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Biographie

Wiegedood

Wiegedood est un groupe de Black Metal Atmosphérique fondé en 2014 à Gent en Belgique par Levy Seynaeve (Chant / Guitare - Amenra), Gilles Demolder (Guitare - Oathbreaker) et Wim Coppers (Batterie - Rise And Fall). Un premier effort, De Doden Hebben Het Goed, sort en 2015 chez Counsouling Sounds. Il est suivi en 2017 par De Doden Hebben Het Goed II. Après avoir signé chez Century Media Records fin 2017, les belges sortent le dernier volet de ce qui forme désormais une trilogie. Cette sortie est notamment marquée par l'organisation d'un concert, le 24 mai 2018 à Courtrai, pendant lequel l'intégralité des trois albums est jouée. Wiegedood revient début 2022 avec There's Always Blood At The End Of The Road, un album qui montre un nouvel embranchement dans la musique des belges, sans pour autant renier la violence et le chaos qui fait la part belle à leurs compositions.

17 / 20
2 commentaires (16.5/20).
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There's Always Blood At The End Of The Road ( 2022 )

Wiegedood n’a jamais été du genre à tourner autour du pot mais autant vous prévenir tout de suite, ce n’est pas avec There’s Always Blood at the End of the Road qu’ils vont commencer. A l’image de ce qu’avait fait Converge avec Axe To Fall, les premières minutes sont une véritable démonstration de force, un uppercut qu’on se prend sans préavis en pleine face. On nous avait promis du changement, le voici incarné par un son plus âpre et une ambiance générale bien plus malsaine. Qu’elles semblent bien loin les compositions ultra linéaires de leur premier album !

En effet, à l’instar de leurs confrères d’Amenra avec la série des Mass, ce quatrième disque est le premier post-trilogie De Doden Hebben Het Goed. Finis, donc, le format quatre titres, l’éponyme en troisième position et les paysages de la Flandre-Occidentale en couverture. Cependant, le maintien sur la pochette de leur logo, cette sculpture faite de branches aux évocations runiques, incarne le sentiment global qui se dégage à l’écoute de There’s Always Blood at the End of the Road : les belges n’ont pas eu l’intention de renier totalement leurs racines. Au contraire même, on sent que ce qui jusqu’à présent faisait leur marque de fabrique est traité comme un héritage, un matériau de base qu’ils s’amusent à altérer, à distordre. Le cœur de l’album, avec l’enchaînement Until It Is Not et Now Will Always Be, deux des titres les plus longs (ce qui sans doute n’y est pas pour rien), rappelle ainsi leurs plus anciennes productions. On y retrouve leur capacité à faire émerger du chaos bestial des mélodies mélancoliques (comme sur Theft And Begging). Cela est sans doute tiré par les cheveux mais on peut se demander si la quasi-disparition de la dimension Post, qui venait apporter aux DDHHG des respirations mid-tempo, n’est pas le signe d’une forme d’émancipation par rapport à la sphère Amenra qui a forcément façonné Levy Seynaeve et influencé sa manière de composer. 

Au-delà de cette explication en mode psychologie de comptoir, en tant qu’auditeur, on ne peut que constater que le groupe est sorti de sa zone de confort et des habitudes de composition dans lesquelles il ne fallait pas/plus qu’il se laisse enfermer. La dernière partie du disque, ouverte par la fameuse (et tant mise en avant dans la communication du label) intro aux accents à la Django Reinhardt, est véritablement celle où cela concrétise. Se débarrassant des carcans du passé, Wiegedood se lâche et donne libre cours à sa créativité. Entre le pilonnage en règle de Nuages et la bestialité débridée de Carousel, le groupe vient altérer ses compositions en y insérant des samples glauques ou en venant arrêter net et sans fioriture certains couplets. Quand on lit que l’idée était d’écrire un album sur la crasse inhérente à l’humanité, on ne peut que se dire que d’un point de vue instrumental c’est plus que réussi avec ce son sale, parfois limite Garage. On retrouve également ce rejet du « clean » dans le chant. Si, clin d’œil aux deux précédent LP, on retrouve çà et là des passages en chant diphonique tibétain, Levy Seynaeve officie désormais dans un registre beaucoup plus grave, plus guttural que par le passé.

Beaucoup plus complexe et varié, TABATEOTR, en s’éloignant parfois du Black au sens traditionnel du terme, se fait avant tout bien plus féroce, bien plus bestial que ce qui nous avait été donné jusque là à entendre. Au cas où cela ne serait pas clair, Wiegedood a tapé très très fort. 2022 commence musicalement très bien.

15 / 20
4 commentaires (15.25/20).
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De Doden Hebben Het Goed III ( 2018 )

Wiegedood a beau n’être qu’un side-project devant se contenter des interstices laissés vacants par les formations initiales de ses protagonistes, rien ne semble pouvoir assouvir l’avidité de ses membres. Par ailleurs en tournée permanente, les belges viennent ainsi de sortir, trois années à peine après le premier opus, leur troisième album. 

Désormais annoncée comme tel, De Doden Hebben Het Goed est une trilogie à plusieurs égards. Les plus évidents résident dans les contours de l’objet physique. Sous un ciel d’un gris menaçant on retrouve sur la pochette le totem symbole du groupe planté dans un paysage de nature morte, à proximité de l’endroit où l’un des membres de Wiegedood a grandi. Cette fois-ci, il s’agit de Levy (guitariste chanteur) et de Sint-Eloois-Winkel, petit village près de Courtrai. Un thème unique rassemble ensuite les trois volets de DDHHG : la mort. Tout ou presque y renvoie, depuis le nom du groupe (« la mort subite du nourrisson ») jusqu’à ceux des albums (« les morts se portent bien »). On retrouve ici un des traits communs aux formations de la Church of Ra : la douleur et le deuil comme moteurs essentiels de la créativité artistique. La trilogie est ainsi dédiée à Florent Pevée, ami des musiciens décédé en 2013 dans des circonstances particulières (allongé sur une autoroute, il a été écrasé par un bus). On regrettera simplement que les paroles ne soient pas systématiquement publiées afin de mieux comprendre de quoi il en retourne.

Les pochettes, le thème central, le nombre de titres, la position du morceau éponyme… Tout cela fait donc des DDHHG une trilogie. Mais c’est avant tout au niveau du son que le triptyque vient trouver son unité, sa cohérence. Le premier LP était venu jeter les bases du style Wiegedood : un Black agressif brutalement entrecoupé de longs passages mid-tempo emprunts d’une froide mélancolie. Dans la même veine, tout en conférant aux parties les plus violentes un son plus sale, son successeur témoignait d’une meilleure maîtrise des transitions entre les différentes phases des morceaux. DDHHG III vient poursuivre cette trajectoire en l’accentuant et en la distordant. Wiegedood s’amuse avec son style, les références destinées aux initiés sont nombreuses. Prowl reprend ainsi l’approche frontale d’Ontzieling en venant y mêler une voix (rappelant soit Attila Csihar soit les chants diphoniques tibétains) que l’on avait déjà entendue sur l’éponyme de DDHHG II. Globalement très rapide, ce nouvel LP n’hésite pas non plus à investir le champ de l’intime avec des passages où la guitare se fait fragile (le pont de Doodskalm). Enfin, impossible de ne pas évoquer l’épreuve de force lancée par le titre éponyme qui, pendant plus de six minutes, impose un riff entêtant, inlassablement repris en boucle tel un sacerdoce.

Avec ce troisième opus, Wiegedood semble ne s’adresser qu’à sa fan base. Les amateurs les plus acquis accepteront le relatif manque d’évolution considérant que cela est intrinsèque au concept de trilogie. De fait, il est indéniable que l’ensemble tire une certaine force de son homogénéité, de sa cohérence. Wiegedood est parvenu à la quintessence d’un principe de structuration des compositions : chaque morceau est une variation d’un modèle de base, juxtaposition subtile d’une partie violente et d’une autre plus atmosphérique. Pour autant, les plus exigeants de ces amateurs reconnaîtront qu’il est nécessaire que DDHHG III marque la fin d’un cycle. Ce chapitre étant maintenant clôt, il est grand temps pour les flamands de se mettre en danger et de sortir de leur zone de confort. Le risque d’essoufflement et de perte d’enthousiasme est en effet désormais trop affleurant. Qu’ils prennent tout leur temps pour cela, rien ne sert de courir…

A écouter : Dans la continuité des deux précédents
15 / 20
3 commentaires (16.33/20).
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De Doden Hebben Het Goed II ( 2017 )

Deux années se sont déjà égrenées depuis la sortie de De Doden Hebben Het Goed, premier effort très respectable de la formation belge Wiegedood. Les musiciens aux origines musicales diversifiées et œuvrant désormais dans le Black Metal, étaient parvenus à insuffler l’altérité héritée de leurs influences au cœur d’une production sombre et chaotique. La barre étant hautement placée, reste maintenant à voir si le sobrement nommé De Doden Hebben Het Goed II saura maintenir le cap.

Quatre morceaux, des schémas de composition similaires, un peu plus d’une demi-heure de musique et une pochette ressemblant à s’y méprendre à celle de son prédécesseur : De Doden Hebben Het Goed II rassemble l’intégralité des éléments ayant conféré sa qualité au premier disque. Mais s’il est possible de songer à une réédition dénuée d’intérêt lors de la première écoute, il serait cependant dommageable de mettre un point d’arrêt à ses impressions sans s’être imprégné davantage de cette œuvre plus complexe qu’elle n’y paraît.

Ontzielling ouvre la danse avec une atmosphère brutale (« raw » comme disent les jeunes), mêlant blastbeats, chants écorchés et riffing rapide et complexe : un premier morceau à influence Dissection, illustrant la véritable quintessence du Black Metal, en toute hargne et vigueur. Mais ainsi que l’opus premier, DDHHGII se plaît à explorer d’autres horizons, à mixer les différentes écoles de ce sous-genre noir, et à subjuguer son monde, comme sur la première partie de Cataract à l’aide d’une noble et orgueilleuse mélodie.

De Doden Hebben het Goed II s’inscrit dans la lignée des albums désireux de faire oublier à l’auditeur les aspects techniques de la musique, pour l’orienter de préférence vers les atmosphères dont elle est porteuse. Wiegedood construit brique par brique son identité et semble prêt à bâtir les mélodies comme les grands édifices, majestueux et grandiloquents.

A écouter : Si vous avez aimé De Doden Hebben Het Goed premier du nom
15 / 20
7 commentaires (16.64/20).
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De Doden Hebben Het Goed ( 2015 )

La Church Of Ra, regroupement de formations musicales partageant entre autre une certaine esthétique, n'avait encore jamais envahi les terres du Black Metal. Heureusement, grâce à Wiegedood et son premier disque, De Doden Hebben Het Goet, c'est désormais chose faite.

Il y avait peu de risques non seulement que cet album soit mauvais mais surtout qu'il ne soit qu'un énième disque de Black Metal s'inspirant une fois encore des classiques du genre. Mené par le bassiste d'Amenra qui occupe ici la guitare et le chant, flanqué d'un membre de Oathbreaker et d'un membre de Rise And Fall, il semblait évident que Wiegedood produirait une musique bâtarde, inspirée par les autres formations de ses géniteurs. Et pourtant les premiers instants se font aussi Black Metal que faire se peut : riffs assassins et pernicieux, blasts et voix criarde, on pense aux mélodies des groupes suédois plutôt que norvégiens et pourtant, sous ce déluge de fureur et de haine, une ambiance, plus riche qu'il n'y paraît se cache, tapie dans l'ombre et prête à frapper. 

Car Wiegedood va choisir de ne rien faire comme tout le monde : plus agressif que les groupes les plus expérimentaux, moins sombre que Blut Aus Nord, plus intelligent que Dissection et enfin, tout aussi bon sans être aussi grandiloquent que peuvent l'être Deafheaven ou Alcest, les Belges tapent partout en même temps et réussissent à faire mal : accalmies bienvenues, mid tempo oppressant, violence salvatrice, moments de bravoure aussi beaux que sombres... À croire que nous tenons là le représentant parfait des différentes écoles du Black Metal actuel. Le son ample permet aux mélodies de se détacher, d'exister, comme sur l'incroyable première partie de "Kwaad Bloed" ou son solo évocateur mais aussi lors de la conclusion de "Swanesang", digne de l'une des plus belles compositions de Shining, froide et mélancolique. Et que dire du final offert par les trois Belges, glaçant de beauté, de force et de tristesse... 

Avec 4 pistes pour environ 40 minutes de musique, De Doden Hebben Het Goet forme un bloc, une suite logique, une œuvre complète et puissante. Leur passé musical leur a permis de s'imprégner de leurs influences, de les absorber pour produire une masse sombre et rejetant pourtant de la lumière : aveuglante et froide. Riche et personnel, voilà comment définir ce disque qui inaugure, on l'espère tous profondément, une longue aventure tout aussi inspirée.

A écouter : À cœur ouvert