Pryapisme Hellfest 2015

Lors de l'édition 2015 du Hellfest, nous nous sommes penchés sur le cas Pryapisme, dont l'illustre et talentueux 6coups6mouches, alias Nicolas Sénac (ou l'inverse), guitariste de son état et technicien son du joueur du grenier (entre autres) se baladait sur le site, pour justement tourner une petite faribole avec son compère. L'occasion de revenir sur ce merveilleux groupe, le dernier album Futurologie, et plus généralement pour rigoler un bon coup. C'est parti.

Merci beaucoup d'accorder à Metalorgie cette interview.

Avec grand plaisir...

Ma première question, si tu me permets, c'est, comment va Flipper ? Et quant est il du loyer ?

Alors ça c'est les blagues d'Aymeric mon batteur. Il tire des samples d'un nombre incalculable de vidéos du net, je me souviens plus de quelle vidéo débile c'est tiré. Euh... de mémoire c'est un clip complètement con avec un type qui parle de ça. Me souviens plus du titre. 

Donc Flipper va bien ?

Aucun remords. Il se porte bien.

En 14 ans d'existence, finalement Vous n'avez sorti que bien peu d'albums (et c'est bien dommage). Trop compliqué à écrire ? Pas assez de disponibilité pour le groupe ?

Alors, c'est compliqué. Faut savoir que Pryapisme à la base c'est un groupe de lycée. C'est le batteur et le clavier, au lycée, complètement torchés qui se sont dits, on va faire un groupe.

Déjà pas nets à cette époque ?

Ouais, pour choisir un nom de groupe comme ça fallait vraiment pas être clair si tu veux mon avis. Mais en gros le délire pour Pryapisme, c'est que c'est long à faire, et c'est pas forcément l'écriture qui est le plus long à réaliser, c'est surtout le mixage et les arrangements. Moi ça fait 10 ans que je suis dans le groupe, et si tu veux, on part dans l'optique pour chaque album, d'aller au bout du truc, sans avoir rien à foutre de ce qui va se passer par la suite. On fait l'album au mieux possible, même si ça correspond pas à notre niveau de musicien, même si on arrive pas à jouer tout ça en live. Quand on compose, quand on mixe, on pense pas à tout ça. Absolument rien à branler. Voilà, on essaye de faire le truc le plus bad-ass possible, on édite les pistes comme des porcs, on ajoute des trucs à droite à gauche, etc. Et le truc rigolo c'est que d'album en album, on enregistre des trucs qu'on est pas capable de jouer dans un premier temps, donc on est obligé d'apprendre tout ça, ce qui élève notre niveau de jeu au fur et à mesure. Au final c'est une démarche qui est pas dégueu, même si on a mis énormément de temps à réussir à jouer tout ça en live. On a eu une période juste à trois, je te laisse imaginer la difficulté pour envoyer la purée, c'était catastrophique. Donc voilà, ça nous prend du temps, mais de moins en moins finalement. Le premier album par exemple, même si moi j'ai une formation de technicien son, avec du matos de merde, sans savoir exploiter les possibilités qu'offrent les plugins de MAO, on a finit par tout ré enregistrer une fois qu'on avait compris comment ça marchait. On cherchait également un label à l'époque, donc au final on a mis un peu plus de trois ans à l'enregistrer à force de temporiser, de faire et refaire.

Maintenant vous êtes tous rodés non ?

Ouais ça va mieux. On est en train de préparer le troisième album, et ça risque d'être rigolo. On a que les versions de travail pour l'instant, donc que du midi pour l'instant, écrit à l'arrache, et on en est à l'étape où on va enrober tout ça avec des vrais gens qui jouent (rires).

Est-ce que c'est compliqué de trouver des dates pour vous ? Finalement vous tournez très peu. Chaud de trouver des acolytes de route ?

C'est toujours compliqué de jouer en live, on a pas de tourneur en fait... D'ailleurs j'en profite pour passer un petit message dans ton interview : on cherche un tourneur ! (rires). Si quelqu'un lit ça et veut nous faire tourner à droite à gauche (sans arrière penser bien évidemment), nous on est chauds du slip. Bref, c'est pas toujours évident mais on a commencé à tourner un tout petit peu. Il y a quelques années on jouait à Clermont-Ferrand deux fois par an et puis c'était grosso modo tout ce qu'on faisait comme dates. Mais on commence à avoir deux trois gros plans, on a l'Euroblast qui arrive, le "Rock in Opposition Festival", LE festival rock prog des puristes, on va se chier dessus parce qu'on joue juste après le Mats/Morgan Band, le niveau est tellement haut qu'on va passer la serpillère si tu veux... Ça fait plaisir mais on mérite pas, comme dans Wayne's World (rires). Mais bon, on va compenser par des blagues, ça va bien se passer.

Vous avez fait une date en commun avec 6:33 récemment...

Ouais, d'ailleurs y avait une ligne à haute tension qui passait sous la scène, tous les instruments faisaient "bllllll". Mjc Mon Plaisir ? N'y allez pas ! (rires). Les merveilleuses organisatrices ont appris ça quelques jours avant, le gros pas de bol. Mais bref on a fait avec, les 6:33 nous ont prêté une basse, tu penses bien la basse vintage du bassiste a pas du tout kiffé la ligne à haute tension. Mais ouais, on fait des dates à droite à gauche, on joue bientôt avec The Algorithm aussi, donc ça fait plaisir, on a pas grand chose à voir avec tous ces groupes, mais j'ai l'impression qu'on est tous plus ou moins dans cette grosse catégorie de trucs un peu chelou (rires).

Justement qu'est-ce qui a déclenché cette invitation à l'Euroblast par exemple ? Le deuxième album ?

Ouais, d'une part, mais c'est surtout depuis qu'on a signé sur un label, Jean Michel Apathia. Jehan s'occupe super bien de nous, la com' c'est vraiment un domaine dans lequel on est super mauvais, on doit écrire un message tous les six mois sur facebook tu vois ? On a toujours été nuls à chier là dedans, et malheureusement aujourd'hui si tu veux que ton groupe marche, faut absolument s'y mettre, donc à ce niveau là on a vraiment eu de la chance de tomber sur Apathia Records. Notre musique y est pour quelque chose, mais il fait bien monter la sauce, et ses plans de com y sont pour beaucoup dans le relatif succès du groupe.

Vivre de la musique c'est toujours un peu compliqué, je pense pas que tu me contrediras pas sur ce point là...

...c'est un rêve inaccessible...

...mais est-ce qu'on peut décemment vivre aujourd'hui avec le pryapisme ?


Apparemment quand tu choppes ça faut vite aller à l’hôpital sinon c'est très douloureux.

Du coup c'est douloureux pour vous ?


(rires). Nan ça va, mais tu sais, vivre de la musique comme c'est parti avec l'intermittence, le délitement des engagements de l'état vis à vis de la culture, ça me semble être de plus en plus difficile actuellement.

Et comment ça marche justement, vous êtes tous intermittents, vous avez plusieurs groupes ?

Les autres ont plusieurs groupes, moi je suis salarié. Je suis technicien son. Et les autres bah, ils galèrent faut bien l'avouer. Mais ils sont pas tous intermittents, Nils est prof de musique par exemple, donc on roule pas sur l'or mais on arrive à peu près à s'en sortir. Moi j'aimerais bien ne vivre que de ça, mais c'est tout le concept de l'intermittence qui ne va pas du tout, la régularité c'est pas du tout compatible avec la créativité par exemple. C'est complètement contradictoire, quand tu passes un an ou deux sur un album, bah tu perds ton statut, donc ça veut dire qu'il faut se dépêcher, ce qui veut aussi dire que tu bâcles. Bref c'est pas facile tout ça...

Est-ce que la connerie s'exporte ? J'ai entendu parler du Kirghizstan..
.

Euh... ouais ! Ouais, on a des fans au Kirghizstan, on a été les premiers surpris je te rassure. J'irai pas jouer là bas mais c'est rigolo, parce qu'y a de ça sept ou huit ans, on s'était donné un objectif pour le groupe, c'était de jouer au Japon, et qu'une fois cet objectif atteint on pourrait arrêter. On verra à ce moment là, mais moi surtout je prendrai deux ou trous valises de plus pour acheter des consoles vintage (rires). Mais oui, la magie d'internet fait que...

Concernant le dernier EP, je sais pas si je dois essayer de trouver une explication, mais pourquoi "Homo Cretinus Trampolinis" ?

Faut demander à Aymeric, moi je comprends rien à ses conneries (rires). Sur scène d'ailleurs je le fais chier avec ça, je lui demande d'expliquer, il a pas l'air de savoir trop non plus ! Grosso modo, il aimait bien le mot trampoline, il l'a mis en latin pour que ça sonne bien, et voilà !

Niveau Orchestrations et instrumentalisations, vous avez pris un sacré level entre Roccocco, Hyperblast et Futurologie.

Ouais ! Contact de Native Instruments.

Ké ?

Contact de Native Instruments. C'est un plugin.

(rires)

Un plugin qui permet de faire beaucoup de choses, qui demande beaucoup de travail aussi mais...

Faut pas le dire ça !

(rires) ah bah si, pas de soucis. L'envers du décor, mon dieu ! (rires). Bon après c'est pas automatique non plus, y a beaucoup de travail à faire sur les midis, surtout pour avoir un résultat orchestral, mais on a vraiment un dieu de la MAO au sein du groupe. Aymeric (le batteur) c'est un monstre. A tous points de vue, dans l'édition, dans le choix des sons, etc... C'est lui qui donne le gros côté électro à nos compos.

C'est quoi, c'est du Abbleton ?

Et bah tu crois pas si bien dire, c'est exactement ça. Bien joué ! On se sert de ça, mais c'est juste une base, on se sert d'énormément de plugins, la Complete Native entre autres. Des banques de sons bien véner en somme. Sur Hyperblast Super Collider par exemple, on a les sons d'un lithophone, c'est un orgue en pierre immense, unique au monde. Ça nous sert que dix secondes, mais Pryapisme c'est ça. C'est la recherche de sonorités toujours plus connes.

On a eu le comment, maintenant j'aimerai bien le pourquoi si tu le permets, choisis ce qui correspond le mieux au groupe concernant l'état d'esprit de l'EP, y'a évidemment pas de bonne réponse :
    - c'est moins bourrin qu'avant parce que vous vieillissez ?
    - c'est plus joli qu'avant, parce que vous assumez mieux les fins poètes que vous êtes ?
    - c'est plus concret qu'avant, parce que vous prenez moins de drogues ?


(rires). Alors concernant les drogues, on est assez sages en fait. Y a pas de folie à ce niveau là, moi j'ai lu beaucoup de biographie de musiciens et j'ai compris que l'héroïne c'était pas le bon plan. (rires). Nan mais blague à part, on est pas spécialement des toxos, on picole un peu, mais rien de fou. Alors ensuite, Futurologie est moins bourrin, tout simplement parce que j'ai pas joué dessus. Impossible de participer au truc avec le boulot à côté, donc c'est Nils, le deuxième guitariste qui s'y est collé. Donc c'est lui qui a tout fait, et il joue au doigt Nils, c'est un guitariste classique, il a un toucher vraiment unique, mais du coup oui c'est moins bourrin parce qu'y a pas "José" derrière qui fait "rrrh rrrh" avec son joujou, ça c'est mon fond de commerce tu vois ? Donc dans le prochain album, les couilles vont revenir t'inquiètes pas, ce sera un peu plus "Metôl". Mais c'est pas pour autant que c'est moins bien, je trouvais le projet quand même très intéressant, c'est un peu frustrant d'une certaine façon mais j'étais dans une période où c'était un peu difficile de mélanger Pryapisme et mon boulot.



J'ai pas dit que c'était moins bien hein, juste très différent...

Ouais voilà, c'est une approche très différente, c'est du 100% Aymeric (le batteur), c'est lui qui a tout composé, et le résultat est plutôt sympa. Et sur le prochain album ça risque d'être encore pire, y a plein de nouveaux musiciens qui ont composé des petits bouts, donc autant d'approches différentes. ça va être un vrai merdier (rires).

Alors justement ça me permet d'enchaîner sur ma prochaine question ; comment vous composez ce joyeux bordel ? Est-ce que quelqu'un impose sa vision, ou chacun apporte quelque chose au projet ?


Alors, la démocratie moi je trouve que c'est bien, mais c'est vrai que dans Pryapisme ça ne marche pas très bien, on fait pas beaucoup de bœufs, la nature même de notre musique c'est d'être écrite, et pas du tout improvisée. En plus moi je suis éloigné des autres, qui sont tous sur Clermont-Ferrand. Mais en général ce qui se passe, c'est que c'est Aymeric et Ben (clavier) qui composent les morceaux, moi j'en ai écris qu'un seul dans toute l'histoire du groupe, bon c'est le plus bourrin ça me fait plaisir, mais c'est très difficile d'écrire un morceau de Pryapisme en fait, j'ai clairement pas le niveau, moi je suis auto-didacte, je grattouille dans mon coin, tandis qu'eux écrivent des partitions monstrueuses qu'on met un temps fou à s'approprier. C'est ça le délire de Pryapisme. Ils écrivent un truc ultra complexe en midi, que je simplifie à mort parce que je suis incapable de le jouer. Voilà, ça se passe souvent comme ça. (rires). Pour résumer c'est quelque chose de très "écrit", les trames principales sont écrites, les thèmes sont choisis et conçus très tôt, et nous on ajoute simplement notre petit caca sur le gâteau, par dessus la crème chantilly.

Pour ma prochaine tri-question, tu as le droit de faire de longues tirades ennuyeuses, ou de ponctuer chacune de tes phrases par le mot ou l'onomatopée de ton choix : 
- Qu'est-ce que tu fous là ? 
- Aura t-on la chance de vous voir bientôt au Hellfest ?
- Est-ce qu'actuellement un 3ème album est en préparation ?


(rires) alors moi je suis plutôt longues tirades, euh.....
Le festival Hellfest, évidemment que nous serions ravis de venir y jouer, mais il faut tout simplement qu'on nous le demande, comme quasiment tous les groupes français qui veulent normalement jouer sur ces magnifiques scènes, puisque plus tu as d'exposition plus tu ramènes du peuple, en plus tout le monde est bourré ici donc Pryapisme ça devrait passer "crème", de plus il y aurait vraiment moyen de rigoler un peu, moi j'ai pas mal de rêves à réaliser sur des grandes scènes, je veux taper dans les mains des gens, lancer des circle-pits, faire le discours le plus démago possible, mon rêve serait bien entendu de battre Robb Flynn de Machine Head, qui est mon idole à ce niveau là, je prends pas mal exemple sur lui, c'est un véritable génie.
Nous c'est pas compliqué on prend tout ce qui passe en terme de dates, et évidemment que le Hellfest ce serait hyper cool, en plus vu notre musique un peu différente, je pense sincèrement que ça pourrait être salvateur dans ce genre d'événement.
Ensuite, qu'est-ce que je fous là, et bien je travaille monsieur, je suis technicien son de Seb (joueur du grenier), qui a été invité au Hellfest, pour tourner une vidéo, et bien entendu il a besoin de mes grands services... pour aller chercher des bières. Entre autre.
Et concernant le troisième album, je pense qu'il sortira l'année prochaine, y a encore pas mal de boulot, moi j'ai encore rien enregistré, j'y vais cet été pour aller mouliner des triolets à 220 la noire, et puis ça devrait le faire. Il va être bien cet album.
En même temps, je réfléchis à ce que je viens de dire, tu connais des groupes qui vont dire que leur prochain album va être nul à chier ?

... certains devraient le dire, ouais...

(rires). Ouais, c'est pas faux !

Comment vous voyez l'évolution de Pryapisme ? Du chant ? D'autres influences ? Des collaborations / splits avec d'autres groupes ? 

Alors le chant je pense qu'on est mal partis pour ça, ça pourrait être sympa, mais c'est tellement "maximal" ce qu'on fait, si tu rajoutes du chant par dessus, le mec pour trouver sa place, va falloir qu'il se lève tôt le matin ! Donc, pourquoi pas un guest ou quelque chose de ce goût là, on est pas fermé, mais pour être honnête on est pas très inspirés sur ce qu'il y a à dire au dessus de la musique, les titres on met n'importe quoi, les samples je t'en parle même pas. Mais par contre pour ce qui est de chopper des instruments à droite à gauche, ça on le fait déjà. Sur Hyperblast on avait des potes au saxophone ; plus on a de textures différentes mieux c'est, c'est complètement la démarche du projet. Plus on peut en foutre plus on est content (rires).

Petit retour en arrière, j'ai besoin de réponses sur certains morceaux d'Hyperblast : peux tu m'en dire plus sur le titre "J'ai envie de te claquer" ? ça m'intrigue...

Alors "j'ai envie de te claquer", ça vient d'un film avec Sandrine Bonnaire

Oh la vache...

Ah ouais c'est un film vraiment chaud, c'est pas du tout un film marrant, ça va me revenir... "A nos amours" de Maurice Piallat, un truc très français, très CNC, un truc vraiment horrible, super glauque, avec des scènes où les acteurs se tapent vraiment dessus, ça donne quelque chose d'assez violent et malsain. Et du coup Aymeric aime bien dire que le groupe a une espèce de vibe cinématographique, bon... moi je suis pas aussi convaincu, mais pour le coup il nous a un peu forcé la main, il a mis des extraits de film ce salaud (rires). Les samples ça habille un peu la musique, on aime bien... Ah oui y a aussi un sample de Baby Sittor avec Vin Diesel, "la danse du p'tit panda rusé", ça vient de la version québécoise de Baby Sittor. On a beaucoup aimé. Faut dire aussi qu'il y a quelques années de ça, on vivait quasiment tous ensemble, pendant au moins un an ou deux, on se retrouvait pour boire des coups et mater des films de merde, soit on mettait des bons films en V.O, soit de très mauvais films en V.F. C'était le délire de l'époque.

Donc tu me conseilles ce film là en version québécoise ?

Ah Baby Sittor c'est une merde infâme. C'est très drôle.

La reprise de Murgoski ça vous est venu comment ? Le passage en japonais ça raconte quoi ?

Alors. A la base c'est qu'on aime vraiment beaucoup l'original, qui est un morceau fantastique, dans Fantasia d'ailleurs, et on s'est tout simplement dit "on va la faire", et ça s'est concrétisé assez rapidement. J'ai choppé les parties en midi, et en fait il se trouve qu'assez curieusement c'était carrément faisable, on l'a forcément un peu simplifié, le résultat est pas aussi riche, mais ça collait carrément à Pryapisme. Et les paroles en japonais, on avait décidé que le passage dans le morceau, on le ferait en mode manga. Moi j'ai un pote, qui s'appelle "L'enculé en tongs", qui fait des vidéos sur les jeux vidéos sur le net, et qui parle japonais couramment, et on lui a demandé "est-ce que tu pourrais nous écrire un truc en japonais pour mettre par dessus le morceau", il a accepté mais nous a prévenu "je vous dirai ce que ça veut dire que quand vous l'aurez chanté". Donc on l'a chanté ce texte, avec des harmonies, on s'est bien marré, et il nous a expliqué ce que ça voulait dire. En fait on ne fait qu'insulter, en disant des choses vraies hein, une nana là bas au Japon, une espèce d'Elizabeth Tessier, très connue au Japon, qui fait des prédictions et passe pour un agent de la moralité et du bien penser, et comme le pote en question la déteste, il nous a fait un texte pas piqué des hannetons, extrêmement putassier, mais absolument véridique, qui raconte qu'elle a fricoté avec les yakuzas, qu'elle a posé à poil dans certains magazines, que c'est une grosse conne, et c'est le dernier mot prononcé, c'est ça, c'est son nom : Ozoki Kazuko. Donc voilà, on a bien ri quand on a vu la traduction, et ce qui est rigolo c'est qu'apparemment sur twitter des japonais ont reprit le texte en disant qu'ils étaient outrés, qu'on était des terroristes. J'ai trouvé ça super drôle. Sérieux moi je rêverais qu'il y ait un groupe japonais qui chante en français sur Alain Madelin, "c'est un gros connard il a dit que les nuages radioactifs s'arrêtaient à la frontière", ce serait du même acabit. Voilà, ça ça nous a fait beaucoup marrer.

Le clip d'un druide est giboyeux c'est quand même quelque chose. Qui l'a réalisé ? 


Et ben c'est Jehan, de Jean Michel Apathia qui l'a réalisé. C'est lui qui a tout fait. Nous on a rien branlé.

Vous avez conscience que c'est complètement génial ? 

Ah oui, il fait un truc de fou. Nous l'image c'est très compliqué à travailler avec Pryapisme, on a tous des idées et des références différentes dans le groupe, rien que faire une session photo c'est le pugilat total. (rires). "Nan j'fais pas ça", "Nan j'prendrai pas la bûche" (rires), c'est véridique ce que je te raconte là hein, le coup de la bûche. Et donc quand on a vu le clip on s'est dit "hallelujah", jésus est vivant.
D'ailleurs on a eu trop de chatte, le clip s'est fait reprendre par Pirate Bay, qui nous a mis carrément en home page du site. Le truc incroyable. Et récemment, ça par contre je l'avais dit à Jehan de faire gaffe avec ça, parce qu'il y a une paire de nichons dans le clip, la vidéo officielle a été retiré de youtube, on avait presque un million de vues, et bim tout a été effacé. Poubelle. 

La tuile...

Ouais, bon le principal c'est que ça a fait masse de pub pour le groupe.

Petit topic jeux vidéo, parce que je sais tu es un spécialiste : niveau jeu, un truc qui a englouti ton temps libre récemment ?

Ah... Je joue beaucoup à "Hearthstone" en ce moment, j'ai beaucoup joué à Magic quand j'étais gamin, et j'aime beaucoup la simplicité de ce jeu, je me marre bien avec. J'aime pas trop le modèle économique, mais je jeu est vraiment super. Et sinon j'ai passé beaucoup de temps à "Binding of Isaac : Rebirth", "Hotline Miami 2", avec une BO de fou, de toute la nouvelle vague synth-wave que j'affectionne tout particulièrement, sinon je joue toujours à Street Fighter 2.

Alors justement est-ce que tu peux nous parler un peu plus du projet "le tournoi des légendes" ?

Alors ce projet là ça s'est fait avec mon boulot, donc c'est un peu différent de Pryapisme, même si on a greffé le groupe à la toute fin un peu à l'arrache. Donc grosso modo on est allé à Las Vegas pour filmer une compétition de SF2, parce que ce jeu est encore joué aujourd'hui ; pour un jeu qui est sorti il y a 25 ans c'est plutôt classe, donc on a fait un documentaire sur SF2, il fallait des musiques, j'avais très peu de temps pour les faire, et voilà. Donc c'est pas vraiment Pryapisme, à la base on avait juste mis des musiques d'ambiance, qu'on a un peu retravaillées par la suite. Il y a un plagiat honteux de Wrath Child d'Iron Maiden, Ben a fait un truc rapide sur une musique indienne qu'on a choppé sur YouTube, mais voilà, c'est pas du tout aussi léché que Pryapisme, c'est vraiment de la musique d'illustration, ultra dirigé, qu'on a torché en 3 semaines, ce qui est un record absolu pour le groupe. (rires).

A ce point ?

Ah bah oui, En trois semaines avec Pryapisme on a juste le temps de régler la grosse caisse... (rires) Et encore...

Et après cette expérience, est-ce qu'il y a un thème musical d'un jeu en particulier, que tu aimerais reprendre ?

Bah en fait on a un autre groupe avec les gars de Pryapisme, avec Ben et Aymeric, qui s'appelle Speedrunning The Apocalypse, le concept est assez simple, quelqu'un joue à un jeu, et nous on refait en live les musiques du jeu, on s'est inspiré d'un groupe britannique qui s'appelle Beat Brigade, et ça marche très bien...

En impro ?

Nan, tout est écrit, c'est des boucles de 30 secondes qu'on répète jusqu'à ce que le type termine le niveau ! Et on reprend Contra, Castlevania, et Mega Man 2. On aimerait bien faire Les Tortues Ninjas sur Nes aussi. Les jeux Nes c'est pratique parce qu'on est quatre instruments, enfin trois vrais instruments et une batterie (rires) et donc les jeux Nes c'est trois pistes mélodiques et une piste rythmique, je schématise mais en gros c'est parfait pour nous les jouer.

Comment tu en es arrivé à travailler avec Usul, Le Joueur du Grenier, et certainement d'autres que je n'ai pas évoqués ?

Si tu veux moi j'ai un vieil ami qui s'appelle Wolmar, un très très bon joueur de SF2, qui m'a présenté à Usul, parce qu'il l'a connu indirectement,  Usul à l'époque était sur Paris, moi aussi parce que je travaillais à la maison de la radio, on s'est connus comme ça et évidemment on a accroché, on buvait des coups en jouant à SF2, ça crée des liens forcément, et de fil en aiguille, quand Usul a pu gagné un peu d'argent avec jeuxvideo.com, il m'a engagé pour faire le son sur ses émissions. Et du coup, pour Le Joueur du Grenier c'est la même chose ils avaient besoin d'un technicien son, parce qu'ils avaient à l'époque un son vraiment abominable, donc du coup voilà, on bosse tous ensemble aujourd'hui.

Je te cite justement en parlant de 36 15 Usul, "les guitares, c'est comme les couilles, il en faut deux, celle de droite et celle de gauche". Avec Nils tu as donc enfin trouvé ta couille gauche ?

Ahhh.... (rires) alors il faut que tu saches que Nils c'est un de mes guitaristes préférés au monde. Il faisait partie d'autres groupes, avec Ben et Aymeric à l'époque sur Clermont, et ce type c'est un dieu, le mec prend une gratte et te joue du Bach, comme ça, tranquillou. C'est un tueur. Il a un style unique, entre Zappa et King Crimson, une patte que je trouve vraiment géniale, y a que lui qui sonne comme ça. Donc l'avoir à mes côtés c'est vraiment un bonheur. Par contre il est incapable de faire des "teuh-teuh-teuh-teuh-teuh" à la gratte, et c'est super drôle, parce que moi je sais faire que ça. C'est assez complémentaire, et c'est vraiment cool.

Donc la couille gauche a bien collé ?

(rires) ah bah carrément, elle est bien en place dans le caleçon là, elle colle bien au paquet. Et pour le troisième mix il y aura même peut être une troisième couille. Va falloir faire de la place au fond du slip.

Je te cite encore une fois "Les multiprises en cascade c'est toujours le nec plus ultra ?"


Ah mais ça c'était une vieille blague, quand on tournait y avait toujours une multiprise pourrie avec des tonnes de trucs dessus,  et on a essayé d'ironiser là dessus, mais c'est marrant parce qu'ici au Hellfest tous les trois mètres les gens m'arrêtent et me font "hé c'est le type des multiprises".

Ah merde !

Oh ça va, ça m'a pris 10 secondes dans ma vie, c'est plutôt rentable comme speach. C'est la magie d'internet.

Pourquoi les chats ?


Parce qu'à l'époque on répétait chez la maman d'Aymeric, notre batteur, et sa maman est une éleveuse de chats... Au tout début il y avait 32 chats, véridique, qui avaient même le droit d'aller dans la salle de répet, où ça daubait la pisse de chat, un truc de malade, on a même été interdits dans certaines salles à cause de l'odeur qui restait sur les instruments. La première fois que je les ai rejoints pour le concert, j'ai ouvert la porte et j'ai dit "ah c'est là...". Donc voilà, une grosse histoire avec les chats, ça et puis Tabou le chat, qui est même sur la pochette de Rococo Holocaust, c'était un chat qu'on adorait, qui est mort pendant qu'on mixait l'album, on avait une jolie photo de lui qu'on a utilisé sur la pochette de l'album en hommage. Donc voilà, les chats c'est pas que le délire super hype hipster qui vient du net, on a une vraie histoire avec les chats. On a toujours été dans cet environnement là, dès qu'on fait une pause y a 12 chats qui viennent te voir et te ronronnent dessus, ça donne une ambiance sympa (rires). A part l'odeur c'était super.

Comment ça se passe niveau live ? Je suis quasi sur que c'est impossible de retranscrire à 100% ce que vous avez écrit. Les versions sont différentes ?

Oui. Absolument. On arrange différemment tout simplement, certaines parties sautent, d'autres sont créées spécialement ou rallongées, quand on aime bien un passage cool, ça nous arrive de le faire durer un peu plus longtemps. Mais depuis qu'on est cinq c'est quand même beaucoup plus facile que quand on était trois. Donc ouais, grosso modo on ré-arrange, on a quand même quelques parties, quelques séquences qui sont sur bandes, parce qu'on peut pas tout joueur simultanément, mais pour ça on a Ben au clavier, qui fait un taff monstrueux. Donc on arrive à s'en sortir en live aujourd'hui, en tout cas bien mieux qu'à une certaine époque (rires). Et puis c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est qu'on arrive pas à tout jouer ce qu'il y a sur l'album, donc on compense par autre chose, on a une grosse patate sur scène, et on propose quelque chose de beaucoup plus organique.

Une anecdote pour terminer ? Plutôt sucrée, salée, ou sale tout court ?

(il réfléchit) ...hum... Sur Rococo Holocaust je fais deux solos de guitares, et je me souviens les avoir enregistré complètement bourré, ça donne une vibe rigolote. Qu'est-ce que je pourrais te raconter d'autre, tu sais on a tellement passé de temps à enregistrer entre nous, et en dehors, y a eu du sang, des larmes, des rires. Mais ouais je pourrais te parler des heures de nos soirées de "cohésion de groupe" à picoler du vin rouge et bouffer du fromage...
Mais on est vraiment super contents de la tournure que prennent les choses, ç'a été très long, ça fait plus de quinze ans qu'on joue ensemble et ça commence à payer, un nouvel album bientôt, on va faire plus de dates, on va jouer avec des groupes cools, et on est plutôt fiers du résultat. ça se passe vraiment bien. Voilà, c'est pas sale, pas sucré ni sale tout court, mais c'est la joie. Des larmes, des larmes de joie, c'est un peu salé quand même !

Et bien grand merci à toi pour l'interview.

Avec grand plaisir ! Merci à toi et à bientôt.

lelag (Février 2016)

Un grand merci à Nico pour cette interview réalisée avec son matos bien évidemment, merci pour la bonne humeur et les petites anecdotes wtf. Merci à Jehan d'Apathia Records de nous avoir permis de rencontrer le bonhomme...

Interview réalisée et retranscrite par lelag.

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Commentaires

F4nstLe Dimanche 27 mars 2016 à 17H55

Salut Mister Nico !!
Content de voir que Pryapisme existe encore !!
Et toujours aussi déjanté .
des bises mec !!

80risLe Samedi 20 février 2016 à 00H41

Sympa l'interview!
Sinon, c'est "Kontact" et "Komplete" pour les VSTi de chez Native! ;)