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Biographie

Suicide Silence

Suicide Silence se forme en 2002 à Riverside en Californie comme un projet parallèle pour les membres de groupes locaux. Le combo américain débute alors avec Chris Garza et Rick Ash aux postes de guitaristes, Mike Bodkins comme bassiste, Josh Goddard derrière les fûts et deux  chanteurs, Mitch Lucker et Tanner Womack. Ce dernier se fait rapidement virer après le premier concert, puis Suicide Silence enregistre trois démos durant 2002-2003 cantonné encore alors à la scène Metal du coin. Le groupe va réellement débuter sa carrière sur scène en 2004 en stabilisant ses compositions qui s'inspirent du Deathcore et du Grindcore. Un premier ep éponyme est donc enregistré en 2005 chez Thrid Degree Records pour le Royaume-Uni et chez SOS Records pour les Etats-Unis.

Suicide Silence commence alors à faire parler d'eux hors de leurs frontières et ce grâce à un Deathcore plus brutal que la moyenne, rappelant parfois des groupe de Death-Metal tels que Cannibal Corpse, Suffocation ou Necrophagist. Deux ans plus tard, après que Mark Heylmun et Alex Lopez aient remplacé respectivement Rick Ash et Josh Goddard, la renommée du groupe explose après la signature avec Century Media Records qui fait paraître leur premier album, The Cleasing. La tournée avec Parkway DriveBury Your DeadA Day To Remember et The Acacia Strain en 2008 leur permet d'engranger de nouveaux fans sur les routes et devient l'un des groupes les plus populaires du Deathcore. Daniel Kenny remplace Mike Bodkins à la basse, puis les américains reprennent Engine No. 9 de Deftones qui sera enregistré sur leur second ep, Green Monster.

No Time To Bleed est le deuxième album du groupe de Deathcore, toujours édité par Century Media Records en 2009, qui cartonne encore une fois au Billboard. Shawn Crahan de Slipknot décide même de faire un remix de Wake Up qui paraitra en format digital la même année. Un troisième effort qui amorce un changement dans le style musical du groupe sort en 2011 intitulé The Black Crown. C'est le 1 novembre 2012 que l'on apprend le décès de Mitch Lucker des suites d'un accident de moto. La douleur passée, Suicide Silence confirme que le groupe souhaite continuer l’aventure, un nouveau chanteur, Hernan « Eddie » Hermida du groupe All Shall Perish passe derrière le micro. En 2014 sort dans les bacs le nouvel opus des américains, celui-ci s’intitule You Can’t Stop Me et marque un retour à un Deathcore brutal pour le grand plaisir des fans. Suicide Silence se lance alors dans une tournée mondiale avec des apparitions dans les festivals les plus prestigieux. On peut affirmer que la disparition, aussi douloureuse et soudaine fut-elle, de Mitch Lucker a été bien gérée par la formation. En 2017 Suicide Silence revient avec un album éponyme qui change la donne, les Américains change radicalement de style et s'orientent vers une musique tendant vers l'alternatif. 

16 / 20
9 commentaires (10.89/20).
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Suicide Silence ( 2017 )

S'il y a un album qui fait parler en ce début d'année, c'est bien le nouveau Suicide Silence. Il faisait parler avant même sa parution puisqu'un chiffre avait été donné par le groupe : 70. C'est le pourcentage de vocaux clairs (qui ne le sont pas tant que ça) qui sont présents sur cette oeuvre éponyme, et croyez le ou non, mais cela a provoqué une cascade de réactions négatives, celles-ci allant jusqu'à une pétition pour que le groupe ne sorte pas l'album. Ce ne fut pas les deux titres promotionnels qui ont calmé les esprits … 

Il n'y a pas que la présence de vocaux clairs de nouveau chez Suicide Silence, la musique à également changée profondément (ce qui n'en fait pas pour autant des clones de Bring Me The Horizon, rassurez-vous). Pour celles et ceux qui seraient restés bloqués à The Cleansing ou No Time To Bleed, nous devont vous le dire : les Américains ne font plus de Deathcore. The Black Crown avait amorcé un changement et You Can't Stop Me en 2014 n'était pas purement DxH, malgré un regain d'énergie. Aujourd'hui, Suicide Silence prend un pur virage à 180° et s'engouffre dans un style proche de l'Alternatif où vient se mêler quelques plans Core (Doris), des touches de Néo (Hold Me Up Hold Me Down), et une attitude Rock / Metal (The Zero). Si le mélange est surprenant, il n'en est pas moins bluffant et bien foutu puisqu'il en ressort énormément de bonnes surprises et une singulière puissance. Parmi les titres les plus réussis ont peu aisément citer Silence qui brasse large dans les influences et expose le nouveau savoir-faire de Suicide Silence : un départ lourd avec des guitares grasses, une approche Rock, un crescendo émotionnel et surtout une démonstration incroyable du talent vocal d'Eddie Hermida. Des growls, des screams, des hurlements, le tout avec une aisance et une puissance impressionnantes. Le chant d'Hermida colle des frisons tellement on le sent impliqué, on l'imagine presque lors des prises studio donner tout ce qu'il a à l'intérieur pour sublimer la musique. Le gaillard se permettra même certaines ressemblances avec Dave Gahan de Depeche Mode sur le très Deftones Dying in a Red Room. Autre morceau incontournable, Listen, qui en plus des exploits vocaux d'Eddie Hermida où son chant est extrêmement torturé, dévoile tout le potentiel actuel des Américains et leur esprit créatif. Rock, Metal, Deathcore, toutes les influences et styles y passent, pour le peu que vous soyez curieux et ouvert d'esprit, ce titre ne vous laissera pas insensibles. C'est vrai qu'à la première écoute ça secoue, on se pose pas mal de questions, mais on se sent ensuite pris par ce que dégage l'album, notamment en termes d'émotions. Le mélange prend bien et on s'aperçoit rapidement que ça le fait. 

Au-delà du contenu déroutant de ce nouveau disque, une question se pose : les artistes doivent-ils créer pour leurs fans ou sont-ils libres d'évoluer comme bon leur semble ? Parce que oui, on peut comprendre la stupeur de certains à l'écoute de cet opus, et imaginer la déception qui en découle. En même temps, l'histoire de la musique est faite d'évolutions et de changements brutaux, Suicide Silence n'est pas le premier groupe à virer de bord aussi sèchement, on peut nommer Sólstafir, Opeth, et plus récemment Gojira. Ces formations ont peut-être quelque part abandonné une partie de leur fanbase, mais ils en ont constitué une nouvelle et ça marche bien pour eux. Est-ce forcément une histoire d'argent ? Seuls eux le savent, l'intention de départ n'était pas nécessairement celle-ci, mais peut-être tout simplement de faire autre chose musicalement, d'explorer de nouveaux horizons, de ne pas rester enfermés dans un univers dont ils avaient fait le tour. 

Ne pas avoir nommé cette nouvelle oeuvre est un signe, Suicide Silence commence une nouvelle carrière en 2017. La pilule sera difficile à digérer pour les "vieux" fans, c'est certain, mais les Américains ont décidé de changer de style et ça le fait bien puisqu'ils offrent un disque riche, varié, solidement bâtit avec un Eddie Hermida qui renvoie bien des chanteurs à leur micros. Fallait oser, rien que pour ça, il mérite une écoute. 

A écouter : Doris, Silence, Listen, Hold Me Up Hold Me Down, The Zero
7 / 20
9 commentaires (12.5/20).
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The Black Crown ( 2011 )

« Suicide Silence survivra au Deathcore, tout comme Korn, Slipknot ou Deftones ont survécu au Néo Metal » avait déclaré Mark Heylmun du groupe dans une Interview. Cette déclaration - assez malhabile - tombe malheureusement à pic, et dans le mauvais sens du terme. On dirait que Suicide Silence vient de signer son arrêt de mort sur cet album. Explications de thèse.

Personnellement, je suis plutôt fan des premiers Suicide Silence avec The Cleansing leur premier album qui, n'ayons pas peur de le dire, est une petite tuerie. Il possède en effet une démarche artistique intéressante : il est direct, court, d'une ultra-violence assumée, et puis il contient des bombes comme Unanswered ou No Pity for a Coward avec leurs Breakdowns de bulldozer et leurs mosh-parts épileptiques. Bref, vous connaissez le programme. Suicide Silence deviendra ainsi l'un des étendards d'une scène Deathcore en pleine explosion, avec d'autres groupes peut-être moins connus comme Carnifex. Malheureusement, le second LP No Time to Bleed annoncera un peu la couleur, un album capable du meilleur comme du pire (Wake Up). Mais alors là, troisième album seulement, et mon Dieu, mes aieux ! Quelle déception.
Par quoi commencer ?.. Si vous demandez aux gars de Suicide Silence quelles sont leurs influences , ils vous répondront inlassablement Korn, Slipknot etc. Soit. Mais alors quel est l'intérêt de faire deux opus orientés « Brutol » pour revenir en 2011 et nous annoncer en tirant la langue : « Ouais alors nous on est plutôt fans de Néo Métal en fait » et regrouper sur un même album tous les travers du genre, entre breakdowns ratés et de mid-tempos poussifs et relous au possible, et abandonner par manque de fierté le Deathcore qu'ils ont porté et soutenu pendant des années ? On l'a déjà vu, le changement et l'évolution de style peut être bénéfique, mais pas quand c'est pour faire aussi mauvais.
Le premier single You Only Live Once mis en ligne par le groupe était pourtant une agréable surprise : des paroles toujours très directes, des riffs et des rythmes moins extrêmes mais plutôt sympathiques, même si finalement ça ne casse pas trois pattes à un canard. Et puis ensuite Fuck Everything, leur deuxième single et le pire morceau qu'il aient jamais fait incontestablement.
L'album s'ouvre sur un blast avec Slaves to Substance, qui ralentit très vite le rythme pour du mid-tempo en 4/4, très Metal générique, façon Dagoba ou Devildriver. Mais ça reste l'un des meilleurs morceaux de l'album, parce qu'en ensuite c'est la descente aux enfers : O.C.D. et son mauvais Djentcore, Human Violence et son refrain raté (tellement facile à reconnaître les refrains de cet album..) et bien sûr Fuck Everything ! Guitares ronflantes, riffing à vomir, paroles dignes d'un jeune pubère en crise d'adolescence, c'est vraiment très drôle. Heureusement la deuxième partie est plus intéressante : Cross-eyed catastrophe est la meilleure de l'album finalement, avec des choeurs féminins sympho et un chant presque clair. Oui, ça montre qu'ils ont envie d'essayer et qu'ils en ont pas trop honte finalement. Jonathan Davis (Korn) lâche aussi des bons refrains sur Witness the Addiction et enfin Franck Mullen de Suffocation qui pousse un chant carrément rafraichissant sur Smashed. En outre, quasiment plus de growls profonds et gras, les fameux « lows » de Mitch Lucker, mais plutôt un chant hurlé et aigu en roue libre, vaguement haineux. Bizarrement, aucun des membres ni le chanteur ne s'essaye à un backing vocal/chant clair comme chez beaucoup de groupes du genre. Comme si les mecs de Suicide Silence essayaient (en vain) de nous rappeler que oui, Suicide Silence fait du Metal Extrême et que c'est "brutal", mais ça tombe à l'eau.

Bref, The Black Crown est un album raté, à côté de la plaque. Et il montre surtout qu'à l'exception de quelques trop rares groupes, la scène metal/deathcore moderne a beaucoup de mal à se renouveler. Suicide Silence s'est en tout cas bien planté, on espère qu'ils sauront se ressaisir.

A écouter : .. En live, peut-être.
13 / 20
2 commentaires (18.75/20).
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The Cleansing ( 2007 )

2007 - Tout est normal, tout va bien. Des moines défilent, Poutine va bientôt céder sa place, j'ai pu refaire mon salon grâce à un nouveau crédit que m'a accordé la banque, un noir se présente à la maison blanche et les voisins font toujours autant de bruit dans leur garage. Il parait qu'ils mettent ça sur internet sur un site qui s'appelle myspace, il parait même que c'est connu.

2007, ça parait récent et c'est déjà loin à la fois. Il en est de même pour The Cleansing de Suicide Silence. A cette époque et pour leur premier album studio  ils divisent déjà. Certains sont fans de cette férocité sonore moderne avec un son dopé, d'autres leur reprochent de surfer sur une vague et d'être trop commerciaux dans leur démarche. Mais musicalement que vaut The Cleansing  au juste ?

La production sonore se veut très lourde. La basse et les toms de batterie sont largement mis en avant. C'est ce qui donne à cet album ses airs d'éléphant en pleine charge. On veut faire très simple et très efficace. C'est pour cela qu'il n'y a aucun solo, très peu de breaks ou de changement de rythme, pas de mélodie très prononcée et pas vraiment de "vie". On a même sur Hands Of A Killer, seulement deux riffs de guitare extrêmement simples et à peine déclinés. Il faut que ce soit mécanique, un vrai rouleau compresseur sans âme ni conscience, un prêtre de la mort implorant la guerre. Et, quand on part de ce principe, c'est très bien réalisé, en plus ça permet à des guitaristes en herbe d'avoir des morceaux plaisants pour débuter sur l'instrument.

Ça doit surement être pour ça que beaucoup appellent Suicide Silence "la base" du Deathcore. Car effectivement niveau technique sur une échelle allant de Christophe Maé à Jean Sebastien Bach, on se dit que si on veut monter en haut on a encore un sacré paquet de chemin à faire. Ceci dit la technique ne fait pas tout. On le voit bien sur des pistes telles que Unanswered ou Bludgeoned To Death. Ça envoie, c'est tout et ça n'a aucune autre prétention. La batterie joue comme à son accoutumée sur ce rythme particulier entre le mid tempo et le rythme rapide, les guitares sont palm mutées avec une sifflante qui vient ponctuer de temps à autre, et le regretté Mitch Lucker s'égosille tant qu'il peut la dessus. Une recette simple, mais bien exécutée.

La quasi intégralité des titres est basé sur ce concept. Pour être plus précis, les trente premières minutes on va dire. Les quinze dernières sont un peu plus recherchées, plus mélodiques, moins "copiées-collées", en revanche, niveau feeling et niveau résultat, on est en dessous de ce qui est proposé en première partie.  On les sent moins à l'aise, comme s'ils savaient un peu moins là où ils voulaient aller. C'est d'ailleurs le défaut qu'ils ont su corriger sur leurs albums suivants, plus homogènes, mieux construits et plus variés, jusqu'à l'événement tragique qui se produisit et qui les vit opérer un virage dans leur carrière.

Loin d'être parfait, on a cependant une bonne grosse tartine qui pose bien les bases de ce qui deviendra un groupe majeur de la scène Deathcore. Il est toutefois curieux, en se replongeant dans The Cleansing, de voir que, déjà à l'époque, ils divisaient les opinions à leur égard et qu'on leur reprochait exactement l'inverse de ce qu'on leur reproche maintenant.

A écouter : Unanswered, Bludgeonned to Death