Biographie

Sweet Trip

Sweet Trip est une formation formée en 1998 à San Francisco à l'initiative de Roberto Burgos, musicien et bidouilleur de talent. La discrète carrière du groupe est parsemée de deux albums avant qu'en 2003 ne sorte Velocity : Design : Comfort, qui leur amène une reconnaissance méritée. Il faudra néanmoins attendre six ans avant de voir revenir le trio sous forme de quatuor avec une orientation légèrement différente et surtout un nouvel album du nom de You Will Never Know Why.

You Will Never Know Why ( 2009 )

En l'an de grâce 2009 Sweet Trip revient, plein de promesses. La formation a connu un léger lifting avec l'arrivée de sang neuf en la personne de Rob Uytingco. L'énergumène est batteur, ce qui annonce forcément une orientation musicale elle aussi révisée: You Will Never Know Why ou l'album qui sort Sweet Trip de son brouillard électrique.
Premièrement, Sweet Trip n'a jamais aussi bien porté son nom. You Will Never Know Why est une mer de calme et de voluptée. Conservation of two, Milk, Pretending, Air supply, To the moon... sont autant de pépites Pop perfusées d'héritage fuzzy 80's way. Une collection de titres d'une apparente légereté communicative et rafraichissante, exécutés sous le regard bienveillant de Secret Shine, My Bloody Valentine et autres Pale Saints mais aussi sous celui de Telefon Tel Aviv. Fini les faux départs, fini les cassures inattendues, atténuées les étrangetés glitch. Sweet Trip se décide à jouer des titres dans une configuration plus classique. La bizarrerie ne provient plus tant de la musique que du groupe lui même qui évolue ici sans se trahir, en gardant l'essence de sa musique mais en l'exprimant maintenant sous une forme différente. On pouvait déjà envisager ce changement suite à Design : Velocity : Comfort mais y croire et l'attendre est une autre affaire.
La formation de San Francisco continue donc de distiller sucreries shoegazeisantes entrainées par une basse rondelette et caresses indie pop espiègles haut perchées dont la douceur dissimule parfois mal une mélancolie évidente. Celle là même qui nous plonge à l'occasion dans une semi-nostalgie un peu coupable. Il n'y a juste plus de bidouillages intempestifs... ou presque. Le travail sonore se fait ici beaucoup plus discret. Un travail de fourmi pour donner à cet album une identité et une unité, pour dissimuler derrière les ambiances une variété insoupçonnée. Réminiscences idm (Female lover, Forever), hommage au rock a papa (Song about a sea aka The Rolling Stones meets Pink Floyd en seulement 1'30), Bossa (No words to be found), New Wave (Misfortunes are cruel), Pop éthérée (Air supply)... le tout servi par des rythmiques faussement sages et une multitude d'effets de guitare qui font de You Will Never Know Why une construction complexe et passionnante sous ses apparences épurées.

Sweet Trip a bien changé. Dans tous les sens du terme. We will never know why... et on s'en fout.

A écouter : sans faute
16.5 / 20
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Velocity : Design : Comfort ( 2003 )

Ce second album de Sweet Trip, c'est toute une histoire. Sorte d'apogée du son du groupe, il clôt brillamment une page de son existence. Le chapitre suivant ne devait finalement arriver que six ans plus tard. Six ans pour se réinventer... c'est dire l'empreinte laissée par cette petite rondelle.

Velocity : Design : Comfort est un disque pop qui n'en est pas un, démarré comme un Squarepusher, fini au My Bloody Valentine et probablement adouci au Seefeel. Un album composé au milieu d'une brume électrique et électronique de laquelle la mélodie n'émerge que par intermittence.
Le groupe embarque ici son monde dans un trip contemplatif bruitiste de plus d'une heure où machines et effets se taillent la part du lion: étrangetés glitch succèdent à beats électro dansants (Design: 1, Pro : lov : ad), breaks incongrus et plages ambiancées avec une grande fluidité. Le pire c'est qu'il feraient presque paraître tout ça comme si c'était la chose la plus naturelle du monde alors qu'on en est très loin, bien évidemment. Velocity : Design : Comfort ou un disque bon à faire se trémousser des troupeaux de lunettes carrées comme ça l'air de rien. Sweet Trip, derrière son emballage indie geek dansant qui le rend si accessible, effectue un numéro d'équilibriste peu commun, quasi virtuose dans sa capacité à regrouper étrangeté absolue et catchy dans la même phrase lorsqu'il s'agit de qualifier sa musique, créant un tout à partir de bouts de rien, de bruit, de collages et de bidouillage électronique newgaze.

Sweet Trip c'est frais, c'est fun, ça coule tout seul. L'espièglerie glitch/ambient d'un Fruitcakes and cookies mi-rêveur/mi-décalé ("Breakdown baby!") côtoie 5 sept où encore Pro : lov : ad et Dsco dont on ne sait plus si les écarts Indie, jungle, Pop Newgaze ou Ambient successifs sont venus se greffer par un heureux hasard sur un même socle noisy ou si elles en sont une résultante murement développée.
Les prises se dérobent, la mélodie se déconstruit, le rythme disparait, l'atmosphère crépite (Tekka, qui ouvre l'album). Puis tout ce smog électro-statique s'écarte sans que l'on n'y fasse trop attention: un beat identifiable se profile, un clavier ou une guitare se détache (International), un air identifiable commence à se développer (Chocolate matter), un plage sonore appaisante se déploie, la voix de Valerie Cooper revient du diable vauvert susurrer au creux de l'oreille. La friture glitch s'estompe au profit d'expérimentations plus douces tant et si bien que l'on finit à chaque fois par se laisser embarquer, aussi curieux de voir où cette affaire va déboucher que pris au dépourvu par ces revirements. Sweet Trip adore perdre son auditeur. Peut être pour mieux le rattraper sur le fil, comme conscient de la limite à ne jamais franchir. Qui sait? Et plutôt que de piquer des idées toutes faites chez les autres le combo se créé son univers ainsi que des codes dont il a logiquement la maitrise absolue. Les premières écoutes sont de fait un peu subies puisque l'on se retrouve à suivre les américains à vue. Les suivantes finissent rapidement par ressembler à un jeu de cache-cache entre le bienheureux possesseur de Velocity : Design : Comfort et ces mélodies, bien présentes mais dissimulées, éparpillées, brouillées.

Dans le fond Velocity : Design : Comfort n'est qu'un album déglingo-sexy concocté par une bande de music-nerd en phase terminale. A priori on rentre dans le délire ou on reste à quai. Mais étant donné le nombre incalculable de perches intelligemment tendues le plus incroyable est qu'il semblerait bien que tout le monde ait malgré tout sa chance. Encore une fois Sweet Trip, c'est frais, c'est fun ça coule tout seul. Inutile de forcer comme une brute: Velocity : Design : Comfort est un disque que l'on laisse venir à soi et qui nous le rend bien, tout en douceur. Chaleureux et électrisant.

A écouter : Pour le plaisir d'aller s'y perdre quelques instants.
Sweet Trip

Style : Electro Pop / Shoegaze / Glitch
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Origine : USA
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Site Officiel : virb.com/sweet_trip
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