Jessica Rozanes (Fall Of Summer) Clisson, Hellfest, le 22/06/14

Quoi de mieux pour aborder la rentrée sans trop déprimer que d'avoir la perspective d'assister à un dernier festival qui tabasse bien avant l'automne... Voici donc Jessica, une des personnes à l'origine de cette brillante idée qui va vous en dire plus sur cette première édition du Fall Of Summer.



Bonjour Jessica, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Donc je m’occupe de la programmation du Fall Of Summer, je travaille également pour la Korporation qui regroupe deux salles de concert (le Klub et la Mécanique Ondulatoire) et deux bars metal à Paris (le Black Dog et la Manufacture).

Pour te lancer dans une telle aventure, j’imagine que ce projet de festival doit trotter dans ta tête depuis un bout de temps ?

Oui, c’est quelque chose auquel je pensais, sans savoir si j’aurais un jour la possibilité de le concrétiser, mais je pense que n’importe quel fan de metal doit penser à ça, se dire qu’il organiserait ça de telle façon, qu’il ferait tel type de programmation ! En fait, l’occasion m’est tombée dessus brutalement on va dire…

Quel a été le déclic du coup ?

Ça a été une discussion avec le directeur de la Korporation justement qui m’a donc proposé de me lancer dans ce projet, cela faisait longtemps qu’il cherchait à créer un évènement de ce genre, pas forcément avec cette direction là, mais il m’a donné limite carte blanche sur le coup. Je ne suis pas totalement libre non plus, mais artistiquement, du point de vue de la programmation, c’est le cas !

Vous avez commencé quand à préparer l’organisation du festival ?


Ça fait un peu moins d’un an qu’on est dessus. On est allé visiter un site pour accueillir le festival, on avait commencé les plans d’implantation, j’avais commencé à contacter plusieurs groupes… Et au final on n’a annoncé le festival que tardivement, alors qu'on aurait dû le faire début 2014, car on a eu des soucis en raison des élections municipales ! On avait en effet un accord verbal avec la Mairie de la commune du premier site où devait se dérouler le festival, à 60km de Paris, mais le Maire a fini par se dégonfler et de nous sortir un truc du genre "nan ça va pas être possible, je ne vais pas être réélu sinon avec votre connerie de festival metal ! On vous aime bien, mais ça ne plait pas à tout le monde, et même si je sais qu’il n’y aura pas de problème, ça ne sera pas possible". Du coup, ça nous a mis dans une situation super délicate à devoir trouver dans l’urgence un nouveau site pour le festival, mais au final on a été sacrément chanceux, car le site de Torcy est plus près de Paris du coup et a une meilleure accessibilité. On regrettera juste le décor naturel du premier site qui était vraiment sympa, on a perdu sur un point, mais gagné sur d’autres, donc on reste super satisfait au final.

Alors qu’on reproche au Hellfest d’être devenu « trop gros », quelle sera la capacité d’accueil du Fall Of Summer ?

La capacité du site est de 3500 spectateurs. On se doute qu’on ne devrait pas réussir à être soldout dès la première année,  mais si on y arrive, il y aura du champagne pour tout le monde, alors ramenez vos potes (rires).

Au niveau de la configuration du site, j’imagine que c’est déjà également plus ou moins bouclé ?


Oui, on a dû faire déjà pas mal de devis, on est obligé de bien s’y prendre en avance et on a déjà fait notre deuxième plan d’implantation. On aura deux scènes, qui joueront en alternance, ce qui permettra de voir tous les concerts ! Ça laissera la possibilité à ceux qui veulent découvrir des groupes de ne rien rater, et les autres pourront toujours aller aux bars avec de la bonne musique en fond sonore.  La mainstage sera implantée sur la plage du lac de la base de loisirs de Torcy, dos au lac et autour ça forme une sorte d’amphithéatre naturel qui permettra aux personnes de petite taille comme moi de ne rien rater de ce qui se passe sur scène ! Le site de la base de loisir fait 355 hectares, il y a un accès dédié par l’autoroute, on est à 18 min en train depuis la gare de l’Est, et les aéroports ne sont pas loin ! Ce qui nous arrange vu qu’il y a pas mal d’étrangers qui nous ont contactés et qui sont intéressés pour venir.

Vous allez traduire le site en plusieurs langues du coup ? Tu vas faire une version en norvégien ?


Nan, nan (rires). Quoique je pourrais m’y essayer, ça pourrait intéresser les Norvégiens c’est sûr !

Imagine, ça pourrait faire le buzz !

Déjà, tous les Norvégiens que j’ai pu rencontrer au Hellfest ou sur Paris, le fait de leur parler en norvégien, ça leur fait bien plaisir. Et ça les surprend aussi de voir que quelqu’un pouvait avoir la drôle d’idée d’apprendre leur langue !

Vous avez déjà établi les horaires des concerts ?


Ah oui, c’est une des premières choses qu’on a fait, pour savoir combien de groupes nous pourrions faire jouer chaque jour ! On n’allait pas faire venir 50 groupes pour ne pas pouvoir tous les faire jouer, on est un minimum organisé. Le vendredi ça ouvrira à 15 heures et les concerts finiront à 3 heures du matin, et le samedi ça débutera à midi pour se terminer également à 3h du matin.

Est-ce que tu as profité de ta venue ici pour piquer plein de bonnes idées à l’organisation du Hellfest ?


C’est sûr qu’il y a plein de bonnes idées dont on pourrait s’inspirer, mais il y a aussi beaucoup de choses qu’on ne pourra pas faire car on n’a malheureusement pas le même budget. Par exemple, ça m’étonnerait qu’on fasse des tables de bar Fall Of Summer pour s’en servir qu’une fois l’an (rires). J’ai aussi fait pas mal de festivals à l’étranger, et je pense qu’au final je piquerai surement plus d’idées aux Allemands qu’au Hellfest, car j’aime beaucoup leur vision des choses.

Pour une première édition, la programmation est sacrément alléchante ! Comment as-tu fais pour convaincre tous ces groupes de venir jouer pour vous ?


Comme je traine dans ce milieu, et dans l’ombre d’un tas d’orgas, depuis de nombreuses années, ça facilite les choses. En ajoutant à ça le soutien du directeur de la Korporation, qui a une excellente réputation, nous ne sommes donc pas de parfaits inconnus, et nous avons demandés aux professionnels de continuer à nous faire confiance. Ça nous a permis d’avoir des groupes plus conciliants sur leurs conditions, et aussi on a eu une approche différente en choisissant cette date de début septembre, qui est une période où généralement aucun groupe ne tourne ! On ne comptait pas dépendre du fait que tel groupe soit en train de faire la tournée des festivals, là chaque groupe vient spécialement pour jouer au Fall Of Summer ! Mais du coup, on va devoir aller en chercher beaucoup à l’aéroport, c’est en place avec les véhicules et les runners. C’est un sacrifice à faire pour pouvoir s’offrir en quelque sorte l’affiche que l’on souhaitait vraiment !

C’est donc totalement un choix d’organiser ce festival début septembre ?

C’est un tout qui relève de la même logique, le nom du festival, la date à laquelle il va se tenir, la programmation, la façon de communiquer,  dès le début nous avons communiqué à moitié en français, à moitié en anglais, car le message sous-entendu est que les étrangers sont bien évidemment les bienvenus ! Et on a un très bon retour de l’étranger justement, notamment de médias qui sont prêts à nous soutenir. Donc on essaie de les respecter en traduisant nos news dans un anglais le plus correct possible (rires).

Pas trop de pression, au niveau financier ?

On a une marge de manœuvre niveau affluence, pas énorme mais pour le moment on a de bons retours de toutes parts, ça devrait bien se passer. Après le message qu’on essaie de faire passer, c’est qu’on est sérieux justement, qu’on peut nous faire confiance, qu’on n’a pas prévu de faire une première édition au rabais et qu’on verrait ensuite, mais qu’on s’est donné les moyens de faire les choses bien comme il faut ! Pour les gens qui hésitent des fois à aller à une première édition, pas d’inquiétude à avoir, on va travailler avec des professionnels qui roulent leur bosse dans des festivals depuis des années, donc vous serez bien accueillis que ce soit au camping ou sur le site du festival !

Est-ce qu’en faisant la programmation du Fall Of Summer, tu as eu des déceptions avec des groupes qui auraient décliné l’invitation ?

On n’a eu aucun refus du genre "non, on ne jouera pas chez vous parce qu’on vous connaît pas", mais on a eu des refus pour des problèmes d’agenda, des groupes qui étaient déjà bookés ailleurs, ou qui entraient en studio à cette période,  mais même ces refus étaient sympas dans le sens où les groupes laissaient une fenêtre ouverte pour la deuxième édition. J’ai pas encore fait le compte, mais si ça se trouve, j’ai déjà l’affiche complète pour 2015 ! (rires)

Dans les quelques groupes encore à annoncer, il reste encore des grosses têtes d’affiches ?

Grosse tête d’affiche non, mais du moyen supérieur oui ! Il reste plusieurs groupes qui ont fait leurs preuves à être annoncés, et je pense qu’ils devront plaire à ceux qui aiment déjà l’affiche (NDLR : depuis l'interview, les 3 groupes suivants ont été annoncés : Bömbers (le tribute-band à Motörhead d'Abbath d'Immortal, ), Impaled Nazarene et Crucifixion, il reste encore 5 groupes à être dévoilés)

L’orientation vraiment extrême de la programmation, c’est également totalement assumé ? À aucun moment vous n’avez songé à l’élargir vers des styles plus accessibles ?

Le but, et ce qui plait justement à ceux qui ont vu l’affiche, c’est qu’on voulait une programmation sans concession, qui sent le « vieux », le old-school qu’on aime bien, qui fait plaisir, qui peut nous rappeler nos jeunes années ! On ne s’est jamais dit "tiens on va mettre tel groupe qui fait venir beaucoup de monde, même si la qualité artistique n’est pas au rendez-vous". C’est la ligne directrice, et c’est ce qui, je pense, va nous permettre d’attirer beaucoup de monde ! Là, avoir Venom, c’est quand même un groupe qui faut voir une fois dans sa vie.

J’avais pourtant été déçu quand ils étaient passés au Hellfest !

Oui, je les avais vu aussi en 2009, et c’est vrai que le show avait été décevant. Mais ce qui m’a décidé à les faire venir, c’est que c’est Venom ! La dernière fois qu’ils ont joué à Paris, c’était il y a 30 ans, avec… Metallica qui assurait leur première partie !!! Et surtout, l’an dernier ils ont joué au Party-San, et d’un avis quasi-unanime, c’était LE concert du festival, des tas de personnes m’ont dit que c’était le vrai Venom qui était de retour ! Maintenant qu’ils se sont bien rodés après leur reformation, je pense que c’est le moment parfait pour les voir.

Nous serons là !

Vous êtes des personnes de goût ! (rires)

Grum (Juillet 2014)

Merci à Tangui d'À Jeter Prom.

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Commentaires

slowlywerotLe Mercredi 23 juillet 2014 à 13H28

Juste une petite remarque, c'est en 2008 et non en 2009 que VENOM a joué au Hellfest! (le vendredi soir pour finir la journée)