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Biographie

The Rolling Stones

Mick Jagger : Chant
Keith Richards : Guitare
Ron Wood : Guitare
Charlie Watts : Batterie

 

 

Obscur groupe Londonien des sixties, qui connaîtra son heure de gloire en 1990, en réalisant à sa plus grande satisfaction, la musique pour la publicité d'une célèbre barre chocolatée.

Chronique

5 / 20
1 commentaire (15/20).

Shine A Light ( 2008 )

Un grand réalisateur pour un grand groupe : voilà ce qui venait immédiatement à l’esprit dès les premiers bruits évoquant un documentaire de Martin Scorsese sur ce mythique groupe qu’est The Rolling Stones. On imaginait déjà la touche de ce grand monsieur, les parties romancées en voix-off, entrecoupant d’incroyables images d’une époque que de nombreux fans n’ont connu qu’à travers les vinyles de leurs parents. L’attente était donc à la hauteur de l’encyclopédie qui pourrait être écrite sur la vie du quatuor Londonien : Immense.

Cependant, à trop attendre d’une œuvre, on en sort parfois déçu, surtout lorsqu’il y a tromperie sur la marchandise. Ce Shine A Light est bien un documentaire, mais un documentaire sur deux soirées de la tournée A Bigger Bang (fin 2006), au Beacon Theater de New-York. On appelle plus communément ceci un simple DVD live.
Simple ? Pas tant que cela, car à moyens exceptionnels, résultats exceptionnels ; et il en est ainsi des images. Avec plus de quinze caméras disposées autour, sur, au-dessus, au-dessous de la scène, au milieu d’un public calme, au fond de la salle etc. On obtient donc une variété d’image jamais égalée, des angles de vue hors du commun, mais surtout une qualité de cadrage à faire pâlir tout photographe de concert. Toutefois, le revers de la médaille est immédiat, à trop vouloir bien faire, on se retrouve avec une imagerie lisse, décalée de l’univers rock, et le post-traitement (pour exemple, l’absence de la moindre goutte de sueur durant tout le concert) tout comme les effets de style (les pseudos prises de vue dans le public, où les bras, corps ou autre venant sciemment se mettre devant l’objectif gênent plus à la visibilité qu’ils ne donnent le résultat escompté) vont faire perdre toute crédibilité, quant au coté brut que ce concert pourrait avoir.

Que dire alors du traitement réservé au son ? Pour cette partie primordiale à ce type de vidéo, Scorsese a là encore mis les petits plats dans les grands. On ne s’improvise pas réalisateur de live sur un coup de tête, ou pour un coup de cœur, et force est de constater que les options choisies paraissent loin d‘être les plus pertinentes : Partie rythmique en retrait absolu pour ne pas dire oubliée, voix de Jagger et guitare de Keith à contrario bien trop sur le devant, comme s’il avait été décrété une hiérarchie par rapport à l’histoire des musiciens. Quant aux effets qui font là aussi la singularité de cette œuvre, ils semblent totalement inadaptés. Quelle mouche a donc piqué le réalisateur (ou le responsable de cette pagaille) lorsqu’il a été décidé que le mixage de la piste audio serait incongrument lié au cadrage? Ainsi pour exemple, partant d'un plan général avec un mixage équilibré, on passe subitement à un son démesuré de guitare le temps d'un gros plan sur Keith Richards, pour revenir à la normale une fois le plan large de nouveau choisi.
On se retrouve donc, avec des volumes de piste indécents qui s’évaporent aussi vite qu’ils sont arrivés. Lorsque cela porte sur un passage important et suffisamment long pour en comprendre la structure, passe encore ; mais quand cela intervient au beau milieu d’un riff et se vaporise avant même sa fin, on appelle plus communément cela de la cacophonie. Est-il besoin de développer le raisonnement lorsque cette idée est portée aux divers objets (téléphone, appareil photo…) que l’on croisera ?

On passera aussi sur les sautes de son incompréhensibles, au même titres que les transitions entre morceaux bâclées lorsqu’elle ne sont pas entrecoupées d’interviews ou d’image d’archive.
Etant vendu en tant que documentaire, il fallait que ce type d’images apparaisse, pour la forme. Bien que distillées au compte goutte, elles n’en demeurent pas moins intéressantes, mais  sans fil conducteur l’ensemble paraît bien trop décousu. Il reste peut-être cette série de réponses bidons à des questions qui le sont tout autant, pour nous faire sourire. On repassera pour l’originalité avec ce concept déjà maint et maint usité (1991 : The Year Punk Broke par exemple) mais ne crachons pas sur les rares moments agréables. Car, et c’est là que le bât blesse, on sera bien plus emballé par quinze secondes de live période sixties – avec le défunt mais toujours mythique Brian Jones, avec un vrai public et une ferveur sans limite -  que par le concert présenté ici.

En effet, le problème de fond reste les Rolling Stones eux-mêmes, quand quelqu’un osera-t-il enfin s’élever devant cette mascarade qui continue maintenant depuis trop longtemps ? Ces musiciens ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils ont incarné, et le spectacle proposé ici n’est qu’une injure à la magnificence de leurs prestations d’antan. Comment accepter ce massacre organisé dès les premières notes de "Jumping Jack Flash", et qui s’étendra jusqu’à contaminer "Brown Sugar", "Sympathy for the Devil", "Sastisfaction", "Start Me Up" ou encore cette perle d’"As Tears Go By"…
Mick Jagger n’a plus de voix, ni de souffle ; Keith Richards - végétant dans son monde et toujours aussi imbu de sa personne - n’a plus sa rythmique ravageuse d’époque pour pouvoir être tant mis en avant par la production. Ne restent que les seconds couteaux (Ron Wood, Charlie Watts et surtout la ribambelle de musiciens et de chœurs talentueux ) fidèles à eux-mêmes sur qui on ne saurait tirer, mais que la mise en scène n’exploitera pas une seule seconde.

On entend déjà s’élever les voix arguant qu’à cet age, voir Jagger se dandiner comme il le fait relève de l’exploit. Bien évidemment Jagger restera Jagger, avec sa gueule, avec ses pas de danse qui ont toujours une classe indéfectible, mais ce n’est là qu’un attribut qui ne devrait se placer qu’après l’objet principal : l’organe ; ou sinon on lui préfèrerait un spectacle de Patrick Dupont. Car force est de constater que cet organe n’est plus au rendez-vous : Mick Jagger ne chante plus, il ne fait que du phrasé. N’est pas Lou Reed qui veut, et lorsque les morceaux ne sont pas adaptés à ce type de chant, en plus d’être dénaturés, ils en deviennent rapidement pompeux à en préférer leur version studio. A ce niveau, rien ne nous sera épargné, pas même le désormais habituel supplice des deux titres chantés par Keith Richards…D’ailleurs il est totalement inconcevable que les seules voix sauvant les meubles ici, soient celles des invités : Buddy Guy et Christina Aguilera (oui, oui) qui mettra elle aussi en avant son déhanchement, mais avec ici un chant impressionnant.

Bref, si on aime la musique des Rolling Stones, on ne peut, à l’instar de leurs dernières sorties, se satisfaire de ce spectacle. Cela ravira peut-être une poignée d’invités à la plastique irréprochable, triée sur le volet pour être au premier rang portable en main, mais certainement pas les amoureux des Stones sur scène!!! Mieux vaut regarder avec nostalgie les vidéos techniquement dépassées comme Gimme Shelter (1970) ou Stones In The Park (1969), écouter en boucle Get Yer Ya-Yas Out !, Got Live If You Want It et les autres enregistrements pirates (de 72 par exemple) que de se contenter de ceci.
Et aux inéluctables « que les groupes actuels s’inspirent de leurs performances » qui ne manqueront pas de tomber, on ne répondra qu’en citant The (International) Noise Conspiracy, Thursday ou autres Mars Volta … car les groupes réussissant à combiner présence scénique et musique attrayante existent… il suffit d’aller les chercher. Seulement à force de se borner à mettre en avant (presse musicale, presse généraliste… et maintenant réalisateurs) des artistes musicalement en phase descendante, on empêche d’avancer comme ils le devraient, ceux à qui ces espaces reviennent de droit.

A continuer de promouvoir cette forme de prestation scénique, on en deviendrait hermétique au concept de live en lui-même… si on ne veut pas voir fleurir des Pat Bateman à la sortie des salles de cinéma, ces Stones ne doivent plus jouir de tant de visibilité, que Martin Scorsese continue plutôt à promouvoir des artistes comme les Dropkick Murphys en leur offrant des espaces dans ses super-productions.

A écouter : Avec des boules-kies
The Rolling Stones

Style : Rock
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Origine : Royaume-Uni
Site Officiel : rollingstones.com
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