James McGaw (Magma) par mail, 20/11/14

Après un set de haut-vol fort bien accueilli au Roadburn 2014 (le report ici et les photos là), le destin (et la force du Zeuhl sans aucun doute) avait fait en sorte qu'en fin de journée, notre chemin croise celui de James McGaw, guitariste de Magma depuis plus de 17 ans. Après cette rencontre instructive et inattendue, arrosée de quelques pintes, le rendez-vous fut pris afin de coucher sur papier son ressenti quant au festival, la musique metal, mais aussi l'avenir de Magma, venant de fêter ses 45 ans au Triton au moment où j'écris ces lignes (dont je reparlerai sans aucun doute plus tard). Nos emplois du temps ayant été chargés en cette fin d'année, l'option "mail" s'imposa donc. En voilà l'intégralité, sans retouches.

Ton historique avec le groupe en quelques mots, pour nos lecteurs ?

J’ai découvert Magma vers l’âge de 15 ans grâce à Daniel Jeand’heur (batteur avec qui je joue toujours dans One Shot par exemple) et Philippe Bussonnet (le bassiste de Magma, entre autres).
Ça a été un choc, ça m’a ouvert à beaucoup d'autres musiques. Quelques années plus tard on a commencé à monter des formations pour jouer la musique de Magma, ça a duré quelques années, et à l’occasion d’un concert parisien, Stella (Vander, ndlr) était venue nous écouter. C’était en 91 ou 92. Lors de la reformation du groupe en 1996, Philippe est entré à la basse et c'est lui qui m'a proposé en 1997 comme remplaçant de Franck, qui avait fait la première tournée.

Ta première date avec Magma ? Ton premier festival ?

Festival de Nice, le jour des 30 ans de la mort de Coltrane, 17 juillet 1997. Difficile de faire mieux.

La première anecdote qui te vient à l’esprit ?

Au même concert : mon jack s'est débranché en plein solo. J'ai pris ça comme un avertissement.

Le groupe a une longévité incroyable, mais qu’est ce qui a changé depuis les débuts dans les 70s dans le groupe ? Dans le milieu de musique ?

Tu veux dire qu'est-ce qui n'a pas changé ? :-) Les motivations et la foi de Christian (Vander, ndlr) sont intactes, Stella est toujours fidèle au poste, mais tout le reste est différent !

Le support vinyle revient sur le devant de la scène ces dernières années dans certaines niches musicales, avez-vous envisagé de rééditer vos albums sous ce format ?

La réédition de l'intégralité des albums studio est en cours, y compris ceux qui n'étaient sortis qu'en CD comme K.A ou Ëmëhntëhtt-Rê.

Quelques dates à noter dans mon agenda concernant l’avenir de Magma ?

Le Chili et le Brésil fin mars, les USA en avril, le Québec et la Chine en mai, le Japon en juin. Sinon les dates européennes et françaises sont en train de se confirmer (UK, Lettonie, Allemagne, Suède…).

A propos de leur show au Roadburn 2014...

C’est Mikael Åkerfeldt d’Opeth (le curator de l’année 2014) qui vous a invités. Comment cela s’est passé ?

Très simplement, en en parlant à l'hôtel où nous étions tous descendus (ne me demande pas le nom de la ville ou du festival, je n'ai pas cette mémoire). Ce n'était pas la première fois qu'on rencontrait les gars d'Opeth et on savait que Mikael était fan de Magma. Quand il nous a proposé de jouer au Roadburn au printemps suivant on ne savait pas qu'il s'agissait d'un festival aussi important.

Que vous a-t-il dit sur le festival ?

Que c'était lui qui décidait ! Et qu'ils y jouaient aussi avec Opeth. Deux bonnes raisons d'accepter.

Connaissiez-vous le festival, sa renommée, son style, son public ?

Personnellement non, mais je pense que certains membres du groupe, plus branchés metal que moi, le connaissaient.

Aviez-vous déjà joué dans des festivals ayant une orientation musicale sortant de vos "habitudes" ?

Oui. Mais j'ai l'impression que tu voudrais que je te dises où et quand… Cette information n'est pas disponible dans mon pauvre cerveau. Désolé.

Quel ressenti avez-vous eu sur scène (au Roadburn) ? Avec le public ?

Une vraie écoute, des gens prêts à entendre ce qu'on propose. L'inverse d'un filtre sectaire qu'on pourrait supposer chez un public de metal. Et en plein après-midi, ce qui peut être très dur pour l'énergie, on a eu un contact bien franc et puissant avec ce public.

Y-a-t-il eu des différences à noter par rapport à votre public plus "habituel" ?

Beaucoup d'énergie et de curiosité.

Dans votre manière de jouer (comme Napalm Death qui a adapté son set pour le festival) ?

On s'est autorisés de jouer sans retenue, partant du principe que ce n'était pas un public qui craignait ça. Au contraire.

Tu as pu assister à quelques concerts durant le festival, ton ressenti sur la musique qu’on y joue ?

J'en ai vu quelques-uns et ce qui m'a marqué c'est la liberté de ton, chacun fait comme il l'entend (j'ai rarement vu autant de flûtes traversières dans un festival de rock), avec en commun une énergie énorme. J'ai l'impression qu'il y a un souffle de liberté et d'exploration dans cet univers aujourd'hui.

T’arrives-t-il d’écouter des groupes "metal" (et ses dérivés, notamment plus jazz, techniques, symphoniques, Shining par exemple qui allie Black Metal et Free Jazz, ou Gorguts et son Avant-Garde Metal) ? Que t’inspire ce style en général ?

Ça m'arrive d'écouter du metal, mais je ne connais aucun des groupes que tu as cités. Je suis un éternel novice dans ce style, et si j'ai voulu jouer de la guitare électrique à cause d'Angus Young, j'ai perdu le contact il y a longtemps. Môme, j'écoutais AC/DC, Saxon, Judas Priest, Iron Maiden, Scorpion, etc… et aujourd'hui j'écoute Gojira, Metallica ou Meshuggah, mais je n'ai aucune culture. Ça reste à faire :-). Récemment j'ai écouté Om, The Melvins et Sunn O et ça m'a beaucoup plu.
J'aime le côté hiératique et ancien du riff metal, je pense que c'est une façon pour nous de nous connecter à d'anciennes pratiques de la musique qui résonnent encore en nous. J'aime aussi l'ouverture qu'il y a dans ce milieu, quand on entend ce que font les Melvins tout parait possible ! Il y a à la fois un côté outrancier, ado, extrême et un esprit, même une quête spirituelle. Tout ça me touche.

Magma a toujours eu des aficionados parmi le public "metal", vous êtes d’ailleurs parfois invités par des assos qui ne programment d’habitude que des groupes extrêmes (je pense à Garmonbozia à Rennes notamment). Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Pour moi ça prouve que la forme importe peu quand l'implication est entière.

Une dernière question : re-tenteriez-vous l’expérience dans un autre festival de musiques dites "extrêmes", le Hellfest par exemple ?

Sans hésiter, je crois même qu'il en est question !

VinZ (Novembre 2014)


Merci à James pour sa simplicité et sa gentillesse, et merci à lelag de l'avoir alpagué ce jour là ! Zeuhl ! 
Pour rappel, Magma sera à Nantes le 29 janvier au Stereolux (Nantes - event FB).

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