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Biographie

Trepalium

C’est fin 2001 dans les Deux-Sèvres que se forme officiellement le projet Trepalium. Les membres du groupe s’installent dans une maison commune et composent très rapidement leur première démo, Psychic Storm, diffusée à 150 exemplaires début 2002. Plus tard, le groupe intègre un chanteur lead, afin de donner plus de libertés à chacun des membres. Le nouveau line-up s’attèle ainsi à la deuxième démo, Pain’s Treshold, qui sort elle l’année suivante. La formation se fait alors connaître grâce à de nombreux concerts et intègre quelques mois plus tard le collectif Klonosphère. La renommée et la maturation stylistique qui commence à toucher le groupe le décide à enregistrer son premier album, Through The Absurd, au studio des Milans (studio des membres de Gojira) qui sort après la signature d’un contrat chez Holy Records, fin 2004. Sur ce premier album, le son Trepalium prend forme, et on découvre un Death-Metal très moderne teinté de reflets Hardcore, à l’efficacité sans failles, et où le groove revêt une importance non négligeable.

Après avoir défendu ce premier disque comme il se devait, les français se mettent à travailler sur son successeur, et c’est ainsi que début 2006 sort Alchemik Clockwork Of Disorder, qui affirme encore plus le style du groupe par son côté plus travaillé et affirmé. En 2009 le groupe revient avec XIII, y pousse encore plus loin son style et risque fort de gagner en notoriété, ne serait-ce que grâce à la tournée française qu'il effectue alors avec Gojira. Quelques projets se montent ensuite en parallèle (Step In Fluid avec Florent Marcadet de Klone notamment) jusqu'en 2012, qui voit le retour des poitevins aux affaires avec H.N.P., plus ambiancé que XIII. Deux ans plus tard revoilà Trepalium qui se repointe avec le EP Voodoo Moonshine, où les cuivres deviennent prépondérants.

16.5 / 20
11 commentaires (16.18/20).
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Voodoo Moonshine EP ( 2014 )

Trepalium est décidément une formation à part dans le paysage metal français, mêlant depuis ses débuts un amour certain pour le jazz funk d’Herbie Hancock à la puissance du death-metal. Une formule qui s’est précisé au fil des sorties et qui a fait du quintet l’un des fers de lance des musiques lourdes dans nos bourgades.

Alors qu’H.N.P. nous éclatait à la gueule tel un abcès rempli de groove, il perdait un peu de son impact à force d’écoutes, la faute à une trop grande linéarité entre les morceaux, moins varié que XIII et donc moins prenant sur la durée. Mais les poitevins ont de la ressource, et le prouvent avec ce nouvel EP, idéalement intitulé Voodoo Moonshine, où l’on nage plutôt dans les eaux marécageuses de Nouvelle-Orléans. Les cuivres tiennent un rôle bien plus important, notamment les saxophones alto et baryton de Matthieu Metzger (Klone, Step In Fluid) qui semblent enfin avoir la place qu’ils méritent. Ça se vérifie d’entrée avec Moonshine Limbo, un modèle de fusion où l’ensemble de l’orchestre forme une entité homogène néanmoins mouvante, ou mutante. Les bases sont là mais les instruments à vent apportent vraiment une fraîcheur nécessaire à une recette efficace qui commençait toutefois à se mordiller la queue.

Voodoo Moonshine
efface encore un peu plus les frontières entre metal, jazz/funk (voire blues) et prog, aérant son propos afin d’orienter d’avantage ses énergies vers des ambiances qui rappelleront immanquablement Step In Fluid, tout en conservant la furie inhérente au mort-metal. Cet EP est plein à craquer de sommets, qu’il s’agisse du sirupeux et chaloupé Damballa’s Voodoo Doll (avec Joe Duplantier de Gojira), du swing écrasant de Guédé Juice ou du totalement transit et possédé Fire On Skin. Rien à jeter, tous les protagonistes sont heureux de jouer ensemble et ça se sent. Écouter ce disque rend donc heureux, ce qui rend aussi compliqué le fait de ne pas relancer la machine à groove.

Armé de cuivres plus imposants, d’ambiances plus élaborées, de featurings pas dégueulasses (dont Rémi Dumoulin aussi aux cuivres, ayant officié en 2006 chez Magma), l’envoûtement est total pour Trepalium, qui livre sans doute ici sa meilleure potion, chargée de tous les ingrédients qui pouvaient éventuellement lui manquer jadis. Changez rien les mecs !

En écoute dans nos pages.

A écouter : pour être content(e).
16 / 20
6 commentaires (16.33/20).
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H.N.P. ( 2012 )

XIII était grand, XIII était fort, XIII envoyait un death-metal chaloupé tout à fait orgasmique. On se disait alors, hébété, suant de toute part après s’être passé l’objet en boucle : « difficile de faire mieux ». Que nenni ! Trepalium revient nous asséner son groove dans les gencives avec un son encore plus dense. H.N.P. (Heic Noenum Pax) est là, chargé comme un bœuf, prêt à casser des nuques avec souplesse et dextérité.

Les poitevins ouvrent les hostilités avec le morceau éponyme, introduit par une nappe menaçante vite interrompue par une rythmique lourde et syncopée qui nous place directement en terrain connu. L’ensemble apparaîtra surtout plus fin, plus travaillé, comme sur Prescription Of Crisis, dont certains riffs rappellent le metal tortueux de Tormenta. Les enchaînements et les gros breaks se succèderont avec Slave The World ou le fabuleux et groovy Insane Architect, basés sur des structures toujours relativement complexes. Order The Labyrinth calmera un tantinet le jeu en alternant les instants progressifs et les explosions rythmiques tribales et limpides. Et puis Let The Clown Rise viendra cracher son gros death à coups de riffs mastoc, porté par une voix glaireuse et puissante, impeccable de la première à la dernière seconde de l’album, quoiqu’un poil plus en retrait par rapport à XIII. Le batteur se fera lui aussi un peu plus subtil dans son jeu, par son utilisation plus modérée de la double pédale, ce qui lui confère un son plus percutant, comme on peut l’entendre sur (A) I Was (S) ou The Worst F(r)iend.

Plus globalement, on sent désormais que le facteur jazz des compositions de Trepalium est ici complètement assimilé avec le metal, l’un se fond dans l’autre de manière tout à fait évidente. C’est sûrement cet amalgame réussi entre les genres qui donne ce sentiment d’accalmie, ou de sérénité. Step In Fluid est sans doute passé par là... En effet, le quintet prend le temps de poser les ambiances afin de renforcer l’impact des passages plus énervés. Les titres sont moins rentre-dedans, plus fouillés. L’écoute demande plus d’attention et doit être multiple pour bien capter le groove monstrueux qui se cache derrière ce mur de textures alambiquées. Là où XIII exprimait surtout une forme de brutalité, H.N.P. use davantage de la retenue et de l’équilibre (Raining Past), sans pour autant oublier la violence, essentielle et quasi-constante. L’objet se terminera sur une extraordinaire reprise du I’m Broken de Pantera, déjà interprétée magistralement sur scène et qui ne dénotera nullement avec le reste.

Bel hommage, belle conclusion pour un disque entier et maîtrisé de bout en bout. Encore un qui tournera en boucle et qui devrait même se révéler un cran au-dessus de XIII sur la durée. En attendant, les morceaux de H.N.P. nous en mettront certainement bientôt plein la gueule en direct…

A écouter : attentivement.
17.5 / 20
15 commentaires (16.33/20).
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XIII ( 2009 )

3 ans après l’excellent ACOD, dont vous trouverez la chronique plus bas sur cette même page, qui posait les bases d’un son et d’un style bien personnels au quintet deux sévriens, Trepalium nous revient avec XIII,  second volet d’un triptyque infernal qui voyait sa première partie se conclure avec la libération de « XII », icône humaine torturée, monstre symptôme du monde qui l’a vu grandir.
On démarre donc avec « Daddy’s Happy », un constat de XII, qui se considérant vu sa condition de pariaht comme « fils du diable », voit le monde qui l’entoure comme un gigantesque amas de crasse. Le morceau se voit par ailleurs emblématique de l’évolution du son du groupe. Plus sombre, plus mélodique, plus torturé, et surtout tellement plus riche et ouvert (mention particulière au chant d’écorché vif complètement hallucinant). Petite note en passant : le son est juste énorme ! (mention spéciale à la section rythmique). Arrive ensuite le plan B, avec « Glowing Clouds », véritable hommage à Morbid Angel (écoutez « Where The Slime Lives » et vous comprendrez), qui voit XII préparer son offensive, il décide lui aussi qu’il aura son mot à dire dans le fonctionnement de cette machine qui le dévore et a fait de lui le monstre qu’il est devenu.
« Time Of Blink » se voit alors marquer un retour aux sonorités typiques d' ACOD, avec un enchaînement ultra saccadé de riffs tortueux « made in Trepal », sur ce morceau XII revient sur sa condition et ses interrogations quant à sa place dans ce monde, soulignant la symbolique de son nom (« While You are just a number »), et en vient donc à se laisser aller à la débauche.
Et quelle débauche ! Ce chapitre de l’histoire de XII se voit illustré par l’un des plus brillants morceaux de cet album, « Addicted To Oblivion ».  Le phrasé quasi hip hop de Kéké fait des merveilles sur un instrumental monstrueux que n’aurait pas renié Infectious Grooves. On retrouve en milieu de morceau une excellente parenthèse Jazzy, on se souvient alors du tube « Sick Boogie Murder » sur ACOD. Une tuerie !
Et la gueule de bois sera rude, avec le très efficace  « Inner Hell »,  que la plupart d’entre vous auront probablement déjà découvert en vidéo sur le myspace du groupe (si cela n’est pas le cas, vous saurez ce qui vous reste à faire). XII ne supporte plus sa condition, en écho à « Decease My Life » sur ACOD, il recherche un antidote à son mal être permanent, pour cela, les palliatifs et excès en tout genre lui sont tendus et lui dévorent l’esprit «( Give me more, it’s never enough »).Un autre morceau très représentatif de la nouvelle orientation du groupe, plus efficace et directe que par le passé.
Suivent « Unexpectable Lies » et « And Now… » qui voient l’apparition d’un invité, LCR d’ Havarx , co – auteur des textes depuis le premier album, qui vient apporter une tâche encore plus torturée et malsaine aux morceaux, et plus sur le très beau, rampant et sombre « And Now… », qui voit l’évolution du personnage (qui s’appelle désormais XIII) qui change alors de nom, une fois qu’il a accepté l’idée de mourir.
Nouvelle perle de groove metal dévastateur avec « Usual Crap », sorte de plaidoyer des pariahs de notre société moderne("Too small, too fat, too shy, Too small, too skinny, too blind…"). Il faut l’écouter pour le croire, c’est juste phénoménal…
On retrouve ensuite deux nouvelles perles, avec “World Plague" (qui voit une touche Opethienne des plus appréciable dans le riff du refrain, suivi d’une partie saccadée qui arrachera plus d’une tête en concert). Hommage indirect à Fight Club, avec cette sorte de scenario apocalyptique de l’élévation d’une armée constituée de tous les dépressifs et laissées pour compte. « En fait c’est du Trepal mais en 10 fois mieux » dixit un ami.
Alors que cette partie de l’histoire de XIII se termine avec « Saddistic Peace », qui laisse l’auditeur dans le doute de son suicide ou de sa disparition, l’album se conclue avec « Fant easy real », petit retour en arrière dans la vie de XIII, à l’époque où ses fantasmes de meurtres sous formes de parties de chasse étaient à leur paroxysme. Après deux couplets dansants à souhait, on arrive à l’ultime « riff de tueur » de cet album, avec une véritable mosh part qui devrait laisser pas mal de dents sur le sol.

Constat simple : Après une semaine en raison de minimum 4 écoutes intégrales par jour de cet album, je continue d’en avoir des frissons, d’headbanguer dans le métro, d’en faire hurler mes voisins, d’être heureux de me lever le matin à l’idée de le réécouter.
Un concept en béton, des morceaux emblématiques, une production incisive et personnelle… on tient là un pur chef d’œuvre, d’office mon album de l’année.

A écouter : Daddy's Happy, Addicted To Oblivion, And Now..., Usual Crap, World Plague...
15 / 20
14 commentaires (17.25/20).
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Alchemik Clockwork Of Disorder ( 2006 )

Après un premier album de très bonne facture pourtant passé relativement inaperçu en 2004, Trepalium avait tout de même acquis aux yeux de certain le statut d’espoir du death métal français. Une production sentant un peu trop le Gojira (et pour cause, Through The Absurd avait été enregistré dans le studio des landais) avait tout de même laissé quelques retenues malgré certains éléments très personnels. Revoici le combo français avec un nouvel album, Alchemik Clockwork Of Disorder, enregistré cette fois-ci dans son antre, sous la houlette de Sylvain Biguet (Klone, Mistaken Element (ex-Scarr), Comity, ????...), et mixé par Mr Xort (Anorexia Nervosa).

D’entrée de jeu des les premières notes de ce disque, on reconnaît l’entité Trepalium à travers un son modifié mais très cohérant par rapport à la précédente production du groupe. Pour peu qu’on ait écouté Through The Absurd, on se sent en terrain conquis, le deathcore très technique du quintet impose à nouveau ses riffs aiguisés aux mélodies harmonisées, qui saccadent les rythmiques dans tous les sens, à coup de mélodies pressantes, et dont la batterie souligne l’efficacité par une double pédale et de nombreux blasts précis et inattendus. On retrouve cette basse alternativement très ronde ou très clinquante (le premier titre, Decease My Life, en est le parfait exemple), qui tient son rôle à part entière tout au long des 12 titres de l’album, donnant un relief incroyable à l’ensemble (sur l’interlude légère One Breath Of Peace particulièrement). Et enfin, on retrouve ce chant très monocorde, typiquement death, qui, bien que lassant à la longue et méritant certainement un peu de travail de modulation pour apporter de la richesse au tout, tient parfaitement son rôle.
Incontestablement, lorsqu’on écoute Trepalium, on pense à ce contingent de la scène death métal qui s’oriente vers un extrémisme technique, à coup de mélodies interminables et de plans rythmiques tordus au possible, avec un culte de l’agressivité et du non répit, Necrophagist en tête. Seulement voilà, la musique des français semble avoir une âme, et celle-ci vient d’une facette très bien intégrée à ses titres : ce qui attire l’attention en écoutant Alchemik Clockwork Of Disorder, plus encore que sur son devancier, c’est ce feeling incroyablement groovy  que le combo délivre tout au long de ses titres. Bien des riffs filent une sérieuse envie de headbanguer tout en sautillant (tout au long de Vesania), avec des rythmiques syncopées et jazzy, alternées avec le binaire le plus carré, et le résultat et du plus bel effet, en témoigne le titre Sick Boogie Murder, vaste délire de boogie métal, où pianos de saloon et parties crownées (featurings des chanteurs de Klone et Anthurus d’Archer) créent une joyeuse ambiance dans un style qui mériterait certainement plus qu’un titre. Au final on sent une énergie folle au travers de ce savoureux mélange et l’efficacité reste l’un des maîtres mots qui puisse définir ce deuxième effort.

Toujours aussi cohérant dans sa démarche et dans sa globalité, Trepalium gagne sur Alchemik Clockwork Of Disorder en maturité et impose son style plus encore que précédemment. On sent que le combo a travaillé et exploité ses idées de la meilleure des manières, et que l’efficacité est visée sans pour autant délaisser une facette personnelle et originale. Au final un bien bon disque, qui pourra s’affirmer comme une des sorties death française les plus originales de cette année 2006, bien que celle-ci soit loin d’être terminée.

A écouter : oui