Biographie

Yeah Yeah Yeahs

Trio américain formé en 2000, les Yeah Yeah Yeahs semblent manier avec second degré tout ce qu'ils créent. Sous l'impulsion de la très énergique Karen O et ses vocaux presque aboyés, le combo distille au départ un garage rock très acide fortement inspiré de la new wave. Fever to Tell, sorti en 2003, rencontre immédiatement un franc succès (plus de 750 000 copies vendues dans le monde) qui pousse le groupe à éditer un DVD live dans la foulée, reflet vidéo des prestations déjantés du groupe sur scène.

Il faudra attendre 3 ans de plus pour que le 2e opus du groupe, Show Your Bones, se fasse écouter. Le style se fait moins brut, plus catchy et easy listening mais l'efficacité des riffs et l'excentricité de la chanteuse continuent de séduire le public et attirent de nouveaux fans.
Les sorties - EP, DVD - se font régulières et, en 2009, sort It's Blitz, exploration toujours plus sophistiquée de leur univers musical où les guitares font désormais place à des claviers au son des années 80.

Outre leur activité au sein du groupe, les différents membres ont participé à quelques projets extérieurs: le guitariste Nick Zinner joue dans Head Wound City, groupe de thrash metal avec des membres de The Locust; il a également tourné avec le folkeux de Bright Eyes. Karen O fait quant à elle une apparition sur la bande originale de I'm Not There, le film de Todd Haynes sur Bob Dylan et devrait également jouer sur la BO du prochain Spike Jonze.

Chronique

8.5 / 20
1 commentaire (8/20).
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It's Blitz ( 2009 )

On s'en doutait un peu depuis quelques temps: des débuts très garage de Fever to Tell, il ne reste désormais plus grand chose. En 2009, il ne reste des Yeah Yeah Yeahs que la voix sensuelle et provocante de Karen O. Triste constat, puisque la charismatique chanteuse ne peut porter à bout de voix tous les morceaux. Parce qu'autant qu'elle minaude, elle ne peut masquer ce manque flagrant de relief. Parce que ses accents lascifs faussement innocents ne parviennent plus à provoquer l'érection.

It's Blitz devient alors un objet musical difficilement identifiable (et appréciable?) dans la discographie du groupe. Show Your Bones, malgré son incroyable facilité, avait pour lui de trouver les tubes qu'il fallait et de concilier la rage brute du trio à des riffs rock simples et entêtants. It's Blitz n'a ni l'un, ni l'autre. Zero, qui entame l'album, augure entièrement de ce qu'est cette nouvelle sortie. Un mauvais soap, niais (il suffit de lire les paroles), dégoulinant de sucre rose sous des effets claviers aux consonnances 80's, maladroitement produits (Dave Gahan, sors de ce corps!). Un terrible penchant pour la platitude qui revient (trop) régulièrement sur 40 minutes pour permettre de passer le cap de la première -pénible- écoute (Dragon Queen n'a pour elle, par exemple, que cette mode funky kitsch qui arrache un sourire condescendant).

Les guitares ont donc été troquées contre des sons synthétiques, vers un nouvel exutoire d'une sensualité moins sauvage, plus érotiquement domptée? Une vraie bonne mauvaise idée dont ne ressort que Heads Will Roll, tube incontestable pourtant dénué de toute originalité et de prétention. Il suffit de se caler l'intro et frémir en écoutant la voix charnelle de Karen O (par qui on se laisserait bien couper la tête, pour le coup) pour comprendre qu'il y a, cependant, à la base, un vrai potentiel fresh et catchy qui n'est pas du tout exploité par la suite (Skeletons et ses claviers guimauves est l'exemple parfait du titre inutile). Un coup d'épée dans l'eau, malgré une volontée assumée de bien faire (ceci n'est qu'une supposition). On sent même une pointe de nostalgie sur Dull Life, guitares dehors, monosyllabes aboyées sur une rythmique easy-listening. Parler de "moment fort" sur un morceau qui rappelle fadement les précédentes productions n'est pas forcément un gage de qualité.

Ce n'est rien d'autre que la frustration d'assister à un rendez-vous manqué. It's Blitz ne mesure pas ses ambitions, s'avère décevant au regard des moyens engagés. Alors, oui, notre chanteuse autrefois hystérique, joue bien sur tous les registres; elle continue de faire fantasmer mais il faut un peu plus d'imagination. Ce qui se révèle à la longue fatigant et vain. Vain. Triste constat.

A écouter : Non