Napalm Death Face à face au Sylak 2012

A l'occasion de leur passage en tête d'affiche du Sylak 2012, nous avons pu poser quelques questions au sympathique Mark "Barney" Greenway. Entretien ci-dessous.




Metalorgie : Vous sortez maintenant un album tous les trois ans depuis
The Code Is Red...

Mark "Barney" Greenway (chant) : Ouais je sais, mais ce n’est pas du tout délibéré (rires). C’est comme ça que les choses vont bien pour nous. Tu sais nous étions occupés par des choses comme... la vie, les concerts etc. Non, ce n’est vraiment pas planifié et nous avons essayé de sortir un nouvel album le plus rapidement possible.

Que peux-tu nous dire à propos du split que vous venez tout juste de sortir avec Converge ?

Ah ce n’est pas vraiment une histoire compliquée ! Ils voulaient faire un truc avec nous et nous voulions faire un truc avec eux. Et il y avait un moment que ça durait. En fait ça nous a surtout pris du temps pour qu’on puisse se retrouver tous ensemble, mais finalement nous y somme parvenus. C’est vraiment cool de jouer sur un split avec les membres de ton groupe, c'est une expérience vraiment intéressante. Et les mecs de Converge sont cools, nous avons la même perception de la musique.


Avez-vous été inspiré des émeutes ayant eu lieu à Londres l’année dernière pour la composition d’Utilitarian ?

Eh bien d’une certaine manière j’imagine que oui. Mais tu ne pourrais pas résumer l’album à seul évènement, une seule chose comme celle-là. C’est un produit de nombreuses choses. Je crois que l’album en lui-même en rapport avec les effets de la vie en général et choisir de vivre en considérant ce qu'il y a autour de toi, les personnes qui t'entourent. Ce qui n’est pas vraiment le cas des gens qui sont du côté du pouvoir. Des gens qui te disent comment tu dois vivre, que tu dois te comporter d’une certaine manière… Donc oui l’album est probablement connecté à ces évènements, mais ça n’en a pas été l’inspiration principale.

Un an plus tard, quel regard portes-tu sur ces émeutes ?

Franchement quel regard pourrais-je porter là-dessus ? Quelle est la différence avec maintenant ? Pour être honnête je crois qu’il n’y a que le temps qui s’est écoulé. A chaque fois, dans des situations comme celles-ci, les gens sont comme « conditionnés ». Et du coup ils se disent : « bof, ce sont seulement des gens mauvais qui font des choses mauvaises ». Mais il y évidemment une raison plus profonde à tout cela. Quand tu as un groupe de personnes qui commence à avoir moins de privilèges, qui commence à être mis de côté, ça ne dure pas. Les gens vont en avoir ras le cul et la manière dont ils vont le manifester peut parfois être destructrice, comme ce que l’on a pu observer l’année dernière. C’est aussi simple que ça. Personnellement je ne suis pas quelqu’un de violent et je n’emploie pas la violence pour avancer. Mais il y a des fois où tu en as ras le cul et je vois pourquoi certaines personnes font ça. Ils en chient tellement, en ont tellement marre d’être laissés pour compte, de ne même pas faire partie des "classes moyennes" ! Ce genre de choses arrivent donc au final.



Penses-tu que votre musique pourrait être une bonne bande son d’émeute ?

Non, je ne crois pas. Non sommes plus un produit de désenchantement, de désolation, de cynisme et de plein d’autres choses… Hmm une bande son d’émeute… Non, pas vraiment. Enfin, peut être que nous avons été la bande son de certaines personnes, je n’en sais rien ! Je peux comprendre pourquoi tu me demandes ça mais je pense qu'une émeute est sa propre bande son. D’ailleurs je ne suis pas vraiment tout le temps d’accord avec ce qui se passe dans ces émeutes. Il est grand temps qu’un changement arrive, je suis d’accord, mais parfois il y a des dérives. Il y a des mecs s'en prennent aux collectivités ou à des gens gens qui peuvent sympathiser avec leur propre cause! Et du coup ils n’attaquent même pas le gouvernement.

Comment avez-vous fait appel à John Zorn sur Everyday Pox ?

Nous écoutions les pistes de l’album au studio quand Shane nous a dit : « il nous faudrait un petit quelque chose en plus ». Et puis on s’est dit : « Du sax,  John Zorn !». Alors on l’a contacté et ça a été bouclé en deux jours. Ça a vraiment été du temps bien utilisé.

Ça colle vraiment bien à cette chanson.

Oui c’est ce que je pense aussi. On a eu de la chance pour cet épisode là, il aurait très bien pu dire non ou ne pas avoir eu le temps.

Est-ce que tu écoutes ce genre de trucs ?

Tu sais je ne suis pas le genre de mec qui se dit : « je vais dénicher l’artiste le plus avant-gardiste possible », non pas du tout. Mais si j’entends quelque chose de frais qui me plait alors oui je rentre de dedans ! J’aime les choses qui savent sortir des sentiers battus. On s'ennuie tellement facilement avec de la musique « conventionnelle ».  Même avec de la musique « conventionnelle » extrême d’ailleurs. Mais oui, ce genre de choses ne ressemble à rien d’autre et c’est ce qu’il me plait.

Est-ce que la pochette d’Utilirian fait référence à votre album culte From Enslavement to Obliteration ?

Non. Il y a beaucoup de monde qui a réagi là-dessus et il n’y a pas de problème s’ils voient ça comme ça. Je crois que c’est dû au fait qu’elles soient toutes les deux très dépouillées et du cercle au millieu. Mais en fait ce n’était pas voulu et la pochette dUtilitarian part bien d’une idée complétement différente.

                         


Est-ce que tu crois que le groupe a conservé la même approche de l’écriture et du live qu’il avait en 1982 ?


Je n’étais pas encore dans le groupe en 1982 mais honnêtement je pense que oui. En tout cas le style d’écriture est resté le même. Combien de groupes ayant su garder leur esprit originel depuis tant d’années, de tournées et d’albums connais-tu ? Je pense que c’est ce que Napalm a su faire. Certaines personnes ne seront peut-être pas d’accord mais que veux-tu, la musique est aussi quelque chose de très subjectif.

As-tu déjà pensé à commencer un autre projet un peu mois extrême ? Peut-être même quelque chose qui ne soit pas de la musique : écrire, peindre….

J’ai déjà essayé d’écrire ! Tu sais dans un forme conventionnelle quoi. Il y a toujours une infinité de possibilités. Hmm un autre projet musical ? Pour moi, pas vraiment. Napalm me donne tout ce que je voudrais avoir de ce côté-là. J’ai  contribué à beaucoup d’autres groupes en tant qu’invité mais je ne ressens aucun besoin de commencer un autre un groupe.


Seth Putman le chanteur d’Anal Cunt est décédé l’année dernière, comment est-ce que ça t’as affecté ?

Je ne jamais connu Seth si bien que ça… Je le connaissais un peu. On a passé quelques soirées ensemble au Japon, où nous avions partagé quelques affiches. Tu sais quoi ? Beaucoup de gens le haïssait pour ce qu’il faisait mais une grande partie n’était en fait que de la pure provocation ! Alors oui, il y a avait certains trucs qui étaient un peu stupides... mais bien sûr que ça l’était, vu que c’était ce qu’il voulait faire ! Si tu veux je crois que… Enfin ce n’est que mon impression, mais je crois qu’à l’intérieur il souffrait un peu de certaines choses qui ont dû lui arriver au cours de sa vie. Et peut-être que c’est ça qui lui a permis de créer le genre de trucs offensant qu’il faisait.

Est-ce que tu préfères être la grosse tête d’affiche d’un petit festival comme celui-ci où alors n’être qu’un morceau d’un festival plus gros comme le Hellfest ?

Les deux sont cools. Nous sommes un groupe indépendant alors c’est pour nous important de supporter des évènements indépendants comme celui-ci. S’il n’y en avait jamais eu, Napalm n’aurait jamais pu devenir ce qu’il est aujourd’hui. S’il n’y avait pas de promoteurs indépendants, nous n’aurions jamais eu d’endroits où jouer. Mais nous avons aussi besoin de plus gros évènements pour continuer à faire connaitre notre musique. Les deux ont leurs fonctions… Mais nous jouons bien plus souvent dans des petits festivals que des gros ! (rires)

Vous avez joué au Népal récemment, ça ressemble à quoi un concert de metal là-bas ?

C’était intéressant. Le concert était bon. Je n’ai pas trop aimé la police qui était omniprésente, c’était un peu étrange... Ils s’occupaient de tout et insistaient vraiment pour que le festival où nous étions se termine à l’heure. Comme nous étions les derniers à jouer, nous avons évidemment commencé en retard. Et à un moment ils sont partis en couille et sont montés sur la scène ! Je leur ai demandé de descendre mais ils sont devenus plus agressif, prêt à me frapper avec leurs putains de matraques. Finalement on a dû arrêter le concert plus tôt… Ça fait chier, on était vraiment content de pouvoir jouer pour ces gens. La pauvreté qu'on a pu observer là bas craignait vraiment et les gens triment comme des chiens, c'est quasiment de l'esclavage…

Ok, j'en ai terminé, veux-tu ajouter quelque-chose?

Comme d'habitude, merci. A vous, à l'orga, et aux gens qui viennent nous voir, pour le soutien que vous nous apportez! 



Et moi je remercie donc Valérie, Mike et Cyrielle

Jeanvaljean (Septembre 2012)

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