Paolo Gregoletto Clisson, Hellfest, le 20 juin 2014

Depuis la sortie en octobre 2013 de leur dernier album, Vengeance Falls, Trivium n'était pas encore passé par la France. Une erreur maintenant réparée avec leur venue au Hellfest 2014. Nous avons pu nous entretenir avec Paolo (basse) le vendredi, à peine quelques minutes avant leur passage sur la Mainstage 2...


Comment ça se fait que vous ayez changé d’horaire avec Death Angel aujourd’hui ?

On a un vol de prévu tôt demain à Paris, et si on avait joué à 1h du matin comme prévu, nous n’aurions jamais pu y être à temps ! On n’a pas eu le choix, et du coup la durée de notre set s’est trouvée réduite également, en jouant plus tôt. Mais c’est vraiment cool qu’on ait pu échanger nos places avec Death Angel, je ne sais pas comment on aurait fait sinon !

Dommage, c’est sûrement plus sympa de jouer de nuit dans un festival, non ?


Oh non, personnellement moi ça m’arrange de jouer tôt dans l’après-midi, une heure du matin c’est trop tard pour moi, je commence à me faire vieux ! (rires)

Comment s’est passé la convalescence de Matt suite à ses problèmes vocaux ?


Heureusement ce n’était rien de grave ! C’est simplement qu’il a beaucoup trop utilisé sa voix, les médecins lui ont dit que ça allait, et par précaution, Matt a pris des cours de chant avec un nouveau professeur, qui lui a complètement réappris à chauffer sa voix avec les concerts, et à s’économiser avant et notamment à ne pas parler jusqu’à ce qu’il monte sur scène ! Il faut savoir ménager sa monture si on veut aller loin, avec toutes les tournées que nous faisons, Matt aurait vraiment risqué de se faire mal aux cordes vocales s’il n'avait pas pris toutes ces précautions !

Ok, c’est la raison pour laquelle il ne donne pas d’interviews aujourd’hui ?


(Rires)  Vraiment Matt n’est pas du genre à esquiver les tâches et à se planquer, il se sent vraiment mal là de devoir compter sur les autres pour assurer la promo. Donc oui, c’est Corey et moi qui assurons les interviews pendant la tournée, pour qu’il puisse garder sa voix. À la fin de la journée, ce n’est pas ça qui importe le plus, le public est là pour voir Matt à 100% de ses capacités, il faut donc tout faire pour que ça soit le cas !

Au mois de mai vous avez annoncé le départ de Nick Augusto, remplacé actuellement par Mat Madiro au sein du groupe, comment ça se passe ?

Il fait du très bon boulot ! On n’a encore rien arrêté officiellement, il était disponible au moment où on avait besoin de lui, c’est un très bon batteur, c’était un pari d’ailleurs de le pendre avec nous et il s’en sort très bien. Tout le monde apprécie la façon dont il interprète les chansons, que ce soit celles de l’époque de Nick ou de Travis. Et nous passons de bons moments avec lui, ce n’est pas comme s’il était un nouveau venu pour nous, car nous le connaissons depuis longtemps, et il s’est très bien intégré au groupe, ainsi qu’au staff technique.

J’imagine qu’il doit être très content lui aussi de jouer avec vous ?

Oui, mais ça n’a pas été simple pour lui, les conditions dans lesquelles ça s’est passé, il a été tout de suite dans le feu de l’action, alors qu’il n’avait jamais joué ni tourné avec un groupe précédemment ! Du coup, c’est beaucoup de pression pour lui à gérer, car du jour au lendemain il se retrouve à jouer dans des endroits énormes, comme ici au Hellfest ! Mais il assure comme un pro à chaque fois, qu’est-ce qu’on pourrait lui demander de plus (rires).

Est-ce qu’il va devenir un membre permanent du groupe ?

Nous ne savons pas encore, nous préférons attendre la fin de la période estivale et tous les festivals pour prendre le temps de bien réfléchir à la question. Pour le moment on donne tous le meilleur de nous-même, et en fin d’année on pourra en tirer tous les enseignements. On commencera alors à parler du prochain album, et à ce moment là, il nous faudra prendre une décision.

La batterie semble occuper une place importe dans la musique de Trivium, dans le sens où l’arrivée de Nick dans le groupe a marqué un tournant musical par rapport à ce que vous aviez fait avec Travis. On peut s’attendre à une nouvelle ère avec ce nouveau changement de batteur ?

On ne cherche pas ces changements en particulier, mais c’est la vie et ces choses s’imposent à toi sans que tu ne puisses rien y faire. Après ce qui nous intéresse surtout, c’est de jouer pour le public, pour nos fans, et on essaie de le faire du mieux possible. Nous sommes très contents des nouvelles chansons que nous sommes déjà en train de composer, peut-être que ça marquera une nouvelle étape dans la carrière du groupe, voire un nouveau départ. On verra bien, de toute façon, ça ne pourra qu’être une bonne chose !

Vous appréciez de jouer sur scène les chansons tirées de Vengeance Falls j’imagine, comment réagit le public quand vous faites ces nouveaux titres en concert ?

Carrément bien ! Strife a dépassé les 3 millions de vues sur YouTube et elle fait partie de nos chansons les mieux classés sur Spotify. Pour moi ce sont de solides repères pour savoir si une chanson plait ou pas. Après on mélange les nouvelles chansons aux anciennes et ça le fait bien. Par contre, on s’excuse, c’est notre premier passage en France depuis la sortie du dernier album, et on aurait aimé jouer aujourd’hui une ou deux chansons de plus tirées de Vengeance Falls, mais on se rattrapera la prochaine fois ! (rires)


Vous avez intégré un côté un peu plus groovy dans votre musique sur Vengeance Falls.

Oui, en travaillant sur l’album, au fur et à mesure l’importance d’un bon groove nous est parue évidente. Baisser par moment le tempo, avoir des passages avec seulement de la basse… Tout ça fait surtout une grosse différence quand on joue sur scène : ça permet de lancer des circle-pit, des headbangings ! (rires)

Matt s’est aussi essayé à de nouvelles approches au niveau vocal on dirait ?

En travaillant avec David Draiman, qui est lui-même un chanteur talentueux et unique en son genre, il était sûr que Matt pourrait tenter de nouvelles choses avec sa voix. Et notamment, il a réussi à trouver dans ses parties vocales ce même groove qu’il y a dans la basse et la batterie. Il y a bien sûr tout ce qui fait la marque de fabrique de Trivium, mais c’était vraiment cool de pouvoir pendre des risques à certains niveaux comme celui-là ! C’est ce qui permet de garder de l’intérêt, que ce soit pour nous qui jouons, ou pour les fans qui nous écoutent.

Est-ce que travailler avec David Draiman a été vraiment différent que lorsque vous aviez Jason Suecof ou Colin Richardson comme producteurs ?

Chacun des producteurs avec lesquels ont a pu travailler avait sa propre façon de procéder, et surtout, c'étaient tous de vrais professionnels. J’aime ça quand on travaille avec de nouvelles personnes, c’est excitant car on apprend toujours de nouvelles choses. Même si le résultat final est le même, obtenir une chanson, ces mecs utilisent des méthodes pour enregistrer, mixer, qui sont parfois radicalement opposées. La grosse différence pour nous en travaillant avec David, c’est qu’il a vraiment chiadé la pré-production. Il ne voulait pas notamment qu’on fasse d’abord tout l’enregistrement des instruments, et qu’ensuite seulement on procède à l’enregistrement du chant. Avec lui, il fallait que tout soit lié, interconnecté. Donc quand on finissait une chanson à ce moment-là, on savait vraiment à quoi elle allait ressembler au final ! 80% du boulot était fait dès la pré-production, et pour nous, c’était vraiment quelque chose de nouveau.

Pourquoi avoir arrêté d’utiliser des guitares 7 cordes après l’album Shogun ?


On s’est peut-être lassé (rires). On en a utilisées sur au moins la moitié des titres de Shogun, et on en a encore utilisées sur un ou deux titres de The Crusade. Et comme tu as dit tout à l’heure, In Waves marquait une sorte de tournant pour le groupe, et on a voulu retourner aux basiques, en utilisant simplement un accordage dropped. On avait testé plusieurs types d’accordages sur les chansons à l’époque, mais on avait trouvé que ça ne sonnait pas bien du tout ! Pour le prochain album, on ne va pas se prendre la tête et on utilisera ce qui permettra de faire sonner le mieux les chansons. Pour les démos, on a utilisé des guitares 7 cordes avec 2 accordages différents, et des guitares 6 cordes avec accordage standard ou dropped.

C’est plutôt cool de revenir aux classiques, non ?


Oui, mais toutes les façons sont cools en fait. Car ça change ta manière de composer, en fonction des accordages.

Vous seriez tentés par les guitares 8 cordes ?

Je ne pense pas ! J’ai pu en essayer une, c’est quelque chose d’incroyable pour expérimenter, mais au niveau du son, ça ne collerait pas du tout je pense !  Les 7 cordes sont le max qu’on pourra se permettre, et ce sont vraiment des instruments exceptionnels quand tu sais en tirer tout le potentiel. Pour les 8 cordes, à part Animals As Leaders, je n’ai pas écouté d’autres groupes qui en utilisent, mais là, le guitariste devient un homme orchestre en jouant à la fois la basse et la guitare sur le même instrument. C’est pourquoi je pense que les guitares 8 cordes passent bien mieux quand il s’agit de titres instrumentaux, car ça ne laisse pas vraiment de place pour intégrer une mélodie et du chant.

Si tu avais pu rester les 3 jours au Hellfest, quels groupes serais-tu allé voir ?

Oh, forcément je serais allé voir Iron Maiden et Slayer qui sont mes deux groupes préférés ! Je serais allé voir Emperor, nos potes d’Avenged Sevenfold, Deep Purple car ça fait longtemps que je ne les ai pas vus… Il y a vraiment trop de bons groupes, ils ont vraiment fait du bon boulot en mélangeant tous ces styles, c’est impossible de s’ennuyer !

C’est un peu les vacances pour vous pendant la période estivale ?

Oui, c’est un peu ça car les semaines sont calmes et permettent de se reposer… Mais par contre les week-ends sont très chargés ! (rires) Quoique la semaine dernière a été plutôt intense, mais on s’est éclaté à chacun des concerts. En fait le plus dur, et finalement le seul truc chiant dans ce qu’on fait, c’est quand il y a de longue distance à voyager entre deux concerts !

Matt est un gros fan de true black metal, est-ce que ça pourrait devenir une influence dans le groupe un jour ?

(Rires) Trivium a beau être un melting-pot d’influences nombreuses et diverses, je pense que nous n’irons jamais jusqu’à incorporer des éléments black metal dans notre musique. Après Matt a commencé son nouveau projet de son côté, mais ce n’est pas vraiment du black non plus !

Comment s’est passée la tournée avec Volbeat ?

Incroyable, ce fut un vrai bon moment ! Ça collait vraiment bien entre nous, on avait prévu une bonne setlist et nous avons pu toucher un tas de nouveaux fans. Ça s’est senti immédiatement sur la vente d’albums et de singles ! On s’est vraiment éclatés.

Ça vous fait quoi de jouer en tant que première partie aux États-Unis alors que vous tournez en tête d’affiche en Europe ?

Ça a toujours été un peu le cas pour nous, on a toujours été plus populaire en Europe, et en particulier au Royaume-Uni. Et quand bien même, si on faisait par exemple une tournée avec In Flames, ce serait eux les têtes d’affiches pour la partie Europe, et nous pour le Royaume-Uni. Ça ne nous a jamais posé de problème de fonctionner de cette façon, car c’est justement le meilleur moyen de gagner de nouveaux fans en étant première partie. Si on persévère, on sera peut-être un jour partout tête d’affiche (rires).

C’est vrai que je vous ai vu plusieurs fois en première partie à des concerts à Paris, mais c’est quand vous êtes passé en tête d’affiche au Bataclan en octobre 2012 que je me suis rendu compte que vous aviez pris une sacrée ampleur en live !

C’est qu’au fil du temps, on a appris, au contact des autres groupes avant lesquels on jouait, et on a accumulé de l’expérience. Il faut bien avoir des groupes comme références pour s’inspirer et étoffer son show. Maintenant on est de plus en plus souvent tête d’affiche, et on commence vraiment à être à l’aise dans cette position là !

Grum (Août 2014)


Interview préparée et menée par Nonohate et Grum, retranscrite par Grum.
Merci à Karine Sancho pour nous avoir organisé l'entrevue,
Merci à Manu Wino pour les photos d'illustration.

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