Comity Par Mail

A l'occasion de la sortie prochaine de The Journey Is Over Now, Metalorgie a pu poser quelques questions à Comity.

Pourquoi "The Journey Is Over Now"? quel est le concept derrière ce titre?
The journey is over now est dans la continuité des thèmes que l'on a toujours développé avec COMITY. Cet album est une métaphore du vouloir-vivre. Notre nature fait que nous sommes sur Terre pour vivre et non pour exister. On ne sait pas ce qu'on fait là ni pourquoi on y est. Certains décident alors de partir sur les traces d'une éventuelle réponse mais bien sur ils n'arrivent nul part.
 Le texte met en fait en lumière une humanité inconsciente de son nihilisme.
 Au second plan c'est aussi une mise en abîme de la quête sans fin d'absolu en musique, totalement abstraite, sans fin ni but et donc inutile. Ce qui fait qu'un compositeur est constamment en échec, mais c'est aussi et surtout ce qui rend la chose vraiment éxcitante.

  La collaboration avec Throatruiner est-elle venue naturellement? Comment le contact a été réalisé ? Comment avez vous perçu le fait de mettre en téléchargement libre l'album? Vos anciennes productions sont aussi disponible en téléchargement libre, quelle a été la motivation d'un tel choix?
Après avoir collaboré avec un gros label comme Candlelight nous voulions revenir sur une plus petite structure avec laquelle le dialogue est simple et clair. Nous avons tenté avec Trendkill pour You left us here... nous n'en avons pas été satisfait. Du coup nous avons démarché quelques labels français. Le choix de Throatruiner s'est fait naturellement, un bon feeling avec Matthias, il s'est investi très rapidement dans le projet, a trouvé une coprod anglaise, est passé au studio pendant l'enregistrement... il est vraiment à 100%. Après les mauvaises aventures vécues avec nos labels précédents, nous voulions faire simple, toucher le plus de monde possible, le téléchargement est devenu un instrument de promotion incontournable. De toute façon le lendemain de la sortie de ton album il est sur internet, donc autant prendre les devants et l'y mettre en bonne qualité.
Du coup nous ne nous arrêtons pas là durant les prochaines semaines, ...as everything is a tragedy et the deus ex machina as a forgotten genius seront en téléchargement libre sur notre site. Nous voulons qu'un maximum de monde connaisse notre musique, la rendre plus accessible fait partie de cette démarche.

Alors que As Everything Is A Tragedy est un pavé découpé en 99 pistes, les productions qui ont suivi, sont composées de morceaux de taille assez conséquente. Pourquoi un tel choix? N'avez vous pas peur que cela fasse trop élitiste comme démarche? Pourquoi être revenu à un format plus long?
Il faut savoir que les 99 pistes d'...as everything is a tragedy ne sont qu'un moyen de parcourir l'album. En réalité il y a 4 morceaux de la plage 1 à 29, la deuxième plage 30 - 52 troisième 53 - 75 et le quatrième 54 - 76. Les quatre plages qui commençaient les morceaux étaient marquées en jaune à l'arrière du cd. Donc, nous n'avons jamais réellement changé de format au fil des albums.
Pour ce qui est de la longueur des morceaux, nous aimons installer des ambiances, les développer, les retourner. Nous essayons de composer nos morceaux comme des histoires. Et le fait que les morceaux soient longs est, je pense, une conséquence directe de cette manière de composer.

Comme toujours on descelle énormément d'influence dans votre musique. Comment en êtes vous arrivés à composer un morceau avec des guitares acoustiques?
Parce que Yann et moi avons l'habitude de nous faire plaisir avec nos guitares, que ça soit en acoustique ou avec du gros son, ce coup-ci on a décidé d'inclure ce morceau sur l'album. Ça nous permet également d'amener une nouvelle couleur. Nous avions également composé un duo guitare/violoncelle sur The catharsis syntax project, un de nos premiers enregistrements.

Comity, pour poser un son aussi sombre, ca tourne à quoi ?
A l'amour !! C'est pas si sombre que ça t'exagère.

La question de 2006 : Plus banalement, quels sont les groupes qui influencent votre musique ?
On écoute de tout, bien sur nos groupes fétiches King Crimson, Hendrix, Blood Let, Neurosis, Keelhaul... Toujours autant de musique classique, les Requiem de Berlioz, Beethoven, Gabriel Fauré. Beaucoup de musique du monde venu d'Inde, d'Afrique, d'Asie... Du hiphop, Xzibit, Old dirty bastard... de la DubStep, Skream, Benga... Bref on écoute de tout et Comity en est la digestion.

Si "The Journey Is Over Now" était un film, ce serait ? Et un livre ?
Il y a pas mal d'influences qui sont a l'origine du texte. Au niveau des idées développées c'est le "vouloir-vivre" de Schopenhauer et par extension le "sur-homme" de Nietzsche, le "dieu est nature" de Spinoza ou le mythe de Sisyphe.
Pour la mise en forme et l'idée de départ c'est toujours inspiré par le roman de F-J Farmer "le monde du fleuve", a la suite de notre E-P "you left us here".
 Pour les images: la légende scandinave des navigateurs qui arrive a la fin du monde, là ou la mer chute dans l'abîme et bien sur plein de choses aux délires épiques dans ce genre là.

Beaucoup de combos ont tendance à aérer un peu leur son au fil des albums, à diluer un peu leur hargne. N'est ce pas éreintant d'enchaîner ces accès de fureur ?
On ne se pose pas la question, c'est ce qui sort lorsque nous composons. Vu de l'intérieur, cet album ne nous paraît pas si violent que ça, moins qu'...as everything. par exemple.

Si vous deviez définir chacune de vos sorties avec un sentiment, quel serait-il ?
Je vais les définir avec des sensations plus que des sentiments, parce que ces derniers varient au fil des albums. Donc :
The deus : Folie / Fougue / Rage
The Andy Warhol Sucks Ep : Rigolade / Liberté
As everthing : Pression constante / Frustration
You left : Renaissance / Trait d'union / Apprentissage
The Journey is over now : Ouverture / Voyage / Histoire

Le combo a 15 ans (du moins la toute première mouture). Vous avez un statut d'anciens et un léger recul sur ces dernières années. Comment voyez-vous ce temps passé ?
Beaucoup de plaisir, de rencontres, de soirées complètement tarées, de supers accueils dans de supers pays.
Mais aussi quelques frustrations dues aux différents labels qui ont rarement été à la hauteur de nos espérances.
Beaucoup d'argent investi, entre le matos, les enregistrements, et les concerts mal défrayés... certaines personnes se plaignent que les groupes demandent des cachets trop élevés, ils ont du mal à comprendre que les groupes investissent tout leur argent et leur temps. Demander 300 euros ou même 500 euros c'est la base pour un groupe. Avec cet argent il remboursera à peine ses frais de route et de loc...

Comity en tournée, c'est quelle ambiance ? Bon enfant avec abus ou élèves studieux ?
A ton avis? ha ha, ça sera plutôt la première proposition. Lorsqu'on arrive sur une date la plupart du temps les orgas se plient en quatre pour que tout se passe bien, c'est ambiance festive et bien souvent l'après concert est un sympathique moment que nous apprécions partager avec les gens et les groupes qui nous accueillent !!

Comme s'est déroulée la phase de composition de "The Journey is Over now" ?
Nous avons toujours eu le même mode de composition. Yann et moi composons des riffs / bloc que nous travaillons tous les deux. Une fois que les deux guitares sont composées nous les ramenons en répétitions et là nous retravaillons avec Nico et Thomas. La mise en place des enchaînements sont fait en répétitions tous ensemble. Une fois que la musique nous plaît, nous passons à la voix lead puis aux chœurs.
Tout le monde participe activement à la composition, et la règle "il faut que ça plaise à tout le monde" s'applique tout du long.

Avez-vous d'autres projets en dehors de Comity ?
Oui Nico a un groupe de rock, Thomas joue dans un groupe de crust, Yann dans Parween, et moi dans Every Reason To...

Vous connaissez un gros succès d'estime pourtant on a souvent l'impression que vous restez dans l'ombre après la sortie d'un album ou EP. Est-ce une volonté ?
Tu te souviens lorsque je parlais des labels qui ne faisaient pas leur taf? ba voilà. Nous attendons d'un label qu'il fasse une promo digne de ce nom, qu'il y ai des interviews, des chroniques... malheureusement certains labels oublient qu'ils sont responsables de la promo et donc de la visibilité du groupe...
Après une sortie ce que nous voulons c'est tourner, et lorsque la promo est mal faite, il n'y en a pas, c'est aussi simple que ça.

Pourquoi cette absence de noms sur les titres du nouvel album ?
Le texte englobe la totalité de l'album (comme sur tous nos albums). Il y a donc un nom pour le texte : The journey is over now et 4 parties dans ce texte.

Si vous deviez jeter l'éponge demain, quel serait votre regret ?
Le plaisir de composer, puis de jouer ce qu'on a composé, de faire des concerts, d'être enfermés 10h par semaine avec ses copains dans un studio sombre parce que les ampoules claquent toutes les deux semaines, de rencontrer des gens sur nos déplacements.

Quel regard portez-vous sur la situation economico-sociale internationale ? Cela a-t'il une influence sur votre musique ?
Nous avons notre avis bien sûr, mais nous ne faisons pas de la musique pour en parler, ni pour retranscrire ce qui se passe. Peut-être au contraire pour s'en échapper...

Comity en couverture de Rock One, c'est un rêve ou un cauchemar ?
Ba !! c'est un rêve évidemment !! ;) (nan j'rigole)

On pourrait reprocher à votre musique d'être complexe, viscérale et difficilement assimilable après quelques écoutes. Comment ressentez-vous ceci ?
On comprend, nous avons conscience que notre musique est assez extrême dans le son et dans la composition. C'est comme ça que nous aimons composer et c'est comme ça qu'on pense pouvoir emmener l'auditeur. Ce que l'on apprécie c'est lorsqu'une personne nous dit qu'elle a lutté à comprendre notre musique, mais qu'après l'avoir décortiqué elle l’a fait voyager.

Un dernier mot pour la fin ?
Merci à toi pour l'interview, merci à tous ceux qui nous soutiennent, nous suivent, ont téléchargé notre album. Continuez à faire passer le mot www.comity.fr on espère faire un max de concerts partout et tout le temps !!!