Biographie

Xeno & Oaklander

Xeno&Oaklander est un duo formé par l'artiste Franco-norvégienne Miss Liz Wendelbo et l'américain Sean McBride (également membre de Martial Canterel) basé à New York. Lancé en 2004 le projet s'aventure sur les terrains du minimalisme analogique dès 2006 et son premier album (Vigils). créneau qu'ils ne quitteront plus. Rapidement repérés, les deux acolytes se produisent tout d'abord localement avant de s'embarquer depuis à plusieurs reprises dans des tournées US et européennes. 

Chronique

14.5 / 20
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Vigils ( 2006 )

Tout d'abord une question: combien de disques de Minimal Wave avons nous été capables de nous enfiler de bout en bout sans jamais tiquer?

Si les cas les plus désespérés (nos préférés) seraient bien foutus d'en citer une petite dizaine il y a fort à parier que beaucoup risquent de se caler entre un gentil trois et le zéro absolu. Peut être à raison d'ailleurs tant cette excroissance apparue aux confins d'un mouvement New Wave décadent pousse l'expérience synthétique dans les extrêmes, jusqu'au ridicule au point d'en devenir fascinante. Car il faut être honnête, cette scène fut et est toujours à l'image de ses fossoyeurs les plus sagouins (au hasard College ou Kavinsky pour taper dans la vulgarisation à grande échelle). Capable de coups d'éclats imparables bien souvent oubliés entre deux abîmes de médiocrité. Le genre de saloperies face auxquelles chacun se retrouve souvent démuni quelque soit son bagage musical au moment de poser les limites qu'il ne peut ou ne veut franchir dans le cheesy. Votre serviteur à lui même longtemps pensé que Solid SpaceExperimental ProductsStephane Eicher (si, si), V Sor XStereo ou encore Martin Dupont resteraient à jamais les ultimes remparts le protégeant du coté dégueulasse de la force. Ce à quoi des pérégrinations musicales hasardeuses devaient évidemment finir par apporter un contre exemple cinglant.

Les deux auteurs de Vigils semblent un peu à l'image de la musique qu'ils produisent et de leurs références. Discrets, à la marge. Peut être parce que vu d'ici New York, ville au bouillonnement artistique multiple, intense et perpétuel, est l'endroit idéal pour se noyer dans la multitude et mener à bout projets marginaux et aventure à priori sans avenir. Car jusqu’au-boutistes. Car dans le cas présent intégralement dévoués à une époque révolue et volontairement occultée deux décennies durant. Ce premier long de la carrière toujours en cours du duo Franco-norvégo-américain outillé en analogique, est l'oeuvre de doux dingues allergiques aux artifices qui n’apprécient visiblement rien de plus que de foutre la musique à poil. De sa production maison à son visuel, par ce romantisme désabusé, futuristico-désuet et étrange au possible qui baigne chaque apparition du chant désincarné (et multilingue) de Miss Liz Wendelbo, par ce dépouillement forcené, ces boucles besogneuses, sa tension de chaque instant faite de rythmique essoufflée et de bouts de néant, rien ne semble sur Vigils devoir passer le test de la seconde moitié des 80's. C'est pourtant bien en 2006 que Xeno&Oaklander entrelace imperceptiblement boucles synth kitschs et beats sans envergure pour lentement glisser une grosse demi-heure durant de la minimal wave la plus resserrée et abrupte vers ce que le duo définit au fil des morceaux comme son pendant actuel, conférant ainsi à Vigils une ampleur insoupçonnée. Sans lâcher un pouce de terrain, le résultat final audible sur la version live de "Blue Flower" - présente sur la dernière réédition en date de l'objet - n'étant en définitive guère éloigné ni du "An Introduction" inaugural ni des productions surannées que ce premier jet évoque. Et pourtant tout y est plus clair, plus évident, plus tranché.

Xeno & Oaklander parvient avec son coup d'essai à aller au bout de sa démarche suicidaire tout en rendant hommage sincère à une scène dont l'essentiel de l'histoire s'est écrite à coups de morceaux de bravoure merveilleux mais isolés. Le duo en sublime les codes et obsessions en y amenant liant et évolution sans écraser l'aspect primairement récréatif, presque naïf, du genre sous le poids de concepts encombrants. Sur Vigils chaque morceau s'insère dans un ensemble et concourt à aspirer l'auditeur à contre-courant dans sa transe synthétique vers des dancefloors microscopiques. Trois fois rien en somme mais par ces raisons dérisoires répondre à l'interrogation levée en introduction devient l'évidence même pour peu que l'on goûte les sonorités proposées. Apprécier un disque est parfois terriblement simple.