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Biographie

Watertank

Watertank apparaît courant 2003 alors que s'éteint le groupe de Hardcore chaotique nantais To Learn. Dans la foulée parait une démo quatre titres du nom de Sub et le groupe joue ses premières dates. Pourtant le projet connaît rapidement quelques difficultés et, malgré une tournée irlandaise fin 2005, Watertank se retrouve en pause forcée avant de refaire surface en 2006 avec une seconde démo et un lineup légèrement modifié. Les dates s’enchainent de nouveau sur Nantes et les environs et Watertank, petit à petit rattrape le retard accumulé en se produisant notamment aux cotés de groupes comme Capricorns, Lair of the Minotaur, Dirge, The Ocean ou encore Baroness. Mi-2009 sort Fairy Crimes, que la formation défend entre autres en ouverture du Hellfest la même année. Cette fois bien lancés, les Nantais se feront néanmoins de nouveau discrets avant de revenir pour de bon quatre ans plus tard avec leur premier album sous le bras. Sleepwalk voit le jour chez Solar Flare Records (Pigs, Sofy Major) en Avril 2013. Watertank adopte ensuite un rythme plus régulier en sortant l'album suivant, Destination Unknown, en 2015, puis Silent Running en 2020, abrité cette fois par Atypeek Music.

16.5 / 20
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Silent Running ( 2020 )

On ne va pas répéter ici tous les arguments énoncés par l’ami Craipo en faveur de Destination Unknown, précédent objet des Nantais de Watertank, dont l’ADN n’a pas tellement évolué en cinq ans, et c’est pas plus mal. En effet Silent Running pose les mêmes bases de bon goût, c’est à dire un Post-Hardcore imprégné de ce qui se faisait de plus charmant dans les années 90 (Quicksand, FailureShiner, Cave In, etc), aux mouvements néanmoins inspirés, personnels, augmentés d’un écrin gourmand.

Rien d’étonnant alors à retrouver cette même inventivité, cette même fougue mélodique, dans la substance des morceaux de ce troisième album, bien que le groupe devienne quatuor, accueillant Romain Donet de Chaviré à la guitare et Willy Etié de Weak à la basse. Cela dit le Watertank de 2020 ne se contente pas de copier-coller celui de 2015, s’évertuant à élargir davantage le spectre de ses idées, du Rock alternatif au Shoegaze, tout en préservant un socle Post-Hardcore. De fait les deux minutes et des crottes de nez de Suffogaze épatent par la richesse induite au dossier, les guitares plombent et soulèvent en même temps (un peu à la manière d’un Torche), le chant se trouve encore plus fin et varié, la justesse de la section rythmique fascine toujours autant. Spiritless nous prend lui par les sentiments, change régulièrement le tempo sans que ça n’entache nulle part la fluidité des intentions, intégrant même un subtil synthé en son sein.

Et plus on avance plus on se laisse embarquer dans le flux mélodique, tel le ver tardigrade du splendide visuel on s’adapte à cet environnement sonore faussement hostile. Les bousculades de Beholders seront en fait des caresses épiques, ou les cavalcades de Thing Of The Past se fraieront le plus aisément du monde un chemin tout tracé entre nos récepteurs. On réalise alors que la composante Pop de Watertank est désormais totalement assumée, fondue dans le décor saturé, ne tombant néanmoins jamais dans la facilité. Building World et Cryptobiosis incarnent la chose à merveille, terminant le boulot à l’aide d’un synthé un peu plus bavard, en perpétuelle harmonie avec le reste et donnant une petite touche 80’s. On notera également l’apparition ponctuelle d’un saxophone sur le second, comme pour indiquer une ouverture encore plus large à l’avenir, et un éventuel motif d’espoir de savourer à nouveau des concerts en présentiel, un jour peut-être.

Le Watertank de 2020 n’a rien à envier à celui de 2015, toutefois Silent Running offre une nouvelle perspective d’un Post-Hardcore qui ne s’est jamais reposé sur ses acquis, ouvrant continuellement le champ des possibles. Rendu toujours exceptionnel, guitares toujours aussi lourdes que cotonneuses, mais exploration toujours plus profonde et subtile d’univers parallèles, qui rend la démarche des Nantais singulièrement excitante.

A écouter : pas en silence.
16.5 / 20
1 commentaire (16/20).
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Destination Unknown ( 2015 )

Fin Juin: alors que le thermomètre n'en finit plus de grimper sur une région Nantaise en pleine déliquescence post-Hellfest et achève d’annihiler à peu près toute velléité de quoique ce soit à coup de mercure en surchauffe, Destination Unknown débarque enfin. Ou déjà, on ne sait plus trop avec les gars de Watertank car, bien que rapidement évoqué et porté par une certaine reconnaissance (enfin) glanée depuis la sortie de Sleepwalk, ce second LP n'était pas forcément attendu aussi tôt. Ils l'avaient néanmoins annoncé aussi l'ont ils fait: Watertank est de retour tout juste deux ans après son premier méfait longue durée - de nouveau chez les excellents Solar Flare Records - et il faut avouer que rarement un disque aura semblé tomber aussi à pic. 

Fort d'à peu près autant d'incarnations physiques et stylistiques que de sorties mais surtout, désormais, de quelques certitudes le collectif (de nouveaux changements sont intervenus depuis les sessions de Sleepwalk) en a pour l'instant fini avec ses divagations et semble bien décidé à d'avantage jouer sur ses qualités que sur l'effet de surprise. Destination Unknown se cale d'emblée sur le créneau largement défriché par son aîné; bien déterminé, cette fois, a creuser son sillon en tablant sur un niveau d'efficacité maximum en ouvrant grand les vannes du Post-Hardcore mélodique (strike d'entrée avec un "Automatic Reset" débordant d'idées). Encore et toujours plus de chant et de mélodies, donc, pour aller toujours un peu plus loin. Promesse, disons le tout de suite, largement tenue et ce de bout en bout des 35 courtes minutes de ce second album.
Pourtant, malgré quelques fulgurances venant de nouveau élargir l'horizon du groupe en second partie de disque ("Scheme","Doomed Drifters") les références de Destination Unknown sont peu ou prou les mêmes que celles de son prédécesseur (on notera tout de même une nette progression de celle de groupes comme Shiner, voire Failure). Watertank parvient néanmoins à démêler tranquillement son affaire au milieu de la forêt de tignasses négligées du revival 90's pour sonner neuf; un petit tour de force qui doit autant à l'inspiration des nantais qu'à leur incapacité évidente (et bienvenue) à suivre une recette déjà servie des centaines de fois. Comprendre: Watertank joue du Watertank là où ses envies le mènent. Pour fans de HandsomeQuicksand ou encore Cave-In, certainement, mais aussi et surtout pour amateurs de formations à l'identité sonore singulière adeptes du groove chaloupé, des mélodies riches et incisives et des guitares au phrasé lourd mais subtil et inventif. En cela, bien que le rendu soit en fin de compte assez éloigné, Watertank pourrait être rapproché de groupes tels que Coliseum ou, plus en arrière, Minus exemples types de la métamorphose réussie et sensée vers quelque chose de plus singulier. Watertank surfe maintenant sur sa propre dynamique pour aboutir ici à accoucher sans avoir l'air d'y toucher d'un disque de haute facture fourmillant d'inventivité qui, s'il s'impose à ce jour comme leur meilleur, pourrait bien être détonné par plus fort que lui tant le quintet semble avoir des idées et des riffs pour les 15 ans à venir. Destination Unknown se déguste autant avec le palpitant et la tête qu'avec les oreilles car sous ses faux airs de redite ce deuxième disque fait tout en mieux. Plus généreux, plus dense, plus nuancé, plus personnel aussi. Plus ambitieux et certainement plus mature également sans y sacrifier pour autant ce capital de plaisir immédiat monumental qui a toujours fait la force des gaziers ("Fever"). Watertank, apôtre du Post-Hardcore force tranquille, vient de nous offrir un LP taille patron.

Insolent et atypique, faussement facile mais d'une efficacité redoutable, armé d'un capital sympathie évident, souvent placé mais jusqu'alors rarement gagnant, le groupe habitué aux places d'honneur apporte peut être avec Destination Unknown la confirmation, si besoin était, qu'il fait partie des formations sur lesquelles il faut absolument compter. Un juste retour des choses pour un groupe persévérant qui ne cesse de revenir avec brio à intervalles irréguliers depuis bientôt treize piges. Déjà. C'est que le temps passe salement vite. Surtout, croyez en mon expérience, lorsqu'il est occupé à faire dégueuler ses baffles en compagnie du dernier méfait de Watertank,un grand sourire de satisfaction collé en plein milieu de la figure.

Sleepwalk ( 2013 )

Trois années et des poussières dans l'ombre et voilà que les nantais refont surface. Le groupe ayant jusqu'à présent montré autant de visages qu'il a de sorties à son actif et le temps qui passe n'aidant pas forcément à suivre son évolution, une question vient immédiatement: où en est rendu le son de Watertank?

Réponse en deux tours de trotteuse avec "When it all begins" et "Giant Heads".Torché, plombé, punitif, supersonique dans la droite lancée de l'excellent et très rock'n'roll Fairy Crimes, Watertank (r)assure. Les présentations sont de nouveau faites. Mais de l'eau ayant coulé sous les ponts, reste surtout à voir ce que le sextet promu au culot - on y vient tout de suite - avait dans le ventre en 2013. Car, non, Solar Flare n'y va pas par trois chemin en invitant Helmet et Quicksand, références absolues en matière de Post Hardcore mélodique, abrasif et changeant, dans sa promo. Aussi astucieux que risqué, le name-dropping, qui marchera probablement à fond pour quiconque ayant déjà prêté l'oreille aux disques des deux formations US, a au moins le mérite de poser clairement les prétentions de Sleepwalk. Le riff ultra efficace comme centre de toute chose, le groove coulé et les mélodies acérées ("Pro Crook", "Off the Radar"). Simple mais ambitieux au regard des groupes convoqués.

Les écoutes se suivent, de plus en plus rapprochées, et force est de constater que Watertank se tient à son programme avec un savoir faire déconcertant tout en préservant admirablement le plaisir d'écoute. Malgré un virage amorcé de belle manière il y a déjà quatre ans de ça, la confirmation tant attendue est probablement au delà des espérances possibles pour ce premier LP. Si Sleepwalk ce n'est, en définitive, ni plus ni moins que quarante minutes de riffs en béton armé, d'efficacité et de plaisir au premier degré - exception faite d'un joli "Six Days" de fermeture, beaucoup plus aérien - l'application et l'implication du combo se ressent à chaque instant. Le cahier des charges parait un peu léger sur le papier mais une fois mise en branle, la formation nantaise, sûre de sa force et pleine d'idées pour faire avancer son affaire sans temps morts, reste la machine de guerre qu'elle a toujours été, associant ses vieilles racines Hardcore, grognements Sludge et mugissements Rock pour un résultat forcément bruyant mais résolument positif et entraînant.
Il leur aurait été facile de dévaler lourdement le boulevard ouvert par l'avènement de Torche et, plus généralement, le réveil des musiques sur-plombées sur la voie de gauche ("Holy Tranquilizer") mais Watertank a visiblement trop de métier et d'intelligence pour se contenter d'en labourer l'asphalte en ligne droite 12 titres durant. Ici les tirs de barrage sont indissociables de la mélodie. Toujours finement ciselée, omniprésente jusque là où on ne l'attend pas forcément ("Sharp Beaks Strike Back"), invariablement servie par un riff ultra solide - et il y en a un paquet - toujours soutenue par une petite merveille de groove. A ce jeu la doublette "Far From Low" / "How Fast" de milieu d'album emporte d'ailleurs la partie sans forcer. Le sens du tube immédiat, les lignes de chant magiques, les breaks frissonnants, les sucreries Alt. Rock imparables associées à l'intransigeance d'un rock alternatif dur fait de guitares bavardes et héritier des premiers élans Post Hardcore: tout est là. Même si l’emballage est totalement moderne, difficile, effectivement, de ne pas penser par moments au savoir faire des météoriques Handsome (choc des titans réunissant entre autres Peter Mendege (ex-Helmet) et Tom Capone(ex-Quicksand), tiens donc) et leurs deux grands frères ("Fear Over the City", "Ants in Suits"), voire même aux dernières années de Shiner sur certaines lignes mélodiques. Sans oublier leur propre production, passée comme plus récente ("How Fast" qui fait admirablement le lien).

Sleepwalk est un disque aux sonorités actuelles (énorme prod), intelligemment infusées de recettes concoctées au milieu d'une décennie qu'il est décidément toujours bon d'aller dépoussiérer, qui le rendent aussi solide et inventif qu'immédiat. En maintenant fermement son cap en terrain miné, le combo évite de s'égarer entre passéisme vain et voies plus récentes mais trop évidentes pour apporter quoique ce soit à son moulin. Watertank continue ainsi de se singulariser et de cultiver ses paradoxes: invariablement bon mais trop rare, encore plus Pop, plus libre, sans être moins furieux, plus affirmé alors même que ses références se font plus évidentes. On appelle ça la maîtrise, tout simplement. Mission largement accomplie pour ce premier album en dix ans de bruit.

15 / 20
3 commentaires (15.17/20).

Fairy Crimes ( 2009 )

On ne se créé pas un son en deux semaines. Watertank est un groupe qui prend son temps : les nantais n’auront finalement sorti que deux démos en l’espace de cinq ans - dont près de deux de quasi mort clinique. Soit. Mais, alors qu’arrive Fairy Crimes, où en est rendue la formation responsable, notamment, de l’excellent Sub?

A vrai dire elle a disparu. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Watertank a vu son lineup évoluer depuis cette époque et sa musique aura suivi le même chemin. Fini le Post Hardcore donc… et pourtant la rupture proposée par ce Fairy Crimes n’est pas forcément aussi nette qu’il n’y parait. En effet si Watertank se nourrit aujourd’hui d’avantage au râtelier des « musiques en G » (aka grasses et groovy © moi-même) le groupe aura toujours eu la science du riff qui tue et de la rythmique efficace tel qu'il les expose ici.
Ne vous laissez pas abuser par la faible productivité des nantais. Malgré les changements de lineup, To Learn c’était déjà eux (du moins à l’origine) et Oversmurf (R.I.P.) ainsi que Kubota n’ont jamais été très loin dans les parages. Watertank est un groupe expérimenté. L’écoute de Fairy Crimes vient définitivement le confirmer.

De son propre aveu, Watertank a développé une approche plus « Pop et Heavy » au cours du laps de temps qui a séparé leur seconde démo de cet album. Comparativement à leurs débuts on ne peut qu’acquiescer mais dans l’absolu Fairy Crimes reste un album bovin. Dans le bon sens du terme bien évidemment. Rock’n’ Roll à souhait, le groupe se fait ici une petite place entre le  Mastodon premier cru, Capricorns ou encore Torche sans oublier ses racines Post Hardcore et l’image d’un van lancé à pleine vitesse sous un soleil de plomb est peut être la première qui vient alors à l'esprit. L'analogie est un peu facile, certes, mais c'est vraiment l’idée qu'évoque l’écoute de ce disque bouillonnant.

Watertank a changé, pour sur. En bien? Probablement même si un jet de la teneur des Miscalneous circuits ou My puzzle, your problem des débuts aurait aussi surement fait forte impression. Mais n'en parlons plus. Cette musique en clair-obscur, partagée entre concassage de nuques en règle et sonorités chaleureuses est un vrai bonheur. La confrontation section rythmique mastoc vs. mélodie (guitares et chant clair) fait des étincelles et embarque aisément l’oreille malgré une recette vieille comme le monde ici agrémentée d’une pincée de petits détails qui font la différence. Le plus marquant - et pas des moindres - est la variété de cette (courte) sortie. Watertank a de l'idée: dans les frappes de batterie, dans le riffing parfois aussi psyché et doomy que marqué d’influences postcore, dans les structures changeantes des morceaux... On sent que le groupe a vraiment bossé le fond pour nous servir six compositions originales, aisément différentiables qui amènent chacune leur pierre à l’édifice de cet EP de 17 minutes. Forcément, comme d’habitude lorsque la qualité est au rendez vous, ce n’est jamais assez. Mais comme Watertank semble avoir trouvé son rythme de croisière, on ose espérer les entendre de nouveau d’ici peu.

Les six titres de Fairy Crimes s’écoutent avec l’envie de démonter les fenêtres à grands coups de riffs, debout au milieu du salon, le pied posé sur un canapé subitement devenu par les miracles de l’imagination un ampli surpuissant. Aucune explication logique si ce n’est que ce disque est de l’efficacité en barre et que, croyez moi, live c’est une véritable orgie de (sur)puissance bienvenue. Rien de plus, rien de moins.

Fairy Crimes est disponible en téléchargement gratuit sur le site de Butterwitch.

A écouter : pour enfin entendre le groupe prendre son envol.