Benighted Décembre 2016, Gohelle Fest

Rencontrer Julien Truchan, le chanteur de Benighted, c’est l’assurance de passer un bon moment. Non seulement il est super gentil, mais en plus son groupe a une actu assez dingue pour 2017. Lors du Gohelle Fest  (notre report) c’était l’occasion rêvée pour lui poser quelques questions sur Necrobreed, leur prochain album, mais également d’en savoir plus sur les projets d’une année qui s’annonce chargée. 


Salut Julien, merci d’accorder cette interview à Metalorgie. Vous voilà enfin au Gohelle Fest, l’an dernier vous deviez déjà y être mais malheureusement vous aviez dû annuler, contents d’être là ? 

Oui effectivement l’année dernière nous avons eu un petit souci qui nous a contraint d’annuler presque au dernier moment. Après le départ de Kevin Foley pour ABBATH, nous n’avions pas encore recruté de nouveau batteur permanent, c’est Kevin Paradis, qui joue actuellement avec Svart Crown, qui assurait les sessions live et malheureusement il s’est cassé la gueule en vélo quelques jours avant le festival et s’est cassé le bras ! Il a bien ramassé le pauvre. Nous étions dégoutés de ne pas pouvoir participer au Gohelle Fest, on était attendus, le line-up était fantastique, on était motivés et franchement nous avons été super déçus de ne pas pouvoir y jouer. Donc on vient se rattraper ce soir et ça va être une bonne boucherie ! 

Hier soir (le 16/12) vous étiez au Eindhoven Metal Meeting, d’après les échos que nous avons eu c’était méchant, tu confirmes ? 

Carrément, c’était bien méchant. On avait un peu d’appréhension je ne te le cache pas puisque on jouait en même temps que Mayhem, qui en plus jouait son album culte, De Mysteriis Dom Sathanas, en intégralité. Quand on a vu qu’on jouait exactement au même horaire on s’est dit que ça allait être compliqué, puis au final non. On n’a pas du tout la même fanbase et la salle dans laquelle nous étions été bien remplie. Il y avait un bordel énorme dans la fosse, on était super chauds, ça a été génial. 

La grosse actualité de Benighted c’est la sortie le 17 février de votre nouvel album, Necrobreed. Sans trahir le secret et sans spoiler vos fans, qu’est-ce que tu peux nous dire dessus ? 

Je te rassure, il n’y a pas vraiment de secret à trahir. Cet album a été réalisé avec un line-up très différent de Carnivore Sublime et pourtant on retrouve la patte Benighted sans problèmes, tu reconnais notre style dès l’écoute des premiers titres. Mais globalement, je dirais qu’il plus rapide, les morceaux sont plus courts et intenses que ceux que nous avons faits dans le passé. C’est en partie dû aux grandes qualités musicales de notre nouveau guitariste Manu, et de celles de Romain notre batteur et Pierre notre bassiste. On a franchi un cap en termes de violence dans notre musique, cet album a été composé de manière direct et très instinctive. On s’est également inspiré des films d’horreur des années 80 pour les ambiances, certaines parties musicales ne sont pas dans la brutalité mais plutôt orientées bien dégueulasses, ça te fait presque grincer des dents. Nous avons essayé de mixé ça à la façon d’un film, c’est à dire qu’il y a des moments très sauvages comme on aime bien, mélangés à des atmosphères insidieuses qui plombent l’ambiance pour permettre de repartir sur un rythme nettement plus soutenu. Ça rend le tout vraiment très efficace. 

Tu as mentionné que le groupe avait renouvelé en partie son line-up, ce n’est pas trop perturbant ça d’ailleurs ? Même pour le live vous êtes amenés à régulièrement le modifier, comment ça se gère ? 

Si c’est un peu perturbant, d’autant que nous en avons eu beaucoup dans notre histoire. Néanmoins, autant que je me souvienne, à chaque fois que Benighted a changé un membre, ça lui a été bénéfique dans le sens où ce nouveau membre a apporté quelque chose de plus. Benighted a tout du groupe professionnel, notamment l’emploi du temps, mais pas le salaire. On ne vit pas de la musique et ce n’est pas un mal, même si du coup c’est compliqué pour tout le monde d’avoir les disponibilités nécessaires. Par exemple, ce soir Gab n’est pas là, hier on était au Pays-Bas et sa profession ne lui permet pas de s’absenter un vendredi. On a de la chance que la famille Benighted soit assez étendue et que nos frangins, comme Fabien ou Charles peuvent nous dépanner quand l’un des membres ne peut pas être là. 

S’il y a bien un départ qui a marqué les fans, c’est celui de Kevin Foley. Qu’est-ce qui a été le plus difficile, l’affectif ou le musical ? 

L’affectif, évidemment. Si Kevin est un excellent batteur, c’est surtout un de mes meilleurs amis ! On se voit très bientôt d’ailleurs, nous allons passer le réveillon du nouvel an ensemble. Ceux qui le connaissent te le diront, c’est un mec adorable avec qui c’est super facile de s’entendre et de jouer, c’est la gentillesse incarnée, il est très pro, attentionné avec tout le monde. On avait, beaucoup de chance de l’avoir avec nous, son départ nous a fait un vrai pincement au cœur. Il est arrivé dans Benighted il avait 17 ans, il ne savait pas à l’époque ce qu’est un blast-beat ! Il l’a appris avec nous (rires). Il est presque resté 10 ans avec nous, ce n’est pas rien. Quand il a quitté ABBATH, début 2016, et qu’on est parti en tournée avec The Black Dahlia Murder, on lui a dit, écoute, ton départ a été hyper brutal du fait que ABBATH te voulait tout de suite, là on a l’occasion de faire une tournée ensemble, une espèce de tournée d’adieux, et il a répondu OK. Ça nous a permis de boucler la boucle comme il se doit, musicalement et humainement. 

J’aimerais si tu le veux bien, qu’on parle un peu de l’artwork de Necrobreed, que peux-tu nous dire à son sujet ? 

Sur cet artwork il y a un personnage, il est en quelque sorte le personnage central de Necrobreed. Ce mec est une espèce de "patient", un schizophrène complétement obsédé par la grossesse extra-abdominale et sur le fait de vouloir devenir comme les animaux qu’il met au monde. Il ramasse des charognes sur la route et se les coud au ventre, et lorsque l’infection commence, il sent une sorte de chaleur qu’il prend pour des pulsations. Puis dans son délire il les décroche et les garde chez lui, dans sa maison, il se construit une petite famille. Cet artwork symbolise ce mec qui au fur et à mesure se rend compte qu’il ne ressemble pas aux animaux qu’il a autour de lui. Il va donc commencer par se coudre des morceaux d’animaux sur la peau pour vraiment atteindre une ressemblance. D’ailleurs, sur la version limitée de l’album, il y a un livret 24 pages avec 12 versions alternatives de la cover, qui sont compilées de façon progressive. La première étant la version dite soft, celle que l’on a utilisée pour la pochette, et plus ça va et plus il y a des trucs dégueulasses. Ça ne se retrouve que sur la version limitée. Gary Ronaldson a vraiment fait un travail fantastique, quand on tourne les pages très vites ça fait comme un effet animé, c’est génial. 

Sur cet artwork il y a un petit détail, le personnage porte une sorte de tatouage avec l’inscription "Crevez-Tous", je pense ne pas me tromper en disant que c’est un hommage à votre ami, Mika Bleu ? 

Tout à fait ! On voulait vraiment trouver un moyen de lui rendre hommage sur Necrobreed. Au départ nous avions pensé à incruster le logo "Crevez-Tous" dans les crédits de l’album, d’ailleurs ce nouvel opus lui est dédié. Puis, en discutant avec les membres on s’est dit pourquoi ne pas faire plus. On en a parlé avec Gary qui nous a dit, mais attendez, je peux carrément intégrer quelque chose sur la pochette. Alors là on s’est dit, mais ce serait fantastique ! Et quand on a vu le résultat, on a dit banco ! C’est visible et à la fois discret, c’est parfait ! Mika nous manque beaucoup, c’était un mec en or, on lui rend hommage autant qu’on peut et on va continuer de le faire aux travers de concerts et soirées qui seront organisés l’année prochaine. Un personnage comme ça, c’est impossible de l’oublier. 

Ça se passe comment le boulot avec Season of Mist ? S’ils sont moins connus que Nuclear Blast ou Century Media, ça reste quand même du lourd. Vous y êtes depuis quelques temps maintenant, c’est que tout va pour le mieux ? 

On est super satisfaits de la manière dont Season bosse. Dès qu’on a besoin de quelque chose, de leur soutien ou autres, ils répondent présents. Nous avons une totale confiance en eux. Tu sais, Benighted, ce n’est pas notre boulot, on a donc besoin d’être entourés de gens avec qui tu sens bien et envers qui tu peux avoir confiance. Si on devait dealer avec un autre label, plus gros, ça ouvrirait forcément plus de portes, mais ça serait compliqué. Comme je te l’ai dit, nous avons tous une vie professionnelle, il nous est impossible de tourner 6 à 8 mois par an comme font les groupes pros. On aurait peut-être une meilleure distribution mais en toute franchise celle qu’on a nous convient très bien et en plus on bosse dans un climat serein et c’est le plus important. Perso j’ai besoin de cette confiance, que ce soit avec les musiciens, les techniciens, le label, les graphistes, c’est indispensable à mon sens pour bosser correctement.  

Sur l’édition limitée de Necrobreed il y a deux reprises. Une de Sepultura, Biotech is Godzilla (Chaos A.D.) et une de Marduk, Christraping Black Metal (Panzer Division Marduk). Des choix pour le moins surprenants, non ? 

(Gros éclats de rires). On voulait reprendre du Sepultura, Gab et moi sommes de grands fans depuis l’adolescence et là on s’est dit qu’il le fallait. Mais on ne savait pas à laquelle s’attaquer puisque beaucoup de leurs titres ont déjà été repris. Puis notre choix s’est porté sur Biotech is Godzilla, on l’a bourriné un peu et franchement ça le fait. Pour Marduk, le choix peut paraître surprenant mais comme on n’a jamais repris de Black Metal, on s’est dit que celle-ci serait parfaite. Alors je te rassure, on ne s’est pas dit non plus qu’on allait violer Marduk, mais pas loin (rires). On lui a rajouté un peu de vitesse, adapté à notre son, mis du pig squeal et hop. Je ne sais pas comment ils le prendront si un jour ils l’écoutent mais nous en tous cas on a pris beaucoup de plaisirs à l’enregistrer (rires). Je t’assure qu’elle envoie ! Le morceau doit faire 3 minutes 30 je crois, on l’a ramené à 3 minutes 10 ! 

Il y a aussi des feats sur ce nouvel album… 

Exactement, on aime avoir un fonctionnement assez familial et inviter des amis sur nos titres. Lorsqu’on choisit de faire un feat, on pense d’abord au morceau, c’est à dire que pendant la composition, on se dit "ah ouais, la voix de ce mec irait super bien". Puis tant qu’à faire on choisit quelqu’un qui a un registre différent du mien, sinon ça n’aurait pas d’intérêt. Pour le choix de Trevor de The Black Dahlia Murder, ça remonte à la tournée commune qu’on a fait ensemble en début d’année. Ce mec est humainement génial et c’est aussi un chanteur super charismatique. Pendant l’écriture de Forgive me Father j’entendais presque déjà comment le refrain sonnerait avec sa voix, je lui ai donc demandé s’il était intéressé et il s’est montré super enthousiaste. Quand on a reçu la bande on a vite compris qu’on ne s’était pas trompé de personne. Pour Arno de Black Bomb A, c’est différent. Ça faisait un bail qu’on se disait que ce serait bien de faire un truc avec lui et là, l’occasion s’est présentée. Le morceau (Cum With Disgust) se prête totalement à sa grosse voix de brontosaure sous stéroïdes, on l’a contacté et il nous a fait ça aux petits oignons. 

J’aimerais parler avec toi des liens qui existent entre Benighted et Aborted. D’ailleurs tu as classé leur dernier album, Retrogore, numéro un de ton top 10 de l’année. T’es très pote avec Sven… 

C’est vrai qu’il y a une grande complicité entre nous. Je ne saurais pas vraiment te dire d’où elle vient. À la base je suis fan d’Aborted, et ce avant que l’on se connaisse, puis on a été amenés à tourner plusieurs fois ensemble. Sven est fan de Benighted, et des liens se sont naturellement créés. C’est probablement le groupe avec lequel on a pris le plus de plaisirs à tourner, on s’entend super bien, on a fait les cons, des bringues de folies, je ne pourrais pas te dire le nombre de conneries qu’on a pu faire ensemble (rires). On a du respect et de l’admiration mutuelles, vraiment. On s’échange des trucs régulièrement, le regard de l’autre est important, c’est un peu comme deux frangins qui bossent dans le même milieu mais sur des projets différents. On aime savoir ce que l’autre pense et si, pourquoi pas, il a des conseils. 

Quand tu donnes un coup d’œil dans le rétro sur l’histoire du groupe, tu te dis quoi ? 

Je me dis que faire mieux, c’est difficile. On a vraiment toujours donné le maximum pour le groupe. Nous avons dû faire d’énormes sacrifices dans nos vies personnelles pour en arriver là tu sais. C’est aussi une des causes pour laquelle le line-up est instable, c’est vraiment beaucoup d’investissements. Mais on ne va pas se plaindre, faut pas déconner, on a vécu des moments extraordinaires dans l’aventure Benighted. Je n’ai honte de rien, je ne regrette aucune étape de ce qu’on a fait. C’est un peu ma philosophie de vie du reste, je n’ai jamais de regrets dans les choses que je fais, même s’il y a des jours où je me dis "tiens ça j’aurais peut-être dû faire ça différemment". Mais au final, à cette époque là j’étais dans cet état d’esprit et voilà ça devait se faire comme ça. Je suis assez fier de cette aventure, il ne faut pas oublier qu’au départ ça a commencé comme une blague de lycéens, quand on répétait chez mon père, dans le garage, on n’imaginait pas un seul instant faire des grosses dates et participer à des festivals importants. Je me souviens encore de nos premiers pas quand on a signé chez Adipocère pour notre premier album, ça a été un véritable boost pour le groupe, ça nous a permis de rapidement grimper les échelons. 

C’est quoi les projets pour 2017 ? 

Pour 2017 c’est déjà la sortie d’un clip mi-janvier, on a enregistré un truc bien dégueulasse, on s’est bien éclaté. Ensuite c’est pas mal de dates en France, on en a déjà booké près d’une trentaine, puis une tournée de 15 dates en Europe avec Wormed, un groupe de Brutal Death espagnol bien méchant. Pour l’été ce sera du classique avec les festivals, avant de pourquoi pas repartir sur une tournée plus conséquente à l’automne, histoire que Necrobreed soit bien défendu sur scène. Un deuxième clip sera sympa aussi.

Shades of God (Janvier 2017)

Crédits Photos : Metallic Photography
Remerciements : Julien, Benighted, toute l'équipe du Gohelle Fest

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Commentaires

bing666Le Lundi 16 janvier 2017 à 00H26

Hâte d'écouter l'album en tout cas, l'histoire a l'air bien dégueulasse! :) Et bravo au groupe de mentionner le "Retrogore" de leurs potes d'Aborted, trop souvent oublié dans les tops de fin d'année.