en guest vocale sur My Armor, peux-tu donc me confirmer si c’est un vrai punk ?

(rires) En tout cas c’est un grand fan de Madball ! Il est aussi fan de Terror, de H2O… c’est un vrai coreux. Ça doit faire 3 ou 4 ans qu’on le connaît maintenant, voire même 5 ou 6, je ne sais plus bien, il est vraiment à fond dans la musique. Il est connu en France ?

Oui, oui, pas mal. Le catch et la WWE sont redevenus très populaires il y a quelques années.

Cool ! Tu vas rire, le truc c’est que je n’y connais rien en catch, je n’en regarde jamais, mais Freddy et Hoya sont fans. Et donc quand CM Punk s’est pointé les premières fois à nos concerts, je savais que c’était un catcheur, mais je ne savais pas qu’il était aussi célèbre que ça ! Alors un jour je lui ai demandé “il y a moyen de te voir combattre à la télé un de ces quatre ?” “bah oui, je passe tous les vendredis soir !” (rires). Et donc le vendredi suivant, j’étais devant ma télé, et il n’y en avait que pour lui ! Je connaissais une superstar du catch sans le savoir (rires).

La performance de Candace de Walls Of Jericho sur Born Strong est impressionnante ! Elle a déjà chanté sur scène avec vous?

Dans le clip, il y a justement des extraits d’un concert, et il s’agit d’un vrai concert, où elle a chanté avec nous ! À chaque fois qu’elle est dans les parages, elle nous rejoins sur scène.

Elle vous a retrouvés en studio pour enregistrer ses parties vocales ?

Non, elle a fait ça toute seule de son côté et nous l’a envoyé par internet. Ça a été la même chose pour toutes les autres guests de l’album (NB : Scott (Terror), Toby (H2O), Chad (New Found Glory, Shai Hulud)).



Sur Hardcore Lives Il y a une nouvelle fois une chanson en espagnol avec Mi Palabra. C’est quelque chose d’important pour vous ?

Oui, on a une chanson en espagnol sur quasiment tous nos albums. Hold It Down doit être le seul où il n’y en a pas. Il y en a une sur Look My Way, il y en a une sur Legacy, sur Infiltrate The System

Je ne crois pas pour Infiltrate The System, j’ai vérifié.

Oui, tu as raison ! (rires) Mais il y en a deux sur Empire, ça rattrape (rires). La famille de Freddy est d’origine colombienne et cubaine, celle d’Hoya de l’Équateur. Cela fait donc partie de leur héritage. Et nous avons aussi de nombreux fans en Amérique du Sud, et en Espagne. C’est notre façon de témoigner notre respect à la culture latine.

Les guitares BC Rich, c’est de la bombe ?

(Rires) Oui, ce sont mes guitares préférées ! J’ai joué sur une BC Rich pendant des années et des années avant de me la faire voler. Quand j’ai raconté ça aux dirigeants de BC Rich, ils m’ont offert deux nouvelles guitares, vraiment magnifiques, et maintenant je suis endorsé chez eux.

Ton son de guitare est vraiment plus imposant sur Hardcore Lives que sur Empire. Tu as changé des éléments dans ton matériel au niveau ampli ou effets ?

C’est  simplement la production qui est bien meilleure sur Hardcore Lives, pour notre plus grande satisfaction. J’ai effectivement change d’ampli, mais pour du matos de même type, donc c’est vraiment la production qui a fait la différence sur la puissance du son. J’aime ça (rires).

Comment s’est passée votre arrivée au sein de l’écurie Nuclear Blast lors de la sortie de l’album Empire ?

Tout ce que nous faisons avec Madball a pour but de nous permettre de toucher un plus grand nombre de fans et que notre musique soit écoutée par le plus de monde possible, donc à ce moment là, Nuclear Blast était le label qui nous offrait la meilleure opportunité pour arriver à nos fins. Ça nous a fait du bien de travailler avec de nouvelles personnes également, elles ont fait du bon boulot d’ailleurs ! Aux Etats-Unis, nous sortons nos albums sur notre propre label, Black ’n Blue, ce sont nos couleurs.

Tu peux me raconter un peu plus en détails ce qu’il s’est passé à Graz le 15 décembre 2013, quand vous avez viré vous-mêmes de la salle des spectateurs néo-nazis ?

Cette fois-là, ces mecs ont complètement dépassé les bornes, ils étaient complètement irrespectueux et constituaient un probleme pour tout le monde, le reste du public, et nous, le groupe. Nous ne sommes pas les genres de mecs à appeler la sécurité à la rescousse, même si cela aurait été certainement la chose la plus intelligente à faire ce soir-là, des fois tu réagis avec ton coeur, ou tes tripes. Tout ce qui touche au fascisme, à l’extrêmisme et aux mouvements “anti-quelque-chose”, tout ça n’a pas sa place dans le hardcore, nous n’avons pas de temps à perdre avec tout cette merde ! Nous sommes multi-éthniques, multi-culturels, la scène hardcore est ouverte aux personnes de toutes origines,  et ces personnes-là n’y ont pas leur place.

Comme je sais que tu es fan, quelques questions sur le sport pour finir. J’imagine que tu as suivi la Coupe du Monde de football ?

Mais bien sûr ! (en français dans le texte) Ça a été une excellente Coupe du Monde. Et comme on est à Paris, je vais te dire que ça m’a vraiment fait plaisir de voir l’équipe de France revenir à un très bon niveau, comme s’ils avaient redémarré le programme, pour prendre une métaphore informatique. Ils ont très bien joué et j’ai toujours apprécié votre équipe nationale. J’adore Zidane, et tu sais peut-être qu’à New-York nous avons toujours Thierry Henry qui joue chez les NY Red Bulls. À la fin des années 90, début des années 2000, vous aviez une putain d’équipe avec aussi Patrick Vieira, et vraiment ce qui s’est passé en Afrique du Sud en 2010, c’était vraiment embarrassant, et un vrai gâchis ! Donc cette année, voir votre équipe faire son retour à un tel niveau ça m’a vraiment plu, et j’aurais bien aimé que vous battiez l’Allemagne en quart de final !

Est-ce que tu t’es remis de la défaite des NY Rangers (NHL) en finale de la Stanley Cup ?

Non, toujours pas ! C’est mon équipe fétiche, je les ai vu jouer pour la première fois lorsque j’avais quatre ans, mon père supporte cette équipe, mon grand-père supportait cette équipe. Ça aurait été vraiment génial qu’il puisse la remporter, mais on verra bien l’an prochain…

Et pour les Worlds Series (baseball) cette année, un favori ?

Je supporte les NY Mets, mais je ne suis pas comme la plupart des fans qui soit supportent les Mets et détestent les Yankees et vice-versa. La seule équipe des deux equipé de New York qui a une chance de les remporter, ce sont les Yankees. Donc si jamais ils arrivent jusqu’aux World Series, je serais derrière eux.

Grum (Septembre 2014)


Remerciements à Guillaume de Cartel Concerts et à Tangui d'À Jeter Prom.

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Commentaires

B. HammerLe Lundi 08 septembre 2014 à 15H30

CM PUNK! CM PUNK! CM PUNK! CM PUNK!
...
C'était la minute du fanboy monomaniaque.

Baptiste08Le Lundi 08 septembre 2014 à 09H47

Merci pour l'interview! Mitts est sympa, ça fait toujours plaisir.