Biographie

The Nightwatchman

Tom Morello est né en 1964 à New York, mais a grandi à Libertyville, dans la banlieue blanche de Chicago. Sa mère, Mary Morello est la fondatrice de Parents For Rock & Rap qui combat la censure musicale. Son père, Ngethe Njoroge, a quant à lui pris part à la révolte contre les colons britanniques aux côtés des Mau-Mau au Kenya. Son grand-oncle, Jomo Kenyatta, est le premier président élu du Kenya. Avec de tels antécédents, le jeune Morello suit des études brillantes et est diplômé en sciences politiques de la prestigieuse université d'Harvard en 1986. Il embraye comme assistant du sénateur californien Alan Cranston, poste qu'il quitte très vite.

Mais ce qui le passionne autant que la lutte politique, c'est la musique. Après une première expérience avortée avec la guitare, à l'age de 13 ans, il reprend au début des années 80 et forme même un groupe avec Adam Jones (futur guitariste de Tool auquel il présentera d'ailleurs Maynard James Keenan et Danny Carey  par la suite) appelé Electrical Sheep. A l'époque, il est notamment fan de The Clash et de Devo, mais aussi de Black Sabbath ou encore Led Zeppelin. En 1988, il enregistre un album avec Lock Up, éphémère groupe glam rock.  Il rencontre par la suite le rappeur Zack de la Rocha et fonde avec son ami Tim Commerford et Bard Wilk, Rage Against The Machine, groupe engagé avec lequel il enregistre 4 albums, dont un de reprises, et un live de 1992 à 2000. Il y perfectionne un jeu atypique et créatif, riches de sons originaux, qui fait énormément pour sa renommée et celle du groupe.

Après le départ de Zack, les trois musiciens rescapés commencent à jammer avec Chris Cornell (chanteur des défunts Soundgarden), sur le conseil du célèbre producteur Chris Rubin, ce qui aboutit à la formation d'Audioslave en 2001. Le groupe, plus policé, drague les ondes FM avec ses trois albums oscillant du heavy au pop rock, Morello recherchant davantage de bonnes mélodies. Entre-temps, il créé Axis Of Justice avec Serj Tankian (chanteur de System Of A Down) en 2004. Il s'agit d'une émission de radio militante accompagnée de concerts dans les mois suivants la réélection de George W.Bush (avec notamment Maynard James Keenan, Flea  des Red Hot CHili Peppers ou bien encore Chris Cornell). Axis Of Justice milite notamment pour les droits humains, la justice économique et la paix, mais aussi plus précisément pour l'abolition de la peine de mort, la libération du militant noir américain Mumia Abu-Jamal ou bien encore le droit des immigrés. Morello s'engage par ailleurs sur son propre projet solo, The Nightwatchman, en commençant par des petits concerts acoustiques à la même époque. En 2006, il a été honoré du Human Rights Award pour son activisme, et a d'ailleurs été arrêté quelques mois plust tard au cours d'une manifestation à LA en faveur du droit des travailleurs hôteliers immigrés.

Libéré de toutes obligations vis à vis d'Audioslave, dont le split est officialisé en février 2007,  il retrouve les Rage Against The Machine pour une série de concerts notamment au festival US Coachella. Puis, il sort en avril 2007 le premier album de The Nightwatchman, One Man Revolution, un disque folk qui évoque tout un héritage de protest singers de Bob Dylan à Bruce Springsteen. En se privant de ses effets, pédale whammy et scratches en tête, Morello dévoile ainsi une voix chaleureuse et des compositions d'une simplicité non dénuée de résonances politiques. Il a par ailleurs rejoint le Dave Matthews Band en tournée européenne au printemps de cette même année.

Chronique

16 / 20
4 commentaires (17.63/20).
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One Man Revolution ( 2007 )

Au moment où Chris Cornell sort un album pop rock sans grand relief, Tom Morello lui dame le pion avec son propre album solo. Concrétisant enfin sur disque son projet The Nightwatchman, il déboule avec One Man Revolution, un opus folk frais et plein d'émotions.

Back in the 60's, la gratte sèche en bandoulière, le poing en l'air et le coeur serré d'une juste colère, ainsi nous arrive le soliste de Rage Against The Machine. Armé de compositions dépouillées, d'un chant profond et plein d'âme et de textes évocateurs, Morello propose un voyage en arrière, au temps où un homme pouvait encore rêver de faire la différence. Ce disque si simple et sans prétentions pourrait servir de bande originale aux militaires américains et aux civils en plein bourbier Irakien (No One Left), aux immigrés manifestants dans les rues des Etats-Unis, aux travailleurs fatigués de LA au Guatemala, à tous ceux qui de par le monde se sentent usés, abimés et pourtant avides de vie et de rébellion. C'est un album plein de coeur, rempli de notes d'harmonica et de piano, de refrains vieillis, d'accords blues et de vague à l'âme, dans la révolte joyeuse (The Road I Must Travel, sympathique ballade irlandaise) comme dans la complainte amère (superbe Until The End). Les visions de l'envers de l'Amérique se succèdent, et en fermant les yeux, on traverse les décennies d'histoire, aux côtés des indiens et des esclaves noirs, des militants des droits civiques et de Malcolm X, des prisonniers politiques Leonard Peltier et Mumia Abu-Jamal, des pauvres et des opprimés aux yeux baissés, des travailleurs des maquiladoras, des wet backs du Rio Grande et des révolutionnaires sud-américains.

Avec sa musique sèche et organique et son chant chaleureux et rauque, Morello délivre des perles folk où se croisent les fantômes du passés et les ombres du présent évangéliste et oppresseur. On trouve ainsi sur ce disque de véritables hymnes comme ce vibrant One Man Revolution dont on se surprend vite à fredonner le refrain, ou bien encore Let Freedom Ring dont les images rappellent immanquablement les mots simples du pasteur Martin Luther King. Un joli morceau avec des arrangements subtils, refrain doublé, piano délicat et mélodie légère. Qui aurait pensé retrouver Tom Morello dans un tel registre? Se privant de tout bidouillage, le voilà qui touche avec infiniment de sensibilité (The Garden Of Gethsemane, toute en douceurs acoustiques et réverb' discrète), avant de s'égosiller sur sa guitare (House Gone Up In Flames ou la maison US brûle). Il évoque tant l'héritage des vieux bluesmen noirs que des protest singers des 60's et même de figures telles que Johnny Cash voire Bruce Springsteen. Ce disque profondément américain  renferme l'âme d'un homme capable d'aboyer contre le racisme comme un chien un peu fou (Flesh Shapes The Day) comme de livrer des paroles de guerrier humaniste (Battle Hymns pour les morts en Irak) et de chanter l'union des sans grades (Union Song). Et toujours le souffle de la sincérité nous rappelle quel activiste il est, alors qu'on découvre un peu mieux le formidable artiste qu'il est aussi.

Avec One Man Revolution, Tom Morello signe un premier album touchant dont le dénuement et la simplicité sont des qualités magiques. Le guitariste et désormais chanteur emporte le morceau avec tout son coeur et un bel esprit et nous offre ainsi un album authentique, pont entre les époques et les communautés.

 

4 morceaux en écoute ici.

A écouter : One Man Revolution, Let Freedom Ring, The Garden Of Gethsemane, The Road I Must Travel, Battle Hymns, Until The End
The Nightwatchman

Style : Folk
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Origine : USA
Site Officiel : nightwatchmanmusic.com
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