Rock in Bourlon par mail

Depuis 6 ans, les 1200 habitants de Bourlon, petite commune du Pas-de-Calais, accueillent, sur la place de l'Abreuvoir le festival metal Rock In Bourlon. On est allé discuter avec ses deux organisateurs pour savoir, entre autres choses, comment l'affiche est passée de 3 groupes à plus de 10 sur deux jours, tout en restant gratuit, dans un petit village et ce que réserve cette nouvelle édition.

Bonjour à vous deux ! On va commencer par une petite présentation.

Pierre : Pierre, j’ai 24 ans, et je suis organisateur du festival Rock In Bourlon. J'habite sur Paris où je suis actif chez Dead Pig Entertainment, je fais du booking et je prends part à l'orga des Stoned Gatherings.

Anthony : J’ai 26 ans, non musicien malgré plusieurs tentatives ! J’ai quand même participé à un concert de percussions en Guinée Conakry (un grand moment). Je suis un grand passionné de musique, c’est pour cela que j’ai décidé de donner dans l’orga de concerts. Étudiant de longue durée, j’ai fait des études en communication puis en médiation culturelle, et maintenant en management culturel. J’aime le Thrash pour danser, le Heavy bien évidemment, le Stoner plus particulièrement et la Noise que j’ai souvent en fond sonore chez moi.

Comment s’est formée l’asso et l’idée de monter le fest ?

Pierre : Le fest est né en 2010, à l'époque j'avais 18 ans et j'étais batteur dans un groupe, Pepperplane, on s'est dit que ce serait cool de faire un concert à Bourlon (mon village natal). On a donc passé un accord avec le café du village, invité 3 groupes de potes et trouvé une remorque de camion. Totalement à l'arrache donc.
Devant le succès inattendu de l'évènement, on a décidé de continuer l'aventure en formalisant un peu plus les choses. C'est à ce moment qu'Anthony m'a rejoint, on a créé l'asso en 2011 et à partir de 2012 le festival a débarqué sur l'Abreuvoir, un lieu plus adapté et bien plus agréable pour le public, les groupes et l'orga.

Anthony : Oui je n’étais pas là en 2010, car je bossais à l’usine ce weekend là (rires). Mais j’étais présent et motivé pour la suite.

Justement, parlez-nous un peu de ces premières éditions « test ».

Pierre : Dès le départ la gratuité a été très importante, cela apporte une ambiance très particulière au fest puisque de ce fait le public est extrêmement éclectique. Entre un public local qui vient découvrir un univers ou simplement passer un moment entre amis et en famille et un public averti qui lui vient aussi de plus loin.

Anthony : La première édition avec l’asso c’était en 2012, on avait sélectionné 6 groupes de la région, avec en tête d’affiche Radical Suckers et Château Brutal. Le défi c’était d’amener du public à Bourlon, une commune de 1200 habitants, et de faire découvrir des groupes de la région. La fréquentation cette année là était d’environ 200 personnes, ça nous a donné envie de continuer et d’élargir à des groupes nationaux (et internationaux !). On a aussi mis en place d'autres activités sur le site, comme un espace exposition où un endroit pour mixer du son.

Comment on monte un événement comme ça, financièrement ? Vous recevez des aides de la mairie, des commerçants locaux ?

Pierre : La mairie nous a soutenus dès le début, et surtout continue a nous faire confiance chaque année. Pour ce qui est des sponsors, la situation évolue chaque année mais certains nous aident depuis 2012. Cette année pour la première fois nous bénéficions du soutien de la Communauté de Communes Osartis Marquion. Il est clair que le festival ne pourrait pas être tel qu'il est sans ces soutiens.

Anthony : Il faut quand même préciser que le meilleur partenaire du fest pour le moment c'est le bar (rires).

On ne va pas faire une biographie année par année mais vous pouvez nous parler des différentes éditions ? Ce qui a évolué, ce qui s’est planté ?

Pierre : L'affiche s'est affinée avec le temps, et a gagné en qualité, on a maintenant moins de locaux et plus de groupes étrangers. En 2012 tous les groupes étaient originaires de la région Nord Pas De Calais. En 2015 on avait 5 nationalités différentes sur scène. On le doit d'une part à une hausse constante de fréquentation, mais aussi au fait qu'on a accès à de nouveaux contacts.

Anthony : En 2013, on avait programmé Jancee Pornick Casino et Sticky Boys, on avait découvert ces derniers en concert et bien accroché, on avait déjà le groupe en tête à la création du festival. On était à la recherche d’une tête d’affiche et c’est le bassiste d’Adam Bomb qui m’a contacté sur facebook pour nous le proposer, on a tout de suite dit banco. Adam Bomb est vraiment un personnage atypique, il a auditionné à l’âge de 20 ans pour rejoindre Kiss, il a remplacé aussi Malmsteen dans Steeler pour quelques dates. Pour l’anecdote Adam Bomb a failli mettre le feu à la remorque de camion avec sa pyrotechnie !

Pierre : Concernant le site, il a suivi la même évolution que la prog. En 2013 Anthony y a implanté un espace expo qui existe toujours aujourd'hui, où se mêlent dessin, photographie, sérigraphie, artisanat...etc.

Anthony : Par exemple, en 2013, quand on a fait joué Glowsun, Johan Jaccob, le chanteur, y a exposé ses sérigraphies.

Pierre : On ajoute cette année un espace retro gaming. Le public est également de plus en plus nombreux et il vient aussi de plus en plus loin. On a pu rencontrer des Parisiens, des Belges sur le Rock in Bourlon l'année dernière.
Tout cela a bien sur une influence sur l'organisation de l'évènement avec une équipe de bénévoles qui grossit d'année en année.

Revenons maintenant sur 2015, votre plus grand succès jusqu’à présent !

Pierre : La meilleure météo qu'on ait jamais eu, la meilleure prog aussi, et un public nombreux comme jamais. Une orga de plus en plus nombreuse et efficace. On a fait jouer des valeurs qui montent comme The Midnight Ghost Train et Admiral Sir Cloudesley Shovell, le son était parfait, les groupes et le public aussi.

Anthony : Pour 2015 on a agrandi l’espace exposition, on proposait des DJ sets entre les concerts, et aussi un one man band. On a proposé un buffet gratuit en ouverture en partenariat avec Emmaüs. Pour l’expo on a accueilli Arrache toi un œil, collectif parisien de sérigraphie qui ont fait des affiches pour Orange Goblin.

Comment ça se passe dans l’équipe de bénévoles ? Vous êtes combien qui fait quoi ?

Anthony : Nous sommes une quinzaine, principalement des amis et de la famille. On est très polyvalents, on peut passer de la caisse au bar à la scène dans la même foulée. On a un planning de tâches à l'avance mais chacun voit là où il faut des bras quand il le faut.

Pierre : Cette année nous nous y prenons beaucoup plus à l'avance, car avec l'installation du camping et la prog plus qu'alléchante, on s'attend à encore plus de monde. Nous avons commencé le recrutement des bénévoles, on en cherche pas mal cette année. Si tu veux venir donner un coup de main au festival, tu peux remplir le formulaire pour intégrer l'équipe.

A quoi pouvons-nous attendre pour l’édition 2016 ?

Pierre : Cette année est un nouveau palier franchit pour le festival, avec un camping et 2 jours. Les possibilités grandissent et on peut proposer plus de groupes (10 au lieu de 6), ainsi que plus d'activités. Le gros plus cette année, on a une vraie scène ! On pourra proposer de meilleures conditions pour le public et les artistes. Concernant les artworks on travaille cette année avec Emgalai !

Anthony : Niveau fréquentation on était autour de 600 personnes l’année dernière.Cette année on vise 1000 par jour. Et on va faire une bière Rock In Bourlon avec un brasseur du coin ! Concernant l’exposition on va accueillir le projet Burning Moon.

Pierre : Et surtout la prog est gorgée de pépites. Les deux têtes d'affiches sont les Québecois de Dopethrone et les Allemands de My Sleeping Karma, des bêtes de scènes, chacun de leurs concerts sont des tueries ! On a aussi des groupes qui montent, comme Death Alley ou Wucan. On compte vraiment se décarcasser et donner tout ce qu'on a pour proposer le meilleur festival possible, convivial, chaleureux et inoubliable !

Anthony : Et toujours gratuit !