Biographie

The Warlocks

Formation atypique, The Warlocks se forment en 1999 et connaissent près de 19 membres différents avant de se stabiliser à 6 membres permanents - 1 bassiste, 3 guitaristes et deux batteurs. Très influencé par le krautrock et le Velvet Underground, le groupe sort son premier album, Rise And Fall, en 2001 avant de se faire connaître au public avec Phoenix, 2 ans plus tard. Hallucinatoire, aérien, 60's way of rock 'n roll, ce disque consacre le groupe et son frontman Bobby Hecksher, familier de l'univers décadent de The Brian Jonestown Massacre.

Peu à peu, le groupe se dirige alors vers un shoegaze étouffant et sombre, écartant un peu son influence velvetienne, comme en témoignent les deux dernières sorties en date du groupe, Heavy Deavy Skull Lover (2007) et The Mirror Explodes (2009), sans doute l'album le plus sombre du groupe.

Chronique

The Mirror Explodes ( 2009 )

The Mirror Explodes est un diamant noir. Une pierre précieuse à l'état brut qu'il convient de plonger dans les abysses pour en apercevoir l'éclat. Celui d'un groupe toujours au bord de l'implosion, à l'incroyable don de toujours renaître de ces cendres, plus fort mais aussi, en un sens, plus fragile. The Warlocks fait partie de cette catégorie d'artistes maudits qui aura beau sortir des références, seule leur mort permettra d'en apprécier la portée.

En attendant ce moment, le 5e album studio des Américains est une lente glissade vers le vide. La bande originale d'une plongée enivrante vers l'abîme. Où les échos des guitares slide en disputent à la confusion de la distorsion (Red Camera, en parfaite introduction), où les percussions (batterie et tambourin) sonnent à froid sur des rythmiques cassantes aux résonnances lointaines. Et, flottant au-dessus de ce spectacle, la voix entièrement désabusée d'un Bobby Hecksher en bout de course, qui semble chanter chaque note en même temps que s'enfonce le couteau (You Make Me Wait). Ca ne fait pas vraiment mal car toute l'énergie a déjà été sucée; chaque coup n'est douloureux que par la nostalgie qu'il fait ressurgir et la résignation qu'il appelle. Le timbre ne se fait dur qu'au travers de son effacement progressif (Slowly Disappearing). Il n'y a plus qu'à se laisser tomber.

La litanie des notes qui s'égrènent rappellera la dureté d'un White Light/White Heat du Velvet (dont The Warlocks sont sans doute l'élève le plus appliqué) et le lancinant d'un krautrock marqué par un psychédélisme étourdissant. Evanescent, The Mirror Explodes laisse alors libre cours à sa chute musicale. De brumes électriques en envolées lyriques, les ambiances confinent à l'ivresse de l'étouffement. Standing Between The Lovers of Hell en est le témoignage le plus symbolique, titre extrême, à la progression intense, tire-larmes, sans trop savoir s'il s'agit de tristesse ou de joie. Un oxymore repris et décliné dans le clair obscur d'un album en forme de requiem où le seul soubresaut (Frequency Meltdown) n'aura même pas assez de force pour parler.

Véritable chant du cygne (avant une prochaine résurrection?), The Mirror Explodes est sans doute l'album le plus sombre du combo. Celui qui renvoie un reflet déformé par l'usure et brisé par les combats incessants. C'est un aveu de défaite, un poignant hommage à l'impuissance triomphante. Un dernier vertige avant de fermer les yeux.

A écouter : Extr�me onction