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Biographie

Young Widows

Jeremy McMonigle (Batterie)
Evan Patterson (Guitare)
Nick Thieneman (Basse)

Trio issu au 2/3 de feu Breather Resist, Young Widows s'attache dans un premier temps à produire une noise cinglante et complexe. Il en résulte Settle Down City, très bon premier album sorti sur Jade Tree. 2 ans plus tard, Young Widows revient avec Old Wounds sur Temporary Residence, disque capturant toutes les meilleures ficelles noise rock et doté d'un son dantesque typé live.

9 / 20
5 commentaires (14.3/20).
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In And Out Of Youth And Lightness ( 2011 )

Il parait qu'il n'y a rien de pire pour un groupe de punk que de rentrer dans l'âge adulte, de voir son acidité juvénile se diluer dans la sueur rance. Sur Old Wounds, Young Widows avait tout naturellement atteint le coeur de la cible, entre leurs racines hardcore et leurs envies de nouveaux espaces noise rock, classes et nuancés, mais toujours nourriciers du feu sacré. Un point d'équilibre juste parfait mais apparemment instable, car sur In And Out Of Youth And Lightness la chute est méchamment douloureuse.

Les flamboyants Young Widows ne sont ici plus qu'une ombre déformée d'eux-mêmes. Le rythme n'imprime aucun mouvement ni n'alimente la moindre dynamique. D'une banalité affligeante et aux accents 70's hors propos, les mélodies se flétrissent au sein de morceaux trop longs et d'une mollesse incompréhensible. Le chant, abattu et cafardeux, balancé sans conviction aucune, donne presque l'impression que le groupe s'emmerde terriblement en lieu et place de transmettre son spleen. Non, définitivement Young Widows ne parvient à installer aucun climat ni n'arrive à communiquer la moindre émotion. Tout s'arrête comme la fin d'un mauvais film, qui au mieux laisse indifférent. J'aurais aimé pouvoir dire que ce disque arrache, qu'il démonte son indispensable prédécesseur, mais non, il n'y a rien à sauver sur ce nouvel album, pas la moindre intensité sous-jacente, pas le moindre coup de sang, et les quelques éclats de lucidité, dont l'ultime morceau qui arrive bien trop tard, sont vite noyés dans la médiocrité générale du songwritting.
Il parait que l'important en musique, c'est qu'il se passe quelque chose. In And Out Of Youth And Lightness est donc un disque cliniquement mort. Encéphalogramme plat. J'ai le souvenir d'un concert furibard et sincère quelque part dans les sous-sols de Montpellier. Que s'est-il passé depuis pour que Young Widows soit devenu à ce point amorphe ? Peu importe, le résultat est là : un album poussif et terriblement ennuyeux, à 1000 lieues de ce que le trio sait pourtant faire à la perfection, des excellents morceaux de rock tendus et authentiques. On ne peut que leur souhaiter de revenir à cela ou de dénicher les godasses adaptées à leur nouveau chemin de croix.

A écouter : ou plutôt à oublier
12 / 20
1 commentaire (12/20).

Split w/ Bonnie 'Prince' Billy (7") ( 2009 )

Grosses sensations noise de 2008, Young Widows remettent le couvert cette année avec 4 plats aux petits oignons sur le label Temporary Residence. 4 splits aux saveurs différentes, des collaborations ouvertes aux nouveaux horizons. En attendant Melt Banana, Pelican et My Disco, c'est Bonnie 'Prince' Billy qui constitue l'autre face de ce premier 7" de l'année. Un choix surprenant au vu de l'apparente différence de styles entre les deux groupes mais qui pourra aussi refléter l'ouverture d'esprit des noiseux.

Dans la droite lignée de son Old Wounds fracassant, l'inédite "Kings of the Back-Burners" s'écoute avec la même désinvolture résignée. Une intro sèche, martelée froidement, un chant jeté hautainement, au loin. On n'y retrouve certes pas la folie d'un "Old Skin" ou "Delay Your Pressure" quand les instruments s'emballent et que la basse accentue son ronronnement, bien que la dernière minute foutraque rehausse le tout, aussi courte soit-elle. Tout juste une mise en bouche mais l'envie de se remettre immédiatement le morceau après ces 3 minutes rassurent quant à la qualité du groupe et la possibilité qu'un autre scud tombe prochainement sur le coin de la tête sans prévenir.
Les premières notes de "Poor Shelter" paraissent alors bien fragiles. La voix de Bonnie 'Prince' Billy, un des folkeux les plus sombres encore en activité, chante les miséreux sur fond minimaliste d'une guitare abandonnée. BPB renoue ici avec une composition plus simple (en comparaison de son dernier album, Beware, sorti cette année), plus éthérée, aux voix entremêlées rappelant les excès de voix d'un Silver Mt. Zion, folk à la simplicité désarmante.

Une fois le dernier écho envolé, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a néanmoins un grand saut entre les deux morceaux, un exercice frustrant où les deux groupes semblent se retenir sans totalement parvenir à leurs fins. Si Bonnie 'Prince' Billy s'en sort honorablement, les Young Widows auront le temps de se remettre d'aplomb... Et face à Melt Banana, il faudra avoir du répondant.

A écouter : En m�me temps il n'y a que deux morceaux
17 / 20
7 commentaires (17/20).
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Old Wounds ( 2008 )

Fuck Yeah ! Parce que même si Settle Down City était un très bon disque, qui aurait parié sur une torgnole noise aller-retour de cette trempe de la part de Young Widows ? Fuck Yeah (again) ! Parce que cette année peut directement se raccorder, comme un jack à un ampli, au Golden Age noise des 90's. Celui là même de The Jesus Lizard, de Rapeman et de Cherubs. La retro-vague puise simultanément  son essence d'un peu partout, mais on retiendra particulièrement la pulsation australienne de Scul Hazzards, les remouds transalpins de Dead Elephant et bien sûr, ces vieilles blessures béantes en provenance directe du berceau ricain.

Old Wounds, ça sonne comme si tu étais au beau milieu du champ de bataille, au cœur de la mêlée. Nu comme un ver et avec uniquement tes maigres poings pour encaisser les enchainements meurtriers d'un binôme basse/batterie, carnassier et sans la moindre pitié, comme rarement on peut en défier. C'est ce duo, guerrier et menaçant, qui mène la barque, qui montre le sens de la marche et qui sonne le glas de ta petite personne par des roulements impulsifs ou des ralentissements inquiétants et sous-terrains. La guitare, incisive et râpeuse, ne montre les crocs que par intermittence, comme pour venir te transpercer la chair quand tu es déjà à terre et replié comme un fœtus, la bave aux lèvres. Ce Battleground sonore est maintenu à flot par un son démentiel, mélange de prises purement LIVE et d'enregistrements studio traités de mains de maître par Kurt Ballou, qui laisse au chant un véritable espace libre pour s'exprimer de tout son coffre, varié et porteur d’un message sulfureux. Mais au delà de cette tension auditive permanente, ce qui fait de Old Wounds le hold-up noise parfait va se quérir dans la capacité de Young Widows à réunir la quintessence du genre dans un chapelet cohésif de compositions fabuleusement diversifiées et accrocheuses. De manière un peu paradoxale, le discours de Young Widows a infiniment gagné en impact et en efficacité tout en se voulant moins obscur et moins alambiqué. Le trio a canalisé sa force et nous la colle en pleine gueule sans s'éparpiller un seul instant. Que ce soit lors des tirades rock groovy et catchy ("Old Skin", "The Heat Is Here"), de ces battements implacables à te faire imploser le thorax ("21st Century Invention") ou durant ces pures tranches de bravoures hardcore & hargneuses ("Delay You Pressure"), Young Widows te donne l'irrésistible envie d'aller taper sur tout ce qui dépasse et tout ce qui bouge avec une taule ondulée entre les mains. De la noise de grande classe et de calibre maximal, qui martèle et éviscère en temps réel. Douloureusement jouissif.

Old Wounds est une addiction. Plus on l'écoute et plus on veut l'écouter, fonder un fan club et se faire tatouer "Young" + "Widows" sur le derche. Si tu ne l'as pas déjà sur la platine ou accroché en haut de ton lit, tu sais quoi demander au père-noël.

Télécharger : Old Skin

A écouter : Old Skin - 21st Century Invention - The Heat Is There - Delay Your Pressure