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Biographie

The Bled

The Bled est un groupe originaire de Tucson dans l’Arizona et a commencé à se faire connaître en 2001 grâce à de nombreux concerts au côté de groupes comme Dillinger Escape Plan, Norma Jean, Midtown ou Recover. Leur musique déjà mature, inspirée par des groupes comme Converge, Refused et Radiohead, est donc un savant compromis entre le hardcore et le métal, le tout parsemé de quelques mélodies bien distillées. Forts de leur approche indépendante de la musique, les 5 musiciens de The Bled réussissent à produire un son bien personnel au sein d’une scène dite "emo / screamo" déjà encombrée. Après avoir sorti en 2001 le Ep His first crush sur le petit label américain Ride the Rocket Records, ils sortent en 2003 le très bon Pass the Flask sur Fiddler Records, album au-dessus de bon nombre de productions récentes. 2005 marque le passage du groupe sur le label Vagrant records (Saves The Day, Face To Face, Eels, Rocket From The Crypt...) pour la sortie de leur troisième album charnière Found In The Flood, et du suivant, Silent Treatment (2007).

16 / 20
5 commentaires (16.1/20).

Found in the flood ( 2005 )

L’heure de vérité. Le moment fatidique pour The Bled de confirmer leur potentiel explosif (cf l’énorme Pass The Flask sorti deux ans auparavant) est enfin arrivé avec le nouvel album du groupe Found In The Flood ; quelques infos visibles avec un changement de label d’abord, avec ce passage chez Vagrant de réputation plus mélodique (The Get Up Kids, Moneen, Emanuel) et un petit changement de line-up… Quelques réticences préliminaires qui vont vite sécher sous le talent du soleil de l’Arizona !

Après une légère intro d’ambiance, Found In the Flood démarre et s’emballe avec "Hotel Coral Essex", composition qui nous ravive les bonne effluves de puissance dégagées par The Bled tout au long de leur précédent effort Pass The Flask. La partie agressive de la chanson rappelle les plus belles heures de «You Know Who's Seatbelt», les guitares se tordent ; pourtant déjà, à l’oreille, ce premier constat : le groupe aère plus sa musique par rapport à Pass The Flask mais tout en conservant les ingrédients qui ont forgé l’identité du groupe de Tucson. Car la deuxième composition ("Guttershark") est là pour le confirmer : The Bled n’a rien perdu de sa fougue mais l’a simplement affiné en y incorporant plus de mélodie d’une imposante légèreté distillant, paradoxalement, une pleine puissance. Des chansons comme la subtile et excessivement riche "Daylight Bombings" ou le tubesque (mais pas le meilleur titre) "My Assassin" semblent, au premier abord, faciles. Il ne faut pourtant pas se fier aux apparences car que dire d’"Antartica" où James Munoz, le chanteur, emprunte vocalement les territoires mélodieux de Jeff Buckley, sans aucunement forcer le trait et tomber dans la caricature. Saisissant ! Non, The Bled, sous le coup de la maturité, varie sensiblement son style et étend son répertoire. Et en profite pour développer d’avantage ses montées d’adrénaline.
Le chant sort donc grandement vainqueur de cette diversité ; des intonations un tantinet deftoniennes sur la fin de "Guttershark", ou visiblement inspirée par Billy Corgan toujours sur "Daylight Bombing" font des merveilles car James Munoz, dans le même temps, ne perd rien de son style particulier fait de chants tendus et durs; les guitaristes, eux se mélangent de la meilleure manière avec une guitare rajoutant régulièrement en profondeur dans les riffs par l’utilisation d’effets aussi discrets que nécessaires ("Guttershark", "The Last American Cowboy"). L’écriture de la musique est sensible, jamais prévisible. Les breaks assassins sont là pour le prouver ("She calls home", "With an urgency). Ou encore les réminiscences de métal, toujours perceptibles dans les grattés de guitare ("Daylight Bombings"), petite touche du passé apportant sa part de charme. Et de la jeunesse, The Bled conserve encore cet appel à l’urgence en proposant un morceau court et bien agressif, direct et bienvenu ("Millionnaires").
Le groupe nous achève enfin avec une superbe "I don’t keep with liars anymore", très entraînante par son rythme soutenu tribal puis mid-tempo et dont le gimmick aigu de guitare ne s’arrête plus. Alors, on attend sans s’en rendre compte la fin lointaine de la chanson (37 minutes) après ce leitmotiv de conclusion.
Le verdict à l’arrêt de la lecture de Found In The Flood est sans appel : The Bled nous livre là un très bon album, développant plus les pointes mélodiques qui égayaient le jet précédent mais tout en conservant le plein de puissance ; encore une fois, aucune chanson ne ressemble à la précédente et avec ces changements d’ambiance plus variés, le groupe se définit une palette de couleurs de haute qualité, pouvant être rapprochée du niveau du songwriting d’un groupe comme Glassjaw. A écouter sans modération donc !

Télécharger "My Assassin"

A écouter : Hotel Coral Essex - Antartica - The Last American Cowboy - Daylight Bombings
16 / 20
5 commentaires (18.4/20).
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Pass the flask ( 2003 )

Quand on m’a parlé de cet album de The Bled, ma première réaction était de me dire qu’on avait surtout affaire à un énième groupe en « The… ». Mais il ne m’a fallu finalement que peu de temps pour être convaincu ; Pass the flask est un album hardcore/metal grandement mésestimé et un des tous meilleurs dernièrement sortis. Il serait à ce propos judicieux de comparer les qualités de The Bled à celles de Poison The Well mais dans une attitude un poil plus risquée.

En effet, The Bled impressionne par la puissance de son jeu. Ceci est sans doute dû au grand passé « métaleu » des 5 musiciens de Tucson. Influence métal que l’on retrouve régulièrement dans les guitares qui savent mélanger des arpèges percutants comme des gros pal mutes tout en finesse. A la batterie, la double pédale est de sortie pour appuyer les passages mid-tempo lourds. L’ensemble cimente un album très homogène, se réinventant tout au long de l’écoute. Car encore une fois, The Bled ne se base pas sur des structures couplet/refrain classique ; les musiciens font effectivement évoluer leurs parties à chaque fois qu’ils y en reprennent un bout.
Si l’album commence très fort avec "Red wedding", une chanson reflétant déjà tout le savoir faire du groupe avec des parties entraînantes, une fin sur un gros break hyper tendu que ne renierait pas Will Haven, et qui nous fait réaliser qu’effectivement les gars de The Bled sont étonnament mûrs, "We are the industry" (avant dernière livraison de l’album) est la meilleure preuve de technicité dont peuvent témoigner les musiciens; ces derniers se lâchent et montrent tout leur savoir faire en faisant passer nombre d’émotions, en les transformant au fur et à mesure. Chez The Bled, on aime pas beaucoup la répétition et on privilégie la diversité créative.
Entre ces deux chansons, aucun temps mort n’est d’ailleurs perceptible sur cet album, les chansons s’enchaînent comme on enfile des perles. Par contre, les ruptures et les tensions sont nombreuses ; dans le rythme, avec Mike Pedicone d’abord, le batteur avec un gros niveau de jeu diversifié, principal artisan de la dynamique du groupe. Mais aussi quand l’ensemble des musiciens de The Bled saupoudre le tout d’un peu de poivre de rock’n’roll accentuant d’avantage le dynamisme des compos ("Ruth Buzzi better watch her back"). Dans le chant enfin car, malgré le fait que la voix du chanteur soit régulièrement au bord du cassage de cordes, elle n’apparait pas lourde pour autant. James Munoz se permet juste quelques petites pointes plus calmes renforçant la justesse de son interprétation ("Spitshine Sonata").
 
Bref, ça explose, ça se calme, ça repart et c’est homogène. Le meilleur exemple en est "Porcelain hearts and hammers for teeth", la chanson la plus ambitieuse de l’album : intro tout en légèreté, passage puissant, puis nouvelle pause annonçant une impressionnante fin. A côté de celle-ci, "Get up you son of a bitch, cause Mickey loves ya", est par contre une démonstration pure de lourdeur. On sait donc à présent de quoi est capable The Bled. Enfin, on peut noter une petite sensibilité à la Hopesfall sur “I never met another gemini�?, avec des guitares au gratté léger et subtil contrastant avec le reste de la chanson qui en ressort encore plus puissant.
Cette subtilité, on la retrouve jusque dans la sobriété du visuel de "Pass the flask", en décalage par rapport à la richesse de la musique du groupe et en décalage avec les titres légèrement corrosifs des 10 chansons structurant l’album ("You know who’s seatbelt", "Sound of sulfur", "Nothing we say leaves this room"…).

Pass the Flask est donc un album très riche méritant une meilleure diffusion, d’un groupe ambitieux qui, surtout, n’a rien en commun avec tous ses confréres "New rock" en "The… ". A suivre.

A écouter : Porcelain hearts and hammers for teeth - Get up you son of a bitch cause Mickey loves ya - We are the industry