Les ténébreux Bokanovsky, les virulents Isaïe Buried Memorial, les tempétueux Hyacinth et maintenant Taciturn, cela fait maintenant un petit bout de temps que réapparaissent en France quelques formations emo violence dénotant du screamo typiquement hexagonal de ces derniers temps. Même si Taciturn joue sur les deux tableaux, le regain d'énergie est malgré tout largement perceptible et fort appréciable.

Une jeune fille au museau naïf et mignon devient une poupée funèbre à l'air cynique. C'est une fois la sobre et sympathique pochette cartonnée dépliée que Maudite Aphrodite prend ainsi tout son sens. Puis davantage encore, après lecture des textes franco-anglais désabusés, un tantinet clichés, mais qui ont le mérite d'être sans détour et non dénués d'humour ("Luke Perry Was Not A Porn Star").
Ces 5 morceaux piochent leur inspiration dans la plupart des écoles screamo hardcore, à savoir la lourdeur métallisée de la scène Allemande (Louise Cyphre en tête), la fibre inaltérable de feu-Orchid dans certains riffs de guitare chapardés aux américains ("Jajard") et les quelques bulles reposantes aux cordes qui grésillent typiquement frenchie ( "Baisse les yeux baltringue"). Le tout est exécuté avec une conviction et une énergie sans faille qui viennent compenser une phase de recherche d'identité encore discernable chez les poitevins. Car pour le moment, les influences encore trop pesantes font vaciller Maudite Aphrodite à peine à hauteur du point d'équilibre et il manque encore une dose de personnalité pour que les compositions deviennent complètement convaincantes.

Quoi qu'il en soit, l'interprétation et la production sont là, l'envie d'en découdre se ressent vivement. Il ne manque à Taciturn que la dose d'inspiration qui lui permettra d'affirmer son caractère et son style. La marche la plus haute et la plus dure certes, mais le challenge semble à la portée du jeune combo. Le rendez-vous est pris.