Hervé Bourhis (La Petite Bédéthèque des Savoirs) Par Email

A l'occasion de notre cycle sur Musique et Bandes Dessinées, nous avons pu échanger avec Hervé Bourhis pour en apprendre plus sur La Petite Bédéthèque des Savoirs et le travail du dessinateur sur l'oeuvre. Une interview initiée par mail.

Bonjour Hervé, merci d’avoir accepté cette interview pour Metalorgie. Vous êtes notamment connu pour Le petit livre de la bande dessinée, le petit livre Rock, … Comment vous est venu cette envie de conjuguer le bande dessinée et la musique ?

La musique est ma passion, et la bande dessinée ma vie depuis que je suis enfant. Donc il était normal que je veuille mixer les deux. Dès ma première BD publiée, j'ai parlé de musique, à travers Boris Vian. Ensuite avec Rudy Spiessert, on a fait une série intitulée "Le Stéréo-Club", ou on parlait des dernières heures d'un disquaire de quartier. Mais quelque chose ne me convenait pas. Je me suis rendu compte que je n'arrivais pas à exprimer ce que je voulais par la fiction. Il fallait que je casse la narration classique. En cassant ça et en développant un style plus "patchwork", j'ai trouvé que ça correspondait plus à la musique que j'aime, le rock.

Votre livre avec Jacques de Pierpont dans la Petite Bédéthèque des savoirs a été l’un des premiers dans cette collection. Comment est venue cette idée avec l’éditeur ?

La petite bédéthèque est un projet éditorial. Le bébé de David Vandermeulen et Nathalie Campenhoudt. David est un copain, et à Bruxelles, en 2014, il m'a parlé de son projet de collection, marier un expert avec un auteur de bande dessinée. Et m'a proposé le thème du heavy métal. j'ai accepté tout de suite parce que j'aime le métal, mais je ne suis pas un spécialiste du sujet. Si ça avait été le punk ou la pop sixties, j'aurais décliné, parce que j'aurais pu l'écrire ! Mais là, je trouvais que c'était un super sujet, souvent méprisé à tort, et d'une grande importance culturelle. et je savais que j'allais m'éclater à dessiner les looks, les logos, les pochettes !

Vous abordez énormément de choses pour le néophyte, comment s’est fait le choix de certains éléments ?

C'est le travail de Jacques de Pierpont. Il a bossé dur le sujet pour être à la fois pointu et grand public. Moi j'ai fait en sorte que ses longs textes tiennent dans les pages, et que le ratio image-texte soit bon. Par contre c'est moi, puisque je suis responsable du rythme et de la mise en page, qui ai insisté pour "chapitrer" le livre. que ce soit aussi un guide, on ne finit pas un sujet en milieu de page par exemple.

Si un lecteur devait vous demander d’approfondir le sujet, vers quels ouvrages l’inviteriez-vous à se tourner ?

Aucune idée, je ne suis que le dessinateur !

Est-ce que vous auriez envie, après le Heavy Metal, de faire un focus sur d’autres styles ?

Avec mes "petits livres", chez Dargaud, c'est ce que je fais. Je sors ce mois-ci "le petit livre black music" avec Brüno.

Comment s’est passé le travail avec Jacques de Pierpont ? J’imagine que la plupart des éléments ont été échangés par email.

Oui, je ne le connaissais pas, alors que c'est une star en Belgique et dans le nord de la France. On s'est rencontré autour d'un couscous, et on s'est tout de suite bien entendu. On a discuté du projet et de la méthodologie. Il a ensuite écrit l'équivalent de trois livres ! Mon boulot a été de trancher dans le texte, mais sans altérer son style d'écriture, qui me plait. À la fois précis et foisonnant.

Concernant la préparation de vos ouvrages sur la musique, est-ce que vous avez pu rencontrer différents acteurs du milieu ?

Très peu. Moi je veux rester fan et extérieur. Je connais plus les disquaires et les critiques rock.
Quant à Jacques, il a rencontré tout le monde, de Ronnie James Dio à Gojira.

Il y a un travail assez intéressant sur les couleurs de cet ouvrage : peu de couleurs mais utilisées judicieusement et avec un trait permettant de reconnaître facilement les musiciens / pochettes. Quelle a été l’approche artistique sur l’oeuvre ? Est-ce la même idée que pour Le Teckel ?

Je voulais que les fans de Metal s'y retrouvent. Il y a traditionnellement peu de couleurs sur les pochettes de Metal, du noir, du rouge, et c'est presque tout. Je voulais que ce soit radical. Je me voyais pas utiliser toutes les couleurs de l'arc en ciel. ça donne un ton, et une unité raccord avec le sujet. Pour le Teckel c'est un peu différent. Comme le personnage principal est rétro et haut en couleurs, j'ai pensé que trop de couleurs allaient donner un ton trop "comédie". Or c'est une comédie dramatique. Bon, et puis j'ai besoin de contraintes pour m'amuser. N'utiliser que deux ou trois couleurs, ça demande un travail de choix permanent qui est passionnant.

Comment vous est venue l’idée de ces « Pop Battle » ?

C'est Christophe basera, du mensuel Magic!, qui m'avait commandé une rubrique. J'ai trouvé rigolo de faire un comparatif des discographies de deux groupes de la même génération. C'était une blague, c'est absurde de comparer deux groupes comme deux équipes de foot !

Quel est votre rapport avec la musique, est-ce quelque chose qui vous accompagne au quotidien ?

Oui, comme tout le monde. Quand je dessine, mais pas quand j'écris ! parce que j'ai un rapport actif à la musique. j'analyse. ce n'est jamais un bruit de fond pour moi. Et je suis devenu collectionneur de 45 tours, j'ai même une mini-activité annexe de DJ, dans des bars, des festivals…

Quelle a été votre première découverte musicale ?

Mon premier 45 tours est "YMCA" de Village People ! Mais mon premier choc est le premier album de The Specials, en 79, j'avais 5 ans. Mon frère, qui était très calé musique, l'avait acheté.

Etes-vous musicien également ?

J'ai fait de la batterie dans des groupes amateurs dans les années 90. et maintenant je joue de la basse, pour moi, de façon très médiocre.

Vous avez un trait simple sans être simpliste, permettant de reconnaître aisément les personn(e)ages (comme le Lemmy au fluo, très chouette). Quelles ont été vos influences en bandes dessinées ?

Franquin, Goscinny, Daniel Clowes, Gotlib, Blutch, Bretecher, Chaland, Hergé, Goossens, Kirby…

Lorsque vous préparez ces ouvrages, comment vous organisez-vous pour identifier ce qui doit être retenu, comment l’illustrer, etc ?

Jacques a fait des suggestions, mais après c'est assez simple. Si on parle de Black Sabbath, on va chercher des photos emblématiques, les pochettes. pour les "petits livres" c'est assez différent. je compile des masses d'infos, puis je trie, je hiérarchise, je chasse les doublons. puis je cherche la doc, je dessine. mais parfois une info que je trouvais importante a un dessin un peu ingrat, et je vais mettre en valeur un autre dessin, meilleur, même si l'info est de moindre importance. Ça reste des livres graphiques !

Vous allez sortir Le Petit Livre Black Music. Quels sont tes projets en préparation ?


Le Teckel 3, la suite de Naguère les étoiles, et l'intégrale Prévert. Tout ça en janvier.

Un grand merci pour le temps accordé. Avez-vous un dernier mot pour la fin ?

J'aime bien la chanson "Iron Man" de Black Sabbath.

Euka (Novembre 2016)

Un grand merci à Diane Rayer (Le Lombard).

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