Marc (Cobra) Hellfest, le 22/06/2014

Les salles gosses de Cobra étaient à l'affiche du Hellfest pour la première fois en 2014. On a immédiatement pensé que ce serait intéressant d'aller leur demander d'où ils tiraient toute cette haine. Les réponses ne se sont pas fait attendre longtemps "grasse" à l'intarissable Marc, leader du groupe. Bien sûr, vous être grand, et vous saurez déceler vous-mêmes les passages second (voire plus) degré... Enjoy !


En écoutant vos albums, j’ai pu constater que tu avais des problèmes gastriques (je lui tends un tube de Gaviscon).

(rires) Ah merci, ça va être utile pour ce soir, parce que là au bout du troisième jour ça commence à être chaud !

Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé : il a fait beau pendant trois jours, ce matin vous jouez et il se met à pleuvoir !

C’est la puissance de Satan ! Ce n’est pas la première fois que ça nous arrive, ça nous est arrivé de jouer un concert à Monaco, il avait fait une super journée, et au moment de monter sur scène, un orage a éclaté, puis après nous, ça s’est dégagé ! Nan, c’est la puissance de Satan, il n’y aucune hésitation là-dessus.

Vous avez acquis un statut "culte" maintenant, alors comment se fait-il que vous ayez joué aussi tôt aujourd’hui ? Ils ne se foutraient pas un peu de votre gueule au Hellfest ?

Le Hellfest c’est des mecs hyper commerciaux en fait, ils en ont rien à foutre de la musique, ce qui les intéresse c’est l’argent : le Hellfest c’est l’argent roi, ACDC, Metallica, tous ces groupes là, et ils n’ont vraiment aucun respect pour les musiciens. On a pu le constater là dans les loges, c’est vraiment zéro respect pour les musiciens !

Malgré ça, es-tu content de votre prestation ?

Honnêtement, oui ! On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de monde, en fait on était déjà super contents de venir ici, puis quand on a vu l’heure, tout le monde nous a dit "putain c’est tôt !". Après on avait beaucoup de potes qui venaient, on a joué pour eux, mais je pense que ça s’est beaucoup plus étendu qu’à ces quelques copains.

J’étais motivé, hier on a fini la mise en ligne des reports du jour à 6 heures du matin, j’ai mis mon réveil à 9 heures pour être sûr de pas vous rater !

J’imagine qu’il y en a pleins comme toi qui ont fait l’effort, ça fait trop plaisir.

Comment vous vous êtes retrouvés à l’affiche du Hellfest ?

Yoann Lenévé était venu nous voir à un concert à Paris à l’Espace B, il avait eu des contacts avec Matthieu (guitare) qui va souvent au Hellfest et qui avait commencé à lancer des perches. Après je peux pas t’en dire plus, je ne côtoie pas ces gens, enfin si, tout à l’heure j’ai insulté Ben Barbaud en lui disant que c’était scandaleux ce qu’il faisait ! Donc je ne sais pas, ils avaient peut-être un slot de libre et Yoann nous ayant vu, il a pensé à nous.

En concert vous portez des tshirts Cobra, vous êtes vachement prétentieux en fait ou en fait vous n’arrivez tout simplement pas à les vendre ?

Cobra n’est pas un vrai groupe en fait, c’est juste un coup marketing. Donc tout est très calculé, le look, la façon dont on parle, c’est écrit à l’avance. On est toujours en noir, parce qu’on fait du Black Metal. Et pour les tshirts Cobra, en fait on était tellement contents quand on a eu pour la première fois des tshirts à notre effigie, c’était quand on a fait notre premier vrai concert de cette nouvelle période, c'était à Paris avec Kickback, on les a reçu le jour-même. Forcément on en a tous mis un, et c’est resté une habitude. En plus comme on n’a pas de backdrop, ça le remplace !

Justement, quand tu dis que tout est écrit, tes speechs tout à l’heure pendant le concert, tes envolées sur les Chouans, et les dauphins, c’était prévu ou ça t’est venu comme ça ?

Non, les speechs ne sont pas écrits. Après il y a des thèmes récurrents : tout ce qui est "facho", "homophobe", ça revient régulièrement et ça nous a déjà posé plusieurs fois problème. Mais si les gens ne comprennent pas, ça les regarde. Donc non ce n’est pas écrit, mais je te raconte à moitié des conneries à moitié la vérité. Ce qui est vrai, c’est que Cobra n’est pas un truc préparé. On a déjà joué avec des groupes, je ne te les citerai pas, dont les musiciens sont très formatés « Youtube », qui écrivent leurs trucs et tout. Dans Cobra, on essaie juste d’être cons. En fait, on est cons dans la vraie vie.  Et en plus on a un certain âge donc on est tous casés. Alors quand on sort en tant que Cobra, c’est vraiment une explosion de conneries. Après les speechs ne sont pas forcément tous drôle je le conçois, mais ça me ferait chier qu’ils soient écrits, ça ne serait pas spontané et ce n'est vraiment pas ce dont on a envie. Le plus beau compliment qu’on m’ait fait tout à l’heure, c’est un mec qui m’a dit "c’était marrant, mais vous êtes pas Ultra Vomit".



Vous suivez une évolution musicale assez énorme entre chaque album…

NON ! Aucune évolution !

Aucune ?

Non, on n’a jamais évolué officiellement depuis 1984 quand on a découvert le metal, on est toujours resté sur les mêmes bases. Après effectivement la technique progresse, bon, qu'un petit peu, et on n’est pas un groupe pro et surtout on a toujours le même idéal, c’est retrouver la même claque que lorsqu'on a entendu Shout At The DevilShow No Mercy ou Bonded By Blood pour la première fois. À l’époque, je pense qu’il y avait moins de groupes comme ça, la première chose qu’on remarquait c’était la puissance, l’efficacité, c’est vraiment ça qui nous a marqué ! La technique, ça venait après. On aimerait donc bien retrouver ce côté bourrin du metal, pas le côté cérébral, enfin en tout cas personnellement, je suis très réticent à tous ces groupes étiquetés "post-machin", post-black, post-metal…

Pourtant vous faites des pistes instrumentales un peu expérimentales sur les bords, c’est pour faire illusion et dire "ouais on n’est pas totalement cons" ?

Non, ça ne s’inscrit pas du tout dans une démarche intello ou arty, on est assez intéressés par tout ce qui est sectes, spiritisme, toutes ces conneries là, et donc quand on fait un morceau comme ça, ce n’est pas pour en faire quelque chose d’artistique, c’est plus un cri du cœur, une sorte de connexion avec l’au-delà. Ça n’a rien à voir avec du post-cequetuveux !

Sur votre première album, vous tapiez un peu dans tous les styles…

C’est vrai !

Comment vous avez fait pour vous canaliser et faire quelque chose de beaucoup plus homogène sur les deux albums suivants ?

On s’est cherché surement pendant un petit moment. J’enregistre tout chez moi, sur ordinateur, donc ça me laisse la possibilité d’essayer plein de choses. On s’est rendu compte que ce qui plaisait, c’était les morceaux efficaces, et je pense qu’on a vraiment trouvé notre voie là-dedans, en faisait quelque chose de puissant, sans arrière pensée, avec des clins d’œil au heavy des années 80. On s’est canalisé et c’est venu naturellement, on était les seuls à écouter notre disque à nos débuts. Quand tu écoutes ça en voiture, quand tu roules dans la montagne, si tu as un truc qui s’enchaine bien, avec des gros refrains, des « hey », on s’est aperçu que ça marchait bien, et en tournant, même si on n’a pas fait mille dates, c’est vraiment ce qui semble plaire au public ! Et c’est ce qu’on veut aussi, de jouer un truc primaire, fait de sueur et de refrains scandés, c’est ce qu’on aime.

Il y a pas mal d’interludes parlés sur le premier album, avec le côté spiritualité, pourquoi ne pas avoir tenté de développer ça sur les albums suivants, de créer une sorte de mythologie, un peu à la façon de ce qu’à pu faire Stupeflip

Bah parce que comme je t’ai dit, on voulait faire quelque chose de coup de poing, d’efficace. On en a enregistré des tas des choses pour le dernier, mais on a écrémé, on a enlevé des morceaux qui étaient trop lents, on a enlevé les interludes, pour garder un truc vraiment bourrin, brut. Mais on en parlait avec Matthieu hier, on aimerait bien faire un album avec que des incantations et trucs du genre, et on va peut-être le faire !

Donc ce n’est pas que parce que dans le Sud vous êtes des grosses feignasses que vous avez fait un album qui ne dure que 22 minutes ?

Si, si, si ! Bien sûr, on est des gros fainéants ! On aurait pas eu la carrière qu’on a eu si on n’avait pas été aussi fainéants. Après ce que je trouve cool c’est qu’on fait ça en loisir, on n’a vraiment pas de plan de carrière, on ne fait aucunes démarches par rapport au groupe, on le fait pour nous faire plaisir, et s'il y en a qui nous accepte comme ça, on est content d’y aller. On prend ça vraiment comme une fête, même si je n’aime pas ce terme, c’est du bonus quoi. Tu vois ce matin il se trouve qu’il y a eu du monde, mais s’il n'y avait eu que cent personnes avec nos potes, on se serait donné tout autant ! Ce groupe c’était un jeu au début, avec Matthieu et mon frère, on faisait ça dans la chambre, on sautait à pieds joints sur le lit, et on est resté sur ce format là. On est un peu des attardés en fait (rires).

En écoutant La Balance, j’ai l’impression qu’il y a un fan de Megadeth dans le groupe, est-ce que tu pourrais le dénoncer ?

(rires) Alors je suis un énorme fan de Killing Is My Business… depuis le jour où il est sorti, un peu de Peace Sells, après ce morceau a un certain nombre d’années, je l’ai fait à l’époque où j’écoutais beaucoup Symphony Of Destruction. Ce n’était pas une parodie, je n’aime pas qu’on utilise ce mot, c’était vraiment un hommage au metal traditionnel et mélodique.

Elle me fait beaucoup penser à Tornado Of Souls en fait.

Ah ouais, peut-être. J’étais dans ce délire là, en pensant à des trucs mélodiques. Personnellement ça me fait chier qu’on nous compare à des groupes comme les Béruriers Noirs qu’on n’aime pas du tout, donc par moment j’essaie de placer des trucs un peu techniques, des rythmiques plus complexes, juste pour me faire plaisir en fait !

Et le choix de la reprise de Mylène Farmer, c’est parce que c’est une icône gay ?

Alors ce n’est pas vraiment une reprise, on ne reprend que le texte du refrain. Sinon plus qu’une icône gay, c’est une icône de peigne-culs, et ça nous plaît bien ! La voir maquillée en blanc, triste, façon 17e/18e siècle, elle a un côté pleureuse qu’on a vachement retrouvé à une époque dans le black metal, toute cette chiée de groupes qu’on pouvait retrouver dans Metallian, ça nous a toujours fait marrer. Après, premier degré, j’aime bien Mylène Farmer, parce qu’il y a des gros tubes. Après icône gay, n’importe qui peut l’être, même Sylvie Vartan s’est pris pour une icône gay à une époque ! Nan, Mylène Farmer elle est cool quand-même !

C’est l’enfer ici, c’est une réponse aux critiques qui vous ont bien cassé les couilles pour l’album d’avant ou tout à fait autre chose ?

Déjà le titre de cette chanson n'est pas super explicite, C’est l’enfer ici c’est : t’es super bourré, il est tard, tu rentres dans un club, la musique est pourrie, il n’y a que des connards, tu te retrouves dans un endroit où tu es censé t’amuser et en fait c’est l’enfer, on se regarde entre nous et on se dit "putain c’est vraiment l’enfer ici". Donc c’est un mélange de tout, et on n’en a pas spécialement après les gens qui ont dit ou qui disent du mal de nous, ce n’est pas un problème, ça fait partie du jeu. Il n’y a pas de message, on est parti du refrain "qu’ils aillent tous se faire enculer" qu’on peut gueuler, et on a adapté les couplets au refrain ! Ce n’était vraiment pas réfléchi ce refrain, c’était surtout pour la gueulante. Il n’y a aucune animosité.

Par contre, ça doit quand même vous faire rigoler ceux qui retournent leur veste…

Oui, il y en a pas mal. Peut-être que si on était plus jeune, on prendrait ça plus au premier degré.

On pourrait dire qu'ils ont eu une illumination ?

Oui, ça tout le monde l’a plus ou moins connu en tant que fan, pour des groupes que les gens n’aimaient pas et puis d’un coup c’est la révélation. 

J’ai lu pas mal de critiques concernant le contenu de tes paroles, et là je me suis dit que ces personnes là n’avaient donc jamais cherché à comprendre les paroles des groupes de metal qui chantent en anglais, parce qu’il y a souvent du niveau !

Oui, il y en a qui ne vont pas chercher plus loin. On s’est fait emmerder après des concerts par rapport au discours "homophobes" à plusieurs reprises, mais on ne peut pas non plus tout expliquer ! Les choses sont pourtant suffisamment bien amenées, si tu ne comprends pas, on ne va pas se tuer à t’expliquer les choses et on ne va pas non plus se censurer pour faire plaisir à tout le monde. On est un peu les Laurent Gerra du metal. Des durs de dur !

Faudrait mettre ça en stickers sur vos disques !

Carrément (rires).

Et sinon, vos paroles sont inspirées de faits réels à chaque fois ?

Vraiment, sans second degré, très souvent ! J’en discutais hier avec un mec qui me demandait "ça vous vient d’où, tout ça ?". On est vraiment fans de la zone, c’est-à-dire qu’on aime les bars en face des gares, les coins un peu pourri. À Grasse il y a pas mal de PMU, des endroits avec des chasseurs, et on y va vraiment au premier degré, pas pour se moquer. On aime bien ces lieux là car il y a toujours des surprises, il se passe toujours des trucs craignos, il y a de l’incertitude, donc oui il y a beaucoup de choses qu’on a pu voir dans des bars à putes, dans des bars à gitans, lors de règlements de compte entre proxénètes. Ce sont des choses qu’on a toujours aimé, et c’est ce qu’on retrouve dans le cinéma des années 80, tous ces films comme la Balance, Rue Barbare, même si c’est un peu à part, ou l’Arbalète, tous ces films français, qui se passent à Pigalle, dans la zone, avec des petits dealers, des immigrés qui font des affaires, des couteaux, des crans d’arrêt. On aime bien cet esprit là, c’est de notre époque, on a grandi avec ça. On était chez nos grands-parents, on regardait Maigret à la télé, il y avait toujours un nord-africain qui arrivait avec un cran d’arrêt, c’était la panique…



Pour revenir à Grasse, vous êtes satisfait des résultats des dernières élections municipales ?

À vrai dire je ne sais même pas qui est passé ! Le maire sortant ne s’est pas présenté car il était trop vieux, il me semble que c’est quelqu’un de son équipe qui a été élu. Je ne peux pas parler pour tout le monde dans le groupe, mais Matthieu et moi, nous n’avons jamais voté. Quand je te disais que nous étions vraiment des attardés ! (rires) Bref, ça ne va pas changer notre vie.

Tu pourrais me faire une petite impro sur le refrain de C’est l’enfer ici à l’attention de nos lecteurs ?

Pfiou… (long silence). Tu me poses une colle là, et en plus on est tellement dans un truc positif là, il y avait plein de monde à notre concert ce matin, tout le monde gueulait… J’ai pas la haine là, et il faut la haine pour sortir ça !

Bonne réponse alors ! Pour finir, est-ce que tu aimes le surimi ?

Non, pas plus que ça. J’aime bien dans le sens où c’est un truc des années 80. C’est arrivé et personne ne savait vraiment ce que c’était ! Je me rappelle j’allais souvent manger chez ma grand-mère et elle avait acheté du surimi, ce rectangle orange dehors, on ne savait pas ce que c’était. Donc on goutait ça avec attention, et après c’est parti en désuétude, tout le monde a dit que c’était de la merde, alors qu’à l’époque c’était un met de choix ! (rires) Maintenant, plus personne n’en parle…

Sauf nous ! 

Oui… Le surimi ça me rappelle certains groupes de cette époque, WarningHigh PowerSortilègeADX, bien que eux ils essaient de s’accrocher. C’était quelque chose de nouveau, tombé ensuite dans l’oubli.

Grum (Décembre 2014)


Retrouvez les 3 albums et tout le merchandising de Cobra sur leur page Bandcamp.

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