logo Teramaze

Biographie

Teramaze

Teramaze est formé à Melbourne (Australie) dans les années 1990 par Dean Well (guitares), originellement sous le nom de Terrormaze. Le groupe propose un Thrash Metal efficace avec des éléments progressifs dès son premier album, Doxology, en 1995. Teramaze sort Tears To Dust en 1998 puis un EP en 2001.
S'en suit une longue pause pendant laquelle le groupe ne splitte pas mais prend le temps de produire Anhedonia qui voit le jour en 2012. Exit le Thrash, le Metal Progressif de Teramaze est désormais très mélodique et à rapprocher de celui de Dream Theater plutôt que de celui de MeshuggahEsoteric Symbolism sort en 2014, et Her Halo l'année suivante.

14.5 / 20
1 commentaire (15/20).
logo amazon

Are We Soldiers ( 2019 )

Arrêtez-tout ! Teramaze revient et c'est déjà une très bonne nouvelle en soi ! Mais que s'est-il passé chez les Australiens ? On s'est assez peu attardé sur les tribulations du groupe, du coup, quelle n'est pas notre surprise de découvrir que le quatuor est devenu un sextet... et que un seul des membres de la formation à quatre est toujours présent dans le Teramaze d'aujourd'hui ! Le groupe étant connu pour avoir commencé sa carrière sous les étendards Thrash Metal avant d'opérer à une bifurcation vers un Metal Progressif mélodique et raffiné, que doit-on craindre (ou espérer) de Are We Soldiers, ce nouvel opus de 2019 ? Retour aux sources, nouveau changement de sous-genre en même temps que de line-up ? Ou continuité malgré les épreuves au niveau du personnel ?

Le doute ne plane pas bien longtemps : Are We Soldiers se place dans l'exacte lignée stylistique de Her Halo. Bien entendu, le fait que l'ensemble du line-up ait été bouleversé, que le groupe se retrouve avec un clavier et deux guitares (contre une simple six-cordes lors de l'opus précédent), tout cela impacte cette nouvelle livraison. Les intentions restent progressives, mélodiques, mais la façon d'y aboutir change un peu. Par exemple, le jeu et le toucher des guitares se fait plus souple, plus simple, on perd le côté Djent qu'on entendait parfois dans le précédent disque, à part peut-être dans The One Percent Disarm, ou dans Control Conquer Collide. Le chanteur Brett Rerekura fait son retour derrière le micro, après n'avoir laissé sa place le temps d'un seul album. Sa voix semble avoir davantage de grain que celle de Nathan Peachy, plus de caractère, amenant des parties de chant dynamiques et pleines de rebonds (Are We Soldiers, From Saviour To Assassin), mais est parfois moins poignante et perd en fragilité subtile lors des passages les plus aériens. Teramaze en semble conscient et fait légèrement évoluer sa musique en rendant ces moments de légèreté plutôt rares, souvent instrumentaux (Control Conquer Collide). Cette nouvelle sortie évite ainsi la quasi-obligatoire ballade, et tant mieux car malgré les atouts vocaux du précédent chanteur, souvent à fleur de peau, l'exercice du titre mid-tempo n'était pas particulièrement concluant sur Her Halo. Là où, sur l'opus précédent, la formation construisait des ambiances travaillées, de longues introductions ou des ponts mélodique, ici l'approche est bien plus directe, presque "branle-manche" de technique.

En dehors de la comparaison facile qu'on peut faire entre cette chronique et celle ci-dessous, Are We Soldiers a des qualités bien à lui. On ne peut que saluer la présence de quelques refrains vraiment pensés pour marquer les esprits (From Saviour To Assassin, Depopulate, Weight Of Humanity, Are We Soldiers...), portés par un intéressant dynamisme dans la voix du chanteur, dynamisme qui n'est parfois pas loin d'être Pop. On se laisse porter autant par la construction à tiroirs des douze minutes de Depopulate, que par le concept contre-utopique de l'album, pas si éloigné de The Astonishing de Dream Theater et parfaitement illustré dans Are We Soldiers ou dans le justement nommé Orwellian Time.

Certes, les styles sont voisins et des connections peuvent se faire entre ces groupes, mais cette nouvelle formulation de Teramaze fait penser à Pyramaze ou à Anubis Gate qui jouerait du Teramaze. Ou l'inverse, d'ailleurs, ça fonctionne aussi. Tout en restant fidèle à la tendance précédemment dessinée par Esoteric Symbolism et surtout Her Halo, ce nouvel arrivage des australiens marque une volonté forte de progresser vers un terrain plus dynamique, plus technique, plus "Metal". Teramaze, vers un nouveau tournant musical ? Après le Thrash et le Prog, à quoi s'attendre ? On se tient prêt.

Her Halo ( 2015 )

En terme de Metal Progressif, je n'ai longtemps juré que par Dream Theater. Mais depuis quelques années, je commence à admettre que d'autres groupes offrent des alternatives du même niveau : Anubis Gate et Redemption en tête. Teramaze, combo australien officiant dans le même registre Power / Prog que les deux exemples évoqués, est clairement à mettre dans le même panier.
 
A l'instar des cadors du genre, Teramaze arrive à conjuguer sa musique de façon suffisamment réfléchie pour laisser transparaître tantôt de l'émotion, tantôt de la technique et parfois les deux à la fois comme dans certains soli de guitare (Ordinary Dream, Delusions Of Grandeur). En plus de la maîtrise de cet équilibre, le groupe ajoute un grain de sel qui aide à se démarquer : des influences très variées et très bien digérées. Her Halo garde en effet une excellente cohésion de bout en bout et pourtant, on reconnaît un peu de Hard Rock FM par-ci (Broken), une touche de Djent par-là (l'intro de For The Innocent a un agréable goût de Monuments dans le touché des guitares), quelques inspirations classiques sur les passages piano... L'ensemble est bien pensé, comme organisé pour rendre l'écoute accessible.
 
Mais ce qui marque le plus à l'écoute de Her Halo, c'est le chant de Nathan Peachey. Le frontman a une voix extrêmement versatile, capable d'aller très haut sans jamais vriller les tympans, mais également apte à apporter la force nécessaire aux passages les plus lourds. Le timbre donne parfois une impression de fragilité très maîtrisée, qui joue sur les sentiments du chanteur et de l'auditeur (le début de Her Halo). A d'autres moments, Peachey choisit de privilégier la puissance, sans jamais saturer son chant cependant, mais plutôt grâce à des placements de voix haut-perchés et dynamiques (Delusions Of Grandeur dont certaines parties chantées sonnent comme du Heavenly). De plus, en dehors de ces considérations techniques, les lignes mélodiques sont très accrocheuses et servent réellement les émotions liées aux paroles ou à la musique. Les refrains de Ordinary Dream et de Her Halo sortent du lot et se retiennent particulièrement bien.
 
Il faut tout de même noter certaines longueurs dans l'album des australiens. Se privant de l'atout vocal précédemment évoqué, l'instrumental Trapeze peine à trouver sa place, quant à l'accalmie au milieu des douze minutes de Ordinary Dream, elle aurait pu être amputée au moins partiellement. Alors que Teramaze semble s'épanouir sur les riffs agressifs, rapides et mélodiques, le groupe se montre peu à l'aise sur la power-ballade Broken. Maladroitement placée juste après la seule piste sans chant, ces deux titres forment un passage à vide de dix minutes qu'on préfèrera parfois passer après les quatre ou cinq premières écoutes.
 
Le quatuor nous propose ainsi une expérience complète, à la fois personnelle et pleine de force. Les quelques points faibles de Her Halo, bien que réels, ne parviennent pas à ternir la qualité de cette excellente production de Metal Progressif à tendance Power. Au contraire, il ne font qu'humaniser les gars de Teramaze en leur laissant une marge de progression. Vivement le prochain album.