Skin (Skunk Anansie) Gibson France, Paris, le 7 décembre 2015

C'est devant une vraie boute-en-train que nous nous retrouvons au moment de s'asseoir en face de Skin, en témoigne sa photo. Retour en quelques questions sur le sixième album de Skunk Anansie qui sort le 15 janvier chez Verycords et sur les 20 ans de carrière du groupe.

Votre nouvel album s'appelle Anarchytecture. N'y a-t-il pas un paradoxe dans ce terme ? Car l'anarchie étant le chaos, comment peut-on y trouver une structure ?

C'est exactement ça, il y a un paradoxe mais ce mot décrit un peu ma vie et mes relations en fait ! (rires) J'essaie de construire quelque chose de concret, mais les êtres humains sont bizarres et tellement imprévisibles qu'il est parfois impossible de structurer les choses et d'en faire quelque chose de solide.

Les morceaux sont-ils liés les uns aux autres par un thème commun ou est-ce l'anarchie du coup ?

Ah... Je dirais que c'est un album schizophrène ! Il y a tellement de styles de chansons  différents. Disons qu'il est plutôt expérimental. On a essayé beaucoup de choses, on essaie de développer des nouveaux sons car on veut un album contemporain, même si on est ensemble depuis plus de 20 ans.
 
Comment travaillez-vous dans le groupe ? Qui compose et qui écrit les textes ?

C'est moi qui écris les chansons principalement, mais lorsque l'on se réunit, tout le monde participe et trouve de nouveaux riffs, donne de nouvelles idées, des choses uniques et drôles, des idées un peu folles parfois. Et je fais le lien entre tout ça pour en faire une chanson.

C'était comment de travailler avec Tom Dalgety ?

C'était super, vraiment, car on l'a totalement laissé faire ! On a l'habitude de s'auto-produire mais là on voulait quelqu'un qui ait un regard unique sur Skunk Anansie. C'est un fan de la première heure, il était dans la public pour notre concert à Glastonbury en 1999 et avait adoré. Il était très content de participer à notre album et lui a donné un côté frais je pense.
 
Le premier single sonne plutôt électro mais on reconnaît toujours ta voix rock de fille en colère ! Comment as-tu fait pour garder ta voix intacte après tant d'années d'ailleurs ?

Ma voix s'améliore avec le temps je crois, comme le bon vin ! (rires) Elle couvre plus d'octaves maintenant. C'est comme ça en fait, j'imagine, en vieillissant, la voix devient plus belle. C'est pour ça que les chanteurs de jazz sont tous si vieux. (rires)

J'aime beaucoup la chanson Bullets, particulièrement la basse ronflante. Quels effets Cass a-t-il utilisés ?

Elle tue n'est-ce pas ? Ce son est monstrueux ! Il utilise cette pédale de dingue, je ne sais pas trop comment elle s'appelle, mais ça donne ce son énorme. Par contre, on a mis du temps à la maîtriser, pour pouvoir l'utiliser réellement dans la chanson. C'était un peu comme s'il avait fallu contrôler King Kong ! (rires)
 
Comment avez-vous choisi le premier single ?

Ce n'est pas nous qui avons choisi, c'est la maison de disques. Ils ont pensé que Love Someone Else était le meilleur choix.

Suckers est instrumental : vous pensiez déjà à la scène quand vous l'avez composé ?

Non pas vraiment. C'est juste qu'on écrit de bons morceaux, avec de bons riffs mais parfois ils ne sont pas faits pour devenir des chansons. C'était le cas pour celui-ci. Il sonne comme du vieux Skunk Anansie, un peu bluesy, et il nous plaisait beaucoup donc c'était cool qu'il soit sur l'album, mais le nouveau Skunk ne sonne plus vraiment comme ça. C'est pour ça qu'on l'a appelé Suckers, car c'est comme si on disait "et toc !" à ceux qui diront que c'est dommage de ne pas en avoir fait une chansons car ça sonne bien. C'est ballot, ce ne sont que des riffs (rires). Mais j'aimerais bien que quelqu'un sample le morceau et en fasse une chanson !

Qui a fait l'artwork de votre pochette ?

C'est No Curves. Il utilise du scotch chatterton pour ses portraits. On appelle cela un "tape-artist".

Ah oui , c'est une technique utilisée dans le street art non ?

Oui, il a commencé dans le street art, puis s'est mis au "tape-art". C'est assez unique comme style. Et l'artwork c'est quelque chose d'important, même si on est sur itunes ou autres. Car on va aussi sortir l'album en vinyle donc on voulait impliquer des artistes, alors pourquoi pas lui ? Du moment que cela ne nous coûtait pas trop cher ! (rires) Et ça a bien fonctionné, la pochette est sublime. (NB : un making-of de cet artwork est visible sur Vimeo).


Est-ce que ta carrière solo t'a apporté ce que tu recherchais et t'a permis d'insuffler de nouvelles idées au groupe lors de votre reformation ?


Oui. Je me suis rendue compte que je préfère jouer en groupe qu'en solo. Mais cette période m'a aidée à m'améliorer en tant que songwriter. Je suis très fière de ces albums et de leurs textes.

C'était comment d'être membre du jury dans la version italienne de X-Factor ?

Plutôt cool et amusant. On a beaucoup de succès en Italie et ils avaient besoin de quelqu'un qui s'y connaît en rock car ils ont une section groupe de rock dans l'émission.

Que penses-tu de la place des femmes dans l'industrie de la musique et, en particulier, dans la scène Rock ? A-t-elle changé ?

Oui et non. Les femmes sont toujours jugées par rapport à leur physique et regardées en tant qu'objets sexuels, beaucoup plus que les hommes. Il n'y a qu'Adèle qui tire son épingle du jeu et que tout le monde adore. Alors pourquoi nous envoient-ils toutes ces blondes anorexiques qui ne savent pas chanter ? Je n'en sais rien. L'industrie du disque est encore très sexiste malheureusement. Mais de façon générale, je pense quand même qu'il est plus facile d'être une femme de nos jours qu'auparavant, ou d'être homosexuel par exemple. Il y a toujours tellement de sexisme, de racisme et d'homophobie dans cette société, c'est vrai, mais beaucoup moins qu'il y a vingt ans, à nos débuts.

Alors justement, en tout que groupe né dans les années 90, comment faîtes-vous pour gérer l'évolution de l'industrie musicale avec internet et tout ce qu'il propose ?

De façon positive. C'est sûr qu'il aurait été facile de paniquer devant tout cela, mais on a plutôt décidé d'utiliser ces nouvelles technologies à notre avantage. Il ne faut pas en avoir peur, il faut s'en servir.

Votre concert prévu au Bataclan le 10 février prochain a été déplacé au Trianon. Quel est ton meilleur souvenir de concert ?

Mmmm... Il y a eu ce moment à Glastonbury, juste avant le rappel, pour lequel on avait prévu trois chansons. Et puis j'ai demandé au public s'ils en voulaient une autre, et ils ont tous hurlé « YES ! » Alors, on en a joué une de plus, mais ce sentiment, voir ces milliers de gens réclamer cette chanson en criant, c'était génial.

C'était quelle chanson ?

Je ne m'en rappelle plus par contre ! (rires)

Y a-t-il une chanson d'un autre artiste que tu aurais aimé écrire ?

Sans hésitation : Imagine de John Lennon.

Cadjoleene (Janvier 2016)


Bonus vidéo : Twisted chanté en duo et joué au Ukulélé.

Merci à Olivier de Replica Promotion et à Karen de Verycords pour cette interview.
Merci à Gibson France pour leur accueil.

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