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Biographie

Totalt Javla Morker

C'est en 1996, dans la ville suèdoise de Skelleftea, que les révoltés de Totalt Jävla Mörker font leurs premiers pas, ou plutôt poussent leurs premiers hurlements. Dès leur première démo, Då Hämdens Timme Slår, sortie en '96, le groupe propose un punk hardcore très agressif, s'exprimant à l'aide de deux chanteurs. Les fondements de sa musique posés, TJM poursuit son chemin en sortant deux autres démos, puis en septembre 2002 un premier véritable album: Det Ofrivilliga Lidandets Maskineri. Son second effort, Människans Ringa Värde , parait en avril 2004, et précède donc la sortie actuelle d'un troisième album, éponyme celui-ci, qui réussit enfin à dépasser les frontières de la Suède. En 2009, le groupe créé plus de 10 ans plus tôt dans le but faire plus le plus de bruit possible continue de faire évoluer sa musique, s'ouvrant à des terrains plus (re)connus sans pour autant perdre de sa hargne avec Söndra Och Härska qui sort chez Regain records.
En mars 2010, Fredrik, un des deux chanteurs, présent depuis les origines, annonce son départ imminent de la formation qui prend effet après une dernière prestationau cours de l'Umeå Open Festival le même mois.

Chronique

Söndra Och Härska ( 2010 )

La mixture hardcore/black/machin haineux à le vent en poupe ces derniers temps. Totalt Jävla Mörker, eux, ça les fait bien rire: cette bouillabaisse sauce nordique ça fait déjà un bail qu'ils nous la servent donc autant dire qu'ils en connaissent les ficelles. Revenir en 2009 au milieu d'un contexte favorable, se caler les pantoufles sous la table et récolter les honneurs pendant que bobonne se tape la tambouille en arrière cuisine? Non merci, très peu pour eux.

Sans céder la moindre once de terrain, Totalt Jävla Mörker voit déjà plus loin, déplace son territoire pendant que la horde s'acharne dans le désordre sur une carcasse que les suédois leur ont abandonné et dont on sent qu'elle finira bien vite décharnée, les patrons s'étant déjà taillé la part du lion. En 2009, la formation de Skellefteå se la joue vieux solitaire, allant tracer sa route et laissant les jeunots se faire les crocs sur des restes en décomposition. Solitaire car, dès la première écoute Söndra Och Härska marque sa différence, se détache du peloton. "Vieux" car ce qui en est à l'origine n'est ni plus ni moins que la voie choisie par TJM: à contre-courant. Peut être un peu las d'aller défricher de nouveaux terrains bien de plus en plus vite vampirisés, le quintet retourne aux origines: celles de Cult of Luna, le sombre ("Ett Vackert Landskap Af Ensamhet", "De Naglar Fast Mig På Korset"). Celui des deux premiers albums, tumultueux massif et puissant. Celui que beaucoup ont trop vite perdu des yeux alors qu'avec un peu de talent il y avait encore tant à faire. Aujourd'hui quelque peu dans l'ombre, cette période pré Post-Rock où se construit la légende du groupe a presque gardé intacte tout ce qui faisait son attrait et ce d'autant plus depuis l'attaque des clones de Salvation. Récemment, chez nous, As We Draw s'en est saisi. Quelques temps auparavant, en Suisse, c'était à Le Baron Vampire d'exhumer cette approche brute et monolithique du genre, celle qui fournit encore assez de matière pour se laisser travailler. Totalt Jävla Mörker s'inscrit dans cette logique, préférant aujourd'hui se pencher sur des sonorités tout sauf nouvelles mais trop vites boudées.
Musicalement il en ressort pourtant un disque tout à fait singulier, où cavalcades Crust/D-Beat ("Världsfinansernas Kollaps"), agressions vocales urgentes et rythmiques Hardcore viennent peupler des terrains Post Hardcore métallisés avec, surtout, un rendu sonore assez inédit car très clair à l'oreille, et néanmoins d'une noirceur absolue ("Syndaren Skall Sent Förlåtas", "Sjunde Kretsen"). Ce disque supersonique - l'affaire est pliée en un peu plus de 35 minutes - ne s'emmerde ni de transitions ni de temps morts exception faite de la plus classique "Vem Formar Din Syn På Världen", plus CoL-ienne que la moitié des titres d'Eternal Kingdom réunis, et burine du Post Harcore 2000's way en mode condensé, dégueulassé à coups de la haine crusty qui caractérise TJM depuis les origines. Démentiellement efficace et en tout cas bien plus que pas mal de formation Modern ayant élargi leurs horizons ces derniers temps, pas toujours foutues de choisir entre le Post et le méchant - faux problème s'il en est car en fin de compte, si notre mémoire vous permet de revenir plus de 4-5 ans en arrière, le genre n'a jamais tout à fait été une simple histoire d'envolées atmosphériques entre deux plans plombés tombant comme une quinte de toux au milieu du repas.

Les suédois ne se sont pas absentés trois ans durant pour revenir à leur point de départ. Ca ne leur ressemble pas et ils s'y sont d'ailleurs toujours refusé. Il suffit d'enfourner Söndra Och Härska dans le mange disque pour en faire le constat. Aux environs des frontières du style en évolution constante de Totalt Jävla Mörker, les compagnons d'échappée s'appellent aujourd'hui Martyrdöd ou encore Agrimonia et toute cette petite bande forme un triangle offensif suédois dont on se demande bien quelle défense va bien pouvoir leur résister. Pour l'heure pas grand chose, si ce n'est rien. Pourtant, pas chef de meute pour un sous, TJM se contente uniquement de remettre les pendules à l'heure avec l'argument le plus solide qui soit: un skeud en béton armé.
Quand tu allais, on revenait. Retourne à tes arpèges petit scarabé.

A voir: Le clip de "De naglar fast mig på korset"
A écouter: l'album entier, via Spotify.

A écouter : Oh... que oui.